sunshine in an empty place ☾ parkers

the rhythm of my life

ANTON

☾ « How the fuck do we go down that thing?! » Well, how the fuck did you get on that thing?

C’était une bonne idée, il y a quelques heures, de grimper sur le toit plat de la petite caravane qu’on vous a loué pour la nuit après le festival. Enfin, bonne idée, ça dépend. T’avais chaud et t’arrivais pas à dormir, t’avais la gorge qui te brûlait encore et du mal à respirer alors tu t’es éclipsée aussi discrètement que possible – pas assez discrètement parce que t’avais à peine refermée la porte derrière toi que Marek t’as rejoint. Ta petite escapade sur le pont de pierre t’as valu quelques heures passées à la lisière d’une forêt, le temps de relâcher la tension. Si t’as pu t’expliquer un peu à Dawn, les polish punks n’ont rien demandé et tu n’as rien dit de ce que tu as failli faire. Les sentiments apaisés, vous avez rejoint le camping mais tu t’es tournée et retournée en vain sur le semblant de couchette avant de t’éclipser – t’étais convaincue d’avoir marché sur un sac, mais finalement c’était peut-être sur le polonais inquiet de te voir t’échapper. « I’m not going to do something stupid, I just can’t sleep. » Que t’as essayé de te justifier, cette fois. Something stupid rampant de sous-entendus, t’es pas certaine de continuer à désigner ton geste ainsi. Et en même temps, t’es pas certaine d’en parler à grand monde et tu comptes plutôt te faire oublier des polonais… Le garde du corps improvisé a haussé les épaules avant de retourner à l’intérieur, pour mieux revenir avec des couvertures. Vous avez fini par grimper sur le toit, « You’re sure that’s safe? », « Well it’s something stupid, but if you wanna jump again I’ll catch you. », les couvertures n’avaient d’usage qu’à vous protéger des superbes fientes d’oiseaux. Tu t’es laissée allée, finalement, à discuter dans des chuchotements à peine perceptibles alors que les étoiles scintillaient quelques dernières heures avant d’être rejoint par les oiseaux et le soleil. Et ça t’a fait du bien, de parler de ta mère et de ton syndrome de l’imposteur, c’était facile avec Marek parce qu’il est à l’écoute mais en plus de ça il pourra embarquer toutes tes confidences avec lui quand vous prendrez des chemins différents. Alekseï vous a rejoint peu de temps après que le soleil se soit levé, en panique jusqu’à ce que son meilleur pote lui signale de grimper à son tour. Dawn a complété le trio, une petite heure plus tard.

En attendant, la réponse à ta question était évidente. « Window. Come on. » Par là où vous êtes montés, donc. T’entends l’agitation autour de vous alors que les festivaliers commencent à se réveiller, vous n’allez pas tarder à devoir décamper non plus, il va falloir s’activer un peu. Marek passe le premier et tu le regardes faire, les sourcils froncés. T’observes la superbe technique pour descendre, à peine rassurée. En rappel, le petit pied contre le rebord de ce qui sert de fenêtre, on se retourne, on saute. Easy peasy quand on mesure quinze centimètres de plus que toi et qu’on fait sans doute un peu plus de sport, ouais. Tu te sens con à être apeurée d’une chute de, quoi, trois mètres max alors que t’étais prête à faire un saut de bien plus haut un peu plus tôt dans la nuit. Tu ne te laisses pas démonter, non plus, prends ton courage à deux mains et t’engages après avoir poussé un soupir. « You guys know there’s a ladder on the other side, right? » La blonde demande, informe, la voix encore un peu groggy de sommeil alors que t’es lancée. Tu relèves la tête pour la regarder, tu sens les mains de Marek près de tes chevilles, mais c’est trop tard. « What?! » Pas d’force dans les bras, ce serait con de remonter maintenant pour pouvoir prendre la sortie sécurisée. Les deux autres se foutent de ta gueule, tu pousses un soupir alors que le brun déjà sur terre répond. « But where’s the fun with that? » Ouais, c’est ça, on va dire ça ! Tu te retournes, plisses les yeux pour juger la situation avant de te pencher pour attraper l’une des mains qu’il te tend et te laisses porter une nouvelle fois. Ça va devenir une habitude. « He didn’t know! » S’exclame Alekseï du toit, et Marek répond dans un chuchotement qui t’fait rire. « No I did not. » C’est donc autre chose à rajouter à la liste des trucs cons – t’enchaînes, ces derniers temps. Tu n’as pas tellement d’affaires à récupérer dans le trailer de Dawn, ton portable éclaté la veille est abandonné sur une table et tu sens que ça va être un problème considérable pour les prochains jours. Tu marchandes pour passer à la douche la première, la polonaise te laisse lui piquer l’un de ses tee-shirts et tu fais de ton mieux pour te rafraîchir, aussi bien en température qu’en tête de morte vivante. C’est peine perdue, t’as pas dormi de la nuit et on dirait que tu t’es pris quinze piges d’un coup. Tu pousses un soupir, salues vaguement tes compagnons d’infortunes parce que tu vas les retrouver quelques heures plus tard avant de filer vers le bungalow dans lequel t’étais censée pioncer. Celui des Boots, minus Ben qui a été refourgué au hasard avec quelques uns de vos techniciens et Paige ailleurs.

Tu as un sourire sur les lèvres mais t’es sans doute plus secouée que tu l’aurais pensé, parce que tu t’attardes dans l’étreinte d’Ash quand il ouvre la porte. T’essaies de rester évasive quand il te demande ce qu’il s’est passé, qu’ça va, bon tu as quand même une mauvaise nouvelle à lui annoncer – ton téléphone n’est plus. Ça fait marrer Isaac, il manque quand même un énergumène auquel tu as envie, non besoin, de parler. « Where’s my brother? » Apparemment parti emmerder les voisins pour trouver quelques grains de café. T’échappes un rire, un qui te sonne faux, t’y fais pas attention et t’occupes plutôt à fermer ta valise à peine ouverte. C'est tellement le bazar, depuis que vous êtes en Europe, la moitié de tes affaires est mélangée à celles d'Ashton et un bon quart reste éparpillé parmi celles de tes bandmates. Ton cœur loupe un bon lorsque ton frère débarque, avec son habituel sourire, et il y a la petite voix qui se fait perfide dans ton esprit. He forgot. « Hey… » Accuse pas, Ana, ça sert à rien, c’est trop tard, c’est pas grave. « Can I borrow your phone? Mine’s dead and I need to call Dad. » T’imagines bien que Parker Senior a appelé Anton, pas dans le genre à lâcher le morceau, t’espères juste qu’il n’a rien dit – ou entendu, parce que ton portable a mis un petit temps avant de mourir officiellement – de compromettant pour toi.

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THE RHYTHM OF MY LIFE

Ana & Anty Parker

C'était le feu. C'était un putain de rêve mais en vrai. Comme un gamin qui monte pour la toute première fois à bord de Space Mountain, lui c'est aux côtés des Space Boots qu'il a mit le feu sous les yeux d'une foule en délire. C'était le pied. C'était tout ce dont il rêvait mais en mieux. Puis il y a eu le contre-coup, brusque retour à la réalité. Un message de son père qu'il espérait secrètement ne pas recevoir. Il n'a pas pleuré Anton, non mais ce fut compliqué de garder son large sourire habituel scotché sur ses lèvres. Il a ravalé sa salive avec difficulté et il est allé se changer les idées avec quelques personnes, boire et danser toute la nuit pour oublier la douleur. C'était une putain de bonne idée. Il se tape une putain de gueule de bois.

Ça tire ce matin quand Anton ouvre les yeux avec difficulté. Il se frotte les paupières en grognant comme un ours sortit de son hibernation. Il a la gorge sèche, la bouche pâteuse mais ce n'est pas le pire. "-Fuckkkkk... Who drank all the damn coffee ?" Profond sourpir, pas traînant et voilà qu'il boude en prenant une douche rapide mais surtout glaciale. Sa première mission du jour est bien entendu de trouver ne serait-ce qu'une goutte de café à avaler, accro de la boisson noir comme un camé avec un rail de coke. Il en a besoin de sa dose de caféine, histoire de ne pas être exécrable. Quand il met enfin la main sur un café bien chaud, il retrouve automatiquement son sourire habituel, agaçant pour certain mais ça reste sa marque de fabrique. Ses grandes jambes le conduisent de nouveau vers le bungalow des Boots, là où il a passé sa nuit à cuvé de sa soirée bien arrosée. "-I'm back bitches !" Qu'il annonce sans cesser de sourire. Ça en fait rire certains tandis que d'autres ne s'occupent pas de sa présence, c'est le matin après tout. Il n'a plus la tête dans le pâté mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Il est joyeux Anton, la magie du café mais sa joie se casse la gueule quand ses yeux se posent sur Ana. Papa Parker semblait inquiet hier soir au téléphone. "She's old enough dad, she can take care of herself. Ana would love some space today, you know that." Ce fut sa réponse. Et quand il voit la tête que tire sa frangine, il a un goût amer dans la gorge. Peut-être qu'il aurait dû aller la voir hier soir, peut-être qu'ils auraient dû pleurer ensemble leur mère au lieu de rester chacun de leur côté. "-Yes, sure." Il fouille la poche arrière de son bon vieux jean skinny et s'empare de son téléphone qu'il tend à sa cadette. Elle a l'air de lui en vouloir, il n'aime pas ça. Parce qu'Anton n'est pas le genre de gars qui aime le conflit, non il aime la paix, même s'il est souvent chiant et taquin. "-Are you ok ?" Qu'il préfère demander, sans doute la question de trop.

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the rhythm of my life

ANTON

☾ Tu restes aux côtés d’Ash, en attendant le retour du prodige – ouais, c’est bien la seule fois où il mérite ce surnom, Anton. Tu profites de la présence de ton petit-ami avec une certaine anxiété, essayant de rester évasive quant aux événements de la veille. En particulier le pourquoi ton portable est mort. C’est un autre incident qui aurait pu être tout aussi tragique que t’essaie de cacher, tu sens encore la poigne de Marek sur ton bras, t'auras sans doute un bleu dans les prochains jours. Sans parler de ton genou gauche complètement éclaté. Tu lâches un soupir, un peu soulagée, quand ton frère finit par débarquer. Sa superbe naturelle n’a pas changé, malgré la sale tronche qu’il aborde ce matin, ça a au moins l’utilité de te faire sourire. Tu le salues, tu te sens tout de même un peu éteinte et tu as déjà envie de t’échapper du moment. Tu tiens bon, ton objectif étant d’être aussi naturelle que possible – même si t’es foncièrement louche, Ana.

Tu récupères le portable d’Anton après le lui avoir demandé, arrives à peine à hocher la tête pour le remercier. La culpabilité se fait accusatrice, à l’intérieur, alors que ça remonte lentement mais sûrement. T’as oublié l’anniversaire de mort de ta mère, ça veut dire que les deux personnes qui sont au courant dans la pièce n’ont pas jugé utile de te le rappeler – ou ont trop respecté ton silence qui était plus d’idiotie que de deuil. Tu te demandes s’il a oublié, lui, mais tu ne le lui demandes pas. C’est trop tard, de toute façon, et tant mieux pour lui s’il arrive à processer la mort de votre mère. Y’a que toi qui est coincée et qui n’arrive pas à avancer, apparemment. "-Are you ok ?" Tu hausses une épaule alors que tu sens que ça se bloque, au niveau de tes poumons et ta gorge. « Yeah, just hangover. » C’est la version officielle, après ta disparition de la veille et le message de Dawn annonçant ta nuit avec elle et ses potes parce que t’étais wasted. D’un côté, c’est pas si loin de la vérité que ça. T’es redescendue du high rapidement, c’est pas les trois gorgées de vin dégueulasse de Marek que t’a pris qui t’auront rendu pompette, mais t’as pas dormi et t’es passée par tellement d’émotions en si peu de temps que tu te sens fébrile. « I’ll be right back. » Tu glisses, incapable de sentir les regards des garçons plus longtemps.

Tu refermes doucement la porte du bungalow derrière toi avant de t’éloigner un peu. Tu n’as rien préparé, et c’est sans grande surprise que tu tombes sur la message de Parker Senior – tant mieux, c’est plus simple ainsi. Tu prends ton temps, pour laisser ton message, tu bafouilles, tu ne sais pas quoi dire. « Hey, Dad, it’s me… I just… Wanted to apologize for last night. I shouldn’t have gotten angry with you, you were trying to help… I’m sorry. I, uh, kind of smashed my phone on the floor so I’ll be off for a few days, but… I’m fine, now! Sorry, uh… Have a good day, I think? I love you. » C’est pathétique, mais t’as pas vraiment la force d’enregistrer un autre message. Il te faut un petit temps pour chasser le frown de ton visage, et virer ta mine inquiète. La situation n’a pas beaucoup évoluée du côté des Boots quand tu les retrouves. Tu restes dans l’entrée de la porte, hésitant quelques secondes, alors que ton frère se rapproche pour récupérer son téléphone. « Thanks… Hey, do you want to go on a walk with me? » Tu ne demandes pas tellement, d’habitude, vos temps isolés sur la tournée sont souvent improvisés ou se font sans que vous n’ayez besoin de dire quoi que ce soit. Tu as besoin, aujourd’hui.

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THE RHYTHM OF MY LIFE

Ana & Anty Parker

Pas la moindre remarque désobligeante, pas une once de haine. Rien. Et pourtant Anton sait quand et comment reconnaître que sa cadette ne va pas bien. La tronche qu'elle tire, son regard qui pétille d'une lueur bizarre. Il n'irait pas jusqu'à la traiter de menteuse, loin de là, mais sa petite histoire d'hangover, il y croit moyen. Cependant, lui aussi ne fait pas la moindre remarque et la laisse embarquer son téléphone pour donner un coup de file à leur père. Sans poser de question. Anton reste à l'intérieur avec les autres et la tronche inquiète peinte sur le visage d'Ashton confirme ses doutes : Ana n'a jamais été bourrée, elle les roule dans la farine pour cacher autre chose. Mais aucun d'eux n'a l'air d'avoir suffisamment de balls pour lui demander ce qui se passe vraiment dans sa petite caboche. Anton s'en veut, il pince ses lèvres. Il aurait dû être avec elle hier, passer du temps avec sa petite sœur comme l'aurait fait n'importe quel bon grand-frère, surtout hier. Anniversaire de mort de leur mère, avec laquelle ils étaient tous les deux proches. Elle avait besoin de lui et il a cru tout savoir en désirant lui offrir un peu d'espace. Sa conversation avec son père au téléphone lui revient. Il était tard, il avait déjà pas mal bu Anty mais il n'était pas encore complètement éméché quand papa Parker a fait sonné son téléphone. Ce fut bref, ce fut plein d'émotion. Et aujourd'hui, c'est le temps des regrets.

La porte s'ouvre à nouveau sur Ana. Anton s'approche, récupère son téléphone et elle le devance en prenant la parole. "-Sure." Il se sent presque obligé d'hocher la tête en plus, pour appuyer ce simple mot, cette réponse basique. Puis il la suit après avoir fourré son téléphone dans le fond de sa poche de pantalon. Dehors, il fait déjà bon, les oiseaux chantent, le soleil brille mais il a un trou à la place du cœur. Maman n'est pas là ce matin, elle ne lui passera jamais un coup de téléphone pour le féliciter de son entrée chez les Boots. Il déglutit avec difficulté et se rapproche de sa sœur pour lui offrir un petit coup d'épaule, histoire de se changer les idées. Il a cet habituel sourire sur ses lèvres mais il n'est pas aussi rayonnant qu'il le devrait. "-You weren't drunk last night mh ?" Qu'il ose enfin demander après quelques minutes de silence. Ana, il la connaît sans doute mieux que personne, sans pour autant lire en elle comme dans un livre ouvert, il a passé son enfance à la regarder grandir. "-What happened Ana ?" Il a besoin de savoir. Cette inquiétude logée au creux de son estomac depuis qu'il a croisé son regard ce matin, elle n'est pas anodine. Ça le ronge. "-I won't judge you. I hope you know that I'll always be there for you."

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ANTON

☾ Tu jettes à peine un regard à l’intérieur, oubliant de rassurer de ce côté-là, quand Anton accepte de venir marcher avec toi. Tu sens toute la tension accumulée depuis le début de la nuit dans ton corps, tu sens que la sournoise est prête à t’échapper à la moindre erreur. Tu sais aussi que tu ne peux pas lui dire, véritablement, ce qu’il s’est passé cette nuit. Non seulement son regard et son opinion de toi changeraient, mais en plus ça risquerait de le briser et tu ne veux pas lui infliger ça. Vous avez déjà une mort à gérer, pas besoin d’y rajouter une presque causée par le désespoir sur la conscience. Tu esquisses un sourire au coup d’épaule de ton frère, ton palpitant s’affole de la familiarité qui est douce à redécouvrir – le monde n’a pas arrêté de tourner, même si le sourire du brun est plus terne lui aussi. "-You weren't drunk last night mh ?" Tu souffles en hochant la tête. « Not exaclty, no… » Tu avoues, parce que ce n’est pas si difficile à deviner dans le fond. Il connaît la Ana qui se remet d’une cuite, ce n’est pas celle-là. Celle-là est bien plus éteinte et sombre, malgré le sourire que tu affiches sur tes lèvres et l’humour que tu tentes de mettre dans ta voix. Tu ne trompes personne, Ana. "-What happened Ana ?" Ta gorge se serre à la question et tes yeux commencent à s’embuer – toute la culpabilité et la honte rejaillissent et tu n’as pas vraiment la force de les enfouir à nouveau. Tes lèvres se pressent fermement l’une contre l’autre et s’étirent vers le bas. Tu as envie de presser le pas ou t’arrêter complètement, au lieu de ça tu réduis la distance avec ton frère pour te presser doucement contre lui et te réconforter de cette carrure qui t’a toujours tenue debout.

"-I won't judge you. I hope you know that I'll always be there for you." Vous vous arrêtez finalement, parce que tu as lâché un sanglot et que les larmes se font torrent sur ton visage, que tu caches derrière tes mains. Tu te laisses aller contre lui, en sécurité dans les quelques centimètres qui dépassent et les bras qui se ferment autour de toi. T’ignores combien de temps vous restez comme ça, tu regrettes un peu ta crise de larmes parce que tu n’as rien pour éponger, parce que ça te vaut encore des regards curieux quand tu te décales de ton frère et qu’est-ce que t’en as marre, putain. Tu essaies de prendre une grande inspiration, t’éclaircis la gorge pour trouver un semblant de voix – mine de rien tu as passé la nuit dehors, à pleurer ou à parler, t’es fatiguée, le prochain concert risque d’être pas mal pété. « I… I forgot… That it was yesterday. That it has been one year… » T’échappes un autre soupir soutenu, pour ne pas te remettre à pleurer. « Dad called to check on me and I… Kind of lost it. I was so angry… Dawn and her friends found me and I spend the night with them. » Tu ne précises pas dans quelles circonstances exactement ils t’ont retrouvé, les polonais. Tu évites soigneusement le regard de ton frère, bras croisés sur ta poitrine. « I feel like shit, Ant. I… I forgot! And I miss her so much at the same time, and I just… I’m so empty, I don’t… I don’t know. » T’es perdue, t’as plus de lumière pour te guider.

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Ana & Anty Parker

Dans le fond, Anton le savait déjà. A la seconde même où ses yeux ont croisés le regard de sa cadette un peu plus tôt, il a tout de suite ressentit que ce n'était pas une simple cuite. Non, cette expression peinte sur son visage est tout autre, elle est comme scotchée sur sa trombine et elle a beau mentir aux autres, elle ne pourra jamais complètement duper son frère. Il ne dit rien quand elle s'arrête et imite son geste jusqu'à ce qu'elle s'effondre entre ses bras, secouée par quelques larmes épaisses. Anton joue son rôle de grand-frère comme il l'a toujours fait, silencieux et ses bras pour se refermer autour du corps tout triste d'Ana. Il la serre contre lui, comme s'il tenait tout particulièrement à servir de rempart entre la cruauté du monde et sa petite sœur si fragile en cet instant. Il ferait tout pour elle, ça a toujours été le cas, même quand ils s'embrouillaient brièvement pour des conneries. Ana est précieuse pour lui, à la fois de la famille comme de ses plus proches amis, elle pourra toujours compter sur lui pour panser ses blessures et la rassurer avec des mots qu'il ne trouve pas avec tout le monde. Alors il la laisse déverser un flot de larmes pour libérer un peu ses épaules de ce poids terrible. Lui aussi a envie de pleurer, bien plus sensible qu'il ne le laisse paraître derrière ses grands sourires, mais il ne le fait pas. C'est le moment d'Ana, il n'a pas le droit de lui voler sa peine sous prétexte qu'il se sent con, qu'il a l'impression douloureuse d'avoir merdé mais aussi parce que la voir ainsi lui fait beaucoup de mal. Non. Anton reste fort, il l'enlace et dépose même un baiser sur sa tempe pour lui donne un peu de courage. Il sera toujours là pour elle, toujours.

"-Ana..." Qu'il commence en attrapant le visage de sa cadette entre ses mains. Il fait ce qu'il peut avec ses grands pouces tout fins pour chasser les larmes qui perlent encore sur son visage épuisé. "-Mom would be proud of you, she has always been. I know it's painful... I know it more than anyone else 'round here." Il inspire profondément. "-But don't blame yourself. We're on tour, we're pretty busy and tired, it's not even easy to give dad a call. I almost forgot it was mom's death anniversary... And I thought for a second that you wanted to spent this day alone because you're strong and I know how much you like some time alone sometimes." Nouvelle inspiration, c'est le temps des explications et comme il lui a promis, Anton ne la jugera pas, jamais. Qui est-il de toute façon pour la juger, lui qui a préféré boire plutôt que de passer la soirée avec elle ? "-I'm so sorry, sis." Ses dents se plantent avec agressivité dans sa lèvre inférieure qu'il torture de longue seconde avant de la libérer enfin. God damn qu'il s'en veut, ça le bouffe de voir sa sœur dans un tel état. "-I miss her too, damn yes I do."

Il marque une énième pause, une idée ridicule a germé dans un coin de sa caboche. Il sourit un peu, c'est léger mais on peut lire dans ses yeux, main dans la main avec la tristesse, une toute autre émotion. Une lueur au milieu de la peine, un sentiment réconfortant. "-You know what, mom wouldn't see us this sad. Let's buy some balloons and let's release them in the sky. I'm sure mom will catch them from Heaven." Un lâché de ballon pour le paradis. C'est débile, c'est gamin comme idée, il le sait mais il est comme ça Anton. Il aime les choses futiles, il se fiche bien du ridicule, il suffit de le regarder. Il espère aussi que l'idée fera sourire sa sœur, que ça lui changera un peu les idées.

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ANTON

☾ Tu ne sais pas si tu aurais dû retrouver ton frère la veille au soir, au lieu de t’agacer auprès de ton père. Tu ne sais pas si ça te fait du bien de pleurer contre lui, tu es tellement fatiguée, mais ça te fait au moins du bien de te rappeler de sa présence importante. C’est avec la rage dans le cœur et une boule dans la gorge que tu lui racontes ce qu’il s’est passé, en omettant tout de même des détails importants. Tu as oublié l’anniversaire de mort de votre mère, t’as perdu la tête, t’as passé la nuit avec les punks. Tu avoues le vide, qui domine plus que tout le reste, le manque. T’es crevée, Ana. Tu aurais bien besoin d’un temps pour te poser, d’un moment calme pour n’être qu’avec toi-même et craquer un bon coup, mais c’est un luxe que tu ne vas pas pouvoir t’offrir avant quelques mois, pas dans ce contexte de tournée. Tu n’aimes pas le ton qu’il prend lorsqu’il appelle ton prénom, tu as l’impression d’entendre votre père. Tu frissonnes lorsqu’il commence. Le discours est toujours le même, toujours. Enfin, contrairement à ton petit-ami, ton frère utilise la probabilité, pas la certitude – que maman est fière no matter where she is. Ça te reste tout de même au travers de la gorge. Anton répète votre père, que tu ne devrais pas t’en vouloir d’oublier parce que tu es pas mal occupée avec la tournée. Tu commences à secouer la tête pour chasser les larmes qui menacent de s’écouler à nouveau. Ce n’est toujours pas une excuse. Tu as l’impression que tu vas être malade lorsqu’il te dit qu’il a presque oublié lui aussi. Vous êtes une honte, pour tout ce qu’elle a donné pour vous… Tu te contentes de hausser les épaules et pincer les lèvres, lorsqu’il te dit qu’il pensait que tu voulais être seule ce jour-ci. T’en sais rien. Peut-être.

"-I'm so sorry, sis." Tu lâches un long soupir, fais glisser durement ta lèvre inférieure entre tes dents dans un geste similaire au sien avant d’attraper sa main. « It’s okay. » Ce n’est pas de sa faute, même si tu l’as injustement accusé la veille – lui et Anton. Tu aurais besoin d’un coupable pour rendre les choses plus faciles, mais à part la vie et toi, il n’y en a pas. "-I miss her too, damn yes I do." Tu es passé brutalement de vivre plusieurs années avec ta mère, dans la crainte qu’elle ne meurt, au soulagement de savoir qu’au moins elle ne souffre plus, au vide laissé par son absence. Non, tu ne gères pas bien ton deuil, tu essaies surtout de l’ignorer en avançant à l’aveugle. Tu sens ton myocarde battre douloureusement alors qu’il te rappelle que votre mère ne voudrait pas que vous soyez triste, parce que, oui, sans doute, mais tu ne peux pas vivre avec cette culpabilité là en plus. Tu sens ton estomac faire un bond lorsqu’il ose prétendre qu’elle est au Paradis, et que vous pourriez l’atteindre avec des ballons. Putain, non, toujours pas. Il n’y a rien après la mort, rien, rien, ni Paradis ni Enfer, ni aucune croyance pour vous donner un semblant de réconfort à l’idée que votre vie a une fin, putain putain putain. Ce que tu as apprécié, des petites heures volées avec Marek, c’est que vous partiez de ce même postulat et qu’il n’a pas cherché à te consoler une seule seconde quant au destin de ta mère. Tout ce qu’il reste, c’est une dépouille, un nom au cimetière, des photos et vos souvenirs. Mais tu n’as pas envie de briser l’élan de ton frère et ses croyances. Tu ne dis rien, tu pousses un soupir, adoptes une petite voix. « I… Don’t think I want to that. And I don’t think we can… We’re supposed to leave in a few hours and we don’t speak Italian. » C’est un peu compliqué, les expériences en Europe. Tu t’imagines mal chercher des ballons à gonfler, de l’hélium, alors que vous allez rapidement devoir partir pour la prochaine ville. « But it’s… A nice thought. » Tu mens mal, Ana, on peut mettre au moins mettre ton manque d’enthousiasme sur la fatigue.

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Ana & Anty Parker

Pas croyant pour un sou, c'est plutôt une idée balancée comme ça. Une idée légère, comme s'ils avaient fait un bond dans le passé pour redevenir deux gamins dans le besoin de réconfort. C'est ce qu'ils sont dans le fond et lui tout particulièrement qui n'a jamais vraiment su dire adieu à son âme de gosse. Il voit bien que le regard d'Ana change quand il évoque l'idée des ballons et surtout celle du Paradis. Pour sûr qu'il n'y a ni Enfer, ni Paradis après la mort. Il n'y a rien d'autre que le néant, un corps jeté dans un trou noir que l'on recouvre de terre pour l'oublier dans une boîte. C'est macabre, trop triste pour qu'Anton puisse accepter que sa mère sera tôt ou tard oubliée de tous, bouffée par les insectes jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'elle. Enseveli son joli sourire, sa chevelure si douce, son regard rassurante, ses câlins du soir après une longue journée d'école toute pourrie. Elle a rendu l'âme un an en arrière, sans que ni lui, ni Ana ne puissent faire quoique ce soit pour la sauver. Alors oui, la mort c'est dégueulasse, ça brise les rêves de mômes et ça confirme aux plus grands que la vie est courte et naze. "-You're right..." C'est petit comme réponse mais c'est vrai. Il le sait. Bientôt ils auront quitté le sol italien pour un autre pays. Être un artiste en pleine tournée c'est comme être à bord d'un roller coaster. Toujours en mouvement, des émotions vertigineuses en veux-tu, en voilà. C'est ce qu'il voulait de toute façon alors il ne s'en plaint pas. "-It's not a nice thought, it's childish and stupid."

Ana ne sait pas mentir, il l'a vu un peu plus tôt et même bien avant. Anton sait que sa sœur ne veut pas le blesser, lui et son mental ridicule. Il soupire, plus pour lui-même qu'autre chose. Ses doigts se perdent dans ses cheveux récemment teint en blond et dressés dans tous les sens sur sa tête. "-I'll send dad some money, to buy her some flowers. It's the best I can do for now." Il aurait voulu être auprès de son père bien sûr mais ça aussi, il n'a pas été capable de le faire mais à cause de la distance. C'est comme se prendre l'échec en pleine poire, renvoyée au loin à la manière d'un boomerang. C'est douloureux de voir Ana ainsi, de savoir que leur père a sans doute besoin d'un peu de soutient lui aussi car il s'inquiète pour sa progéniture. Il reporte toute son attention sur sa cadette. "-Don't blame yourself anymore Ana. I know every word I can say won't ever change the way you think but don't blame yourself. You're not a bad daughter." C'est lui qui n'a pas su jouer son rôle d'aîné et c'est entièrement de sa faute. "-If I had superpowers, I'll make you smile again, I'll do my best to make my little sister happy." Ramener maman à la vie sans doute, faire en sorte qu'Ana soit la plus heureuse femme au monde peu importe le moyen. Mais en ce jour, tout ce qu'il peut faire ses glisser ses pouces à la commissure des lèvres de sa frangine pour l'étirer légèrement en un sourire se rapprochant plus de la grimace. Ça lui fait mal au cœur. "-You should have sold me on Ebay, I'm the worst big bro ever."

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ANTON

☾ Tu n’as pas envie de lui casser son enthousiasme qui lui est si propre, à ton frère, mais aujourd’hui tu as le cœur bien trop lourd pour vraiment t’en réjouir. Tu tiques au moindre mot, tu es amère au moindre aveux, et surtout tu es fatiguée. En territoire inconnu, manifester un semblant de foi te semble bien compliqué et très inutile. Tu essaies de te faire délicate pour décliner l’idée, mais t’es brute de décoffrage Ana, et il te connaît bien, il sait facilement quand tu n’es pas sincère. Ça te serre le cœur de voir son visage se refermer presque aussitôt qu’il s’est ouvert, tu échappes un court souffle, comme pour t’excuser. "-It's not a nice thought, it's childish and stupid." Tu pinces des lèvres, hoches la tête. « It’s not, it’s just… » Pas quelque chose que tu as envie de faire, et tu n’as plus assez de force pour prétendre. "-I'll send dad some money, to buy her some flowers. It's the best I can do for now." Tu hausses les épaules, n’ayant rien à redire à ça. Votre père y est probablement passé, la veille, sur la tombe. Tu imagines. Mais vu votre comportement à vous, les descendants, tu es la dernière bien placée pour juger quoi que ce soit.

"-Don't blame yourself anymore Ana. I know every word I can say won't ever change the way you think but don't blame yourself. You're not a bad daughter." No, you’re only a bad person. "-If I had superpowers, I'll make you smile again, I'll do my best to make my little sister happy." Tu sens tes yeux s’embuer alors que ton palpitant s’emballe, ce n’est pas de sa faute putain, et même si tu grimaces sous ses grosses paluches qui te forcent à sourire tu finis par lâcher un rire léger. Le talent d’Anton, de ramener un sourire même aux âmes les plus vides. Tu attrapes quand même ses mains pour les pousser de ton visage – tu ne sais pas où elles ont traîné. « I’m not done smiling, don’t worry. » Tu sens quand même le souffle te manquer en disant ça, le poids du mensonge est plus lourd que tu ne le pensais. "-You should have sold me on Ebay, I'm the worst big bro ever." Tu hoches la tête, passes un bras dans son dos pour te serrer une nouvelle fois contre lui, dans une étreinte moins larmoyante cela-dit. « There’s so many people I have to sell, brother, I should be rich by now. » Bon, tu l’es, un peu, vite fait… Disons que tu te portes bien, que t’es pas à plaindre. Tu fermes les yeux une seconde, avant de décider de le corriger. « You’re doing what you can, it’s enough. ‘Love you. »

fin

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» I'm in a place I should not be ☾ Ana
» ➢ Rendez-vous sur la place publique
» (2/3)Famille Problématique - Les Clarke sont dans la place

sunshine in an empty place ☾ parkers

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