Cliffside ☾ Ana (trigger warning; violences, viol)
Dawn Jaroszewicz
nerd punx ftw
≡ POSTS : 245 ≡ ÂGE : 25 ans ≡ SURNOM : « Myszko » mais si vous tenez à la vie, évitez de l'appeler comme ça. Cela signifie "ma petite souris" en Polonais. (Merci à ses vieux, n'est-ce pas !) ≡ OCCUPATION : Quand t'es une Game Designer en déclin et que t'es aussi batteuse, tu fais de la musique pour te défouler. Et quand tu peux pas marraver tes toms et tes cymbales, tu vas bosser pour ton père dans sa galerie d'art. Sinon, tu tues le temps en jouant aux jeux vdéo. ≡ STATUT CIVIL : C'est chelou pour elle de se dire que ça y est, à 25 piges, elle peut enfin clamer haut et fort qu'elle est maquée. Enfin, c'est pas son genre de s'afficher. Mais n'en profitez pas pour dragouiller Leo King dans son dos, elle risquerait d'être très mauvaise ! ≡ ATTIRANCE : Bisexuelle ≡ ASPIRATION : C'est un peu le vide en ce moment. Entre les grosses remises en question et les crises d'anxiété qui démarrent à la question " mais bon sang, qu'est-ce que je vais bien pouvoir foutre de ma vie ? ", c'est stable. Ça va aller, à partir du moment où on ne regarde pas trop loin dans le futur. ≡ QUOTE : Win me with a smile, Burn me with your eyes. Living just to please. Turn and make me leave. "When I'm high, I'm high. When I'm low, I'm low." Hot or cold, It's going to show. Promise everything until tomorrow comes again. I won't ask for love, I know it's there, just covered up. ≡ LOGEMENT : Castro District, au dessus de la galerie d'art. ≡ RPS :
Sujet: Cliffside ☾ Ana (trigger warning; violences, viol) Jeu 16 Juil - 17:36
Elle a la sensation de glisser dans ses propres pensées. Comme si le monde se voilait devant ses yeux, qu’elle se perdait dans un brouillard naissant seulement dans ses terminaisons nerveuses. Elle n’a plus le contrôle de ses membres, avance dans le noir tel un vagabond dépourvu de conscience. Les sons sont amplifiés, se réverbèrent étrangement, ils sont l’écho lointain de cet atmosphère si jovial qui s’étouffe dans son dos alors qu’elle ressent les changements de texture sous ses pas. Le parquet devient carrelage, la tapisserie devient peinture, l’ambiance devient moite et silencieuse. Elle se sent secouée, le monde se retourne sous ses pieds. Si près de son visage, son nez fin et ses cheveux blonds lui chatouillent les joues. Son myocarde menace d’éclater, ses pulsation franchissent un seuil jusque là inexploré. Qu’est-ce que son corps veut lui signifier ? Pourquoi est-ce qu’il se tient si près d’elle alors qu’il disait qu’elle est malade à cause de l’alcool ? Une petite voix lui souffle qu’il n’est pas là pour l’aider, qu’elle n’est pas réellement souffrante, qu’elle aurait très bien pu ne pas se couper du monde. Pourquoi Ana, Aleks et Marek ne sont plus là ? Pourquoi est-elle seule alors que sa jupe remonte au-dessus de son bassin sans qu’elle ne soit à l’origine de ce geste ? Pourquoi n’a-t-elle plus le contrôle de ses mouvements lorsque sa peau se glace sur le carrelage ? Tandis que la peur réveille un spasme, le plat de sa main s’abat à la fois lourdement et mollement sur la joue de l’inconnu qui, quelques heures plus tôt, s’était assis à l’opposé de la pièce et y avait campé toute la soirée. Elle l’avait à peine salué, juste aperçu, il était déjà là lorsqu’elle est arrivée avec ses amis. Il se venge en la brutalisant, sa tête heurte la colonne du lavabo. Ses paupières se referment, ses bras retombent sur le sol, ses forcent l’abandonnent, l’adrénaline ronge ses entrailles sans que ses muscles ne puissent traduire cette énergie coincée quelque part en elle, alors qu’elle ressent le mal assaillir son corps. Les sons claquent à nouveau sans qu’elle ne puisse les interpréter. Des éclats de voix, des cris, ceux d’Ana secouent ses tympans. Marek, stop! Marek! Plus rien n’existe ensuite. Elle se demande si c’est ainsi que la mort nous cueille. Est-ce qu’on demeure là, prisonnier de ses propres songes dans le noir absolu ? Est-ce que la peur ronge encore de l’autre côté ? Parce que la terreur la malmène encore, elle. Chaque centimètre de peau lui fait mal. La douleur et si vive en son ventre et en ses membres.
« Mademoiselle ? Mademoiselle ? » Dawn ouvre les yeux sur une lumière blanche très vive qui réveille immédiatement la plus grosse migraine qu’elle n’a jamais connu. Est-ce ce que Mila a ressenti lorsqu’elle a subi son traumatisme crânien ? Est-ce pour cette raison qu’une femme en blouse et coiffée d’une queue de cheval se penche au-dessus d’elle ? L’homme blond est une femme brune, en réalité ? Quel mauvais tour lui joue son cerveau à l’instant ? « Vous m’entendez ? » La Polonaise souffle doucement par la bouche, sa gorge est si sèche qu’elle a la sensation d’avoir avalé le Sahara. « Quel est votre nom ? » Les mots ne viennent pas, elle ne sait momentanément plus qui elle est, elle rêve. Chaque fois dans ses rêves, elle ne parvient pas à s’exprimer, mais elle ne parvient juste pas à articuler. « I… » Ses cordes vocales lui donnent l’impression d’avoir été broyées. Elle ne sait plus si elle doit révéler son identité ou pas. Dans sa tête, tout le monde sait qui elle est. « Try in English, she doesn’t speak French! » La voix exaspérée d’Aleks attire son attention, sa tête roule doucement sur l’oreiller, son front la picote. « Monsieur, vous ne pouvez pas rester ici. Attendez dans le couloir, s’il vous plait. » L’inconnue faite volte face et Dawn ressent comme un coup de vent lorsque Aleks disparait. « Mademoiselle ? » Elle cligne des yeux, la dame est toujours là, ses mirettes font une légère mise au point sur ce visage qu’elle n’a jamais vu avant. Comment pouvait-elle rêver d’une personne qu’elle n’a jamais vue ? « Je suis Claire Duval, votre infirmière. Comment est-ce que vous vous sentez ? » La blonde ne comprend pas un traitre mot de sa tirade, comme toutes les précédentes et alors qu’elle considère la dite infirmière, celle-ci semble comprendre son erreur. Avec un accent à couper au couteau, elle se reprend. « How…do you feel? » Elle bute sur chaque voyelle, stresse les notes aux mauvais endroits, la phonétique est déchirée sous les incisives, elle ne comprend pas. « What am I doing here? » Demande Dawn d’une voix plus rauque qu’à la normale, alors que son crâne tambourine contre ses tempes. « You are in the hospital, in Paris. You… » Un acouphène martyrise à présent ses tympans. Le sifflement dure et ressemble au bruit de l’appareil mesurant les palpitations dans les films, quand les malades décèdent. Il s’agit peut-être du sien ? De son cœur renonçant à la vie qu’elle commençait à croquer à pleines dents. Mais le son s’estompe doucement pendant qu’elle observe les lèvres remuer, celles d’un homme vêtu d’une blouse blanche.
Il est arrivé juste après que la dame brune ait décrit l’endroit où se trouve Dawn. « You’ve been assaulted. » L’accent est difficilement compréhensible. « I’ve been… » Elle répète les mots, mais le dernier ne parvient pas à sortir, tous ses sens se bousculent dans sa tête sans qu’elle ne parvienne à mettre le doigt sur le bon, repoussant le plus loin possible celui qui décrit très exactement ce qu’elle a subi. « Three witnesses said that your head hurt a sink. That’s why it might hurt. » Elle fronce les sourcils, mais même ce geste lui fait mal, alors son visage reprend immédiatement une expression neutre, ensommeillée. « Are you dizzy? » Elle comprend cette question et hoche vaguement la tête de gauche à droite. La seule nausée qu’elle ressent nait progressivement alors que les premiers mots du docteur commencent à avoir un sens dans sa tête, alors que sa mémoire ne lui est toujours pas accessible, comme si elle s’empêchait d’aller la visiter, comme si elle n’en avait pas la force, vidée de son énergie. « Where are you hurt? » Hurt, where? Ses mains se réveillent dans un spasme, ses doigts tremblent, secoués sans qu’elle ne sache pourquoi. La douleur accompagne ses mouvements. Ses coudes lui font mal, ses épaules, son bassin, puis… comme une balle en pleine tête, la réalité la rattrape lorsque ses paumes s’arrêtent sur ses cuisses, là où elle a le plus mal. Les autres douleurs ne sont rien à côté, à tel point que ses gestes ont oublié de les évoquer. Le rêve tourne au cauchemar et comme si elle se réveillait en sursaut, Dawn se redresse brutalement, réveillant au passage tous ses membres endoloris. Ses mains se posent sur sa poitrine, elle halète, respire bruyamment, elle réalise que ses vêtements ont disparu et qu’elle porte une blouse bleue, elle aussi. « Okay, okay… Please, lie down. It’s okay. You’re safe now. » Le médecin apparaît dans son champ de vision et lui intime de s’allonger par des gestes horizontaux, comme si elle ne le comprenait pas du tout. La Polonaise est secouée de plusieurs sanglots. Elle se sent incroyablement seule, dans cet environnement si lumineux et austère à la fois, si impersonnel. Son sentiment se renforce lorsque les soignants conversent dans leur langue d’origine. « Est-ce que tu as la déposition des témoins ? » Sa vision se brouille une nouvelle fois, mais elle n’a plus rien à voir avec le brouillard, ses yeux s’embuent de larmes si lourdes qu’elles naissent sous ses yeux, glissent sur ses tempes et meurent dans ses cheveux alors que ses iris claires fixent un point invisible au plafond. « Tu peux commencer. Je vais lui expliquer la suite. » L’infirmière s’en va fouiner dans un meuble pendant que le médecin se repenche au-dessus de Dawn avec une liasse de feuilles sur un support en plastique. « You’re Donne… Ja..ro..zé…ouiche? Am I saying it right? » Elle cligne plusieurs fois des yeux en se laissant submerger par ses sanglots, sa peur. Elle ne relève pas la prononciation chaotique de son identité, le peu d’entrain que met l’homme à ne pas écorcher sa personne, elle n’est qu’une jeune femme qui occupe un lit, une personne ayant une histoire similaire à d’autres qui ont déjà occupé ce matelas avant elle.
Elle comprend ensuite un mot sur deux. Il veut prendre des photos, mais de quoi, elle ne parvient pas à traduire cet anglais de cuisine. Elle comprend qu’ils vont la dépister, faire des prélèvements (?), et il lui demandent de signer des papiers où elle perçoit le mot police. Elle ne sait pas trop ce qu’elle fait, alors que ses larmes continuent de perler sur ses joues. La blouse blanche s’éclipse pendant que l’infirmière enfile des gants et s’empare d’outils que Dawn n’a pas beaucoup vus auparavant. Elle sursaute chaque fois que l’infirmière la touche et ses plaintes s’échappent du fond de sa gorge au commencement. « I wanna to go home. » Elle sanglote avant de retrouver ses dernières forces lorsque le spéculum commence son travail. Au contact froid pourtant léger, elle hurle entre deux sanglots. « Let me go! » Toute sa frustration, sa douleur, les mots qu’elle aurait voulu crier lorsque corps était s’est anesthésié sur le sol… Toute la terreur s’évacue dans ce rugissement entrecoupé de spasmes régis par ses pleurs. Une crise d’angoisse démarre, l’infirmière s’agite lorsqu’elle constate que Dawn perd pied, juste à la fin des tests. Elle tente de la rassurer jusqu’à ce que sa crise cesse et la blonde, à bout de nerfs et de fatigue, craque une nouvelle fois, allongée sur le dos. « I wanna go home. » Elle souffle en repensant à ses parents entre deux sanglots, à Mila et à Leo. Elle se sent si éloignée d’eux que toute son existence, la sécurité qu’elle rêvait de retrouver à San Francisco n’est plus qu’un souvenir bien lointain. Elle aimerait s’arracher la peau, sortir de son corps et abandonner celui qu’on lui a souillé. C’est une voix familière qui la sort de sa litanie, I wanna go home qu’elle répète entre deux chutes de larmes alors que sa respiration s’emballe encore. La menace d’une nouvelle crise pèse encore. « Dawn. Please. Listen to me. Listen. » L’infirmière, démunie, suggère à une personne à l’extérieur de prendre le relais pendant qu’elle s’en va s’occuper d’autres patients. Alekseï s’avance prudemment jusqu’au lit de Dawn mais conserve une certaine distance. Comme un réflexe, elle se recule sur le matelas en rivant des yeux embués et effrayés sur le visage du russe. « It’s me, Aleks. » Lui aussi, il a du mal à contenir ses émotions devant le visage apeuré de sa meilleure amie. Il s’assoit un instant près d’elle et murmure. « We’re gonna go back to the hotel. Okay? And we’ll go home. Alright? » Lorsque ses mots parviennent à ses oreilles, elle s’effondre une nouvelle fois en acquiesçant légèrement d’un signe de tête. Il se doute qu’elle a besoin de sa présence, il aimerait pouvoir lui prendre la main ou la serrer dans ses bras. « Hey, Myszko. I’m gonna stay with you. I’m here. Everything is gonna be okay. Everything. I promise. » Incapable de calmer ses larmes, Dawn reste un long moment, allongée sur le flanc avant que l’infirmière ne revienne avec de nombreux papiers, une pochette papier avec des ordonnances et quelques médicaments. Elle parle un peu avec Alekseï et l’entraîne à l’extérieur le temps que la polonaise se rhabille des vêtements qu’elle portait avant son arrivée. Elle tremble en les enfilant. Même en les portant, elle a la sensation d’être nue comme un ver, que tous les regards sont braqués sur elle à l’extérieur. L’ancien bassiste des Sanguinarium a été obligé d’insister pour exiger qu’une voiture d’ambulanciers ramène sa meilleure amie jusqu’à l’hôtel où elle séjourne. Dawn n’avait jamais mis les pieds en France et au fond d’elle, une voix lui murmure qu’elle n’y retournera jamais.
Elle puisait dans ses dernières réserves d’énergie lorsque les ambulanciers accompagnés d’Aleks escortent la blonde jusqu’à l’entrée de l’hotel. Le russe s’est ensuite chargé de le guider jusqu’à sa chambre alors qu’elle ne se souvient plus de l’étage, ni du numéro, ni de l’allure des couloirs ou de quoique ce soit d’autre. Tout ce qu’elle garde en mémoire, c’est un visage, des cheveux blonds et mi-longs, une brutalité sans pareille et la brume, les échos, les cris d’Ana. Les images repassent en boucle sur sa rétine et il faut que son meilleur ami répète parfois trois ou quatre fois ses questions pour qu’elle daigne y répondre, ne serait-ce que par un hochement de tête. Il se charge d’ouvrir sa chambre pour elle tout en appelant au téléphone la chanteuse des Now or Never. Il n’a pas le temps de raccrocher qu’elle les retrouve immédiatement dans le couloir pendant que Dawn se précipite sous la douche. Incapable d’enlever ses vêtements, elle s’assoit sous l’eau toute habillée avant de se fâcher et de s’en débarrasser. Son t-shirt se déchire, sa jupe craque, le tissu imbibé d’eau s’écrase sur le sol et inonde le carrelage qu’elle n’ose pas regarder. Elle se frotte le corps et les cheveux avec une dose considérable de savon fourni par l’hôtel, au moins cinq fois, et ses dernières forces lui servent à martyriser sa peau qui la dégoute. Elle frotte si fort qu’elle s’écorche le visage, que sa peau rougit en plus de la température trop élevée des jets qui se déversent sur sa peau. Il doit bien faire vingt-cinq degrés dans la pièce, mais elle sort un gros pull de sa valise ainsi qu’un épais pantalon de jogging et elle se couche dans le lit en se roulant en boule sous les yeux d’Ana qui a prévu de veiller une bonne partie de la nuit. « I’m… cold… » Elle prononce dans la langue de Mickiewicz
« Dawn? » Elle sursaute, troublée au milieu d’un cycle de sommeil déjà bien perturbé. Elle écarquille les yeux, aveuglée par la lumière du jour. Elle a la sensation d’être encore à l’hôpital et son estomac se retourne à ce moment-là, alors que son cœur s’emballe une nouvelle fois. Ana n’a pas oublié que sa batteuse a peur du noir et n’a pas conscience que les images de l’instant réveillent des souvenirs, ramènent la polonaise au centre d’un cercle vicieux. Elle croit revivre la veille, encore et encore. « It’s just me, Ana. I… » Dawn halète en s’écartant de la rouquine, elle se redresse et tourne de l’œil avant de se lever pour se précipiter dans la salle de bain et vomir ses tripes dans la cuvette des toilettes. Toute la nuit son inconscient jouait à pile ou face, entre deux humeurs, entre deux réflexions telles que ’il ne s’est rien passé, c’était juste un cauchemar’ et ‘comment est-ce que tu vas vivre avec ça maintenant ?’ Mais tout est bien réel. Tout est bien réel puisqu’Ana n’aurait pas veillé à ses côtés toute la nuit s’il ne s’était rien passé. Elle sanglote à cette réflexion en croisant l’ambre de la guitariste, lorsqu’elle se redresse pour ne pas s’asseoir sur le carrelage de la salle de bain. La tatoueuse a pris le temps de lui servir un verre d’eau et le présente à la blonde. « Here… » Dawn observe le contenant en silence pendant de longues secondes avant de le saisir pour vider son contenu dans les toilettes. Elle s’avance jusqu’au lavabo afin de le remplir à nouveau. « Dawn… We’re going back to SF tonight. I’ll perform one last show and we’ll leave right after. » Son dos glisse contre la porte de la salle d’eau tout juste close. Elle s’assoit sur la moquette alors que son amie s’accroupit à quelques pas d’elle. « Do you want Alekseï and Marek to stay with you when I’ll be away for a few hours? » Elle hoche la tête en relevant timidement son regard vers celui de la rouquine. Dawn est encore tiraillée par deux voix. L’une lui souffle qu’elle veut désespérément voir ses deux meilleurs amis, l’autre rejette toute présence. Elle pourrait même rejeter celle de ses parents qui lui manquent atrocement. Le besoin de ressentir la sécurité et la vie autour d’elle prime, elle ne se sent pourtant pas capable d’affronter leurs regards. Emmitouflée dans ses vêtements d’hiver, elle s’enroule en plus dans une couverture et malgré ça, elle a encore la sensation de ne rien porter sur elle, d’être découverte aux yeux de toute la capitale. La voix d’Ana résonne, mais la polonaise ne réagit pas. « Fine. I’m gonna help you, packing your stuff. »
Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle croit avoir froid, enveloppée dans la couverture et ses vêtements. Elle sue à grosses gouttes alors que deux têtes brunes sont assises à l’opposé de la pièce. Ils murmurent et s’agitent doucement. Aleks tient son portable à la main pendant que Marek, assis en tailleur, un coude appuyé à son genou, tête bien calée contre son poing, l’écoute avec un demi sourire en lisant une feuille. Ils sont en plein jeu de rôle improvisé. Ils ont probablement inventés leurs personnages en une après-midi et ont totalement retourné les règles pour que le russe puisse en même temps occuper la place de maître du jeu. Dawn s’assoit et les garçons s’arrêtent immédiatement de jouer. Elle n’est pas capable de soutenir leur regard plus de quelques secondes. Elle ressert la couverture autour de ses épaules et se rassoit au fond du lit tout en les regardant derrière ses genoux repliés contre sa poitrine. Ils comprennent qu’elle n’a besoin de rien, juste de leur présence. Ils reprennent alors leur partie là où ils l’ont laissée. À une certaine heure de la soirée, elle les entend se plaindre d’avoir faim et l’un des deux jeunes hommes quitte la chambre pour aller chercher à manger. Dawn refuse toute proposition. Elle est incapable d’avaler quoique ce soit et finit par se rendormir, allongée en boule sur ses oreillers.
Tandis qu’elle ouvre doucement les yeux, Ana et les ex membres de Sanguinarium s’agitent en silence dans la chambre de la Polonaise. Ils sont tous prêts à partir. Elle perçoit des phrases de leur conversation telles que ’I’ll find her some clothes to wear for the trip’, ’got the plane tickets’, ’make sure we’ll come back in SF very soon’, ’some shit to deal with in Poland before’, ’will facetime with her parents at the airport when you’ll be on your way back there’. Elle se laisse trainer lorsque la rouquine s’approche pour la réveiller. Elle a tiré une chemise épaisse subtilisée à Leo avant de partir en tournée, un débardeur et un jean taille haute. En attirant le vêtement de son copain à elle, elle se fige. Ses doigts se serrent autour de la matière, son cœur s’affole et ses yeux s’embuent de larmes à nouveau. Comment est-ce qu’elle va lui dire ? Comment va-t-il prendre ? Leo a toujours été la personne la plus compréhensive et empathique du monde aux yeux de Dawn, mais après toutes leurs discussions, tout ce qu’ils s’étaient promis… Elle ne sera plus capable de le regarder dans les yeux après tout ce qu’il s’est passé. Pendant que la rouquine rassemble ses affaires de son côté, Dawn s’habille et rapproche les siennes du couloir. Elle attend sa guitariste pour les sortir, incapable de mettre le pied dans un lieu public toute seule. Et c’est au bord de la crise d’angoisse que la blonde suit Ana jusqu’à l’aéroport. Le crâne plein à craquer d’appréhension, le cerveau en ébullition face à tant d’agitation dans cette ville poisseuse et misérable. Elle se représentait déjà Paris comme un gros pigeon putréfié, elle était loin de s’imaginer qu’elle aurait l’architecture Haussmannienne en horreur en quittant la dite ville de l’amour.
Adriana Parker
kiss me hard before you go
≡ POSTS : 494 ≡ ÂGE : 25, Jesus Reborn (25/12/1994) ≡ SURNOM : Ana, et c'est comme ça que tout le monde l'appelle d'ailleurs. ≡ OCCUPATION : Après le fiasco de la tournée européenne, et après avoir mis fin à cette même tournée, Now or Never n'est quasiment plus - ou du moins, il n'en reste que les CDs et autres tee-shirt. Sa vie de chanteuse et musicienne se voit mise en pause. Elle est toujours tatoueuse au Daddy's Closet, à des horaires moins importants cela-dit. ≡ STATUT CIVIL : Situation délicate, coincée dans ce qu'il reste d'une relation qui ne tient plus debout depuis quelques mois déjà. ≡ ATTIRANCE : Men & Women ≡ LOGEMENT : Une petite maison, où le sous-sol est aménagé en studio de musique, qu'elle partage depuis peu avec deux polonais (dont un russe) qui prennent beaucoup de place. #51 twin peaks ≡ RPS : ∬ New York kind of love (Ashton #05)
--- breakdown
∬ You don't wanna take that jump (Dawn #02)
∬ Good grief (Anton #02)
--- downhill
∬ Crash and burn (Dawn #03)
∬The end part I(Ashton #06)
--- finish it
∬Lost souls(Marek #01)
∬ Trouble never looked so fine(Marek #02)
∬ With all due respect, I really want to fuck you (Marek #03)
∬ The end part II (Ashton #07)
--- try again
∬ Wild youth (Marek #04) ≡ AVATAR : Karol Queiroz ≡ CRÉDITS : (c) ajna ≡ WHO ARE YOU : ginger squid ≡ AUTRES VIES : Leo & Mila ≡ INSCRIPTION : 04/03/2019
Sujet: Re: Cliffside ☾ Ana (trigger warning; violences, viol) Jeu 16 Juil - 18:35
jumpsuit, jumpsuit, cover me
DAWN
Sippin' on straight chlorine, Let the vibe slide over me, This beat is a chemical, beat is a chemical, When I leave don't save my seat, I'll be back when it's all complete, The moment is medical, moment is medical.
☾ « You’re an ass! » Jamais, dans ta vie entière, tu ne te serais imaginée à jouer à un semblant de remake de Dungeons & Dragons, dans un appartement de richous parisiens – en France du coup – et avec un polonais et un russe comme compagnons de jeu. « You’re only mad because Iron Kraken just killed you! » Vous auriez pu rentrer à l’hôtel, après votre première journée passée au festival, mais vous avez suivi Paige et l’une de ses amies à une soirée. La barrière de la langue s’est rapidement faite sentir, tu t’es retrouvée un peu à l’écart avec les membres de Sanguinarium à observer de loin. « Yes! Because you could have saved me with your sword! » T’as failli mourir de rire quand Marek a sorti un dé à vingt faces de la poche de sa veste, mais tu t’es laissée embarquée dans la création de personnages mal ficelés, dans un anglais mélangé de polonais quand le vocabulaire fait défaut, inspirés par les quelques têtes inconnues présentes. « That… For some reasons, the image in my mind isn’t what you want it to be. » T’as bien vu l’air plus lubrique qu’amusé passer sur le visage de Marek, avant même qu’il ne commence sa phrase, et tu continues de le fixer alors que plusieurs secondes passent avant de secouer la tête. Tu ne te répéteras pas, mais l’insulte tient toujours, et tu ne relèves pas. T’as toujours un sourire sur les lèvres alors que tu baisses le regard, tandis qu’Alekseï continue la partie qu’il a improvisée et que tu en es désormais écartée.
Ça fait plus d’une semaine, que vous avez quitté l’Italie et que ta presque escapade dans les bras d’Hadès s’est passée. Tu as réussi à garder ce secret avec les polonais, comme Dawn l’avait promis, le partageant également à Paige dans une loge après un concert compliqué. Tu n’y arrives presque plus, à faire semblant. C’est sans doute lié au fait que tu te refuses désormais d’améliorer ta performance de quelconque manière et que tu fais de ton mieux pour rester éloignée des substances qui passent dans les coulisses. Tu ne peux pas te permettre de sombrer à nouveau, tu tentes de garder l’esprit clair. Tu n’as pas réussi à aborder le sujet avec ton frère, encore moins avec ton petit-ami – ça risquerait de les briser, ces deux âmes folles et si heureuses de vivre, de savoir ça sur toi. Alors tu passes la plupart de ton temps libre avec Dawn et ses amis, tu resserres les liens Now or Never et l’alliance avec Sanguinarium parce qu’il n’y a que dans ces moments-là où tu peux être toi, vraiment toi – sans le sourire d’apparence et l’esprit surchauffant pour trouver ce que l’ancienne Ana dirait sans réflexion derrière. Même si ça te reste au travers de la gorge, ça ne te déplaît pas que les Boots soient toujours au festival sur lequel vous êtes ce week-end. C’est juste plus simple ainsi, pour toi.
Tu souris à Paige lorsqu’elle revient vers vous, une bouteille de bière neuve à la main. « Dawn hasn’t come back? » C’est un sursaut qui te prend et tu sautes du meuble où tu t’es assise sans plus réfléchir. La blonde vous a laissé il y a un petit moment pour aller aux toilettes, refusant d’être accompagnée alors qu’elle disait ne pas se sentir bien – et vous étiez tellement bien lancés que vous l’avez laissé filer sans plus discuter. L’appartement n’est grand que parce qu’il semble être un enchaînement de couloirs, tu sens ton estomac tomber quand tu vois plusieurs personnes frapper à une porte avec vivacité – ce sont plutôt les sons qui s’en échappent derrière qui te rendent malade. Les polonais n’hésitent pas plus longtemps et défoncent la porte à coups de bottes, t’es la première à te faufiler à l’intérieur et la scène que tu vois t’arrache un haut-le-cœur. Il y a toute ton âme qui se brise, d’un coup, t’es plus capable de penser à rien et tu agis par instinct ensuite parce que c’est le blanc total en haut. T’attrapes l’épaule du type, on prend rapidement ta place dans cet effort et tu t’agenouilles aux côtés de Dawn pour faire barrage entre son corps violé et l’agresseur. Tes mains tremblent tellement tu as peur de la blesser encore plus en la rhabillant, tes gestes te rappellent ceux que tu pouvais faire les jours où ta mère n’avait pas assez de forces pour s’habiller toute seule – mais ça n’a rien à voir, c’est une montagne de mauvais souvenirs qui rencontrent des images qui s’inscrivent à l’encre indélébile en même temps : le visage terrifié de la batteuse, les marques sur ses poignets et hanches, ses cuisses griffées jusqu’au sang…
L'ouïe te revient la première et le son te fait sortir de ta transe. Les paroles qui se veulent rassurantes que Paige prononce à l’égard de la polonaise, alors que toi t’es incapable de parler. Le bruit des coups, des grognements sous l’effort et des gémissements récoltés, les cris affolés des autres invités. Tu tournes la tête, pour voir la rage sur le visage de tes amis qui s’acharnent tour à tour poings en avant, entre l’encadrement de la porte et le couloir. Ta cage thoracique te lance alors que tout ton corps est soumis à l’effroi, la peur, la colère – mais ça se relance encore en bonds quand tu vois le visage tuméfié de l’agresseur. Tu t’entends appeler Paige, tu te relèves pour attraper fermement le bras d’un Alekseï soufflant afin de le faire reculer et le pousser contre un mur, tu te retournes alors que Marek siffle de haine et continue de frapper. « Marek! Stop! » Tu t’élances, trop vite, c’est une rencontre de gestes brusques, tu l’attrapes et t’essaies de l’attirer vers toi, lui faire lâcher l’autre type, tu l’appelles encore, « Marek! », il se débat, tu te prends son coude en plein visage et tu sens la douleur en même temps qu’un cri de surprise ne t’échappe. Ça a au moins le don de le faire s’arrêter, il balance presque le blond par terre avant de se tourner vers toi avec la mine horrifiée, tu recules dans la salle de bain. « Ana… » Il y a le goût du sang qui te vient rapidement en bouche, tu ne ressens aucune satisfaction à l’entendre t’appeler par ton prénom habituel, un coup d’œil dans le miroir et tu as la confirmation que ta lèvre inférieure s’est ouverte en cognant contre tes dents. Tu poses une main sur ton visage, celles de Marek en font autant, tu fermes les yeux et sens les larmes rouler sur tes joues – pas seulement à cause du coup.
Tout est coupé de lumières, d’abord le néon dégueulasse dans le couloir de l’appart’ dans lequel on vous interroge puis les gyrophares qui alternent un rythme trop rapide de rouge et de bleu. T’as envie de frapper un truc, de secouer les uniformes qui s’adressent à vous avec un accent méprisable, d’hurler quand on vous annonce qu’il va falloir vous séparer. T’as envie de gerber, tu ne veux pas, t’es incapable de réaliser ce qu’il vient de se passer et en même temps tu en as trop conscience. C’est pire que la dernière fois. Dawn ne semble rien entendre de ce qu’on lui dit, clairement, elle n’est pas là et même toi t’es pas sûre d’être là. T’as pas envie de la laisser seule, non elle n’est pas seule Alekseï ira avec elle, l’idée de l’avoir une nouvelle fois hors de ta vue te rend folle mais ce n’est pas de ton ressort de décider. T’acceptes de suivre les uniformes avec Marek, Paige te serre dans ses bras bien trop fort avant de rejoindre l’hôtel pour retrouver les deux responsables de la tournée en Europe et les informer des événements. Tu manques de faire un scandale quand tu vois que le type qui a agressé Dawn prend le même chemin qu’elle, trop abîmé par les punks pour être interrogé dans ces conditions, ou directement enfermé, t’en sais rien mais t’es en rogne.
T’as toujours la rage au ventre alors que tu t’efforces au mieux à raconter sous les tapotements ridiculement lents contre le clavier en face. Ils ont réussi à vous en trouver un capable d’argumenter dans la langue de Shakespeare mais l’accent du polonais – qui n’a pas envie d’en décrocher une, de toute manière – est apparemment trop haché pour qu’il le comprenne. T’es incapable de te souvenir comment respirer normalement, même la fraîcheur de la nuit parisienne ne te fait pas de bien alors que vous attendez le taxi qui doit vous ramener à l’hôtel. Le silence entre Marek et toi est violent. Tu te concentres sur vos mains fermement liées pour ne pas sombrer. Tu ressens tout à ce moment-là, c’est l’océan qui t’assaille de ses vagues et toi qui a oublié comment nager. La honte, la culpabilité, l’horreur. Tu as besoin d’exploser, de hurler ta rage ou de pleurer l’injustice à laquelle tu n’arrives pas à faire face, mais tu ne peux pas. Tu ne peux pas faire sortir ce feu de toi, t’as pas le droit, c’est pas toi la victime dans l’affaire. Tout défile en même temps que les rues s’enchaînent, une fois que le taxi vous ramène à l’hôtel – ce qu’il s’est passé, ce qui aurait pu se passer, ce qui aurait dû se passer. Toutes les erreurs que t’as commises, pas seulement aujourd’hui. Si t’avais fait taire ton ego, si t’avais arrangé les choses avec Lynn, Dawn n’aurait jamais mis un pied dans le bordel qu’est devenu Now or Never et rien de tout ça ne serait arrivé. T’as encore tout gâché, mais pas capable de te contenter de ruiner ta propre vie, tu as en plus bousillé celle des rares personnes auxquelles tu tiens – et qui tiennent à toi en retour. Tu ne sais pas, lequel est le plus monstrueux, entre toi et l’agresseur.
Ce soir, t’as rien d’autre pour t’accrocher que tes pauvres compagnons d’infortune, qui ont eux aussi échoué à protéger l’une des leur. Alors tu t’y raccroches. Tu fixes ton regard dans les obsidiennes du polonais assis à tes côtés, tu presses encore un peu plus sa main dans la tienne, alors que sa poigne si forte t’écrase déjà les os. Tu sens la tension qui émane de son corps, tu sens que lui aussi a envie de tout envoyer péter, que la gorge est prête à grogner et les dents à mordre. C’est peut-être ce que tu cherches. À la lumière des réverbères défilant, au son d’une musique française que tu seras incapable de reconnaître plus tard, tu réduis la maigre distance qui vous sépare et tu prends l’assaut de ses lèvres, te fonds dans son étreinte bourrue que tu as provoquée de manière inattendue. Tu cherches éperdument du réconfort dans l’adversité et un bouc émissaire pour l’épreuve, rencontres ferveur et frustration à égales mesures. Il n’y a rien de doux dans l’instant, que des bêtes blessées et des âmes égarées avec rien d’autre que l'autre pour les guider. Tu sens le feu naître dans ton ventre sous le souffle chaud de Marek, la satisfaction de sentir la rugosité de sa mâchoire sous tes doigts fins, l’envie sursauter alors que de nouvelles gouttes de sang s’échappent de ta lèvre déjà abîmée. Tu as le cœur battant à tout rompre lorsque vous vous séparez, t’es pas plus apaisée alors que tu te laisses aller contre lui les dernières minutes qu’il vous reste à parcourir avant de rejoindre l’hôtel.
Le regard est noir et fusille dans tous les sens, la tête est haute et la menace est évidente : la bombe est prête à exploser. Tu retrouves rapidement Paige qui quitte rarement tes côtés et te met au courant de la situation, mais tu retrouves aussi les Boots qui sont rentrés à l’hôtel et ont appris ce qu’il s’est passé entre temps. Tu te sens vide quand tu vois leurs mines concernées, tu frissonnes de ce que tu identifies comme un dégoût quand les bras d’Ashton se referment autour de toi. Les images resurgissent, c’est aussi délicatement que possible que tu le repousses. « Please, don’t touch me. » Il y a la terreur dans le fond de ta voix, encore choquée de la violence à laquelle tu as pu assister un peu plus tôt, mais il y a aussi la peur de craquer si on te témoigne un peu d’affection – et tu ne peux pas, pas maintenant. Tu as encore une dernière bataille à mener, pour Dawn. La polonaise est toujours à l’hôpital et Alekseï vous tient au courant par messages. Il y a maintenant un moment de silence, lourd de choc et de douleur, dans la chambre d’hôtel dans laquelle vous vous êtes rassemblés. Ton regard passe sur les visages, un à un, alors que tu juges silencieusement la situation. Ben et Isaac sont assis l’un à côté de l’autre, comme des gosses pris en faute qui ne savent pas quoi dire. Ton frère est juste derrière eux, a attrapé un oreiller qu’il sert contre lui alors qu’il te fixe. Ash est à tes côtés mais fait attention à te laisser ton espace, prêt à bondir à la seconde même où tu demanderas sa présence. Tu puises des forces sur le visage fermé de Paige, qui semble garder la raison et a mené la troupe jusque-là, avant de t’attarder sur celui de Marek. Ça résonne, ça fourmille encore, fantôme sur tes lèvres, les pupilles qui s’agrandissent alors que tu finis par secouer la tête. « I need to be alone. » Ça proteste à tes côtés, ça propose de t’accompagner, tu refuses, tu lacères l’air, tu montres ton portable d’un geste pour qu'ils comprennent que t’es pas loin et tu claques la porte derrière toi.
Tu as toujours ta veste, tu ne sais pas à quel moment tu as continué de t’accrocher à l’objet si insignifiant mais au moins tu n’as rien perdu. Tu en sors la clé électronique de la chambre que partages avec Ashton depuis la veille, tu t’empresses de récupérer un jogging et un débardeur dans ta valise avant de foncer sous la douche. T’es pas capable d’être seule avec tes pensées bien longtemps, tu ne t’y attardes pas. Tu finis assise par terre, dos contre le lit, casque sur les oreilles avec le volume bien trop élevé pendant que ça rumine en haut. Tu te laisses submerger jusqu’à ce que tu ne ressentes plus rien, jusqu’à ce que tu arrives à faire taire l’animal écorché. C’est un message qui t’informe que Dawn quitte l’hôpital qui te ramène sur terre, tu retrouves les autres là où tu les as laissé et c’est encore Paige que tu cherches. Elle hoche la tête, elle sait déjà ce que tu vas dire et te donne son accord, alors tu poses ton attention sur le duo de managers qui vous ont rejoint et qui n’attendent que ça pour commencer à te raisonner. « We’re going home. » Tu les coupes avant qu’ils ne puissent dire quoi que ce soit. T’es catégorique. Et tu sais déjà, tout ce que tu es en train de détruire – le groupe, la fin d’une bonne partie de la tournée pour les garçons également, peut-être même ta carrière musicale, mais tu n’en as plus rien à faire. Ça fait des semaines que le sentiment te colle à la peau et que tu t’y refuses, il est hors de question que tu imposes la suite à Dawn – et à toi, au passage. Il n’y a pas de suite, c’est terminé, tu abandonnes. Le management n’est pas content, les Boots sont secoués, tu les quittes sans te retourner quand Aleks signale son arrivée. C’est leur problème, maintenant.
Tu passes la nuit sur le fauteuil dans la chambre d’hôtel de Dawn, à surveiller le sommeil agité de la blonde, à lâcher des larmes de rage ou de culpabilité, à discuter par messages avec tous les individus que tu viens d’impacter avec ta décision. Tu ne dors pas, t’en es pas capable. Tu es tirée de ton poste quelques heures après le levé du jour. Les nouvelles ne te plaisent pas mais tu les acceptes, c’est le prix à payer. Tu performes le concert prévu en début de soirée pour le festival, avec Ash derrière la batterie, et t’es libre de rentrer à San Francisco – mais tu peux dire adieu à toutes futures collaborations avec la maison de disque. « Ask me if I give a shit. » Paige reste à tes côtés, t’aide, te rassure. T’achètes les billets d’avions pour rentrer le lendemain, demandes à Alekseï et Marek s’ils veulent venir également – oui, mais pas tout de suite, ils ont encore des affaires à régler en Pologne. Tu les rassures qu’ils peuvent débarquer quand ils veulent, ta maison est assez grande pour les accueillir, temporairement ou non. On vous appelle pour vous transmettre les résultats des tests de la blonde – droguée la veille, pas de maladie, état à surveiller – et vous vous mettez d’accord pour ne rien lui dire, pas pour l’instant. La sécurité assurée, tu repasses dans la chambre de Dawn pour lui annoncer la nouvelle et l’aider à fermer ses bagages – pour la dernière fois.
Les affaires se corsent quand tu en fais autant de ton côté.
Les mots criés avec colère résonnent toujours à tes oreilles et tu évites de croiser le regard de ton petit-ami, auteur de troubles supplémentaires, alors que vous êtes une nouvelle fois sur le lieu du festival. Tu restes aux côtés d’Anton et Paige alors qu’un technicien s’occupe de t’équiper, tu t’approches ensuite des amplis pour sentir le volume résonner dans ton corps entier. Tu te sens trembler, il y a trop de colère dans ton corps, tu ne penses pas être capable de monter sur scène mais tu n’as pas la choix. T’enclenches le pilote automatique, tu te laisses porter par l’habitude et par la foule, tu tressautes à chaque fois que tu vois Ash à la place de Dawn, t’es en sueur alors que vous arrivez à la dernière chanson. « We’ll see you soon. » Que tu promets faussement en remerciant pour le moment passé aux côtés des milliers d’âmes présentes devant vous – c’est un mensonge, c’est un adieu. La libération arrive rapidement, t’es la première à sauter dans un taxi pour rentrer à l’hôtel. Tu retrouves les polonais et vous filez ensemble à l’aéroport, t’embrasses Paige une dernière fois puisqu’elle a décidé de rester en Europe pour payer les pots cassés. Le confort du salon de l’aéroport vous accueille une petite nuit, tu feules encore quelques heures avant que l’avion ne décolle enfin. Le poste Instagram balancé, avant que tu ne passes ton téléphone en mode avion lui aussi – pour un bout de temps, tu te promets. Tu as réussi à tenir debout jusque-là, mais une fois que Dawn est à peu près en sécurité à tes côtés, que t’as envoyé chier le pauvre type qui vous dévisage et que tu t’es installée dans ton fauteuil trop grand – tu rends les armes. C’est terminé.
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