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 World gone mad. (Sophie)

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Sophie Grimm

Sophie Grimm
i'd love it if we made it

≡ POSTS : 1502 World gone mad. (Sophie) 95cb69830bc999e69ef0dbbca6ec6e64e9b583c6
≡ ÂGE : 25 ans, déjà, elle va commencer à complexer. (01/06/95)
≡ SURNOM : Soph, Fifi, Grimm, les plus courants.
≡ OCCUPATION : Vendeuse de BD, presque incollable sur le MCU, team Iron Man. Elle est en pleine conception de son propre comic, aussi, rien de concluant pour l'instant. Elle a commencé les cours du soir pour se former au management, à voir.
≡ STATUT CIVIL : En couple, heureuse, elle respire, ça fait du bien.
≡ ATTIRANCE : Tout le monde, vraiment tout le monde. Elle est plus attirée par la personnalité de quelqu'un que par son genre. (Pansexuelle)
≡ QUOTE : Sometimes you put a bunch of misfits together and you get a family. Sometimes you get a bunch of assholes.
≡ LOGEMENT : #32, Castro District avec sa soeur et le chat.
≡ RPS :
≡ AVATAR : Bb Violett Beane
≡ CRÉDITS : bambi eyes (ava)
≡ INSCRIPTION : 12/07/2017




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MessageSujet: World gone mad. (Sophie)   World gone mad. (Sophie) EmptyMar 1 Jan - 0:26

Nightmares
sophie

Les petites heures du matin d’un San Francisco endormi ont toujours le don de m’émerveiller, mais ces petites heures-là m’émeuvent tout particulièrement.

Je viens de quitter mes amis avec qui j’ai passé la soirée, la nuit, à rire et danser et boire un peu et plaisanter surtout. À refaire le monde en nous chamaillant, avec notre dynamique de groupe si particulière et qui nous est unique. Avec les plaisanteries étranges d’un Ashton qui n’a pas hésité à se lâcher sur les coktails, réveillant mes instincts maternels inquiets et protecteurs. Avec les blagues toutes aussi lourdes de Jude, jamais comprises du premier coup par Alban. Alban et ses cheveux ruinés à jamais. Les regards échangés avec May, parce que « ah les garçons ». Notre conversation qui a failli prendre un tournant tragique quand Jude a officialisé à la connaissance de tous qu’il était amoureux, qu’il avait officiellement une petite-amie et qu’un jour il aimerait nous la présenter. Ashton qui a boudé pendant environ cinq minutes après cette annonce qui en a choqué plus d’un, bon juste May et Alban étant donné que j’étais déjà au courant, puisque ladite petite-amie est sa cousine. Jude qui, pour changer de sujet a décidé de hurler à la mort que « eh Sophie aussi elle amoureuse hein ». Plus le droit au champagne pour lui, un roulement d’yeux en l’air pour moi. « Yeah bitch, what’s new. » Ce n’est pas une grande surprise pour tout le monde, quiconque avec une paire de yeux et un peu de bonne jugeote pouvait en venir à cette conclusion. Mais parce que je suis une personne terrifiante et que ma vengeance est redoutable, le sujet n’a pas été abordé et très vite détourné par Alban. Lui aussi est amoureux. Et on le sait, on n’en peut déjà plus de son bonheur niais et rose et urg homie. Alban était peu supportable quand il était seul et esseulé, mais il est véritablement insupportable maintenant qu’il est en couple, qui l’eut cru. Lustucru, sans doute.

Un sourire ne se déloge pas de mes lèvres alors que je me remémore ces souvenirs tout frais et que je remonte les rues pour rejoindre mon appartement et dormir jusqu’à demain. J’avance dans ce début de matinée si calme que c’en est presque incroyable, l’estomac gonflé d’un contentement grondant et le cœur entiché d’un espoir fou. Celui que cette année soit un nouveau départ et que tout ira mieux.

Est-ce qu’on peut vraiment faire pire que l’année dernière ? Ça avait commencé normalement, rien de fou, Oliver et ses éternels soucis d’imbécile qu’il est. Puis la vie des Grimm a pris un tournant inattendu, et ce sont les montagnes russes dont on commence à peine à descendre. Le retour de Conrad, les parents qui ne sont pas vraiment morts et un mensonge de plus d’une décennie qui éclate au grand jour. Une lutte pour se reconstruire, lentement, épaulée des amis sans qui je ne serais personne aujourd’hui. Puis c’est Alex que j’ai failli perdre, alors qu’il était devenu un élément trop important de mon existence pour que l’idée seule ne soit pas douloureuse. Peut-être que le karma aurait pu se calmer après ça, mais pas du tout. Oliver a passé quelques mois en prison, on a presque vécu la fin des Grimm jusqu’à ce que tout s’arrange finalement. Enfin.

Les astres n’étaient sans doute pas alignés en notre faveur et on aurait dû faire attention à ne pas manger trop de chocolat, qui plus est.

Cette année sera meilleure. J’en suis naïvement convaincue. Et c’est idiot, vraiment. Le temps n’est qu’une construction humaine bancale, qui nous permet de compter le nombre de fois où la terre fait le tour complet du soleil. Mais pourtant, il suffit qu’on ajoute un chiffre au compteur pour qu’on veuille croire que tout ira mieux, que tout va s’arranger. On a tous besoin d’un nouveau départ, de nouvelles opportunités qu’on se donne à nous-mêmes, et on le fait tous ensemble. 2019 sera l’année où nous serons enfin heureux. Parce que les Grimm sont réunis, même si la menace que représente le retour de notre paternel est toujours présente. Et s’est accentuée, même, puisque nous connaissons enfin les raisons de son retour : Conrad est malade. Soit. On attend la suite. Parce que les Grimm vont s’agrandir, aussi. Oliver va avoir un enfant, et c’est aussi effrayant qu’encourageant. Je ne sais pas si je suis prête à devenir tante. Mais je n’ai pas le choix, et Oliver n’est sans doute pas prêt à devenir père. Il faut que je sois prête un tantinet, un jour, sinon ce bébé et Kinga courent à leur perte. Je sais tout de même que cet enfant sera accueilli comme il se doit, même s’il arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. S’il y a une chose dont je suis sûre, c’est que Oliver ne voudra jamais répéter les mêmes erreurs que Conrad. Je ne le permettrais pas, en tout cas. Et puis, Emma sera là, aussi. Même si Emma grandit et devient une adulte avec le caractère épouvantable des Grimm. Je ne me suis toujours pas remise de la fois où elle a râlé sur Alex pour la place de parking. Et parce que cf. ma précédente énumération merci mes amis sont fichtrement cool, même si un peu débiles parfois. Et que ok, je suis amoureuse et la vie c’est quand même un peu mieux quand on est amoureux même si on ne sait pas où on va. Vive la philosophie d’un matin frisquet de nouvel an.

2019 sera meilleure parce qu’on n’est pas seul, parce que je ne suis pas seule et que vraiment, les personnes que j’aime sont ma force de vivre.

Je ne me rends compte que, dans l’instant présent, je ne suis effectivement pas seule que lorsqu’on appelle mon prénom et mon nom d’une voix brute et bourrasque. « Sophie Grimm ? » Et j’étais trop perdue dans mes pensées, dans mes espoirs pour me rendre compte que quelque chose ne va pas. Que cette personne me suivait depuis quelques minutes déjà. Je n’ai pas le temps d’analyser qu’il s’approche trop rapidement, si rapidement que je peux vite sentir son haleine éméchée. Je ne le connais pas mais il connaît mon nom entier. Je devrais presser le pas et l’ignorer superbement, mais mon instinct de survie s’est fait la malle et c’est par automatisme qu’un petit « Oui ? » s’échappe de ma gorge. L’instant d’après, son poing s’écrase sur mon visage avant qu’un tissu humide et puant ne s’y colle. Je n’arrive à me débattre que quelques secondes, essayant tant bien que mal de me défaire de l’emprise de l’homme, avant que mes yeux ne se ferment d’eux-mêmes.

Les astres ne sont toujours pas alignés, faut-il croire.

* * *

Lorsque j’émerge, ma pommette droite m’élance douloureusement et des cris de personnes se disputant me font grimacer. J’entends mon nom me désignant et désignant également mon frère, prononcé entre d’autres noms d’oiseaux. J’entends les prénoms des frères Harison, mais je ne fais pas immédiatement le rapprochement entre ma situation actuelle et les récents événements. Mon cerveau est embrumé, de l’alcool consommé cette nuit et du chloroforme qu’on m’a obligé à respirer, et je n’arrive d’abord qu’à paniquer d’être attachée à un radiateur dans un semblant de salon qui m’est inconnu. Mes deux mains sont liées entre elles, piégées dans les barreaux tièdes, et mon corps est douloureux de cette position pas confortable du tout. Je me redresse pile au moment où la porte s’ouvre avec fracas et que trois types énervés me rejoignent. Mes sourcils se froncent, je suis trop groggy pour dire ou faire quoi que ce soit. Heureusement, je n’ai pas à réagir. Celui du milieu, celui qui m’a agressé dans la rue, commence à piailler.

Et je comprends, finalement.

Que la mise en garde de Oliver lors de ma première visite en prison n’était pas qu’une menace en l’air. Pour une fois. Se trouve devant moi James Harison, le frère de Maxime que mon frère a tué il y a quelques mois. James qui n’a apparemment pas bien vécu la perte de son frère, James qui veut vengeance, James qui n’a rien trouvé de mieux que de me prendre pour cible pour l’obtenir. « Ta vie contre la sienne, c’est tout c’que j’demande. » Et ce n’est pas tellement un sentiment de peur qui commence à m’envahir, bien que la situation ne soit pas très propice à la joie. Non. C’est celle de la colère, mon habituelle amie, qui vient faire gronder mon estomac. Mon instinct de survie n’est toujours pas revenu, et je ne réfléchis pas. Je m’entends et me vois agir, mon comportement n’a rien de rationnel. Les noms d’oiseaux et autres insultes gisent également de mon côté, je me débats inutilement contre mes liens que je vois resserrés presque immédiatement. « T’es vraiment trop con, James, qu’est-ce que tu vas faire ? » Me coller de nouveau son poing dans la figure, pour commencer. Me séquestrer quelques jours, faire chanter mon frère, pousser le vice à son maximum. Le faire languir et souffrir comme lui peut souffrir avant de mettre fin à cette mascarade pitoyable.

Je n’ai pas le temps de répliquer que c’est lui qui est pitoyable qu’il est déjà parti.

* * *

C’est long, d’attendre.

Je ne sais pas ce que j’attends. Clairement, je suis à la merci de ce connard de James et de ses sbires. Mais mon attente me permet bien des choses. De redevenir plus sobre, pour commencer. Également de comprendre où je suis, et ce qu’on y fait. Il ne m'a pas fallu chercher très longtemps pour comprendre que James est à la tête d’un trafic de drogues, en vue des allées et venues, des billets et autre sachets de poudre blanche échangés sous mes yeux. Est-ce que c’est ça que Oliver a masqué sous le terme « problèmes » ? Quel est, était je ne sais pas, le véritable lien entre mon frère et James ? Oliver achetait, vendait… ? Dans tous les cas, j’ai grand besoin d’avoir une discussion avec mon frère. Je ne sais pas si je suis prête à le blâmer de ma présence ici. Je le blâme pour ses mauvaises fréquentations, pour sûr. Après, je crois que je ne peux m’en prendre qu’à notre putain de karma.

Finalement, les neurones de mes bourreaux se connectent et on se rend compte que ma présence n’est peut-être pas la plus bienvenue et la plus judicieuse. Enlever quelqu’un, c’est une chose. Le rendre témoin de ses activités illégales, une autre.

Je comprends aussi que ma présence ici n’était pas du tout prévue.

Je me trouve dans une chambre, maintenant, avec pour seul contact le musclé qui garde la porte. Et c’est encore plus long, d’attendre.

* * *

La porte claque bruyamment, puis la lumière s’allume et ça fait beaucoup d’agressions soudaines pour mes sens perdus. Je sursaute, me redresse trop vite et la tête me tourne. Ça fait longtemps que je n’ai rien mangé, aussi. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. Et je pourrais dire que je commence à devenir folle, que j’en ai marre, que je veux partir. L’une de mes mains est encore liée à un autre radiateur. Je n’ai pas vraiment le choix quant à ma présence ici.

James dépose un sandwich au bout du lit avant de s’installer sur une chaise, hors d’atteinte. Ce qui est bien, avec mon geôlier, c’est qu’il a une vraie tête de sale type. L’homme blanc, la trentaine bien entamée, de taille moyenne. Il n’est pas vraiment musclé mais il n’est pas vraiment menu. Il a des cheveux blond foncé, qu’il s’entête à coiffer plaqués en arrière sur son crâne. La caricature parfaite du type qui n’est pas sûr de lui et compense autrement, d’après moi.

Mes yeux se plissent et viennent le fixer, avant qu’il ne prenne la parole. « J’ai une mauvaise nouvelle, Sophie. » Qu’il commence, l’air faussement sérieux, avant de se mettre à rire comme s’il venait de me sortir la plaisanterie du siècle. Mes sourcils se froncent. Il y a quelque chose de pire que ma situation actuelle ? « Tu t’es rendu compte que ton cerveau n’est pas plus grand qu’un petit pois et que ton plan est merdique ? » Son visage se contorsionne en une grimace de colère, qu’il réprime difficilement. Un doigt menaçant est levé en ma direction, suivi d’un autre rire sans cœur. « C’est drôle, t’es drôle. T’es bien la sœur d’Oliver, vous êtes des emmerdeurs, les Grimm. Mais crois-moi, ton courage ne durera pas gamine. » Je lève les yeux au ciel. Je n’ai rien à rajouter, il s’amuse très bien tout seul dans son rôle de bourreau. « La mauvaise nouvelle, c’est que personne n’a remarqué ton absence. J’pensais qu’ils auraient déjà prévenu la police tes copains, ça fait deux jours, mais que dalle. » Et là, c’est mon cœur qui commence à s’emballer. Pour une fois, je ne retrouve rien à dire, rien à répliquer. Je ne sais pas si c’est vrai. Si mes amis et ma famille n’ont pas remarqué mon absence. S’ils l’ont fait et ont décidé de ne pas s’en inquiéter. Si James invente ça juste pour me déstabiliser. Ou bien s’il est simplement mal informé. Mais ça fonctionne, sa nouvelle est mauvaise et pour la première fois, c’est la peur et l’angoisse qui commencent doucement à m’envahir et me bouffer de l’intérieur.

« Mange, Grimm. Tu m’sers à rien morte. » Sont les mots que me glisse un James satisfait avant de refermer la porte derrière lui.

Ce sont ceux que je retiens aussi, non pas comme un espoir mais plutôt comme une solution.

* * *

J’ai à la fois conscience que le temps passe et que j’en perds la notion. Je ne sais pas si ça fait trois ou quatre jours que je suis ici. Dans cette chambre vide que je commence à connaître par cœur. Parmi ces personnes que je ne connais pas mais dont j’arrive à reconnaître les visages, à associer des noms pour certains. Finalement, le seul rythme que j’ai vient des visites de James. Je ne saurais dire si elles sont régulières ou non. Mais elles sont nombreuses. Et je les redoute un peu plus à chaque fois.

James est resté dans son rôle les premiers jours, mais il s’impatiente. Il a voulu donner un ultimatum à mon frère, mais avec un délai de quelques jours. Et ça le brûle autant que ça doit brûler Oliver, autant que ça me démange moi, d’attendre. « Encore deux jours. » Il me prévient d’un ton mauvais, me collant une part de pizza sous le nez. Je tourne la tête, refusant déjà la nourriture. Mais ça aussi, c’est devenu une scène répétée et habituelle maintenant. Je refuse, je préfère encore être morte que lui apporter une quelconque satisfaction. Mais il a vite compris mon manège et il a perdu patience, lui aussi. Déjà son bras se lève, menaçant, et je me recroqueville sur moi-même pour amortir l’éventuel coup qui est promis. C’est son jeu, ça, à James. Menacer de me frapper, pour que la douleur soit autant psychologique que physique. Et les premières fois, je m’étais juré de ne pas me laisser avoir. Mais à ce stade, ce n’est même plus une question d’instinct de survie. Je ne ressens plus rien, même ma peur paraît vide. Je réagis sans réfléchir, sans pouvoir y faire quoi que ce soit.

Je suis automatiquement craintive, et ça le fait sourire.

J'attrape l’assiette qu’il me tend, évitant soigneusement son regard. Il reste le temps de vérifier que je me nourrisse correctement. Ce qui n’a pas changé, c’est qu’il fait toujours la conversation lui-même. Il n’est vraiment pas intelligent, James. Jusqu’à présent, il m’a fait part de chacun des détails de son plan établi au fur et à mesure, et de ses avancées. Oliver est au courant de ma situation et a accepté son rendez-vous, avec interdiction d’appeler les forces de l’ordre à l’aide auquel cas je risque de ne pas survivre.

Comme si ça m’importait vraiment, à ce point.

Dans deux jours, je suis libre. Dans deux jours, James tuera mon frère. « Mais j’ai réfléchi, finalement. J’pense que je vais quand même te tuer. Juste devant ses yeux. Et après je le tue lui. Ou pas, non ça j’suis pas sûr encore. T’en penses quoi ? » Je pense que je suis trop fatiguée pour ressentir quoi que ce soit. Alors moi aussi, j’enfile mon costume et je joue mon rôle. Celui de la captive arrogante, celle qu’on ne peut pas briser si facilement. Alors qu’elle est déjà en plusieurs morceaux et qu’ils continuent à se séparer. « Je pense que tu es mal barré, parce que je vais te tuer en premier. » Mon ton est menaçant et ça semble le surprendre, m’apportant un semblant de satisfaction. Je lance maladroitement l’assiette dans sa direction. Il l’évite sans grand mal, mais moi je ne peux pas en faire autant face à ses coups.

À quoi est-ce que je suis censée me raccrocher ? Où est l’espoir, dans tout ça ?

J’espère au moins que Oliver aura la décence de prévenir les flics. Si cette histoire se finit mal pour nous deux, il peut être sûr que je vais m’énerver après lui dans une vie future.

* * *

J’observe distraitement mes cheveux encore colorés dans la lumière filtrée par les volets.

Je comprends. Ce que Oliver a pu ressentir lorsqu’il était en prison. Ce désespoir qui vous prend à la gorge, cette attente qui n’est pas tellement une attente mais une douleur agonisante constante. Quand on n’a rien à faire d’autre que de respirer. Quand on ne sait pas ce qu’il va advenir de nous, et qu’on n’a pas la main dessus. Je comprends maintenant, et je me sens ridicule d’avoir tant voulu qu’il s’accroche pour nous.

J’ai envie de m’accrocher, pour eux. Pour Oliver, pour pouvoir le revoir et me faire un plaisir de lui hurler toute ma colère dessus. Pour Emma, parce que la simple idée de laisser Emma derrière moi me rend malade. Pour mes idiots d’amis, que j’aime et avec qui j’ai envie de vivre et vieillir encore. Je ne peux pas laisser Alban grandir tout seul, il serait perdu sans moi. Il faut que je rencontre la copine de Jude. Et qu’on en trouve une à Ashton. Et je ne peux pas non plus laisser à May la charge des garçons, elle ne survivrait pas. Et puis, ils ne peuvent pas me remplacer non plus. Ils ont besoin d’une emmerdeuse dans mon genre, pour casser la routine et créer des conflits quand tout va trop bien.

Pour Alex.

Je ne me pardonnerais sans doute jamais si je faisais du mal à Alex, malgré moi.

Et c’est en me battant contre ce vide en moi, contre cette force de vivre qui a complètement disparu, que je me rends compte que cette fois-ci je suis seule. Personne ne va venir me secourir. James ne va pas changer d’avis et devenir gentil tout d’un coup.

Je vais devoir me sauver moi-même. Que sauver signifie sortir d’ici en vie, ou bien tout le contraire.

* * *

Je n’ai pas eu à réfléchir longtemps pour trouver un semblant d’idée de plan, pour me sortir de là. Mes quelques observations et le peu de personnes que j’ai pu croiser, finalement, m’ont permis de voir lesquelles je pouvais amadouer, de qui je pouvais me servir pour sortir d’ici. C’est l’odeur de nicotine à laquelle je me suis habituée avec Alex qui m’a mis la puce à l’oreille. Un fumeur. Quelques cris plus tard, demandes ridicules de ma part, j’ai repéré lequel. Et dans quelle poche il range son briquet.

Mes niveaux de stress, de peur, d’angoisse et autre n’ont jamais été aussi élevé. Mes mains tremblent, mon cœur bat trop vite, je sens les larmes menacer de couler à tout moment sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Ce moment où il faut mettre le plan à exécution, où tout s’emballe.

J’arrive même à comprendre ce qu’a pu ressentir James lorsqu’il a décidé de m’enlever.

Ce n’est pas bien difficile, ensuite, de passer pour une crise de démence. Et j’arrive à entourlouper les gardes désignés cette nuit pour me surveiller. Leur attention est moindre, ils sont fatigués d’avoir veillé de si nombreuses heures et de mes interruptions. La porte se referme, le bout de plastique noir est fermement tenu dans mon poing serré, mes côtes me lancent douloureusement. J’ai à peine la satisfaction de me rendre compte qu’ils ne m’ont pas rattaché, cette fois, car la douleur est trop vive et qu’il me faut du temps pour m’en remettre. Je me concentre sur ma respiration, immobile.

Je peux le faire.

Ce n’est même plus une question de pouvoir, maintenant. C’est une question de devoir. Je dois le faire. Pour retrouver mes proches. Pour que James ne gagne pas. Parce que je ne serais pas Sophie Grimm si ma vie devait se terminer aussi pathétiquement.

Je suis une battante, merde.

Je grimace encore lorsque je me redresse, enfin. Et puis tout se fait par automatisme, je suis au-dessus. Je me vois agir plus que je n’agis vraiment, comme au début. La flamme du briquet rencontre le tissu des rideaux, trop doucement. Je m’entends chuchoter une prière, folle, pour que ça fonctionne. Ça fonctionne. Je passe aux draps, il commence à faire chaud. J’attrape la chaise sur laquelle James s’assoit d’habitude, et j’attends. J’ai chaud. Et puis ça commence, ils arrivent. Je me vois les frapper, courir, fermer les portes derrière moi.

Je ne ressens plus rien. Plus de douleur, de peur.

J’arrive à trouver une sortie, je cours pieds-nus dans la rue. Je n’ai aucune idée de si on me suit ou non. Le jour commence à peine à se lever, il y a des passants. Je ne sais pas combien de rues j’ai remontées exactement, mais mes poumons me brûlent à cause de l’air froid que j’ai inhalé quand je m’arrête enfin. Incapable de dire quoi que ce soit, face à deux policiers devant leur voiture de fonction. Je n’ai besoin de rien dire, sur le moment. Je ne sais pas à quoi je ressemble, mais je sais que j’ai pris des coups. Que ma peau me tire à de nombreux endroits, que je dois avoir des bleus. Il me semble que l’une de mes tempes a saigné, aussi, ou bien était-ce les phalanges de James. On m’embarque. Et je raconte tout une fois au commissariat. Qui je suis, d’où je viens, ce qu’il s’est passé. Le poste se vide un peu des uniformes, les pompiers ont également reçu l’appel.

Ma disparition avait bien été signalée, l’ensemble de l’histoire a été raconté et cela faisait quelques jours qu’on était à ma recherche.

« Quel jour nous sommes ? » Je m’entends demander d’une voix faible. Nous sommes le 5 janvier. J’ai été retenu prisonnière cinq jours. C’est relativement peu, cinq jours, sur l’échelle d’une vie. C’est rien comparé au temps que Stella a passé chez Maxime, au temps qu’Oliver était derrière les barreaux. Mais c’était déjà trop, une éternité.

Ma déposition recueillie, on m’offre une tenue pour me changer et des mots rassurants. Tout va bien se passer, je suis en sécurité maintenant. James, son trafic de drogue et toute cette histoire va pouvoir se terminer. Grâce à mon témoignage, notamment, et à ma bonne idée de mettre le feu à sa planque. On m’accompagne jusqu’à l’hôpital, en me disant qu’on allait prévenir mes proches de m’y retrouver.

Comme prévu, des hématomes. Deux côtes de fêlées, et une espèce de scotch épais qui me compresse la cage thoracique pour les tenir en place. Un petit sparadrap près de mon sourcil. Mes poignets ornés de deux marques rouges, vives, comme des nouveaux bracelets. Ce sont là les séquelles physiques qui me resteront, pas indéfiniment. « Vous aurez plus de mal à vous en remettre, mentalement… On va vous laisser des noms de docteurs. N’hésitez pas à demander de l’aide, à qui que ce soit. Ne restez pas seule. » J’acquiesce vaguement aux mots prononcés doucement par le médecin qui récupère les divers emballages des pansements utilisés. Il me proscrit de me reposer, pour le moment.

On va venir me chercher.

James est tombé, mais moi aussi.

Et ce n’est que lorsque le médecin ferme la porte derrière lui que je me mets à pleurer. Prenant enfin conscience de ce qu’il vient de se passer. De ces dernières heures, de ces derniers jours. De la manière dont ça a dégénéré si rapidement. De pourquoi moi. De comment j’ai fait, pour tenir si longtemps. Pour m’échapper, concrètement. Quelle force m’a pris ? Parce que, présentement, je n’ai qu’une seule envie. Disparaître. De cette chambre d’hôpital vide, de cette ville qui ne me semble plus si belle et accueillante, de cette vie merdique qui n’a de cesse de me torturer de toutes les manières possibles.

Ce cauchemar est fini, c’est un autre qui commence.
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