Qu'est-ce que vous vous faites chier, putain. Tu le répéteras jamais aux filles parce qu'elles vous emmerderont jusqu'à la fin des temps avec ça, mais la coloc sans elle c'est pas pareil. Déjà, c'est beaucoup plus sale. Tu n'as plus de petite voix moralisatrice pour te dire de ranger et Bart s'en fout, donc tu laisses traîner tout ce qui ne menace pas de se mettre à puer. Vous bougez presque pas du salon, quand vous êtes pas dehors pour bosser. Vous êtes jeunes et plein de vie et vous pourriez profiter des soirées d'été pour aller vous promener, faire la fête, voir du monde... Mais vous êtes des flemmards nés et vous aimez pas tant que ça rencontrer du monde. Du coup, l'ennui. Du coup, t'es pas content mais tu fais rien pour changer ça. « Dude, this game is driving me insane. » Tu réponds même pas. Tu en as ras le cul aussi mais tu sais pas quoi faire d'autre, alors bon. Bart lâche l'affaire et c'est sans pitié ni véritable plaisir que tu le pousses du plateau. « I’m sick of it. » I'm sick of you. Tu le tentes pas, c'est pas vrai, tu te fais juste chier. « I won. » Merci Captain Obvious. « I can see the shadow of boredom. It came to kill me. » Tu relèves la tête - effort surhumain - pour regarder autour de vous. Pas d'ombre. « I think it's death, dude. It's for you. » Tu lances une autre partie, mais il joue plus, du coup tu t'fais plaisir et tu bousilles son perso bien comme il faut. Ce sera bon pour tes statistiques, ça.

Bart a un élan d'énergie et se lève, chaud et pimpant, pour aller chercher des bières. Ton héros. « What. » Qu'tu réponds quand il te demande - tu es quelqu'un de drôle. Bon ça t'éclate pas de jouer tout seul, alors tu laisses tomber le truc ridicule qui sert de manette et tu sors ton portable. Tu as un message de Dawn, ton estomac fait sa petite danse habituelle de '!!' et tu t'empresses de l'ouvrir. Madame s'ennuie à une soirée à la galerie, alors Madame décide de t'assassiner avec un selfie. Très bien, cool, super. Merci. Tu as un sourire un poil niais sur le visage quand tu lui réponds, en toute poésie 'ur hot'. Puis Bart revient, victuailles en main. « Why are you smiling ? » Tu as pas le droit d'être heureux, voyons ? « Because I'm delighted to spend my evening with you. Again. » T'exagères, tu te ferais encore plus chier s'il était pas là. « And Dawn sent me a selfie but that's none of your business. » That's right: ladies and gentlemeeeeeeen. Leo a ken. Bart, sors ton calepin et prends des notes, le Lover Boy a frappé. « Is there something we can do ? At this point, I think I'm willing to go outside. We could go rob a bank, free the animals in the zoo, something, anything ?! » Ouais, t'es vraiment désespéré là.

Tu te demandes si ça se peut vraiment, mourir d’ennui. Sans doute que oui. Y’a eu des morts plus cons. Et maintenant que tu y penses, tu as envie d’aller chercher un top des morts les plus cons pour que vous puissiez ricaner comme des glandus. Tu as envie mais tu as la flemme, alors tu n’en fais rien. Tu continues à jouer même si t’es tout seul, mais c’est moins drôle et ça te gonfle. Des fois, tu aimerais être un mec avec de l’ambition. Un beau, fort et musclé qu’on admire sur les réseaux sociaux, qu’a plein de potes et toujours un truc à faire. Ton seul truc à faire, Leo, c’est de fumer tranquilou pépère dans ton coin avec les trois humains que tu arrives à tolérer. Eh. Au moins, t’es pas seul, c’est déjà ça. Ton pote ressemble un peu plus au mec parfait, mais pour une sombre raison dont tu doutes de la véracité il a fait une erreur de parcourt quand il a débarqué et a décidé de devenir ton pote, plutôt que de rejoindre sa destinée de populaire. Tu t’en plains pas, ça te fait quelqu’un pour aller chercher la bière dans le frigo. Entre temps, tu regardes ton portable et tu vois un message de Dawn. De quoi te faire sourire, et ça il le loupe pas Bartholomew. Tu l’envoies un peu promener, te récoltant une belle insulte et ça te faire rire. C’est comme ça que vous vous témoignez votre affection, y’a pas de mal. Tu finis par lui répondre, et il se met à soupirer. Aaah, la jalousie, c’est beau sur personne. Il commence à ranger – mais pourquoi ?! quel fou – et tu le laisses faire toujours sans bouger. Tu attends, au cas où que la belle te réponde. Mais y’a peut-être pas grand-chose à répondre à ‘ur hot’. Bart te regarde, tu flippes presque qu’il te demande d’aider à ranger. « Okay so, jack off or get laid but do something. I know she’s cute, but stop looking like a… lover. » Tu aurais préféré qu’il te demande d’aider à ranger. « Hey fuck off. Please have some more respect for my sexual life. » Déjà, hein, ça ne le regarde pas et tu fais bien ce que tu veux. « And that’s my everyday face, you fucker, I’m a poetic lover. » Tu es surtout un poétique douchbag, et t’éclates de rire. Mew-Mew continue à se transformer en fée du ménage, et tu continues à ne pas bouger. Peut-être qu’au bout d’un moment, tu deviendras invisible. « Shit. I can’t believe I said that. » Il est loin, mais tu as l’ouïe fine. « I can’t believe you said that either ! » Tu répètes, d’une voix trop aiguë, un poil dramatique.

Bon.

La table basse est propre mais vous vous faites toujours chier. Alors tu désespères, tu rends les armes : t’es prêt à faire un truc. Dehors. Woooooooow. Bart en remet son pantalon. « Finally ! I was dying to hear this. » Tu lèves les mains en l’air dans un geste exaspéré. « Why didn’t you say anything then ? » Franchement, c’est lui qui prend les initiatives d’habitude, il ne peut pas échanger les rôles comme ça – après tant d’années. « Come on ! Let’s go anywhere. I can’t fuckin’ stay here I’m sure hell is more welcoming. » Même si c’est toi qui a proposé, tu râles quand même quand tu te lèves du canapé. Tu t’étires de tous les côtés pour réveiller ton corps et t’échauffer au passage. Tu t’changes pas, t’es beau en toutes circonstances. « Take your magic shaman stuff with you. It’s a matter of life or death ! » Tu glousses – il exagère à peine – avant de récolter les petites boîtes magiques. Des boîtes d’allumettes sciemment décorées, si jamais on vous demande vous faîtes juste une collection d’allumettes, y’a pas de mal à ça. Tu attrapes aussi les bières avant de le rejoindre dans l’entrée – pas de gâchis – et tu enfiles tes pompes sans même te baisser. Y’a la voix de ta mère qui râle au loin. Il vous a donc fallut deux semaines pour vous décider à sortir, un record. Bart fait son fouteux pour jeter la poubelle, tu lèves les yeux au ciel – mais bon, si ça peut lui faire plaisir. « I don’t know where we are going, but we don’t need roads. » Tu acquiesces, oui ok, certes. « And all roads lead to Rome. Are we going in Rome ?! » C’est loin, un peu, non ? « I want to do something either amazing or stupid. » Ou les deux, parce que la limite est généralement très floue entre les deux. Vous commencez à avancer, tu sais pas où tu vas mais lui non plus. « Wait. » Tu l’arrêtes, présentant déjà ton poing fermé devant toi. « Paper, rock, scissor. You win, left, I win, right. Ready ? » On peut déjà cocher la case du stupide : deux glandus qui s’arrêtent à tous les coins de rue pour savoir où tourner.

C’est pas une grande nouvelle, que t'es un feignant de première, pourtant il a l'air de rager en rangeant – ahah c’est drôle à dire – la table basse. M'enfin, Bart, après toutes ces années... Ou c'est peut-être ta culpabilité qui parle, Leo. Nah. Tu bouges pas et il te fait chier avec ton air de niais que tu as dès que Dawn est impliquée. T'es pas un niais, t'es un lover, c'est différent. (Y'a des paillettes dans ta vie Kevin.) Tu envoies promener Bart parce eh oh, il est grossier et c'est ta vie privée tout ça. Et qu'est-ce qu'il te répond, le con ? « Come on ! You’ve to earn my respect first. » Tatata, respect de rien du tout, le respect est mort quand l'ombre de l'ennui slash mort est passée plus tôt. « Rule number one : when my girlfriend even moans a little, I must make sure that my fuckin’ brother isn’t trying sleeping behind the wall. » Eh fuck that, y'avait personne a la maison quand Dawn et toi… Tu plisses légèrement les yeux. Est-ce qu'il sait des trucs qu'il n'est pas censé savoir ? « I thought rule number one was ‘no making out on the couch, it’s a public space’. » Ils sont mignons mais ils te font bien chier avec leurs règles qui changent tout le temps. Tu as la flemme d'aller lire la petite affichette préparée par Bart et qui fait tellement partie du décor que plus personne n'y fait attention aujourd'hui. Dans tous les cas : « You know nothing Mew-Mew. » Allez, la bise et à demain. Heureusement que vous ne participez pas à des concours de punchlines.

Tu te fais tellement chier – dans la vie en général en c’moment – que tu as envie de sortir. Bart n’attendait que ça, mais Bart n’a rien dit. « Dude, you’ve got two answers when you’re lazy : hmmm and hm, which I figured out mean : probably and maybe. » Tu lèves les yeux au ciel et ta main droite pour lui montrer ton majeur. T’es rassuré qu’il maîtrise le langage King, quand même, mais il n’a pas le droit de se moquer. « I don’t ask anymore. I just throw you out. » Eh allez, v’là la main gauche et c’est un doublé – ding ding ding winner. Tu finis quand même par te lever, emballer ta weed et c’est ti-par. Les troubadours à l’aventure, sans aucune idée d’où ils vont mais qu’ça va probablement mal se finir. C’est le titre du livre, yép. La rue est pas mal peuplée, San Francisco en été c’est plein de vie – et finalement tu te souviens rapidement de pourquoi tu n’aimes pas sortir : y’a trop de monde, il fait trop chaud, trop d’agitation pour que tu comprennes tout ce qu’il se passe et que tu arrives à réagir correctement. Y’en a qui vous accostent en une langue que tu connais pas, tu as beau hocher la tête de gauche à droite ils te lâchent pas. Tu gardes les yeux fixés sur Bart et presses le pas. La pire idée du siècle, que de vouloir sortir. Ton pote repère un moyen de sortir et tu le suis, juste pour être mieux coincés par un grillage. « Fuck. » Your thoughts exactly. Tu es prêt à faire demi-tour alors que Bart ne connaît qu’une manière : toujours avancer. Il est déjà en train de grimper, alors tu râles. « Bart, don’t… » Trop tard – et en plus il t’engueule presque. « Come on dude ! Don’t be a sook ! » Agnagna. Tu attends de voir s’il passe sans se casser et la gueule ou casser le grillage, quand même. Mais non, c’est un boss, et il arrive de l’autre côté sans problème. Putain, il fait chier. Tu pousses un énorme soupir avant de commencer ton ascension. T’en es à mi-parcourt, une jambe de chaque côté, quand tu t’arrêtes. C’est haut, t’es pas super à l’aise. « If you are scared to fall, you can use the trash as cushions. » Tu lèves les yeux au ciel et raffermis un peu ta prise sur le grillage. « Shut up. » Hors de question que tu atterrisses dans la poubelle – tu as quand même assez d’amour propre pour le salir. « I swear to god, if I’m losing a ball because of this… » Tu menaces lorsque tu termines de passer de l’autre côté. La descente est encore plus longue parce que tu essaies de faire attention. Mais t’y arrives, finalement. Avec deux boules. T’es un champion Leo. Tu pousses d’une main l’épaule de Bart pour qu’il comprenne qu’il abuse. Vous continuez votre chemin, jusqu’à l’obstacle suivant quelques secondes plus tard : un chien. Pas le genre mignon que vous avez envie de papouiller. Le genre chien de garde qui vous fixe parce que clairement, vous n’avez rien à faire ici. Tu fronces les sourcils alors que tu t’arrêtes et que tu restes immobile. « I… Don’t think… We’re supposed to be here. » Tu regardes autour de toi. Y’a des murs et des trucs entassés ici et là. Quelques panneaux avec des têtes de morts, et clairement ? Tu détestes Bart. « Y’want me to befriend the dog, or we run ? »

Dès que tu rentres chez toi, tu postes une annonce sur Internet : meilleur ami à revendre. Il est BG, prend régulièrement des douches sinon il pue le poisson, et il est parfait pour vous emmener à l’aventure. Une affaire en or ! Pour ceux qui veulent partir à l’aventure. Toi, tu voulais juste sortir et faire un truc. Bart t’a peut-être un peu trop pris au mot quand tu as dit que tu voulais que le truc soit stupide. Parce que clairement, là, c’est pas amazing du tout. Tu crains très fort pour ton service trois pièces qui pourrait bien se faire embrocher, et c’est pas que tu y tiens mais booooon. Tu t’y es attaché, avec le temps. Forcément, Bart se fout de ta gueule. « Hopefully, it won’t be your dick. Even though I’d rather appreciate that. I won’t hear you behind my wall anymore AND you’ll have another skill. You could apply to become an eunuch. » Il est : cruel et vilain. Et tu crains pour ses partenaires s’il ne pense qu’on ne peut plus rien faire sans pénis, m’enfin, c’est un autre débat et pour l’instant tu as d’autre chat (… chien mais on y vient) à fouetter. Tu arrives à retrouver la terre ferme sans trop de mal, Bart est toujours en train de t’emmerder et peut-être que tu vas les perdre, tes balls. « Sound engineer eunuch, neat ! » He’s enjoying this way too much. « Hey fuck off, Mitch Buchannon. » Vous êtes vraiment des gamins, quand vous êtes tous les deux. Y’a pas les filles pour vous calmer, mais y’a un truc plus poilu et baveux qui vous arrête tout d’suite. Un chien, pas Scooby-Doo mais plutôt… Ok, ta culture des chiens méchants est relativement limitée. Tu te rends compte que y’avait peut-être une bonne raison au grillage, un poil en retard. C’est trop tard pour faire marche arrière, et c’est dans un optimisme fou que tu te vois copiner le matou pour que vous passiez tranquil’. Ça marche dans les jeux vidéos…Of course, we’ll have to run but it might not be enough. I care about my jeans and my ass. » Tu retiens à peine un soupir, t’as franchement la flemme de courir, mais quand faut y aller… « I care about your ass too. » Tu rajoutes, un sourire amusé sur les lèvres alors que tu continues à regarder l’animal. Quitte à mourir, autant s’avouer quelques trucs au passage.

Bart décide de faire les poubelles, ok maintenant tu sais que vous êtes vraiment désespérés et l’odeur qui en sort est particulièrement dégueulasse. Sympa. Tu fronces le nez et commences à reculer pour mieux contourner, pendant que ton pote prend tous les risques pour vous sauvez les fesses. « RUN ! » T’es pas aussi rapide que lui et, même avec de l’avance, t’es derrière. Mais tu cours, aussi vite que possible. Triste à dire mais tu as l’habitude de courir, à cause de Bart. Quand c’est pas d’un chien c’est de mecs qui veulent vous tabasser, voire carrément des autorités compétentes… Tu respires bruyamment quand vous vous arrêtez, hors d’atteinte des dents pointues et Bart éclate de rire. Tu lui jettes un mauvais regard, pas amusé du tout et plutôt en train de mourir. « I think that we’ll have to find another way to go back home. » Tu lèves les yeux au ciel, yeah no shit, mais tu n’as pas le temps de l’envoyer bouler qu’une autorité semi-compétente décide de se joindre à la partie. Bart part comme une flèche et tu lâches une série d’injures en essayant de garder la cadence. Vous changez de rue, vous en remontez une autre et t’es en train de mourir quand vous vous arrêtez, enfin. Heureusement que les murs ont été inventé pour te soutenir quand t’as trop couru. Tu vas cracher tes poumons sur le sol. « Okay dude, that was beyond stupid. » You’re beyond stupid. Tout est de sa faute. « I hate you ! So much ! » Tu arrives à articuler entre deux halètements. Bon, Leo, peut-être que tu devrais t’inscrire à une salle de sport au lieu de traîner tous les jours dans ton salon. Il te faut un long moment pour reprendre ton souffle et un rythme cardiaque à peu près normal, et même après ça t’as encore des palpitations. « Let’s go smoke, I’m fucking tired. » C’est évidemment la meilleure manière de prendre soin de ses poumons après une course folle, merci Dr King. Tu finis par te relever et vous vous remettez en chemin, en quête d’un lieu plus discret pour vous poser. « Why do we always have to run ? Y’think that maybe one day, we’ll be adults who don’t get into troubles ? » Ça ferait tellement plaisir à tes parents, ça – et encore, ils savent même pas la moitié des conneries que tu continues de faire.

Y avait peut-être une raison au fait que tu ne faisais pas partie des gens populaires au lycée : tes activités extrascolaires se résumaient à la fumette et à l'entretien des plantes vertes des voisins de ton quartier, et le seul club où tu as jamais mis les pieds était celui d'informatique. T'es pas un sportif, tu ne l'as jamais été et tu ne le seras jamais. Tu ne sais pas comment tu fais pour ne pas être obèse et être à peu près en forme. Sans doute grâce à la weed qui a des vertus dont on ne doute pas, et de ces courses imposées par Bartholomew Wiley. Peut-être qu'à 30 ans tu te décideras à t'inscrire à une salle de sport pour avoir la forme et être prêt à courir face au danger, bien que tu espères quand même que vous arrêterez de vous mettre dans de pareilles situations d'ici là. Eh vous savez ce qu'on dit : l'espoir fait vivre. Tu râles que tu le détestes - comme d'hab - et il a au moins la décence de ne pas se foutre de ta pêche cette fois. Quel homme, ce Bart. Tu réclames une pause, une pause médicinale d'une certaine manière, en extrapolant bien et elle t'est accordée. Il connaît tes limites, ton pote, c'est déjà ça. « I know where to go. » Erf, t'es pas certain de vouloir le suivre du coup. Mais bon, c'est pas comme si tu avais quelque chose à proposer à la place et puis c'est pas dans ton genre de prendre des initiatives - on voit où ça vous mène hein. « As long as we're not running. » Un jour tu arrêteras de te plaindre - quand tu seras grand. Peut-être que tu arrêteras de courir, aussi. Est-ce que ça va de paire ? Les enfants courent et vivent drogués à l'endorphine, les adultes ne courent plus et consomment... Attends, t'es déjà un adulte Leo ?? « To be honest, I’m not ready. » Bah ouais, eh, toi non plus. Tu ne sais pas s'il n'est pas prêt d'arrêter de courir ou d'être un adulte. Pour qu'il le sâche, tu te permets quand même de lui préciser : « Dude you're almost 30. » Et toc, dans les dents son grand age. Ok, il a 24 ans et tu fêtes les tiens dans quelques jours, mais il n'empêche que tu es toujours amer qu'il soit plus vieux que toi à être né en début d'année ce fourbe. « The only things that would stop me are : being a vegetable or too old or both. » Est-ce que 30 c'est vieux ?? Mary t'entendrait qu'elle te mettrait une rouste, pour sûr. « I'm pretty sure potatoes are faster than I am. » Tu vis une vie dure, petit Leo. « It's fine, their flowers are cute I'm not even mad. » T'es un amour, petit Leo, et le plus grand glandeur de la planète terre.

Vous ne courrez pas, pour aller là ou Bart veut vous emmener, et c'est pour toi une grande victoire. Vous passez par Memory Lane, en même temps. « Remember when we decided to break into Lincoln high ? » Tu fronces les sourcils... S'il parle d'un truc ou vous étiez particulièrement high, ça risque d'être compliqué. « Bold of you to assume I can remember shit. » Tu essaies, quand même, sauf que tu te souviens de deux excursions au lycée. Une lorsque vous y étiez encore élèves, parce que France avait chopé une clé d'un de ses profs – qui lui avait plutôt gentiment prêté parce qu'elle était sage et responsable, ignorant tout des personnes avec qui elle traînait. L'autre fois, quelques années plus tard où ça c'était un peu plus mal terminé. Le temps de rien faire, à part errer, et c'est ta sœur qui est venue vous chercher au poste de police le lendemain matin. « That was stupid, we didn't even do shit... y'know what ? I think we need revenge. Like. A perfect plan. A perfect prank. In and out, no one will know that it was us but everyone will see how much of geniuses we are. » Tu te vois déjà te rendre à l'une de ces rencontres sportives où tu allais seulement pour soutenir ton pote à l’époque. Tu te demandes si tu as une tête encore assez juvénile pour te faire passer pour un lycéen. Pour la suite, tu sais pas trop. C'est pas toi le génie des plans, toi tu exécutes. Par contre, c'est toi qui a décidé de grandir y'a à peine 5 minutes. Ça va, ça ne tient vraiment pas longtemps les bonnes résolutions...

Tu sens les ennuis qui approchent à nouveau lorsque Bart s'avance vers l'entrée sur le côté de l'immeuble. « Oh fuck it. » Il tire la porte / grillage de l'escalier de secours, et c'est reparti pour le sport. Tu fais pas attention ou tu marches et tu shootes dans une cannette vide, ce qui t'attire un regard mauvais de Wiley. Ah parce que en plus, faut pas que tu fasses de bruit ? Bah super, merci bien. Faux frère. Tu retiens un soupir mais exagères un lève de yeux au ciel - le plus beau ! - avant que vous ne démarriez votre ascension. Tu as le souffle coupé lorsque vous arrivez en haut, et ce n'est pas à cause de la vue ou du fessier magnifique de Bart. Faut vraiment que tu fasses un truc là, ça va plus. Tu suis le brun de l'autre côté du toit, mais ne t'assieds pas à ses côtés prenant plutôt appui contre le muret, tes jambes sur la terre ferme. Pas fou. Tu sors tes petites boîtes d'allumettes et commences la confection des bâtons de fumette avant même qu'il ne te le demande. « Best place for our magic ritual. » Tu hoches la tête. « Sure, if you want to kill yourself right after. » Une douce mort, peut-être que vous aurez le temps de rien sentir si vous décollez dans le vide de cette hauteur, mais high. Tu tends le joint juste fait à Bart, relèves un peu la tête pour regarder autour. Okay ouais, c'est pas mal quand même. Parce que tu penses que faut bien que tes efforts soient récompensés et que ça pourrait faire plaisir à Dawn, tu sors ton portable pour prendre une photo et la lui envoyer. Et peut-être que tu veux crâner aussi. Tu légendes ta connerie d'un « i'm high », hésites quelques secondes avant de rajouter un téméraire « ;) ». Lover Boy strikes back. On ne précise pas que tu comptes être high d'une autre manière très vite, ça va presque avec la description Leo King. Tu sens le regard de ton pote sur toi mais tu évites soigneusement de le croiser. C'est seulement quand tu as terminé et que le portable est en sécurité dans ta poche que tu lui accordes ton attention - aussi pour récupérer le joint allumé. « Master Yoda, it seems that I no longer need your teaching. » T'es pas peu fier, ton ego en a pris plein la vue lorsque tu as réussi à séduire la belle blonde, mais eh. Pour une fois que ça t'arrive, t'es plutôt content. Tu l'apprécies beaucoup Dawn, c’est un plus non négligeable.

Bart, même à 90 ans et avec une hanche de robot en plastique recyclé il courra juste pour le plaisir de vivre. C'est comme ça, on ne pourra pas le changer et tu ne sais même pas pourquoi tu te plains. Sans doute pour le plaisir de vivre aussi. Alors que tu devrais être reconnaissant qu'il te tienne un minimum en forme. Tu serais vraiment une patate sans lui. Pour le faire chier, tu lui rappelles gentiment qu'il approche bientôt de la trentaine. Dans six ans, certes, mais la vision du temps c'est relatif non ? Évidemment, tu touches une corde sensible - la vieillesse. Et comme tous les gens vieux, Bart s'offusque. « ‘The hell ?! I’m twenty-four ! » Tu as presque envie de sortir tes doigts pour te mettre à compter. 24, 25…. « I’ll be thirty in a decade ! » Tu éclates de rire, apparemment il a vraiment que tu comptes alors tu agites tes doigts devant toi. « Look, Mew-Mew, a decade is that much… and you'll be 30 in this much. » 10 doigts, 6 doigts, c'est pas si compliqué que ça les maths, pourtant ! Ton impertinence te vaut une petite tape mais tu t'en formalise pas. Niveau âge mental aussi, vous êtes restés à 6 ans. Il n'en reste que, à 6 ou 15 ou 25 ou 50 ans, tu ne seras jamais sportif et c'est la loi de la jungle que tu es prête à accepter. Avec l'une de tes comparaisons fleuries comme tu sais si bien les faire. « You’re so gay. But that’s why I love you. » Tu en glousses de plaisir. « Ah ! You're gay. »" S'il te kiffe et que t'es un mec, par a plus b…

Bart est prêt pour un épisode de réminiscences, et sa foi te fascinera toujours. « That’s Alzheimer, dude. Not MaryJane. » Ah ouais, peut-être. Tu n'oses même pas imaginer à quoi ressemblerait une photo de ton cerveau, t'espères pas mourir vieux pour pas avoir à passer par la. ‘Oh, c'est tout noir.’ Ta gueule. En même temps, quand on pense que ça fait déjà 10 ans que tu abuses de MJ et que tu ne montres aucun signe pour arrêter… Ouais, nan, t'es quand même presque sûre que c'est pas Alzheimer. « Oh and… I never told you but… I saw this one growing for a couple of weeks now and it is pretty white. » Et aller bam, dans ta face le vieil âge. « Hey fuck off. » Tu analyses ta crinière au moins une fois par semaine, alors faut pas déconner non plus, oh. Il est vilain. Alors que tu es sans défense, non mais n'importe quoi ! Tu laisses passer et te souviens quand même de l'excursion lycée. Faut juste fouiller un peu pour la retrouver, la mémoire. Ou il faut juste demander votre casier aux flics, ça peut aider pas mal aussi. Mais ouais, du coup, tu t’souviens. Que vous n’avez eu le temps de rien faire et franchement, abusé, tu te sens d’esprit revenchard alors que t’es censé être le mature posé de l’équipe. Enfin, le flemmard. « I agree. We definitely should do something better than painting the hall walls black or pissing in the principal’s office. » Wait wait wait we did NOT do that. « Too bad that gentrification has infested SF, we would have open the highschool’s doors to the homeless if there were any still living in town. » Ah ouais, clairement t’as pas les mêmes priorités que ton pote. T’étais plus sur du ‘profaner l’esprit du lycée’ et ‘voler toutes les arts supplies’ mais ok, soit. Tu fronces les sourcils, l’air de réfléchir. Tu vois pas comment cette affaire finirait bien – pour vous comme pour les personnes que vous essaieriez d’aider et qui finiraient sans doute pas être maltraitées dans l’expulsion toute gentillette qu’ils subiraient. « No that’s not it. » Mais t’y penses – à la revanche du lycée ou à aider les sans-abris – tu trouveras bien un truc un jour.

Tu râles un poil quand il faut encore grimper, mais t’es quand même content quand vous vous posez finalement. That’s great, let’s not move for the next three hours. T’es pas un foufou et tu n’as pas envie de mourir – pas encore du moins, tu veux au moins voir la trentaine de Bart se concrétiser – alors tu gardes le vide dans ton dos. Le footeux en fait autant après un avertissement à peine aimable de ta part, et t’es déjà en train d’égratigner les plantes sèches pour les enrouler dans du papier. T’es généreux, tu laisses toujours la première taffe quand tu partages. « Thank you, my King. » La commissure de tes lèvres s’étirent dangereusement vers le haut, et v’là ça y est tu te mets à sourire comme un grand benêt. Il te fait vraiment sentir comme un roi, ce sale nom. And okay, maybe you’re a little gay for Bart, what’s new. T’es quand même content de l’avoir dans ta vie, après toutes ces années… C’aurait clairement pas été la même histoire sinon. Tu te serais fait chier. Pendant que Mew-Mew fume, tu prends une photo de la vue pour l’envoyer à Dawn – juste parce que tu as envie, pour garder la petite flamme allumée. Eh, ce s’rait dommage qu’elle soit déjà éteinte. Quand tu relèves la tête pour récupérer le joint, tu t’permets de remettre en doute l’enseignement de Bart en matière de séduction. Ok, c’est toujours toi qui va lui demander des conseils et ok, généralement tu ne les suis pas. Mais c’est bien parce qu’ils sont pourris que tu vas le voir, pour faire exactement le contraire. Il a le regard au loin, les yeux plissés, comme s’il s’en fichait de perdre son élève favori mais tu sais qu’au fond de lui, il a son petit cœur brisé. « Why ? What happened ? Did she dumped your ass yet ? » Fuck him he’s mean. Tu lèves les yeux au ciel, secoue légèrement la tête au passage. Il t’amuse pas, le bougre. « No not yet. » Que tu réponds, un sourire presque niais sur le visage. Bon alors déjà, tu t’emballes beaucoup, vous êtes pas ensemble mais il se passe un truc. Tu ne t’en formalises pas, quand même, c’est pas trop ton genre. « How is she by the way ? I’m surprised you’re not spending more of your free time with her. » Yep, I’m surprised too. « She’s fine. Working. » Donc elle ne passe pas tellement à la coloc’, sachant que son excuse pour venir était France et que le glissement pour que tu deviennes l’excuse de sa présence est un peu… Lent ? À se faire. Mais tu ne veux pas la presser – elle ne te doit rien. « And don’t tell me that it’s because you want to stay with me. I won’t believe it. » Tu échappes un souffle presque outré, lâchant un « But Meeew ! » d’une voix exagérément aiguë avant de te mettre à rire. « I just… Don’t want to bother her too much. » Tu hausses les épaules, laisses tranquillement les effets de ce que tu fumes agir sur ton cerveau pour réfléchir. « I mean, we’re not… She’s not my girlfriend, we just hook up and it was nice as hell and I like her and all that. But I don’t want to rush things or be all over her and ruin whatever potential we have. » Petit à petit, l’oiseau fait son nid, comme dirait le grand sage qui sommeille en toi. Et tu sens qu’avec Dawn, l’oiseau est fragile alors tu es prêt à être patient et prendre ton temps. Tu n’as nul part où aller, de toute façon, et celui-ci en vaut largement la peine.

C’est fou comme le monde tourne un peu plus rond une fois que tu as inhalé de l’herbe séchée. Des fois, t’es quand même super content que le voyage dans le temps ça n’existe pas. Parce que si ça existait, si ta mère avait eu la bonne idée de voir ce que deviendrait son seul et unique fils… T’existerais peut-être pas, ou alors tu aurais été abandonné à la naissance. Personne ne veut d’un fils sans ambition qui passe sa vie à fumer de l’herbe – ou alors tu vas avoir un éclair de génie avant la fin de ta vie et sauver le monde du sort funeste vers lequel vous vous dirigez. Y’a peut-être de l’espoir, eh, qui sait. Soyons optimiste. Bref, t’es content que vous vous soyez enfin posés et que vous laissez les conneries – la course et les chiens et les types vnrs – derrière vous. Même si la discussion devient moqueuse à ton encontre – bah ouais, t’as pécho une meuf et t’es plutôt content, yakoi. Tu passes pas tout ton temps avec Dawn parce qu’elle bosse, de un, et que tu n’as pas envie de l’étouffer non plus. Tu es prêt à prendre les choses tranquillement, sans te presser et sans la forcer à quoi que ce soit. Ça s’fera, tu le sens, mais vous avez pris votre temps jusque là et il lui a fallu un moment pour te faire une petite place dans sa vie alors tu ne vas pas l’abrutir de ta présence tout de suite. Tu vois ton pote s’agiter à tes côtés et t’aimes pas ça, ça présage rien de bon. Tu as presque envie de garder le joint pour toi, mais il risque d’être encore plus chiant si tu fais ça alors tu laisses couler. « Dude. » Agnagna yep, il t’emmerde déjà alors tu continues de fumer. Avec un peu de chance, ça va t’passer au-dessus. « Do you realize what you’re saying ? » Tu fronces les sourcils, tu n’as pas l’impression d’avoir dit de connerie pourtant – pas encore. « What ? » T’es en train de dire que tu prends les choses au sérieux mais avec douceur, qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? Pourquoi est-ce qu’il te fait sa tête de vénère ? Il veut s’battre, vous vous retrouvez à la récrée ou ça se passe comment ? « You’re freakin in love. » Ah, c’est un autre problème finalement. Tu hausses une épaule – tu n’as jamais vraiment pensé à ça ou à employer ses mots-là pour ce que tu ressens pour Dawn. C’est clair que tu la kiffes, parce qu’elle est grave cool et qu’elle aime les mêmes trucs que toi mais de façon un peu plus cultivée sans doute, et que tu aimes un peu trop quand elle te remet à ta place avec ses petites piques et que en plus de tout ça elle est canon. « You love her, brother. » Qu’il répète, juste pour que ça rentre, alors tu hausses l’autre épaule. Ok, peut-être. « What if I am ? » Qu’est-ce qu’il se passe, tu développes un level magique de la vie ? Tu te transformes du jour au lendemain et ne parle plus à aucun de tes potes ? Le monde explose ?

Tu n’en sais vraiment rien mais une chose est sûre, Bart a l’air très concerné par la nouvelle. « I am… » Tu lèves les yeux au ciel devant son air presque choqué. « Don’t start. » Tu essaies de le prévenir, déjà ennuyé par son côté dramatique. « I’ve no words to describe what I think except that it makes me want to throw up but… » T’échappes un rire, et de la fumée en même temps. Sa main vient trouver ton épaule et tu as l’impression qu’il t’annonce qu’il ne te reste plus longtemps à vivre. « … You’re in a deep shit, you know that ? » N’importe quoi. Tu hoches négativement la tête, repoussant doucement sa mimine parce qu’il te fait chier à partir déjà vaincu. « You’re a pain in my ass. Do you know that ? » Tu sais que les sentiments et les histoires d’amour c’est compliqué – vous avez tous vos petits exemples et celui de Bart est encore très frais. D’ailleurs, il t’en parle, de la couillasse. « Seriously, did she… I mean… Do you remember when I was with Jill Evans ? Of course you remember… » Yep, tu t’en souviens, et t’aimerais ne pas. Jill Evans était la reine des grosses connes et tu ne l’as jamais aimé – pourtant t’es dans le genre à aimer tout le monde mais elle a réussi à te saouler dès le début à critiquer ta sale manie de fumer et à se foutre de la gueule de Bart parce qu’il te suivait – et vu ce qu’il s’est passé… T’aimais pas trop le Bart de l’époque non plus, dans le genre con vénère tout le temps. C’était compliqué de le gérer, il voulait pas vous entendre quand vous lui disiez qu’elle était naze sa nana et ne lui apportait rien d’bon, bref, c’était compliqué. Dawn n’a absolument rien à voir avec Jill. Déjà, ce n’est pas une garce manipulatrice et surtout elle se fond bien dans votre petite bande. Et elle te rend pas con, enfin t’espères pas. « … Don’t let this thing unclear between you two. I mean it. » Tu grimaces. Bah écoute, ouais, t’es pas fan de la situation et tu n’as pas spécialement envie qu’elle dure, mais tu n’as pas envie de précipiter les choses et tu sens qu’actuellement, les trucs pas clairs où vous testez la situation c’est ce dont vous avez besoin. « We’re fine. » Pour l’instant, ça roule. S’il se base sur sa relation avec Jill pour comparer, c’est clair que t’es pas prêt à écouter ses conseils. Et il a l’air de faire exactement ça « Well, she might be more faithful but… Do you think that she is the kind of girls who likes hooking up elsewhere because you aren’t together together, you know ? » Urg. « And if she does. What would you feel ? » C’est vraiment un relou. Heureusement, tu as déjà fumé et tu es plutôt chill. Les petits neurones s’agitent dans le bon sens, t’es assez relax pour pas tomber le piège du conditionnel et tu préfères sauter dans le filet de la philosophie.

On espère qu’il a mis son petit parachute, Mew.

« Hey, I’m saying this with all due respect but : fuck off. You’re killing my vibe and I don’t like it. » Tu réfléchis quelques secondes. T’en sais rien, si ça va bien se passer avec Dawn. Déjà, tu vous imagines mal vous faire des crasses comme ils ont pu se faire, les deux pintades, mais… Si ça se termine mal, tant pis, ça fait partie du jeu. « You know what’s extraordinary about love ? It’s a circle. You feel things and you fall in love and you share something with someone. And maybe it can last forever, and that would be great. But we’re human, and we change, and sometimes forever is 6 months and that’s great too. Because, after the heartbreak, that just means you’ll feel all those things again. Maybe it’s a thing you should look forward to, instead of trying to ruin my not-yet-relationship with your insecurities. » Tu es plutôt heureux de ta relation avec Dawn, pour le moment, et tu n’as pas envie de te poser les questions qu’il se pose. « Jill Evans was a bitch from the beginning and you’ve both been terrible with each other. What Dawn and I have is… Well, it’s based on respect, and we’ll be fine. Hopefully. » Y’a pas de raisons pour que ça ne se passe pas bien, pour l’instant. T’es pas dans le genre à aller voir ailleurs, et si c’est le cas pour elle… Tu verras. Comment vous gérez la situation, si elle est honnête avec toi, si c’est effectivement à toi de te bouger pour que vous soyez exclusif. Pour qu’elle soit ta copine. Mais t’en es pas là. « Love is waiting, Bart. Love is patient. Love is listening and caring. » Ptn, effectivement, t’as fumé. Et peut-être qu’il a raison. « Okay, maybe I’m a little bit in love with her. » Tout bien réfléchit.

Qu’est-ce que l’amour ? La weed est de sortie et les questions philosophiques aussi. Il vous faudrait un petit scribe pour retranscrire tes pensées les plus brillantes et les rapporter à ta maman pour la rassurer sur tes capacités de réflexion. C’est une bonne situation, ça, scribe ? Vous parlez de Dawn et Bart commence à t’enquiquiner parce que t’es potentiellement amoureux et que ton meilleur pote développe de l’urticaire dès qu’on mentionne ce genre de sentiments. Tu ne sais pas si tu es vraiment amoureux de la blonde – tu ne sais pas si tu as jamais vraiment été amoureux un jour, mais tu sais que tu ressens des trucs agréables pour et en présence de sa personne alors t’es prêt à retomber dans le cercle. Que ça se passe bien ou pas, c’est même pas ce qu’il t’importe le plus. T’es juste content de pouvoir ressentir tout ça, et pour l’instant ça ce sont des choses plutôt lumineuses et satisfaisantes et tu n’as pas envie de les assombrir avec le genre de questions sombres que se pose Bart ou une discussion prématurée avec la demoiselle sur ce qu’il se passe entre vous. Tu comprends les doutes du sauveteur qui a eu la palme dans le genre relation nulle, mais tu n’as pas envie de partager ses insécurités là-dessus. En plus, sa nana était naze et la tienne est fucking awesome, alors nope, on ne compare pas. Tu oses croire que ta relation à Dawn est toi est basée sur le respect – tu lui as laissé le temps de s’habituer à toi et tu ne penses pas l’avoir jamais forcé à quoi que ce soit. Outre une excursion au zoo.

Bart se met à soupirer et finit par s’excuser. « I’m sorry, dude. » Tu hausses une épaule, parce que t’es pas vraiment fâché – tu comprends comment ça fonctionne dans sa tête. Mais pour une fois, tu n’as pas envie de l’entendre et de te laisser influencer par lui, c’est tout. « That was dumb. Of course it’s gonna be alright. » Tu esquisses un léger sourire devant son faux air assuré. T’es quand même pas si sûr que ça, t’es pas devin même si t’aimerais croire que l’herbe que tu fumes te donne quelques capacités paranormales. Mais tu sais que tu es prêt à risquer, en tout cas. Pour la beauté de l’Amour avec un grand A. « Right. You’re wasted. » Tu te mets à rire comme un idiot. Bah comme d’hab, what’s new pussycat. Tu te sens pousser des ailes, et pour le coup c’est peut-être pas qu’à cause de l’herbe fumée. Peut-être que tu es effectivement un peu amoureux de la blonde. Tu n’as jamais été un grand romantique ou un beau parleur, même si tu as toujours aimé les quelques fois où tu t’es senti bien et attiré par quelqu’un d’autre. Ça n’a jamais été aussi important, qu’tu crois. « Yes, you are. But whatever. You know what you feel, what you want and everything that goes with all this. I’m happy for you. » Tu plisses légèrement les yeux, comme pour vérifier. Tu sais ce que tu ressens : oui tu l’aimes bien. Tu sais ce que tu veux : la demoiselle dans ta vie pour aussi longtemps que désiré. Ouais. Nan, effectivement, c’est sans doute une première pour toi. Tu n’as jamais vraiment su ce que tu voulais, avant, tes relations étaient généralement initiées par ton partenaire. Là, t’as pris les devants. Grande première, sainte merde.

« Maybe we should go home. » Ça a l’air d’avoir foutu le bourdon à Bart, cette discussion. Tu grimaces, parce que tu t’en veux un peu de l’avoir rembarré et d’avoir été aussi élogieux des relations amoureuses alors que tu sais qu’il n’aime pas ça. De là à rentrer chez vous alors que vous vous y emmerdiez il y a une heure… Ok, tu as surtout la flemme de bouger tout d’suite. Faut laisser agir un peu. Tu tends une main pour aller lui palper l’épaule – what a sharp man – avec un sourire désolé sur les lèvres. « C’mon brother, don’t be a sourpuss. You’ll find love, real love, one day. Until then, you have me, and weed. » Et ne sont-ce là pas les meilleurs ingrédients contre la déprime ?! Tu le relâches, non sans lui pincer une joue pour l’embêter au passage. « Let me tell you something the great Scott McCall taught me. » Tes références sont douteuses, Leo. « Pain. Makes you human. » Okay ? Donc c’est normal, de pas être flex, et un jour ça ira mieux. Tu hoches la tête positivement, très sûr de toi. « Also : you’re the hot girl, Bart. You can have everyone you want. » Si on s’demande, peut-être que Leo s’est fait un marathon Teen Wolf cet été-là et qui sommes-nous pour juger ?

T’es pas tant moralisateur que t’es philosophe, Leo. D’habitude, tu le laisses déblatérer ses conneries et semer ses petites graines de doute – mais pas aujourd’hui. On croirait pas comme ça, mais derrière ton apparence à la coquille vide se cache une âme romantique. Tu as envie de croire en l’amour et au fait que ça peut être nul, certes, mais ça fait partie du cycle et la plupart du temps c’est bien. En ce moment, c’est plutôt très bien. Tu t’es trouvé une belle blonde et tu as réussi à la charmer – Dieu seul sait comment – et ça commence à rouler entre vous. Tu n’as pas envie de gâcher ça avec les doutes de ton pote, alors tu le rembarres avant de te prendre pour Socrate. Bon, du coup, tu le rembarres peut-être un peu trop et il te sort son sale air triste et perdu et t’aimes pas ça. Tu essaies de le consoler comme tu peux – maladroitement mais avec affection. Un pincement de joue plus tard et ça a l’air suffisant pour le faire rire, t’es presque content s’il ne doutait déjà pas de tes paroles prophétiques. « Oh shit, dude. I almost believed what you said. » Rule number one : is that you gotta have fun never say « love » and « Bartholomew Wiley » in the same sentence. « Well, about the first part of your sentence. » Tu lèves les yeux au ciel, un poil ennuyé. Il est relou. « I’ll fucking laugh my ass off when it’ll happen to you. Because it will, asshole. It. Will. » Tu ne sais pas quel jour on est alors tu ne peux même pas retenir la date – tu ne la retiendrais même pas de toute façon, mais tu l'auras prévenu. « But yes, fortunately, you always have some weed. » Ah ça, c’est sûr. Sans doute le seul truc sûr dans ta vie, au grand désespoir de ta mère. Tu essaies un dernier argument pour le convaincre, mais il t’accueille d’une vile remarque et tu plisses les yeux. « Shhhhhut up, it’s not a teen show. Well. I mean, it says ‘teen’ but it… Not after season 3A, okay ? Fuck off. » Trop déterminé pour défendre ta série. Tu lui offres quand même un joli compliment – même s’il ne le mérite pas. Ça ne lui fait ni chaud ni froid, tu les garderas pour toi la prochaine fois tes compliments. « That’s magic. I can get laid whenever I want. » Tes sourcils se froncent légèrement. « Aren’t you already ? » Non, parce que, tu as de quoi te plaindre niveau nuisance sonore à l’appart.

La discussion meurt d’elle-même une fois le joint terminé. T’es bien et tu n’as plus envie de chercher la petite bête. Pas de nouvelles de Dawn mais tu ne t’en formalises pas, la demoiselle est occupée et toi aussi. Tu es occupé à respirer, à profiter de l’air qui se rafraîchit contre ta peau dénudée, de la nuit qui tombe. C’est sympa, de vivre, quand même. Tu aurais pu être un animal et être heureux – les petits soucis de la vie de l’humanité en moins. Tu réagis à peine quand le brun se redresse à tes côtés, jusqu’à ce qu’il ne se mette à jurer. Puis il court. Puis tu sens que tu n’vas pas aimer ça. Y’a sa paluche sur ton épaule et y’a rien de doux là-dedans. « Seems like we’ll have to run again. Hell hounds are coming. » Fuck. No. Tu secoues frénétiquement la tête – tant pis, qu’ils vous rattrapent, tu ne veux pas courir – mais Bart ne te laisse pas faire et t’es bien obligé de te lever et le suivre. Rah l’enfoiré. « What, y’want to jump between buildings ? » Non, il veut passer par la cave. Tu pousses un gros soupir. « I fucking hate you Wiley. » Les remontrances dîtes, t’es prêt. « C’mon ! Hurry ! » Ah non. « Fuck you. » C’est ok maintenant. Bart est déjà parti et tu fais de ton mieux pour le suivre, mais il a toujours été plus rapide que toi. Heureusement, tu n’as pas encore trop fumé et t’es capable de courir. L’adrénaline s’emmêle à la peur d’être pris, tu suis le brun à la trace alors que tes muscles commencent à brûler sous l’effort. Vous arrivez en bas des escaliers mais Bart s’arrête, Buzz l’Eclair a compris que y’a des flics dans le hall de l’immeuble et vous êtes franchement pas discrets. Tu ne sais pas quelle porte mène aux caves, mais devant toi y’en a une avec le pictogramme des poubelles. T’attrapes un bout de tee-shirt du brun avant de l’entraîner là-dedans. Forcément, c’est étroit, ça pue et vous êtes dans le noir. Tu fais de ton mieux pour calmer ta respiration haletante, et c’est pour faire moins de bruit évidemment que tu l’préviens. « We’re not friends anymore. » Tant pis, tu retires la promesse d’un Leo et de la weed jusqu’à ce qu’il trouve l’amour. C’est ce qu’il se passe quand on te trahit, t’es impitoyable.