so little time ☾ bart

I try to stay awake and remember my name, But everybody's changing
and I don't feel the same

BART

You're aching, you're breaking And I can see the pain in your eyes Says everybody's changing And I don't know why

☾ Ça commence sérieusement à bouillonner, la crainte se mêle sournoisement à la colère, tu commences un peu à perdre pieds – plutôt que le contrôle, parce que c’est dans ta nature d’être un vieux caramel perdu depuis trois ans dans la poche de la veste en jean mise deux fois tous les étés. Non, Leo, tu t’agaces et tu t’agites, les empreintes se font furieuses sur les écrans alors que ça fait presque deux jours que tu n’as pas de message de Dawn. Et non, tu ne te transformes pas non plus en petit-ami possessif, jaloux, control freak. C’est juste pas normal. Même avec le décalage horaire depuis qu’elle est en Europe vous arrivez tout le temps à discuter, même si la réponse ne se fait pas immédiate vous laissez un message, donnez une nouvelle, une photo, bref. Même avec un portable mort, comme Bart te répète, tu as toujours des nouvelles – ça se prête, la technologie, il t’est déjà arrivé de recevoir un message de la meneuse de groupe et de paniquer avant de voir les quatre lettres signées. En plus de ne pas avoir de nouvelles de Dawn, c’est silence radio du côté de ses potes aussi et ça te bouffe. Il s’est passé un truc, t’as un mauvais pressentiment. Tu menaces de te faire passer pâle pour ne pas aller bosser dimanche soir, mais à part te tourner et te retourner chez toi ça ne servirait à pas grand-chose. T’es impuissant. Tu dors mal et c’est quand tu vois la notif’ ton portable en plein milieu de la nuit que tu pètes un câble. now or never won’t be able to complete the ongoing tour Tu le savais, putain tu le savais que quelque chose est arrivé ! Tu te relèves, observes le jour se lever à travers les fenêtres du salon alors que tu passes des heures sur les réseaux sociaux à chercher le moindre indice pour comprendre la situation – Dawn n’était pas au concert de la veille, tu commences à te sentir fiévreux – et à envoyer des messages à quiconque peut avoir une info – Dawn, Ana, les punx, Mila, t’oses pas encore déranger les parents Jaroszewicz à cette heure-là. Ginny commence à râler que tu fais trop de bruits, quand elle se lève, tu l’envoies chier en un claquement et tu comprends en vue de son air étonné que tu dépasses les limites. Elle laisse tomber et continue ses bails avant de partir au travail, France n'a pas créché ici du week-end donc ne viendra pas t’emmerder, tu adresses un regard noir à Bart au réveil et les hostilités ne sont pas lancées.

Tu mords toute la matinée, alors que le sauveteur cherche à te canaliser – les rôles sont inversés et ni lui ni toi ne savez occuper ceux-là. T’es injuste avec ton meilleur pote, tu frappes là où ça fait mal et t’es même pas capable de t’en empêcher alors que t’étais le premier à dire que ce n’était pas une faiblesse d’être amoureux – maintenant t’es le premier à utiliser sa nana pour l’atteindre, t’es un gros con de première, félicitations. Les mots filent tout seul sans même que tu ne les penses, c’est les mécanismes de défense que tu débloques et tu t’outres toi-même de ton comportement odieux. Mais t’as pas le temps de relever, t’as pas le temps de t’arrêter pour respirer une seconde, tu ne vas pas tarder à étouffer si tu continues à être autant dans le flou et l’angoisse. shit happened and we need time to process it Tu sens ta cage thoracique lourde d’un poids que tu n’as jamais ressenti auparavant, ça siffle et ça gratte et ça brûle de toutes parts. Tu t’impatientes, décides d’aller directement chez les Jar pour savoir ce qu’il en est, mais il y a Bart qui se fait rempart – sérieux frère, tu vas être un parfait époux à obéir aussi bien à ta meuf, bien ouéj. Tu l’envoies chier, mais pas assez, tes lèvres brûlent de venin et t’as envie de cracher plus – c’est seulement parce qu’il y a une sécurité dans les mécanismes de défense que tu ne te permets pas à le pousser physiquement, mais bordel t’as besoin de péter un truc. « Dude, I know you’re fucking worried but there’s nothing we can do. She told me to keep you at home. » Fuck that, fuck it, fuck her, fuck him. Et il n’y a toujours personne qui te répond, donc ton seul élément de réponse c’est Bart qui ne veut rien te dire ? Bart et Mila, même. Tu vas devenir fou. Marek et Alekseï ont vu tes messages mais n’y répondent pas, rien du côté de Dawn et Ana – t’en as même envoyé aux Boots alors que t’en détestes la moitié, c’est pour dire. what matters is our personal and private lives Bah décroche, putain.

« Okay, I’m gonna roll a blunt. Sit. » Tu te retiens de l’envoyer chier, obéis aux prunelles ambres la mâchoire serrée et vas t’avachir dans le fauteuil, portable en main. C’est pourtant pas le tien qui ping à nouveau, tu commences à perdre sérieusement patience. Ça te saoule de le voir recevoir des messages de Mila, ça te saoule qu’il défende sa nana alors qu’elle ne répond pas aux tiens et que t’as aucunes nouvelles de la tienne, ça te saoule de l’envoyer chier alors que tu attendais aujourd’hui avec impatience pour accompagner le couple à la mairie – et maintenant tu te moques qu’il ose l’appeler ‘sa femme’, ouais, mais est-ce qu’on peut vraiment lui faire confiance alors que ça ne fait que sept mois à tout péter que vous la connaissez ?! « Right. » Ton cœur se serre quand tu vois le visage blessé de ton pote et pourtant tu restes debout, tu le fixes, tu ne reprends aucun de tes mots et tu ne t’excuses pas. Il te laisse pour aller se doucher, ton estomac fait un bond et tu sautes sur tes pieds pour aller enfiler tes pompes et quitter l’appart. Pourtant il y a un truc qui t’arrête, un semblant de conscience peut-être, l’envie de faire confiance à tes amis qui gèrent la situation comme ils peuvent. En te gardant dans le noir, parce que apparemment t’es trop con ou trop gamin pour savoir ce qu’il se passe, comme ils peuvent. Tu poses ton front contre le bois de la porte plusieurs secondes, les yeux fermés, lâches plusieurs injures et grognement avant de faire demi-tour pour aller dans ta chambre. Tu lâches un premier sanglot au moment où ta tête tombe sur l’oreiller, attrapes le second pour le serrer contre toi et étouffer tes gémissements. En plus d’être rongé par la terreur de ne pas savoir, en plus de te faire bouffer par l’angoisse, il y a la honte et la culpabilité de ton comportement qui s’ajoutent au cocktails de tes émotions. Tu devrais aller t’excuser auprès de ton pote, mais tu t’en branles de ses bons sentiments. Sur le coup c’est en partie de sa faute et il peut aller se faire foutre.

Tu tournes comme un lion en cage en l’absence de Bart, après que tu ais réussi à relâcher un tant soit peu de pression. Tu retournes au salon, fumes une clope à défaut d’un joint parce que c’est pas le moment d’être shitfaced, t’essaies de rappeler ici et là mais t’as toujours rien jusqu’à ce qu’enfin un message de Marek ne te fasse sursauter. Hi King. Sorry we’re in between flights to Krakow… Dawn’s on a plane to come back in SF. I don’t know much more about the current situation. Tu tousses de rage. About the CURRENT situation?! What the fuck happened Marek???? Ils jouent avec tes nerfs, là, les polonais. Tu as beau lui envoyer d'autres messages et l'appeler, tu n'obtiens pas plus de réponses. Tu peux au moins te consoler de savoir que Dawn est sur le chemin du retour, apparemment vivante, mais tu commences déjà à te faire une montagne de scénarios pour expliquer le pourquoi et t'es pas loin de perdre la raison. Tu siffles ton mécontentement avec tes plantes pour seule compagnie, marmonnant insultes et menaces que t'oublies la seconde après les avoir prononcées. Tes doigts glissent trop souvent dans tes cheveux, quand tu ne t'acharnes pas sur les cuticules près de tes ongles. Tu bouillonnes quand, enfin, la porte de l'appart' est à nouveau poussée. Tu ne laisses même pas le temps à Bart de rentrer que t'es déjà dans le couloir. « So?! What took you so long? » Tu accuses, tu pinces, tu n'en peux plus. On t'a donné une miette de pain pour te calmer, ça n'a pas fonctionné. « Is Dawn here? Have you seen her? » Tu repasses une main dans tes cheveux, donnes un coup de genou contre l'encadrement de la porte avant de poser un regard furieux sur le sauveteur. « If you just fucked around with Mila I’m about to get seriously pissed off. » T'es bien trop en colère pour voir sa mine affligée, son regard éteint, tu ne remarques que ses cheveux débraillés et t'espères pour lui que c'est parce qu'il s'est agité et pas parce qu'il est parti s'envoyer en l'air. Dans le fond, c'est peut-être ce que tu devrais vouloir. Que rien ne se soit passé, que tu t'inquiètes pour des broutilles, mais tu as beau être un bienheureux tu n'es pas un imbécile – tu sais déjà que la situation est catastrophique, tu le ressens au fond de toi depuis plusieurs jours.

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Leo

☾ Tu refermes tes bras dans le dos de Mila et viens réfugier ta tête dans le creux de son cou. Lorsque tu te détaches doucement, tu plonges ton regard scintillant dans le sien avant d’aller poser tes lèvres sur les siennes. « Call me, okay? » Tu murmures en appuyant ton front au sien, les yeux clos. C’est difficile. Tu ressens une forte tension qui n’est pas concentrée en vous, le sujet est tout autre. Tu ne réalises toujours pas la nouvelle et Mila ne parvient pas à la digérer. Tu ne parviens pas à la laisser là non plus, tu aimerais pouvoir rester avec elle jusqu’à ce que la douleur commence à s’estomper, mais si tu le pouvais, tu devrais rester là pendant des mois entiers, le temps que Dawn se remette de ses blessures. Tu te fais messager, l’information est si lourde sur tes épaules. Son destinataire ne s’attend certainement pas à ça, même s’il redoute le pire depuis plusieurs heures. « Alright… See you later. » Ta main se glisse sur le visage de la brune, tu caresses sa joue avec ton pouce, un sourire tendre sur les lèvres, une expression compatissante sur le reste du visage. Tu l’embrasses une dernière fois avant de te remettre en route pour l’appart, le cœur battant à tout rompre. Cette situation est une épreuve pour tout le monde, elle est tellement pesante pour vous que tu n’oses imaginer l’état dans lequel se trouve la blonde à cet instant, bien qu’elle soit endormie dans le fond de son lit.

Quand la porte claque derrière toi, tu tombes presque nez à nez avec Leo qui t’agresse déjà avec une première question. Tu préfères qu’il vide toute sa frustration sur toi avant que tu ne lui expliques le pire. « So?! What took you so long? » Ta mâchoire se serre alors que tu ôtes tes chaussures dans le couloir. « Is Dawn here? Have you seen her? » Lorsque tu te redresses, le discours que tu as tenté de construire dans ta tête ne parvient toujours pas à s’extirper de tes pensées pour être prononcé à l’oral. Le poids demeure sur tes épaules. « If you just fucked around with Mila I’m about to get seriously pissed off. » Tu t’avances jusqu’à lui, détournes le regard en le projetant sur le salon. « Come. » Tu t‘avances jusqu’au canapé et t’assois au bout sans que tu ne puisses desserrer les dents, la mine de plus en plus abattue. L’ambre se relève pour se plonger dans la sienne. « Brother, you… You should sit down. » Alors qu’il semble toujours en colère et bien que son attitude te passe complètement au-dessus pour une fois, tu gardes un ton calme en lui désignant le même fauteuil que plus tôt dans la matinée. « I’m serious. Please, sit down. » Tu insistes avec un regard en plus de ta proposition. C’est ça le plus flippant pour toi, de voir ton meilleur ami s’écrouler sous tes yeux, sans que tu ne puisses le relever comme ça a été le cas dans le passé. Mais contrairement à d’autres mésaventures, celle-là est inédite et son ampleur est encore inconnue. Après Dawn, le premier concerné est celui qui partage sa vie le plus intimement et jusque là, ni toi, ni lui n’avez traversé une chose pareille. Tu n’es pas vraiment capable de recroiser son regard, tu inspires profondément et les muscles de ta mâchoire choisissent de se détendre à ce moment là. « Mila wanted to tell me first because she was afraid of your reaction. » Et t’espères qu’il comprendra pourquoi elle n’est pas venue le lui dire en personne, pourquoi voir une personne s’effondrer est déjà bien suffisant pour une seule âme. Un silence s’installe et tu relèves un regard brillant vers ton meilleur ami. Tu déglutis difficilement, incapable de prononcer les mots qui s’apprêtent à sortir. « Dawn was raped in Paris two days ago. » Ta voix s’enraille à mi-chemin, tu tentes de déglutir à nouveau, l’impact de tes mots a lui-même un effet sur toi, ton cœur loupe un battement et ta gorge se serre ensuite alors que tu tentes de chasser la tristesse en te frottant fermement le visage. « Marek, Alekseï and Ana stopped the guy but that scumbag was already assaulting your girl. » Tu reprends ta respiration, elle saccade. Tu aimerais te rapprocher de Leo, mais tu n’oses pas agiter l’atmosphère plus que de raison. « Ana came back home with Dawn earlier this morning, she’s asleep in her room. She is safe now. » Et c’est presque tout ce que tu sais. Le poids est toujours là. Tu détournes ton attention de Leo, baisses la tête en soupirant bruyamment, les paupières fermement closes.

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BART

You're aching, you're breaking And I can see the pain in your eyes Says everybody's changing And I don't know why

☾ Tu mords encore quand Bart rentre, tu ne sais pas exactement combien de temps il est parti mais c’est beaucoup trop d’après toi. Il ne répond pas à tes questions, tu sens la fièvre grimper à nouveau et ton corps se tendre sous la tension. Putain, Bart, on s’en bat les couilles de tes pompes, réponds, merde ! Tu as les dents de sorties quand il s’avance, presque sans te regarder. « Come. » T’es à deux doigts de l’envoyer chier, Fuck you, tell me now!, mais c’est lui qui a le pouvoir dans cette situation alors tu obéis. Il s’assoit sur le canapé, tu croises les bras contre ton torse en le regardant faire. What the fuck are you doing?! « Brother, you… You should sit down. » La langue claque. « Why? » Tu t’impatientes, tu sens ton estomac se contracter dans tous les sens, tes poumons, ton souffle est court. « I’m serious. Please, sit down. » Le regard est furieux, tu détestes le voir aussi calme alors que tu bouillonnes de rage. Tu te demandes s’il ressent la même chose, pour les trop nombreuses fois où les rôles sont inversés. « You’re killing me, what the fuck happened!?» Tu t’attardes une seconde, parce que tu le sais dans le fond que c’est grave et tu veux peut-être retarder le moment où tu sauras, vraiment. Tu te poses sans management dans le fauteuil près de la fenêtre, le regard fixé sur ton meilleur ami. What now, asshole. Son regard est fuyant, tu sens ta mâchoire se contracter. Il n’a même pas le courage de te regarder en face. « Mila wanted to tell me first because she was afraid of your reaction. » Tu lèves les yeux au ciel – tu l’emmerdes, Mila, t’y crois pas elle voulait juste voir Bart. Et toi, t’es toujours au courant de rien. « Just tell me. what. happened! » T’appuies chacun des mots, tu en as marre. Tu as envie d’aller le secouer et, même si t’es plus grand que lui, tu sais que le con arrive toujours à avoir l’avantage – pour les rares fois où vous en êtes venus aux mains. T’aimes pas les yeux embués qui se fixent sur toi, ensuite, t’aimes pas le fait qu’ils soient si sombres. « Dawn was raped in Paris two days ago. » Ton visage se durcit presque instantanément, tes yeux s’écarquillent et tu penches la tête en avant. Ce n’est pas possible. Ton corps entier s’affaisse encore plus que d’habitude. Tu sens ton cœur battre dans tes oreilles, ton estomac fait un bon comme si t’allais vomir, tu ne sais pas si tu lâches un autre sanglot ou un rire nerveux et forcé. « Wh… » Il n'est pas sérieux, ce n’est pas possible ! « Marek, Alekseï and Ana stopped the guy but that scumbag was already assaulting your girl. » Tes sourcils se haussent, tu te redresses pour mieux te pencher vers lui. « You’re joking, right? Tell me you’re joking. » Tu cherches désespérément à croiser son regard, à tirer un autre air que celui lugubre qu’il arbore. « Ana came back home with Dawn earlier this morning, she’s asleep in her room. She is safe now. » Ça résonne, dans le silence qu’il impose ensuite alors que tu continues de le dévisager, les traits tirés, prêt à mordre à la seconde même où il ne te dira que c’est pas vrai – prêt à bondir pour lui coller ton poing dans la gueule également.

« No… » Tu te relèves, trop brusquement, ta hanche cogne contre le pot d’une plante posée sur un bout de table et le bruit sourd lorsque l’objet s’écrase au sol te fait à peine réagir. La colère éclate, tu ne fais plus attention à rien, tu passes une main dans tes cheveux, tes bras s’agitent dans tous les sens, la réalisation réveille ton corps avec une danse qui trahit ta douleur et que tu ne maîtrises pas. « No! Why are you telling me this? It’s not true! It can’t be… » T’es catégorique, d’abord, mais à l’intérieur tu sais déjà que c’est vrai. Il est con, Bart, vous avez déjà tenté des canulars – mais rien d’aussi sérieux, cruel. Tu donnes un coup de pied dans le pot qui finit par se renverser, tâchant le parquet de terre et dévoilant les racines de la plante. Ton cœur manque plusieurs battements, mais t’es trop furieux pour t’en inquiéter. Tu pousses la table basse à deux mains, en même temps qu’un sanglot bruyant commence à t’échapper. Tu grognes, tu jappes, t’es malade de voir Bart livide sur le canapé. Les mots repassent, l’idée s’inscrit, brûle, la scène se déroule maladroitement dans ton esprit. Marek, Alekseï and Ana. « Where were they before it happened, uh? How… How could… » Tu t’essouffles, tu ne finis pas ta phrase, en haut il y a tout qui s’emmêle et tu avances, renverses une chaise, pousses la table, le tout sans t’en rendre vraiment compte. That scumbag was already assaulting your girl. Dawn. Dawn, Dawn, Dawn. Ça fait lumière dans ton esprit et en même temps ténèbres, tu lâches ta poigne sur une autre chaise et commences à te diriger dehors – tu trébuches sur ce que tu as renversé et parvient à rester sur tes deux pieds. assaulting your girl L’image mentale qui force, s’impose, tu ne vois plus rien alors que les sanglots sont encore plus bruyants et s’accompagnent de larmes. Dawn est blessée, Dawn est martyre, Dawn souffre et t’es pas à ses côtés. « I can’t… » Et tu n’as pas été à ses côtés pour la protéger, alors que tu le lui avais promis. I’ve got you now, ‘kay? I love you, I promise to never hurt you. T'es qu'un con, putain. Un hoquet te prend, tu n’arrives plus à respirer. « Breathe… I can’t breathe. » T’étouffes réellement et pourtant tu n’as rien avalé de travers – à part les mots de Bart. Tu sens que tout est contracté à l’intérieur, il y a un truc qui coince au niveau de ta trachée, t’as trop chaud. Tu t’avances avec précipitation sur la fenêtre, te penches peut-être un peu trop en avant dans le désespoir d’avoir un peu d’air car tu sens les mains de Bart sur tes épaules te tirer en arrière. Tu te débats, pour échapper à son étreinte mais tu n’arrives pas à reprendre ta respiration, tu arrives quand même à sangloter, à lâcher des semblants de cris tus parce que tu n’as ni voix ni oxygène pour les faire réellement naître. Tu as l’impression qu'on te fauche les jambes, tu te trouves par terre, tu protestes, « No! », tu n'es pas certain que ce soit sorti, Bart te chope encore, tu le repousses, frappes son torse sans conviction, essaies de t’échapper de sous son bras, Leave me the fuck alone. L’appart est silencieux et pourtant, tout hurle autour de toi – ou c’est peut-être toi.

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Leo

☾ Tu redoutais sa réaction à tel point que tu t’es empêché de te l’imaginer. C’est un inconnu qui se trouve en face de toi à l’instant. Une personne qui n’a absolument rien en commun avec ton meilleur ami. Une personne rongée par l’inquiétude, l’angoisse, la colère. Rien de ce qu’il incarne habituellement. Tu parviens difficilement à lui révéler la vérité et sa réponse te surprend, elle te fige sur place. « You’re joking, right? Tell me you’re joking. » Tu te mords l’intérieur de la joue si fort qu’un goût de sang ne tardera pas à envahir tes papilles. « I… » Tu ne sais pas quoi répondre. Tu n’as jamais été aussi sérieux et il est hors de question que tu lui répètes ce que tu viens de lui avouer. « That’s not all… » Tu poursuis en tournant la tête droit devant toi pour relever les yeux au plafond. Tes paupières se ferment. « I haven’t seen her, but… She’s still in shock and apparentely, she seems to be scared of men. Even of her own father. » C’est sorti. Ton cœur se serre encore plus lorsqu’il se lève et renverse l’une de ses plantes au passage. Tu fronces les sourcils au moment où le bruit éclate, près à te lever à ton tour, surveillant la moindre réaction qui pourrait lui nuire. Il va se blesser et n’en aura rien à foutre. Il est tellement dévasté qu’il n’y a plus rien qui existe autour de lui, même sa propre existence semble sans importance. Ton rythme cardiaque s’accélère, ce sont les minutes les plus longues de toute ta vie. Le pot de la plante valse à l’autre bout de la pièce, répandant au passage une trainée de terre sur le plancher. « No! Why are you telling me this? It’s not true! It can’t be… » Tu commences doucement à quitter le canapé alors qu’il s’énerve sur la table basse. Tu ne peux pas intervenir, sa colère doit sortir, il doit pouvoir se défouler et tu préfères que ce soit sur le mobilier plutôt que sur toi. « Where were they before it happened, uh? How… How could… » Il cherche un coupable, une personne à accuser alors que le seul fautif est déjà tout trouvé et probablement déjà bien amoché. Tu hésites à répondre à Leo, mais tu préfères qu’il sache tout plutôt que de lui cacher des informations. Tu ne veux pas être coupable à ton tour, tu veux rester dans le rang de ses alliés parce que tu sais qu’il aura besoin de toi et tu veux être présent lorsqu’il te le fera savoir. « I don’t know… The guy spiked her drink. They haven’t seen anything. » Les mots fusent. Tu ne sais pas si les derniers sont exacts, mais ça te semble logique, sinon les punks seraient arrivés à temps. Une petite voix te fait déjà relativiser en te soufflant que heureusement ils étaient là et qu’ils ont constaté que Dawn tardait à revenir dans leur champ de vision. Que se serait-il passé s’ils l’avaient oubliée ? Si le sac à merde avait eu le temps de finir son affaire et de s’enfuir ?

C’est trop « I can’t… » L’attitude de Leo t’inquiète et tu l’observes attentivement. Tu te rapproches d’un pas lorsqu’il poursuit entre deux sanglots. « Breathe… I can’t breathe. » il commences à faire une crise de panique et tu t’apprêtes à te rapprocher pour l’aider à respirer lorsqu’il se précipite à le fenêtre et s’y penche dangereusement. Tu le rejoins à toute vitesse alors que ton cœur loupe un nouveau battement et que ton rythme cardiaque s’affole dangereusement. « Leo! » Tu hurles avant de l’attraper par les épaules et de le tirer fermement en arrière. Tu l’enserres ensuite, mais il se débat avec ténacité et t’embarques avec lui dans sa chute. « No! » Il parvient à hurler quelques plainte. Il tente encore de se débarrasser de toi, mais tu essaies de l’immobiliser alors qu’il commence à te frapper. Tu n’hésites plus à user de la voix pour le calmer. « For fuck’s sake, dude! Stop! » Tu n’as pas d’autre choix que de te tenir au-dessus de lui sans pour autant reposer ton poids sur son abdomen, tu pourrais lui bloquer encore plus la respiration. Tu te contentes d’attraper ses mains et de les plaquer contre le plancher. Ses jambes s’agitent toujours et tu beugles une nouvelle fois au plus près de son visage. « Stop! » Les yeux embués, tu attends quelques secondes pour que la crise passe avant de défaire ton emprise, tu relâches doucement ses poignets et te décales à ses côtés. « I’m so sorry. » Tu te relèves, renifles une fois, le cœur battant toujours la chamade sous ta cage thoracique. Ton regard ne quitte pas une seule fois Leo, attentif à sa respiration. La crise est passée, ses yeux sont vides de toute lueur. « I’m so sorry. » Tu murmures une nouvelle fois avant de te pencher pour l’aider à s’assoir. Tu t’accroupis en face de lui, te pinces les lèvres en tentant d’établir un contact. Doucement, l’une de tes mains grimpe jusqu’à l’une de ses épaules et lorsque tu parviens à attirer son attention, tu ne perçois plus rien dans ses prunelles foncées. Plus rien. « Come here. » Tu l’attires délicatement vers toi et ton autres main glisse dans son dos. Tu le serres fort contre toi, le palpitant battant encore à tout rompre, tu réalises que tu halètes légèrement. « I gotchu. » Tu chuchottes près de son oreille, les yeux clos. Tu imagines qu’il ne t’entend pas, que ses pensées sont ailleurs, coincées dans une scène qu’il n’a pas vécu, mais que son inconscient est entrain de lui projeter. « I’m here. » Tu souffles en glissant ta main la plus haute dans ses cheveux. « I love you, man. I’m so sorry. »

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BART

You're aching, you're breaking And I can see the pain in your eyes Says everybody's changing And I don't know why

☾ Tu ne sais pas, comment réagir, tu ne sais même pas qui réagit. L’instinct, le subconscient, qui t’es vraiment – un coléreux qui s’ignore, un haineux qui n’a jamais voulu s’assumer. Mais tu exploses. Parce que c’est trop, parce que la tension grimpe depuis des jours, parce que ton meilleur pote te tourmente depuis des heures à en savoir plus que toi. Parce qu’il est sérieux, parce que son visage est effacé, parce que l’ambre est embuée. Tu ne le nies que quelques secondes, tu ne le peux pas plus longtemps. Tu t’agites sans vraiment savoir ce que tu fais, où tu vas, ce que tu dis. Les mots de Bart s'assemblent aux images qui se forment sans que t’y puisses rien, la douleur que peut ressentir Dawn se fait tienne, tout se mélange, tu ne comprends pas ce qu’il se passe, tu n’arrives pas à respirer. Une chaise est renversée au sol, tu marches dans la terre alors que tu te précipites sur la fenêtre pour essayer de capter l’air qui manque cruellement à tes poumons. Tu ne fais plus attention à rien, tes gestes sont démesurés, tu ne te contrôles plus. Heureusement, ou pas t’en sais rien, Bart est là. Le vide ne rencontrera pas ton corps aujourd’hui mais tu te débats quand même, tu ne supportes pas les mains trop grandes et trop chaudes de ton meilleur ami sur toi, tes épaules et tes bras alors qu’il essaie de t’enserrer, tu le repousses, le semblant de lutte vous fait tomber par terre, d'habitude t’es le premier à te moquer des bruits que tu fais dès que tu les entends dans les films. La réalité n’a rien de jolie, il n’y a rien de sublime sur ton visage tuméfié de douleur et de chagrin. Peut-être de haine, aussi. Tu te vois, comme un spectateur extérieur de la scène, commencer à frapper le torse de ton meilleur ami et tu te détestes pour ça. « Let me go! You’re hurting me! » Enfin, t’en sais rien, en vrai, tellement tout est douloureux – c’est pas la poigne ferme de Bart autour de tes poignets qui te blesse le plus. Tes tympans vrillent alors qu’il te gueule dessus, t’es capable de répondre qu’un feulement brisé. Tu te retrouves en partie immobilisé, au sol, et tu te débats encore et toujours – contre Bart pour qu’il te lâche, contre toi-même pour que le réflexe kick et que tu arrives à reprendre ta respiration. C’est parce que t’étouffes que tu n’bouges plus, affaissé, tes poumons contracté au possible, des larmes aux yeux.

La première inspiration brûle, tu suffoques encore, l’oxygène acquis n’a d’utilité qu’à faire repartir tes sanglots de plus belle. Ton corps est agité de soubresauts de longues minutes après, mais s’éteint de lui-même rapidement. Tu n’as bientôt plus de larmes à pleurer, ta gorge devient rapidement trop nouée pour que tu n’émettes un seul son. « I’m so sorry. » La pensée se fait perfide à ton esprit, tu n’arrives pas à la repousser et ça te rend nauséeux. It’s your fault. Bart finit par te relâcher, te guides pour que tu puisses t’asseoir plus confortablement – comme si t’en avais quelque chose à foutre. Tu remontes tes jambes contre toi pour les entourer de tes bras, tu serres fort, tes muscles te tirent. Tu reposes ta tête contre tes genoux, le temps que ta respiration redevienne correcte et que ton cœur batte à un rythme plus normal. Tu fermes les yeux, suppliant mentalement quiconque est capable de t’entendre de mettre fin au calvaire, de laisser l’absence de lumière t’entourer et te cueillir. « I’m so sorry. » Il répète et les larmes coulent, même les yeux fermés. Tu penses à Dawn. La scène se fait violente dans ton esprit, mais s’allie avec celle qu’elle a pu te conter dans un moment d’intimité, celle qui lui est déjà arrivée. Celle qui t’a horrifié, celle que tu as promis qu’elle ne se reproduirait pas maintenant que vous êtes ensemble. Tu ne veux pas lui faire de mal, à celle qui est devenue la moitié de ton âme, mais t’es incapable de la protéger des autres – d’elle-même, plus tard. T’es tellement secoué que tu ne ressens plus rien mais l’angoisse est là. Tu as peur dans l’état dans lequel tu vas la retrouver, tu as peur qu’elle te repousse toi aussi, tu as peur qu’elle veuille tout arrêter entre vous parce que trop choquée par ce qu’il lui est arrivé. Tu ne survivrais pas, de la perdre à cause de ça, tes sentiments à son égard ne changeront jamais. Et en même temps, t’accepterais, après t’être battu férocement pour qu’elle comprenne. Que tu ne peux pas vivre sans elle, que t’as déjà l’impression qu’on t’a arraché un bout de toi, que t’es vide sans elle. T’es vide sans elle, t’étais vide avant qu’elle n’entre dans ta vie, c’est un putain de fait. Tu bougeais pas de ton canapé avant elle, t’avais pour ambition que de t’occuper d’MJ pour laisser les neurones se détendre. T’as jamais été amoureux, pas comme ça, t’as jamais autant aimé et été autant aimé. Tu ne veux pas que ça s’arrête – et t’as déjà l’impression que c’est trop tard.

Tu ne te rends compte qu’après coup que tu es dans les bras de ton meilleur ami, avec qui tu as été tellement injuste et odieux et qui est pourtant toujours présent à tes côtés. Une main dans ton dos, l’autre contre ton crâne, t’arrives à peine à faire attention au reste – à lui. « I love you, man. I’m so sorry. » Tes lèvres s’étirent vers le bas, tu te mords furieusement la langue et en gémis quand le goût du sang s’éparpille. « I hate you. I hate you so much. » Tu chuchotes d’une voix enrouée tout en tendant un bras ankylosé pour le serrer à ton tour – sans aucune vigueur. Tu restes contre lui un long moment. Tu ne sais pas si c’est parce que tu es trop inconfortable ou que tu n’as plus aucune force que tu te laisses glisser au sol. Les jambes toujours repliées contre toi, ta tête sur ses cuisses, les yeux éperdument clos. « What… » Tu commences à chuchoter, t’affoler une nouvelle fois – sans énergie. Tu t’interromps, il y a trop de mots qui peuvent être formulés, après ça. « I… » Tu tentes, encore, te tais toujours de toi-même. « I don’t… » know what I’m supposed to do. Tu sens les secondes s’éterniser et que tu n’as plus le choix, tu finis par ouvrir les yeux. C’est le pot de la plante que t’as renversé qui rentre dans ton champ de vision en premier, le parquet, la terre. Tu clignes des paupières à plusieurs reprises, restes dans ta position sans relever le regard sur Bart. « It’s their fault, they haven’t, they should have… » Tu accuses, tu as besoin d’un coupable – ouais, t’en as un tout désigné, mais tu ne peux rien faire contre celui-là, il est trop loin et c’est déjà trop tard. Tu ne comprends pas comment ça a pu arriver, comment Dawn a pu échapper de l’attention de trois personnes, qu’est-ce qu’ils foutaient ses prétendus meilleurs amis ? Tu commences à te sentir nauséeux, tu as la tête qui tourne quand tu finis par te redresser. Les mains tremblent, t’attrapes presque immédiatement celles de Bart pour pas t'casser la gueule – te raccrocher à quelque chose. Tu déglutis salement quand ton regard croise le sien. La crise est passée, la colère déversée semble être satisfaite du carnage qu’elle a fait et est de nouveau tapie dans le fond, comme une lionne trop fatiguée pour poursuivre sa chasse, à l’affût tout de même pour bondir à nouveau. Tu devrais t’excuser, tu n’y arrives pas. « I can’t stay here. » Tu déclares, ça semble le réveiller. You have to. Mais tu vas mourir de frustration si tu restes ici. Tu ne sais vraiment où tu veux aller, chez les Jaroszewicz sans doute, même s’il y a peu de chance que tu puisses voir Dawn. Ce n’est pas la meilleure idée. Mais il faut que tu fasses quelque chose.

Tu fixes l’écran du portable du sauveteur, en appel avec Mila – c’est le compromis négocié, c’est tout ce que tu as pour l’instant. La polonaise a décroché, son époux (puisqu’il y tient) lui a expliqué le motif, que t’écoutes, maintenant c’est le silence. « I… » Tu ne sais pas quoi dire, en réalité. Par où commencer. Tu n’as pas envie de réentendre tout ce qu’elle sait, tout ce qu’il s’est passé. Mila prend les devants, finalement. La voix est plus faible que douce, elle a l’air d’être à bout. Fragile. Un adjectif qui ne lui colle pas du tout à la peau – la seule fois où tu as pu le penser étant lorsque tu étais devant elle sur son lit d’hôpital. « Hey, Leo… I’m sorry I… I’m sorry I haven’t answered your texts. I couldn’t leave the house, and I couldn’t tell you over the phone. » Tu sens ton palpitant s’emballer à ses mots, tu sais que tu as été injuste avec elle aussi – même si, pas directement – mais comme pour Bart, t’es incapable de t’excuser. Pas pour l’instant. T’as trop honte. Tu détournes le regard, alors que ni elle ni ton pote ne te fixe. « Can I come over? » Tu serres les dents, attendant déjà une réponse négative. « You can, Leo. I won’t forbid you to if you want but… I don’t think it’s the wisest move. She’s still sleeping and very agitated… Even Szymon avoids going to her room for now. And you probably need time to process what happened as well. » Tu te mords anxieusement l’intérieur de la joue, lies tes mains fermement entre elles comme si t’avais peur d’éclater à nouveau. « Is there anything I can do? » Ta voix est si basse que tu as peur qu’elle ne l’entende pas. « Right now… There’s nothing we can do, Leo. » Elle t’agace à répéter ton prénom. « It’s shit. » Mais t’es surtout en colère d’être impuissant face à l’entièreté de la situation. « If… I… Tell her I love her? If she asks… Maybe… I don’t know. » Tu bafouilles, finis par te tourner vers Bart pour demander d’un regard suppliant un peu d’aide.

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They Move on Tracks
of Never-Ending Light

Leo

☾ Pris dans une crise de rage mêlée à une crise de panique, Leo te brise le cœur à lutter contre cette force qui vient brutalement de s’abattre sur ses épaules. C’est toi qui le lui as ramené. C’est toi qui as déposé ce fardeau sur ses épaules. Tu sais pourtant que tu n’as qu’été le messager dans l’histoire, mais la culpabilité te torture au point où même tes entrailles deviennent douloureuses, elle te ronge comme un parasite qui ne partira pas sans antidote miracle. Le seul dont tu disposes actuellement s’appelle le temps. Le temps que Dawn retrouve un semblant d’espoir, le temps que Leo retrouve un semblant de sourire, le temps que Mila s’apaise… Le temps est votre seule expectative. Tu ne trouves pas les mots pour aider ton meilleur ami, à part lui rappeler que tu l’aimes et que tu le soutiens. « I hate you. I hate you so much. » Entre tes bras, il souffre. Tu pourrais lui dire n’importe quoi, tu seras toujours son ennemi juré jusqu’à ce que la colère et le déni soient redescendus. « It’s their fault, they haven’t, they should have… » Il s’est littéralement replié sur lui-même et tout ce que tu as trouvé à faire en l’écoutant déverser sa rage au compte goûte, c’est de t’asseoir à ses côtés. « I can’t stay here. » Vos regards se croisent, tu lis toute l’inquiétude du monde sur ses iris. Tu te mords l’intérieur de la joue avant de reprendre dans un murmure, le son de ta voix demeure coincé dans le fond de ta gorge. « You have to, man. » Et vous restez plusieurs minutes ainsi, assis dans la terre à contempler le vide jusqu’à ce que tu décides de te repositionner accroupi devant lui. « I’m gonna call Mila, I think you should talk to her before doing anything you might regret. » Il n’émet aucun objection, la moitié du visage cachée derrière ses genoux, le regard perdu devant lui, comme si tu n’étais pas là.

Tu te redresses pour appeler ta fiancée sans trop t’éloigner de Leo, tu crains qu’il ne décide de se repencher dangereusement par la fenêtre. Ça sonne au bout du fil pendant quelques minutes jusqu’à ce que la brune décroche. Au son de sa voix, ton cœur loupe un battement, tes paupières se referment. « Hey, it’s me. Are you… busy right now? » Apparemment non, Hanna aurait repris la relève. Mila te demande si tu as mis Leo au courant. Tu rouvres doucement les yeux sur le concerné qui n’a pas bougé d’un centimètre. « Yes, he knows… Uhm… I think you should tell him what to do now. » Il y a un léger blanc au bout du fil, tu l’entends hésiter. « He feels helpless and so do I. » Sous-entendu que ça ne va pas du tout et que tu imagines qu’en se rapprochant au plus près de la source, ton meilleur pote pourra peut-être avoir un regain d’espoir. Mila accepte. « Okay, I’m putting you on speaker. » Tu t’accroupis à nouveau devant l’ingénieur, tenant le téléphone entre le bout de tes doigts devant toi. « Hey, Leo… I’m sorry I… I’m sorry I haven’t answered your texts. I couldn’t leave the house, and I couldn’t tell you over the phone. » Il détourne les yeux. « Can I come over? » Ta mâchoire se crispe, craignant que Mila lui interdise immédiatement de venir comme bon lui semble. « You can, Leo. I won’t forbid you to if you want but… I don’t think it’s the wisest move. She’s still sleeping and very agitated… Even Szymon avoids going to her room for now. And you probably need time to process what happened as well. » Il lutte, Leo. Il lutte pour ne pas repartir dans un élan de rage. « Is there anything I can do? » Tu refermes les yeux, le temps de contenir ta respiration. Cette question est comme la précédente, une réponse à côté de la plaque pourrait tout foutre en l’air et tu n’aimerais pas être à la place de ta fiancée à ce moment-là, mais vous en avez déjà parlé et tu as confiance, tu sais qu’elle trouvera les bons mots. « Right now… There’s nothing we can do, Leo. » Même s’il pense l’inverse à l’instant, il n’est pas seul et tu réalises que tu n’aurais pas trouvé meilleure réponse à sa question. « It’s shit. » Tu rouvres les yeux au moment où tu l’entends jurer. « If… I… Tell her I love her? If she asks… Maybe… I don’t know. » Vos regards se croisent à nouveau. Troisième question piège et tu comprends qu’à vingt minutes de chez vous, Mila ne trouve plus les mots. Tu baisses les yeux vers l’appareil. « Mila, Dawn still has her phone, right? » Il y a un petit silence avant que la brune ne reprenne, ne sachant probablement pas où tu veux en venir et craignant très certainement que tu propose à Leo de l’appeler, ce qui ne changerait absolument puisque Dawn ne décrocherait probablement pas en voyant le nom de son petit ami et sa photo s’afficher à l’écran. « Yes. It’s on her night table but she hasn’t turned it on yet. » Tu reportes ton attention sur ton meilleur ami. « If you can’t visit her, leave her voice messages on messenger, brother. » Tu penses à Mila, encore, si elle avait été dans cette situation. Si tu ne pouvais plus l’approcher pendant une durée indéterminée avec la peur qu’elle soit définitive. Si vous deviez être séparés à cause d’un sac à merde en liberté, incapable de gérer ses pulsions de psychopathe. « I know that…I’d do the same. » Tu avoue en reportant progressivement l’ambre sur le téléphone toujours entre tes doigts. Un nouveau silence pèse, avant que tu n’attrapes un bout de la main de ton meilleur ami pour attirer son attention et en même temps rétablir le contact visuel. « She loves you. She looks at you as if you were everything she ever wanted. » Un sourire en coin se dessine alors que l’ambre scintille à nouveau. « It’s powerful and unbreakable. » Tu marques une nouvelle pause, resserrant ton emprise sur sa main. « But she needs some time, man. She needs to heal first. »

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