Identité : Kamila Anka Kowalski. C'est en forgeant qu'on devient forgeron. Je serais assez fière de mon nom de famille s'il n'était pas l'un des plus portés dans mon pays et que je ne l'avais pas partagé toute ma scolarité avec des personnes auxquelles je ne suis pas liée. Il y a assez de sonorités barbares pour comprendre mes origines polonaises, dans tout le bazar, si jamais mon accent de boucher n’était pas suffisant. Surnom : Kami ou Mila, au choix. Petite, j’avais chassé la terminaison en A et l’identité féminine qui lui est obligatoirement liée – au grand damne de mes parents. En grandissant, c’est devenu Mila, parce que c’est plus doux et que j’en avais marre d’être trop assimilée à un garçon manqué. Ma vie est faite de contradictions. Aujourd’hui, j’ai plutôt tendance à me présenter comme Mila, pour faire simple. Age : J’ai fêté le quart de siècle, les 25 ans commencent à se sentir et à faire compter les années, les succès et les rêves déjà échoués. Mon paternel m’a offert une consultation chez l’un de ses amis ophtalmo à mon anniversaire, j’ai gagné une paire de lunettes pour lire et utiliser l'ordinateur. Franchement ça craint. Date et lieu de naissance : Je suis née le 20 novembre 1994 à Kraków, en Pologne. Là où j'ai grandi, la ville que j'ai finalement quittée lorsque je n'ai plus eu le choix. Métier : J'ai toujours eu à cœur d'aider les gens et de casser les codes. J’ai rejoint les rangs des pompiers à mes 16 ans, parmi les juniors. Je souhaitais en faire un à-côté en tant que volontaire, et j'ai commencé des études pour devenir infirmière après le lycée - études que j'ai eu du mal à terminer par manque de moyens financiers. J'ai dû cumuler plusieurs petits boulots à l'époque, dont serveuse dans un pub et femme de ménage. Finalement, je n'ai exercé que deux petites années en tant qu'infirmière avant de rejoindre les pompiers à temps plein. Après des semaines de recherche, j'ai obtenu une promesse d'emploi de l'une des casernes de la ville, ce qui m'a permis d'obtenir mon Visa pour débarquer. Statut civil : Ayant récemment tout laissé derrière moi en Pologne, je suis célibataire, bien que je l'étais déjà avant mon départ. La vie ces derniers temps est juste trop compliquée et submergeante pour que je veuille me poser dans une relation. Orientation sexuelle : Je n'ai eu des relations qu'avec des hommes, et je pense être hétéro. Je ne reste pas fermée à l'idée de sortir avec des femmes, le cœur veut ce qu'il veut. Pour l'instant, le cœur aime les problèmes et la testostérone, mais dès qu'il se mettra d'accord avec le cerveau ça devrait le faire. Groupe : Lost Hurricanes. Scénario ou inventé : Corrompue et semi-inventé par @Dawn Jaroszewicz Est-ce un double-compte : Pffff roh ça va, ici Sophie.

Aspiration : Je viens d'arriver à San Francisco, littéralement la veille de Noël, alors je suis en plein nouveau départ. À court terme, il faut que j'arrive à réaliser et guérir de tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois avec mes parents et en Pologne. Il faut que j'arrive à passer à autre chose, à accepter le fait que je ne vais jamais pouvoir y retourner et que j'ai perdu le soulagement d'avoir une maison. J'ai trouvé refuge chez ma meilleure amie et ses parents et j'ai des personnes qui veillent sur moi, mais tout est brutal et en feu. Il faut ensuite que je trouve une situation stable parce que je suis fauchée et que je ne compte pas vivre aux crochets des autres. J'espère trouver ma place au sein de la caserne, ne pas trop être dépaysée et surtout ne pas avoir à passer de formation complémentaire car je n'en ai pas les moyens. L'idée étant de sécuriser toute ma situation, auquel cas je retourne au pays sans passer par la case départ. Et peut-être qu'après tout ça, je pourrais enfin vivre et être heureuse.

✶ Je suis née, j’ai grandi et j’ai vécu toute ma vie à Cracovie, en Pologne. Mes parents sont tous les deux dentistes, et les revenus de la famille sont relativement corrects. On m’a toujours dit, en grandissant, que j’avais de la chance. Pourtant, je ne le voyais pas. À la maison, on vivait modestement et on faisait toujours attention sur les fins de mois. On n’achetait jamais rien d’expansif, il y a eu plusieurs années de cadeaux modestes et de « on se rattrapera l’année prochaine ». La vérité, c’est qu’il y a un gouffre financier dans notre famille et qu’il répond au nom de Antoni Kowalski, le père. Je ne l’ai compris que plus tard, mais notre paternel a une addiction aux jeux d’argent et nos soucis financiers ne sont liés qu’à sa tendance à réserver plus de la moitié de ses revenus aux paris. Ça a été la perte de la famille. ✶ J’ai un petit frère, Piotr, qui a cinq ans de moins que moins. Il a été diagnostiqué autiste lorsque j’avais dix ans, et ça a quelque peu changé le quotidien. Notre père avait du mal à accepter cette maladie, notre mère n’a fait que le minimum nécessaire pour adapter la vie de son fils et son monde autour. C’est finalement moi qui ai pris la responsabilité de couver Piotr, moi qui me suis assuré de loin que les écoles répondaient à ses besoins, que ses camarades étaient au courant de sa condition, que ma mère explique qu’il n’était pas violent mais qu’il ne fallait pas appuyer sur les éléments déclencheurs de crises. Piotr est autonome et capable de mener une vie à peu près normale, mais il a fallu beaucoup travailler pour en arriver-là. Je n’aime pas en revendiquer les mérites, mais m’occuper d’un petit frère différent m’a demandé de grandir trop vite. ✶ La meilleure manière de communiquer avec Piotr est lorsqu’il occupé à autre chose. On a essayé avec la musique. Je n’ai eu l’occasion d’étudier le piano qu’une petite année, avant que l’argent ne manque pour les cours, et ça marchait au début mais ça n’a pas suffi. C’est Dawn qui m’a mis sur le coup des jeux vidéo, et c’était la révélation. Nos parents ont détesté nous voir passer des heures devant l’écran, mais c’étaient des heures de détente pour nous deux, et surtout de discussions. Avec Piotr, on est finalement vite devenu accro. Les consoles et les jeux, c’est finalement le seul luxe que nos parents nous ont offert en grandissant. ✶ J’ai grandi un peu garçon manqué. Pas le choix, quand je suis le seul rempart entre mon frère et le monde, quand mes parents cherchent à me faire passer pour coupable au moindre problème au sein de la famille. J’ai vite compris que le monde était un incendie, et que ce n’est pas avec la nature docile qu’on a voulu m’inculquer en tant que future femme que j’allais m’en sortir. Les Kowalski sont pratiquants, catholiques, traditionalistes, bien-pensants… Et tout ce qui est détestable dans une société patriarcale et hétéronormée. Me faire appeler Kami, ouvrir ma bouche pour donner mon opinion et aider les autres, c’est la meilleure manière que j’avais pour les défier quotidiennement. Hors de question pour moi de suivre le chemin de la petite fille modèle et sage, trouver un bon parti, me marier, fonder une famille… J’ai développé très tôt un goût pour l’indépendance, mais j’ai compris plus tard que je voulais surtout être indépendante de mes parents. ✶ A défaut d’avoir choisi ma famille, j’ai pu choisir mes amis. Bon, en vérité, pas trop, mais quand même. Les amitiés se sont formées parce qu’on partageait une passion pour le même bac à sable à la récréation. Mais elles ont duré, et mes amis sont ma véritable force, je ne pense pas que je serais allée aussi loin ans eux. Lorsque ça n’allait pas à la maison, ils étaient là. Une invitation à dormir ici, un goûter volé là. Ils ont marqué mon enfance, ont embelli mon adolescence. On s’est peut-être perdu de vue après tout ça, mais on se donne toujours des nouvelles – et j’ai eu l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes, et de recommencer toute l’aventure. ✶ Ma meilleure amie, Dawn, ne fait pas exception à la règle. Le bac à sable, puis les sourires édentés, puis elle disparaît dans un autre pays. Un pacte fait dans le jardin de son ancienne maison, on promet de ne jamais se quitter. Les échanges se font par lettres, on a 8 ans et on habite loin l’une de l’autre. C’était un peu frustrant, de ne pas l’avoir à mes côtés, mais qu’est-ce que j’aimais recevoir des cartes postales de toutes les villes où elle passait. Ça me faisait voyager, moi perdue dans une Cracovie trop grande et trop froide. Le temps passe et la technologie trépasse, Internet nous a permis d’échanger plus régulièrement et de nous voir – même à travers un écran. Alors peut-être qu’elle n’était pas toujours là physiquement, Dawn, mais elle l’était quand même. Je n’ai jamais été aussi heureuse que le jour où elle m’annonçait qu’elle débarquait faire ses études en Pologne. ✶ J’ai rejoint les pompiers lorsque j’avais 16 ans. Oui, il a fallu que je me mette au sport. Oui, je me suis pris toutes les remarques sexistes et misogynes dans la poire. J’ai recommencé à me faire appeler Mila par là, histoire qu’on ne m’associe pas entièrement à un homme non plus. Et j’ai bossé dur pour me faire accepter à la caserne, mais finalement sachez que les demoiselles petites c’est pratique pour se faufiler partout. Un peu de respect, merci bien. ✶ J’ai toujours su que je voulais faire quelque chose d’utile aux autres, plus tard, et dans l’action. C’était une drôle d’idée pour moi, que de vouloir rester enfermée dans un bureau et remplir des dossiers toute la journée. L’adrénaline déjà goûtée chez les pompiers, j’ai décidé de me lancer dans la médecine – de loin, et de rejoindre les rangs des infirmières. Ça a été compliqué, les études. C’est à partir de l’adolescence que j’ai commencé à remettre en cause l’autorité de mes parents, en particulier de mon père qui continuait à dilapider son argent lors de soirées poker. J’ai gentiment été mise à la porte au lycée, j’ai dû faire un prêt et cumuler plusieurs petits boulots pour financer mes études. C’était dur, mais j’avais mes amis et finalement partir de chez mes parents c’est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. C’était compliqué avec Piotr, ma mère essayait de nous empêcher de nous voir pour nous punir, mais mon petit-frère a aussi commencé à se rebeller contre les parents. ✶ Après trop d’années à être indépendante et à ne pas me laisser marcher sur les pieds, j’ai pris une sacrée mandale lorsque je suis tombée amoureuse. Libérée de l’emprise de mes parents et capable de me gérer seule – allant de mes finances à mon appart à mes études – j’ai enfin pu commencer à penser à moi, en tant que Mila. J’ai rencontré Andrew à la fac, et j’ai enfin appris à baisser ma garde. Je n’avais pas besoin d’être méfiante tout le temps, pas besoin de voir le mal partout, pas besoin de me battre pour qu’on m’entende. C’était la première fois où on m’aimait vraiment, sans condition et sans rien attendre en retour. Ça a été libérateur, même si ça n’a pas duré puisque Andrew n’était là que pour une année. Ça m’a permis de grandir, de m’ouvrir émotionnellement au monde extérieur et de m’adoucir. ✶ Ça fait quelques années que ma relation avec mes parents n’est pas au beau fixe, seulement cordiale à cause de Piotr qui habite toujours chez eux. Mais ça s’est dégradé, ces derniers mois. Piotr a atteint la vingtaine, j’ai quitté la maison et ne plus avoir d’enfant à charge a dû faire perdre la tête à mon père. Il a commencé à jouer plus, alors qu’il collecte déjà pas mal de dettes auprès des autorités compétentes et légales de jeux en ligne, alors que j’ai dû plusieurs fois leur prêter de l’argent que je n’ai jamais revu pour qu’ils aient de quoi manger. Mais ça n’a pas suffi à calmer le paternel, puisqu’il a trouvé d’autres moyens de jouer, plus illégaux. À l’anniversaire de Piotr, mon père m’a ordonné de faire un nouveau prêt à la banque pour l’aider à rembourser ses nouvelles dettes. J’ai évidemment refusé et claqué la porte. Deux semaines plus tard, il est reparti en jérémiades pour m’informer qu’il avait vraiment de gros problèmes, que ces gars-là ne rigolaient pas et qu’il fallait que je l’aide. J’ai dû commencer à croire ma famille en danger, j’ai eu l’impression de me faire suivre. La semaine suivante, ça a été le coup fatal. La solution miracle toute trouvée par mes parents était de me promettre en mariage à l’un de mafieux mécontent, un type d’une quarantaine d’années. Ils m’ont coincé dans un dîner avec lui, et j’aurais quitté la maison immédiatement s’il n’y avait pas un grand gaillard en train de jouer à la console avec Piotr juste à côté, me rappelant que je n’avais pas tellement le choix. Après ça, j’ai compris que j’étais réellement en danger. J’ai revu le type à plusieurs reprises, de loin, parce qu’il me surveillait. Je ne me suis plus déplacée seule, j’ai poussé Piotr à emménager dans mon appart qu’il a repris avec l’un de ses amis, je suis allée vivre chez l’un de mes collègues pompiers. Je ne savais pas où aller, mais je savais que je devais partir. Loin, si possible. Dawn m’a offert une porte de sortie. Les semaines pour obtenir un Visa et surtout trouver une caserne qui voulait bien m’embaucher sans même m’avoir vu en action étaient douloureuses. Quitter Piotr et le laisser derrière a été la chose la plus dure que j’ai eue à faire. J’ai quitté la Pologne pour les Etats-Unis fin décembre 2019. ✶ Je maîtrise globalement la langue de Shakespeare, d’un point de vue grammatical et du vocabulaire. Mon accent à l’oral, en revanche, est détestable. Ma prononciation brûle les oreilles, je peine à avoir un rythme approprié et plus je parle, plus je stresse et perds mes moyens. J’ai assez peur pour la suite. Mais je ne suis pas seule, et surtout, je suis enfin libre du joug des Kowalski. Un nouveau départ.

RANDOM ✶ Pour gagner bonne réputation dans un monde d’homme, à la caserne et au pub, j’ai appris à maîtriser rapidement les jeux de fléchettes et billard. Je ne recule pas devant les défis des hommes des cavernes, et j’ai gagné deux années de suite le mini-tournoi de fléchettes de Cracovie – ce n’est pas rien. ✶ J’ai un humour particulier et maîtrise la poker face comme personne – merci Papa. Les gens sont souvent insensibles à mes blagues et pensent que je suis sérieuse, alors je suis obligée d’expliquer, c’est pénible. ✶ Je ne suis pas du genre à sourire tout le temps et pour rien, et je vais généralement droit au but. Garçon manqué. ✶ Je ne fume pas, et je suis la personne qui râle très fort lorsqu’on fume à côté de moi. Fut un temps je faisais le petit discours moralisateur qui va avec, mais j’ai laissé tomber. Merci Dawn & ses potes punks. ✶ Bien que je n’ai jamais eu l’occasion d’en adopter, j’aime beaucoup les animaux. Et les enfants. J’aime bien les petites choses innocentes et qui bavent, je pense. ✶ Autant j’aime bien m’habiller bien lorsque je dois sortir ou voir du monde, autant j’adore être habillée comme un sac lorsque je suis chez moi. Les habits du dimanche, c’est la moitié de ma garde robe. Faut prévenir avant de passer, sinon vos rétines risquent de brûler. ✶ L’un de mes potes a voulu me faire regarder Chicago Fire et j’ai fini en pleurs après deux épisodes. Les séries sur les pompiers où c’est mal joué, très peu pour moi. (Même si ok, franchement, l’un des gus était BG mais j’ai déjà oublié lequel.) ✶ Pour garder la forme, je fais du sport. Ça change selon les humeurs et qui veut bien suer avec moi. Je cours au minimum deux fois par semaine, en plus du reste. J’aimerais bien essayer la boxe, un jour. ✶ L’Eurovision est un sport national et Sergey Lazarev mérite mieux. ✶ J’ai toujours eu des problèmes pour dormir, rêvant bien trop souvent de mes parents et de leur abus sur le mental. Mais ça s’est aggravé depuis quelques mois, et même en sécurité ça ne s’arrange pas. Les cauchemars et les réveils en sursaut sont trop nombreux, malgré tous les médecins et activités que j’ai pu essayer pour y remédier. ✶ J’ai fait ma petite bucket list des choses à aller voir à San Francisco, avec entre autre : aller voir les morses sur la jetée, passer une journée entière à Fisherman’s Wharf, devenir pote avec les buffles du Golden Gate Park, aller à un événement sportif juste pour le plaisir de mesurer la taille des gobelets et de crier au scandale, quand il fera plus chaud tenter une initiation au surf…

Pseudo/Prénom : J'vous jure que je vais commencer à supprimer cette partie de mes fiches, ralalaa. ginger squid / Laura Age : 22 & demi (j'ai décidé de reprendre le compte des demis, yakoi). Pays : France. Avatar : Willa Cutie Holland. (Honnêtement c'est un miracle que je ne l'ai pas joué en 2 ans et demi de Fogged Up) Rang : eating pasta to fill the void Comment as-tu connu le forum ? Erf. Qu'en penses-tu jusqu'ici ? Erf. Un dernier mot ? Eeeeeeerf.

Le voyage a duré une trentaine d’heures. Un premier avion, une escale à Paris de seize heures, un second avion pour un vol de douze. C’était long, mais mon voyage était de si dernière minute et avec un budget bas alors je n’ai pas pu me permettre de chipoter sur la durée de l’escale. En même temps, je pense que j’avais besoin de ça. Le premier vol était relativement court, j’avais le cœur qui battait trop vite et je réalisais à peine que j’étais enfin en train de gagner ma liberté – après ces derniers mois horribles à vivre. L’attente à Paris a été le plus difficile. Je n’ai pas voulu dormir au risque de me faire voler quoi que ce soit, je ne parle pas un mot de français et les activités sont vite limitées avec une aussi grosse valise que la mienne.

Alors je suis restée assise, j’ai mangé, j’ai réfléchis.

Petits moments introspectifs pour me rendre compte de tout ce que je laisse derrière. Mes parents et toutes les embrouilles avec mon père mais surtout la menace qu’il a injustement fait planer sur ma tête. Je laisse mes amis, mes collègues, Piotr, et ça ça me blesse plus. Je m’en vais vivre dans un pays pas forcément mieux que celui que je quitte. Ils ont un troll pour Président, des armes à feux, des systèmes de mesure différents. Le premier qui me parle en Fahrenheit, je lui fais une petite leçon sur les Celsius et leur logique infiniment plus simple. Froid, c’est 0, pas 32, point. Je m’enfonce dans l’inconnu le plus total, dans une ville que je ne connais pas, dans un boulot que je dois sécuriser au plus vite. J’ai au moins la chance de ne pas être seule dans l’affaire, je vais retrouver Dawn après encore trop d’années de séparation. Tout ça pour le prix de la liberté, finalement, ce n’est peut-être pas cher payé.

J’ai occupé la dernière demi-journée de vol pour aller à San Francisco en regardant des films et en discutant avec ma voisine.

Pour résumer, lorsque j’ai atterri enfin à San Francisco, je n’ai pas dormi depuis deux jours, je ne sais plus comment je m’appelle ni quelle heure il est censé être, mon cœur bat trop fort dans ma poitrine et tout est flou. Je sais que ma valise était la première à sortir sur le tapis roulant et que ça m’a donné envie de pleurer, je sais que je me suis effondrée en larmes lorsque Dawn a décidé de me sauter dessus pour m’accueillir et que ses parents n’étaient pas loin derrière et que ça s’est terminé dans un câlin Jaroszewicz – Mila au milieu. Enfin, enfin, enfin. Le voyage s’est terminé, le pire est derrière moi et pourtant je n’arrive qu’à peine à me réjouir. Il neigeait quand j’ai quitté Cracovie. Je ne suis pas sortie de l’aéroport à Paris. Il fait étonnamment doux à San Francisco, bien que gris. Je suis arrivée le matin et le brouillard n’est pas très clément de si bonne heure. Ça m’a fait sourire, mais j’étais quelque peu en mode zombie.

Arrivée chez les parents de Dawn, j’ai mangé un bout avant d’aller me coucher dans le lit qui sera mien pour les prochains mois – si tout va bien. Je n’ai jamais dormi aussi longtemps et sans interruption. Je me suis réveillée en pleine nuit, complètement décalée. A Cracovie, c’est le matin de Noël. Piotr m’a envoyé un message du sapin des parents, et la culpabilité de l’avoir laissé seul avec eux m’a pris. J’ai passé les dernières heures de la nuit sur Skype avec mon petit frère, qui m’a quand même signalé qu’il préférerait jouer aux jeux vidéos plutôt que de me parler parce que je ne suis pas partie depuis longtemps et qu’il n’a rien à me raconter. La dure vérité. J’ai bien voulu le laisser tranquille au bout de deux petites heures, puis je me suis levée pour préparer un grand petit-déjeuner. Compliqué dans une cuisine que je ne connais pas, mais facile puisqu’il s’agit désormais de ma maison et que je suis en sécurité.

Mon Noël à moi s’est résumé en nourriture, ouverture de cadeaux et petites histoires à raconter et à écouter pour rattraper le temps perdu. Et finalement, c’était le meilleur Noël que j’ai fêté depuis quelques années. Celui du renouveau.