J’ai vécu tout seul, j’ai grandi tout seul, je me suis construit tout seul. J’ai pas le choix, j’ai pas eu le choix, c’est comme ça, c’est ma vie, et j’ai pas pu y échapper. Je suis pas ce garçon qui a eu une belle famille, une famille unie et aimante. J’ai pas eu de soutiens, et encore moins d’amis, ou de camarades, juste à l’école et encore, j’était toujours très seul, parce que je ne supportais pas d’entendre les autres enfants parler de leurs parents, quand les miens m’avaient abandonné salement. J’ai du mal à supporter leur absence, j’ai jamais bien vécu d’être seul, et de devoir avancer seul. Tout me manquait, l’amour parental m’avait manqué, la fierté d’un père et la tendresse d’une mère, ce que je n’ai jamais connu, ce qui m’a poussé à chercher l’attention partout, à faire un nombre de conneries impossible, parce que j’avais un peu l’impression d’être important, j’avais l’impression qu’on me regardait, et quand je suis rentré dans le trafic, j’avais cette impression d’avoir ma place quelque part, autre qu’entre quatre murs d’une petite chambre d’orphelinat. Bien sur qu’il y a des jours ou j’aurais aimé que ma vie soit différente, que je n’ai pas perdu mes parents, j’aurais sûrement mieux tourné, et j’aurais su garder les gens autour de moi, parce que je ne serais pas le même petit con camé, que je peux être aujourd’hui. Mais c’est la vie, c’est comme ça, et je ne suis clairement pas persuadé que je pourrais changer un jour, je suis comme ça. je suis pas récupérable, je suis un mess. Je trimballe avec moi un nombre de valises, et des poids tellement conséquent, qu’il tout bonnement impossible de m’en libérer. Mes peurs, mes addictions, mon sale caractère, mon passé, tout ça est indissociable de moi. Je ne suis pas le meilleur des garçons, et je ne le serais jamais, parce que ce n’est pas dans mon ADN, je suis destiné à faire souffrir les gens, je suis destiné à tout perdre et à perdre tout le monde.


« I'm sorry this happened to you. No one deserves that. » J’hausse les épaules. C’est gentil, mais c’est la vie. Elle ne me ramènera pas ce que j’ai perdu, elle ne me guérira pas de mes addictions, elle ne calmera pas mes peurs. Elle n’est pas là pour ça. J’ai pourtant salement besoin de sa présence, parce qu’elle n’est pas mon médicament, mais elle me calme et elle m’apaise. Sa présence est salvatrice, malgré tout, malgré que je sois persuadé qu’elle partira un jour, qu’elle en aura marre du petit con que je suis, que je finirais par la décevoir elle aussi. JE déçois toujours tout le monde. Même mes parents, où qu’ils soient sûrement déçu de leur rejeton. Et je me suis fait à cette idée. Je me suis fait au fait que je ne suis pas quelqu’un de parfait, que je fais e mal autour de moi, même si je ne le cherche pas. C’est plus fort que moi, c’est plus fort que ma volonté. Et elle aussi, un jour, je la décevrais sans le faire exprès, parce que c’est comme ça que ça fonctionne toujours. Mais ce soir, je me contente de lui expliquer, de tenter de lui faire comprendre le pourquoi du comment de l’essence que ce que je suis.


Alors que je m’échappe, pour pouvoir échapper à ce que je venais de dire, je vois que son regard se ferme, et que son corps se raidit. Voilà, j’ai déjà fait des conneries. « Bash, no. Fuck no. You're asking too much of me. » Mes sourcils se froncent, non pas que je ne comprenne pas ce qui passe, au contraire, j’ai l’impression de bien trop comprendre, et c’est en train de remuer toute la merde dans ma tête. « I’m not asking you anything, Ana. I’ve never did. » Je ne suis pas agressif, étonnement, je reste assez calme, et je n’aime pas ça. Le jour où mon ex à pris sa valise, je suis resté calme, trop calme, et je l’ai laissée tout prendre, et partir, sans rien dire, sans broncher, parce que tout le monde s’en va. « I'm going to leave. Not because you're a bad person, I don't think that. Not just because you're in some serious shit. But because we never promised forever, and even when I promise that I just... » Pour toujours ? Des promesses ? Je n’avais jamais lance de promesses, mais je savais d’avance, que je ne voulais rien de sérieux, mais elle avait mis de la lumière dans ma vie, et ce n’était pas arrivé depuis si longtemps. Je lui faisais un peu confiance, un peu. « I just leave. This is who I am, ok? I leave, because I get bored, because I only care for myself in the end. I left a 2 years girlfriend whom I loved with all my heart because our life was too calm for me. I'm gonna leave you and I'll find a ton of excuses to do so. » Je le sais. Je le savais. J’y suis préparé. Je sais qu’elle va partir, elle aussi, tout le monde pars. On est juste un passage. Un micro moment dans la vie de l’autre, parce que justement on s’est rien promis, juste du fun. Je sais qu’un jour je me réveillerais seul, et que je l’aurais mérité. t« You're thinking way too high of me, Bash. Don't put your hopes on me. Don't make me your saviour or some shit like that. Don't ask too much from me, because I won't be able to give it to you and I don't want you to get hurt again. » La verité est juste celle-ci. Elle en est pas capable, et je le sais. Je l’ai toujours su. Je la regarde, mes yeux sont un mélange de compréhension et de déception, parce que même si j’étais préparé, faire face à la réalité est difficile. Bien trop difficile. « I’ve never asked you to save me. I don’t want to be saved. I just can’t be saved. » je termine dans un soupire. Je ne lui demande rien, je ne veux rien, je n’ai pas envie qu’elle m’aide, c’est juste trop compliqué, et elle n’a pas ni le temps, ni l’énergie. Et puis, j’ai clairement pas envie de l’embarquer dans toute mes merdes, parce qu’elle mérite pas ça. « I don’t have any hopes, in anything or anyone. I can’t put any on you, because it would hurt way too much.» C’est compliqué à admettre parce que j’ai toujours accepté de souffrir en silence. De ressentir ma peine et ma colère dans mon coin, parce que c’est plus simple comme ça, je ne dois rien à personne, et je m’en contente, parce que je ne mérite rien de plus, et rien de moins. « We’re not a thing, or in a relationship. And I’m not looking for that, when we’re together. If I asked you to stay, is because I just forget how bad I can be because I can make you laugh, and I feel a lil bit important. I’m not asking for a forever, because forever doesn’t exist. That’s just some kind of bullshits, made for cheesy lovers to be comforted. I’m not a lover, and I’m not asking for a forever, okay ? » Je dared mes yeux dans les siens, conscient du risqué que j’encours si elle reste là ce soir, parce que ça prendra fin. Tout prends fin. Même la vie. La mienne est partie dans cet accident de voiture. J’y ai tout perdu. Je finis toujours par tout perdre. Je finirais par la perdre elle, et ça devient presque inévitable. « I know you'll leave, feel free to go whenever you want... I know it'll have an end » Just let me a few hours... Je suis bien trop calme, et posé, quand elle va passer la porte, je sais que je vais imploser.

Bash est… Bash. Un gamin paumé, perdu, qui n’a pas eu une vie facile et qui ne sait pas vraiment où aller. Ce n’était pas compliqué à deviner, ça. Mais ce n’était pas grave, parce que jusqu’à présent notre relation n’était basée que sur des taquineries et boutades, des échanges corporels et aucunes promesses. La soirée a pris un tout autre tournant, et j’aurais dû partir immédiatement. Plutôt que de le laisser s’ouvrir à moi, le laisser se confier pour mieux le briser une nouvelle fois. Je ne veux pas le blesser, je ne veux pas lui faire du mal. Ni par mes propos, ni par mes actes. Bash est l’une des rares personnes à qui j’accorde assez d’importance pour bien vouloir faire attention à mes paroles. Mais c’est juste trop. Il me demande de rester, il me demande de ne pas l’abandonner, il invoque un pour toujours qu’il n’obtiendra jamais. Pas parce qu’il n’en vaut pas la peine, mais tout simplement parce que je suis incapable d’offrir un toujours. A qui que ce soit. Il n’est pas tombé sur la bonne personne avec moi, je n’ai rien à lui offrir, je suis désolée mais c’est comme ça. « I’m not asking you anything, Ana. I’ve never did. » Un bref rire mauvais m’échappe, et je lève les yeux au ciel. Bitch please. « You literally just asked me to stay, you fucking moron. » Je prends une grande inspiration, avant de ne m’emballer et m’énerver. Ce n’est pas le but. Mais il faut qu’il sache, que je vais partir, parce que c’est qui je suis et c’est ce que je fais, et qu’il n’y est pour rien. Il faut juste qu’il se trouve une autre bouée de sauvetage. Je peux jouer le rôle ce soir, mais ça sera tout.

« I’ve never asked you to save me. I don’t want to be saved. I just can’t be saved. » Mes sourcils se froncent légèrement et mon visage se tord en une expression peinée. J'inspire légèrement, allant placer une main contre sa mâchoire pour qu'il me regarde. « Yeah, you can. You just got to believe it first. » Et même si je ne peux rien faire pour lui, ça ne veut pas dire que personne ne peut rien faire pour lui. De toute façon, s'il a déjà baissé les bras et ne croit plus en rien, s'il consomme autant de poudres interdites... Il a vraiment besoin de commencer par croire en lui et en un avenir meilleur. Il attrape ma main et se dégage de mon semblant d'étreinte de réconfort, et je sais que c'est trop tard. Je l'ai blessé, il est déçu. Malheureusement, il ne peut en être autrement. Je préfère être honnête immédiatement que jouer une mascarade qui le blessera quand même, et je n'ai pas envie de m'excuser pour ça. Même si, pour le coup, ça me fait de la peine. « I don’t have any hopes, in anything or anyone. I can’t put any on you, because it would hurt way too much. » Je retiens à peine un soupir. Une partie du message est passée, au moins. « I know. I'm sorry. But that doesn't mean you can't find someone, Bash. » Parce que vraiment, vivre une vie entière seul ça a l'air particulièrement triste et chiant.

Mais parce que j'ai eu l'occasion de parler, c'est à son tour. Je me tais, me retenant parfois de protester en pressant fermement mes lèvres l'une contre l'autre. On est sur la même longueur d'ondes, apparemment, puisque ni lui ni moi ne cherchons une relation de couple. « If I asked you to stay, it's because I just forget how bad I can be because I can make you laugh, and I feel a lil bit important. » Ma bouche s'étire en un mince sourire, et j'avale presque difficilement ma salive. Tu rends les choses compliquées, Bash, arrête. Et il est plein de contradictions, à me répéter qu'il ne demande pas un toujours qu'il n'obtiendra jamais alors qu'il a dit quelques deux minutes plus tôt qu'il était effrayé que je le quitte pour toujours. « I’m not a lover, and I’m not asking for a forever, okay ? » Je soutiens son regard, les yeux plissés et la tête légèrement inclinée. You're sure about that, Bash ? Because I think you're only fooling yourself here. « Fine, then. » I guess we're good. « I know you'll leave, feel free to go whenever you want... I know it'll have an end. » Je hoche négativement la tête, déterminée. « I said I would stay tonight, so I'm staying. » Ce soir, seulement. Mais est-ce que je suis vraiment prête à partir, pour toujours, demain ? Nous ne sommes pas ensemble, je ne lui dois rien, je ne devrais même pas avoir envie d'essayer. Mais. Un semblant d'optimisme, le fait qu'il soit si jeune et qu'il ait encore tellement à vivre. « But maybe... » Je pousse un soupir, regrettant déjà la suite. « Maybe we can be friends... Sort of? I just... I can't believe you really accept things the way they are and you don't want to change. » Everyone wants to be saved, Bash, even the one who don't even need saving.

« You literally just asked me to stay, you fucking moron. » Elle joue sur les mots, et en plus elle m’insulte, je rêve. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je n’ai jamais cherché à sous-entendre quoi que ce soit. Je ne veux rien, hormis sa présence. Je ne veux pas d’un toujours, je ne veux pas de promesses, je ne veux pas de tout ça, ce n’est pas ce que je veux, c’est plus ce que je veux. Ca fait trop mal. Et ça ferait trop mal encore une fois de me prendre à ce jeu. C’est comme se tirer une putain de balle dans le pied, ça fait mal. C’est souffrir et vouloir souffrir. Clairement ce n’est pas mon but, du tout. J’en ai trop pris dans les dents, on ne s’en remet jamais vraiment de ces conneries. Je n’ai pas envie, j’ai plus envie. « That’s not what I was saying Ana, you know what I meant. » Ce n’est pas ma bouée de sauvetage. Elle ne me sauvera pas, Ana. Elle ne me sauvera pas, parce que je ne peux pas être sauvé. Quelque part, peut-être que je ne le veux même pas. Je ne sais pas. Mais elle, elle ne me sauvera pas. Elle panse mes douleurs quand elle est là, mais y’a rien pour les faire taire quand je suis tout seul, et qu’elle n’a pas les mains sur ma peau, ou que sa voix ne résonne pas dans ma tête. Mais elle ne peut pas me sauver. Personne ne le peut.


Et simplement je lui dis. Parce que y’a rien de mieux que la communication, et je sais que dans ce moment-là, il n’y a que la communication qui influera sur ce qu’elle fera. Partir ou rester. C’est son choix. Plus le mien. I just can’t be saved « Yeah, you can. You just got to believe it first. » Qu’elle réponds, en posant sa main sur ma mâchoire, comme pour me montrer un peu de réconfort. Je n’ai pas besoin de réconfort, la vérité, je l’ai acceptée il y a bien longtemps, peut-être même trop longtemps. Je ne peux pas. Je ne sais pas. C’est le bordel dans ma tête, et j’ai l’impression de lire de la pitié dans son putain de regard que j’ai du mal à lâcher. Et pourtant, j’attrape sa main dans la mienne, et la serre, alors que je m’éloigne un peu. « I don’t have anyone, or anything, to believe in. I’m alone, and that’s a fucking fact, Ana. I’m just fucking alone. I don’t have any family, any people I can rely on, because I don’t want to. I’m tired of fooling myself with fucking hope, or some type of shit. Do you understand ? I’m tired. » Blessé, déçu, c’est le Cœur qui parle. Ce putain de cœur meurtri, qui se bats contre toute les merdes que je lui file pour battre encore. Ce putain de cœur maudit, qui ne sait pas comment se gérer. Ce cœur qui ne sait plus avancer. Qui ne voit plus que le mal partout, qui à peur d’apprécier, de trouver quelque chose beau, de trouver de l’espoir quelque part, parce qu’il à trop souffert. C’est plus ma tête. Je ne sais plus penser correctement, et je dis sûrement un tas de merdes considérables, plus grandes, plus grosses que moi. J’ai plus d’espoir. J’en veux plus de l’espoir. « I know. I'm sorry. But that doesn't mean you can't find someone, Bash. » Parce qu’elle croit que c’est ce que je veux ? Trouver quelqu’un ? Bullshit Mieux vaut être seul, et ruminer dans mon coin, que de risquer de souffrir encore un peu plus. J’ai fait la connerie une fois. Une seule fois. Elle a été fatale. Elle a tout pris, tout ruiner. Elle a marché sur mon âme, et sur mon cœur, comme on marche sur le béton, sans crier gare. « I don’t want to. »


Je suis un être foutrement compliqué, c’est un secret pour personne. Parfois j’ai envie qu’elle s’en aille, parce que y’a plus rien à faire, parce que je sais qu’un jour elle ne reviendra pas, et que rien que cette idée, me tord le bide, et me donne envie de gerber. Mais j’ai tellement besoin qu’elle soit là, parce que c’est moins difficile quand elle est là, ça fait moins mal, c’est moins le bordel. Mais elle essaye de me sauver, et elle essaye de partir, et ça refout la merde dans ma tête. Elle est mon poison et mon antidote. J’ai besoin qu’elle parte, mais j’ai besoin qu’elle reste. Je ne sais pas ce que je veux. Je ne veux pas d’un toujours. Le toujours c’est pour les gens qui ont de la confiance à donner, de l’espoir à vendre, je n’en ai pas. « I said I would stay tonight, so I'm staying. » Mon regard se plisse, et je lâche sa main pour venir poser la mienne sur sa joue. Je ne comprends pas. « You deserve so much that staying there with the fucking dumb piece of shit I am. But fine, if it is what you want…» Un bref sourire vient contraster mon regard triste, sombre. Elle mérite tellement mieux, que de perdre son temps à tenter de réparer le pantin cassé que je suis. Elle mériterait de sortir, faire la fête avec ses amies, de serrer dans un coin, de s’amuser. Pas d’être là. Mais au fond, ça conforte ce petit Bash, le petit Bash perdu, au fond de mon être. Ce Bash qui à besoin d’Ana pour oublier, pour sourire un peu. « Maybe we can be friends... Sort of? I just... I can't believe you really accept things the way they are and you don't want to change. » Un sourcil s’arque sur mon visage, comme si je cherchais à analyser son regard. Je n’y vois que de la sincérité. Je n’ai pas beaucoup d’amis, le peu que j’ai, j’ai tendance à les blesser, je ne suis pas vraiment quelqu’un de délicat en règle générale, mais au final, elle semble me connaître un peu et savoir que c’est à ses risques et périls. « Why so ? I always was like that. I was two, when my world just stopped turning around normally. Things are just things, Ana. That’s it. » Dis-je en haussant les épaules avant de rajouter « But yes, maybe we can be friends. Or a sort of. » J’ose lui sourire, moins tristement, c’est un peu ça de gagner. Elle restera dans mon cercle proche au moins. C’est toujours ça, mieux vaut ça que rien comme dirait l’autre. Je me rapproche et vient entourer sa taille de mes bras, ayant constamment ce besoin de proximité. « I hope you are ready to have me as a friend. It is said that I’m particularly annoying when I want to. » Dis-je pour faire retomber la pression, et ajouter un peu d’humour à tout ça. Je suis pas chiant quand je le veux. Il parait que je suis constamment chiant, et c’est une réputation qui ne me quittera probablement jamais, si vous voulez mon avis. Je ne veux peut-être pas être sauvé, mais j’ai parfois besoin d’un peu de soutient. Peut-être qu’elle commence là, ma guérison. « So now that i’m a little bit drunk, that we played crybaby, what do you wanna do ? »

Je viens clairement d'un milieu privilégié par rapport à Bash, avec une vie plus facile, et je n'ai pas encore perdu espoir. Certes. Mais je n'arrive pas à croire qu'il veuille vraiment être seul. C'est un mécanisme de défense, de vouloir rejeter tout le monde par peur d'être blessé, ça se comprend. Mais s'il voulait vraiment être seul, il ne m'enverrait pas régulièrement des messages. Même lorsqu'il n'y a rien à dire, même lorsqu'on ne prévoit pas de se voir. S'il voulait vraiment être seul, il ne me demanderait pas de rester. Il ne me demanderait pas un pour toujours, quoi qu'il dise. J'aimerais pouvoir être la solution, être la personne qui reste et qui lui redonne espoir. Mais je ne peux pas. Je suis trop égoïste, je sais que je m'enfuirais de cette situation dès que je n'en tirerais plus rien. Je ne lui dois rien, mais je lui offre au moins mon honnêteté. C'est le moindre que je puisse faire. Ça, et rester ce soir, parce qu'il me l'a demandé et parce que j'ai déjà accepté. « You deserve so much more than staying there with the fucking dumb piece of shit I am. But fine, if it is what you want…» Mes lèvres s'étirent en un sourire amusé. « Yeah, I know. » And yet. Je me défais de son étreinte quelques secondes pour pouvoir aller embrasser du bout des lèvres l'une de ses joues. Il est brisé, et en même temps si innocent.

Et encore une fois. He thinks way too highly of me. Je ne sais pas tellement ce que je mérite, dans la vie, et je ne pense pas qu'il sache non plus. Dans le fond, je suis comme tout le monde, à chercher ma place sans jamais vraiment la trouver, à devoir affronter un quotidien parfois glorieux et parfois carrément morne. Mais il ne sait pas, tout ça, et je n'ai pas très envie qu'il le sache. Il n'a pas vraiment besoin de savoir. Nous n'avons rien promis, on est à peine amis, et ça me turlupine. Je me sens très bête, à lui proposer d'être amis. En quelque sorte. Parce qu'il doit bien vouloir changer, quand même. Mon visage se ferme presque automatiquement, alors qu'il me regard suspicieusement. « Ay, fucking forget it. » Je chuchote, mais c'est trop tard. « I was two, when my world just stopped turning around normally. Things are just things, Ana. That’s it. » Je lève les yeux au ciel, c'est qu'il commence à m'agacer dites donc. « Yeah okay you were 2, but you're fucking 21 and you can not be a victim anymore. You just like to pretend you must be one because it's easier than actually do something about it. » You stupid fuck. Il va peut-être prétendre que les paquets de poudre dans son meuble d'entrée, ce n'est pas de sa faute, aussi ? « But yes, maybe we can be friends. Or a sort of. » Je grimace un peu, ça reste bizarre et un tantinet nul. « I hope you are ready to have me as a friend. It is said that I’m particularly annoying when I want to. » Un léger esclaffement m'échappe tandis que je vais poser mes mains sur ses avants bras. « You already are particularly annoying, don't worry. » Apparemment, j'aime bien les gens chiants. Je blâme Anton pour ça, il m'a trop habitué dès toute petite. « So now that i’m a little bit drunk, that we played crybaby, what do you wanna do ? » More crybaby, please. « Tell me more. » Parce qu'en parler, des fois, c'est le début de la solution. Paraît-il. Parce que je suis quand même curieuse d'avoir toute l'histoire.

On termine la bouteille, et on quitte la cuisine. J'en apprends plus sur les orphelinats, sur ses petits soucis avec l'autorité. On passe au salon et c'est le lycée, et le début des embrouilles avec la drogue. On arrive aux heures creuses et silencieuses de la nuit qu'on est encore en train de discuter et qu'il se livre sur une certaine Prim. Ça fait beaucoup d'informations, la soirée est longue et forte en émotions et il s'endort le premier alors que la conversation mourrait d'elle-même. J'observe encore quelques minutes son visage à peine éclairé par sa lampe de chevet, le cœur lourd et les sentiments en conflits. Je finis par pousser un soupir, éteindre la lumière, toujours convaincue d'une chose : Bash can be saved.