Sujet: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Jeu 7 Juin - 23:14
Motus & bouche cousue
Oli & Stella
Postée à la fenêtre de ma chambre, je vois les minutes qui défilent. Le temps passe bizarrement depuis que je suis de retour. Parfois, il s'écoule le plus lentement du monde et d'autres fois, deux heures peuvent me sembler deux minutes. C'est le cas aujourd'hui. Je suis restée une bonne partie de la journée assise sur mon lit, à ne pas savoir quoi faire. À attendre je ne sais trop quoi. Ma mère est venue me voir plusieurs fois, me demandant si j'avais besoin de quelque chose. Oui, que tu arrêtes de me poser cette question, ai-je été tentée de répondre. Mais je m'en suis abstenue, lui faisant signe que non, je n'avais besoin de rien. En fin de matinée, elle est venue me prévenir qu'elle sortait faire des courses. Évidemment, elle m'a proposé de l'accompagner. J'ai refusé, j'avais un mauvais pressentiment. Comme souvent d'ailleurs. Je suis donc restée à la maison, exactement dans la même position que depuis que j'ai ouvert les yeux ce matin, après seulement deux heures de sommeil.
Vers treize heures, je me décide enfin à sortir de mon lit pour prendre une douche et m'habiller. Lorsque j'ai terminé, je descends au rez-de-chaussée pour me servir un verre d'eau. Mais quand j'entre dans la cuisine, j'entends sonner à la porte. Mon cœur fait un bond. Et si Maxime m'avait retrouvé ? Je déglutis péniblement et résiste à l'envie de remonter me cacher à l'étage. Je dois absolument rester calme et arrêter ma parano. C'est impossible qu'il soit ici. Je m'avance lentement vers la porte et regarde dans le judas sans faire de bruit. Et je ne crois pas ce que je vois ! Oli. J'ouvre la porte, légèrement stressée par un nouvel échange humain. «Oli.. euh.. contente de te revoir !» C'est ce qu'il convient de dire, non ? Je me penche un peu vers l'extérieur, juste la tête, pour m'assurer qu'il est bien seul. Une fois que je suis rassurée, je me détends un peu. «Allez, ne reste pas dehors. Entre..»lui dis-je.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Mer 27 Juin - 17:59
Motus & bouche cousue
ft. Stella & Oliver
Je ne sais plus explicitement comment je l'ai su, ni par qui. Sans doute des discussions entre passants ou une situation de ce style. Ce type de nouvelles, faisant trembler tout un peuple, vont vites, même et surtout dans une grande ville telle que San Francisco. Tout ce dont je me souviens, c'est que lorsque l'information est parvenu jusqu'à moi, que j'ai découvert son retour, mon cœur n'a fait qu'un bond dans ma poitrine. J'ai arrêté ce que je faisais et j'ai tendu l'oreille. J'ignorais si j'avais bien compris ou si mon cerveau s'amusait à me jouer des tours pour me punir de je-ne-sais-trop-quoi. Mais tout s'est avéré être bien réel. Stella était rentrée chez elle. Et ça m'a fait un choc. Pourquoi diable ne m'avait-elle pas appelé ? Je me suis alors surpris à trembler et j'ai fui la civilisation, courant comme jamais pour regagner mon appartement. Je pensais avoir fait mon deuil de cette amie à jamais disparu, mais il fallait croire que non, je n'avais rien fait du tout à part me mentir à moi-même. Mais ça devient une habitude avec moi, est-ce seulement encore surprenant ? J'ai passé des journées entières à ruminer les faits. Chose pas très utile, je l'avoue, mais il me fallait une excuse pour gagner du temps avant de savoir quoi faire. Elle était là. Chez elle. A quelques minutes à peine de moi. Je n'ai reçu aucun SMS de sa part pour m'avertir de son retour, pas même un mail ou un pigeon voyageur. Sans doute n'en avait-elle pas le droit. Mais moi, qu'est-ce qui m'empêchait de reprendre contact avec elle, de lui envoyer un petit mot ou même d'aller la voir ? Je l'ignorais. La trouille, sûrement. Qu'elle ne veule pas me voir, qu'elle m'ait oublié, ou n'importe quelle autre histoire farfelue.
Mais aujourd'hui, je me suis décidée à prendre mon courage à deux mains et me voici devant son portail, droit comme un i, incapable de le franchir. On en a passé du temps ensemble dans cette immense maison. De temps en temps elle me servait de repaire après le lycée, quand je n'avais pas envie de rentrer immédiatement chez moi et retrouver mon oncle et ma tante. Et puis, être ici m'empêchait de faire toutes sortes de conneries et ça, je crois que Stella le savait. C'est sûrement pour ça, d'ailleurs, qu'elle me proposait aussi souvent que possible de rentrer avec elle. Le plus souvent, on s'asseyait dans son jardin et elle tentait, en vain, de me faire bosser mes cours ou pire encore, de m'obliger à faire mes devoirs. Je crois que ça a marché une ou deux fois, mais dans l'unique but qu'elle me fiche la paix. Je secoue la tête pour faire filer ses souvenirs et parcourt enfin les quelques mètres qui me séparent de la porte. Sans aucune hésitation, je sonne. Quelques minutes plus tard, l'entrée s'ouvre et le visage familier de mon amie apparaît dans l'encadrement, me faisant pousser un soupir rassuré. Elle est là, devant moi. Vivante. En chair et en os. « Oli.. euh.. contente de te revoir ! » J'ai l'impression que ça sonne faux, mais je ne vais pas lui en tenir rigueur. Après tout, j'ignore encore ce qui s'est passé et quelle est la cause de son absence. Je reste muet, me contentant d'approuver d'un hochement de tête et de la regarder de son visage jusqu'aux pieds. Je ne me focalise pas sur son comportement étrange, même si je le note dans un coin de ma tête. Elle m'invite à entrer et je ne me fais pas prier. Elle referme la porte derrière moi et je me tourne de nouveau pour lui faire face. J'ai envie de la prendre dans mes bras, mais je me retiens. Je ne suis pas certain que ma réaction serait approprié et puis, je ne fais pas dans les déclaration habituellement. « Putain, Stella, je me suis fait un sang d'encre ! » Je croise mes bras sur le torse avant de les décroiser de nouveau. « Je suis content que tu sois rentré… Je pensais que… enfin, tu vois ? » Je me racle légèrement la gorge, embarrassé. Finalement, j'aurais peut-être dû envoyer un message.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Sam 7 Juil - 1:57
Motus & bouche cousue
Oli & Stella
La vérité, c'est que je ne sais pas comment réagir. Oli se tient devant moi et je suis incapable de réagir comme je suis censée le faire. Je devrais le prendre dans mes bras, lui demander comment il a su que j'étais de retour, mais à la place, je joue à l'autruche. Je n'ai pas d'autres choix, parce que je sais qu'avec Oli, ça ne sera pas facile de lui faire avaler n'importe quoi. Il a toujours eu beaucoup trop d’instinct, surtout me concernant et je doute sérieusement pouvoir lui cacher la vérité. Et pourtant, il le faut. C'est sans doute pour cela que je fais comme si je revenais d'un club de vacances, prenant l'air le plus détaché possible. Il faut que je joue ce rôle, parce que sinon, ma couverture va sauter, j'en suis certaine. D'ailleurs, il ne tarde pas à se montrer curieux. Et merde, ça commence déjà. Je me doutais bien qu'il allait poser des questions, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il le fasse si rapidement. Et comme sa visite est une surprise, je n'ai pas eu le temps de me préparer ou de répéter mon texte. « Putain, Stella, je me suis fait un sang d'encre ! » Encore ce prénom qui est censé être le mien mais que je ne reconnais plus, Stella. Si seulement je pouvais demander à tout le monde d'arrêter de m'appeler comme ça. « Je suis content que tu sois rentré… Je pensais que… enfin, tu vois ? » Il se racle la gorge et je le regarde amèrement. «Tu croyais quoi, Oli ? Que j'étais morte ?» Ouais, moi aussi je le pensais. D'ailleurs, ça aurait peut-être mieux valu parce que là, je suis dans un merdier incroyable et mentir à tout le monde est si épuisant. Je ne suis pas rentré depuis longtemps, et pourtant, je suis déjà fatigué de tout ça. «Pourtant j'étais bien là.» Sous vos yeux, ai-je envie de dire. Je me demande souvent si les gens m'ont cherché, et si quelqu'un dans cette putain de ville s'est acharné pour me retrouver. Mais je connais déjà la réponse, puisque pour retrouver ma liberté, j'ai dû m'enfuir. Personne n'est venu m'aider. Je sais que c'est injuste de ma part de penser ça, car personne ne pouvait savoir que j'étais vivante et encore moins que je me trouvais toujours en ville, sous la coupe d'un psychopathe. «Bref, ne remuons pas le passé» Pour essayer de distraire Oli et de chasser mes pensées, je me dirige vers la cuisine et lui fais signe de me suivre. Ma jambe me fait encore mal, mais je fais de mon mieux pour ne plus boiter. Il n'y a que quand je suis seule que je me laisse aller à cette faiblesse et que je soulage ma jambe endolorie par l'effort. «Assieds-toi, stp. Tu veux boire quelque chose? Ou je peux te faire des crêpes si tu veux. Sauf si tu n'aimes pas. Dans ce cas, dis-moi ce que tu souhaites et je verrai si je peux te préparer ça.» Mes mauvaises habitudes me reprennent instinctivement, mais je n'y peux rien, c'est incontrôlable. Je dois être une hôte parfaite, me plier aux exigences qu'on m'expose. Comme Maxime me l'a appris. «Au pire des cas, si je n'ai pas ce qu'il faut, je peux même sortir acheter des trucs.» J'ouvre le frigo pour sortir une bouteille d'eau et me serre un verre avant de savoir ce qu'Oli désire.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Mer 11 Juil - 18:33
Motus & bouche cousue
ft. Stella & Oliver
« Tu croyais quoi, Oli ? Que j'étais morte ? » Au moins, ça a le mérite d'être clair et pour le moins direct. Moi qui n'osais pas prononcer ce mot, Stella, elle n'a pas hésité une seule seconde à le faire. Et je crois que la facilité avec laquelle elle le dit me fait peur. Je me sens mal à l'aise, presque pas à ma place et je croise les bras sur mon torse. « Quelque chose dans ce goût là, ouais… » dis-je en marmonnant entre mes dents, pas certain d'apprécier la tournure que prend cette discussion. J'aurais sans doute mieux faire de me taire. « Pourtant j'étais bien là. » Je la regarde en fronçant les sourcils. Qu'est-ce qu'elle me fait là ? Non, parce que sa remarque sonne vachement sur le ton du reproche. J'aimerais lui dire que j'ai jamais cru une seule seconde à sa lettre de suicide, que je l'ai cherché dans tous les recoins de la ville où on avait l'habitude d'aller, parce que je pensais qu'elle avait fugué et que j'ai passé des mois à demander des nouvelles à sa sœur, mais je ne dis rien. Parce que sinon, je devrais aussi lui dire que j'avais arrêté d'espérer et surtout que j'ai tenté de tout oublier. Encore. « Bref, ne remuons pas le passé. » Bonne idée, j'ai peur de ne pas m'en sortir vivant si on continu sur ce chemin boueux et tortueux. J'acquiesce donc en silence et la suis jusque dans la cuisine. Ça me fait bizarre de remettre les pieds ici après tout ce temps. Pourtant, rien n'a changé, tout est comme avant. Ou presque. Le comportement de Stella m'inquiète de plus en plus. Sa politesse exagérée me laisse sans voix. « Quoi ? » Je la regarde, éberlué. Je veux bien qu'un hôte se doit de proposer de quoi boire ou de quoi grignoter à son visiteur, mais quand même ! Puis je ne suis pas le Président des États-Unis ou la Reine d'Angleterre, pas besoin de faire autant de manière avec moi et elle le sait. « Euh… » Je n'ai même pas le temps de répondre à sa première vague de questions, qu'elle enchaîne. « Au pire des cas, si je n'ai pas ce qu'il faut, je peux même sortir acheter des trucs. » Mes yeux doivent être aussi ronds que des soucoupes. « Wow. Du calme. Tu ne vas pas sortir pour aller m'acheter quoi que ce soit… » Putain. C'est quoi ce binz, sérieux ? « Écoute. » je commence sur le ton de la plaisanterie. « Je pense que n'importe quel mec un peu macho sur les bords serait ravi d'avoir une femme qui se plie en quatre pour assouvir ses moindres désirs, mais ce n'est sincèrement pas mon cas. » Et puis merde, c'est mon amie, pas mon esclave. « Tu me connais et tu le sais. Alors ne te fatigue pas et avec ça. Un verre d'eau c'est très bien. » Je lui aurais bien demandé une bière, voire même deux, parce que j'ai l'impression que ces retrouvailles risquent d'être longues, mais comme j'ignore si elle en a et que j'aimerais éviter une nouvelle crise du genre "je cours tout de suite t'en acheter à la supérette du coin" autant demander une valeur plus que sûre.
Pendant un court instant, j'hésite à faire comme si rien de tout ça ne s'était produit. Mais sa façon d'agir avec moi est tellement étrange que je ne peux pas rester là sans rien dire. Je m'assois donc à la table, mon verre d'eau devant moi et passe une main dans mes cheveux. « Stella… Je… » J'ai peur de la braquée en parlant de ça et ce n'est vraiment pas le but, seulement, je me sentirais coupable de ne pas essayer de comprendre. « Je ne sais pas ce qui s'est passé pendant ces plus d'un an, ok ? Et en toute honnêteté, je ne veux pas le savoir tant que tu n'auras pas décidé d'en parler, mais ça…, je veux dire ta réaction, c'était fichtrement bizarre et ça ne te ressemble pas du tout. » Je bois une gorgée avant de pousser un long et profond soupir. « Quoi qu'il ait pu se passer là où tu étais, c'est fini. » J'aimerais lui dire qu'elle est en sécurité maintenant, mais qui suis-je pour lui dire ça ? Personne. Alors je me tais et me contente de l'observer. Je ne suis pas né de la dernière pluie. A moins qu'elle se soit retrouver enrôlée dans une secte, il n'y a pas trente-six autres solutions. Et cette deuxième option, elle ne me plaît pas du tout.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Jeu 2 Aoû - 20:38
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Oli & Stella
Oli avoue à demi-mot que oui, il pensait que je n'étais plus de ce monde. Il n'avait pas besoin de confirmer, je le savais déjà. Tout le monde me pensait morte et enterrée, sinon je suppose qu'on m'aurait retrouvé bien avant. Ou pas. Je me sens presque obligée de préciser que j'étais pourtant bien là, et je regrette immédiatement mon ton froid et accusateur. Depuis mon retour, j'en veux au monde entier. Je sais que ce n'est ni juste, ni raisonnable, et tout au fond de moi, j'ai l'impression que tout le monde m'a abandonné. Mais ce qui m'est arrivé n'est pas juste non plus. Alors je gère tout ça comme je le sens, même si je gère mal. Mon ami fronce les sourcils et en constatant qu'il ne me répond pas, je décide de changer de sujet. Débuter une séance de reproche ne servirait à rien. En plus, je me suis montrée plutôt indélicate avec mon sous-entendu, et je ne suis pas comme ça habituellement. Surtout avec les invités. Nous entrons dans la cuisine et pour me racheter, je propose immédiatement un rafraîchissement à Oli. À vrai dire, je commence même un petit discours vraiment chelou, et je suis tellement dans mon rôle d'hôte parfaite que je n'entends pas ses interrogations et que je ne remarque pas une seule fois la drôle de tête qu'il fait. Je propose même de sortir lui acheter ce qu'il lui ferait plaisir, mais avant que je puisse insister, il m'arrête net. Je reste immobile, surprise par ses dires et le fixe, comme s'il me parlait chinois. Pourquoi ne pourrais-je pas sortir lui chercher un truc ? Où est le mal ? A-t-il perdu l'esprit ? Il a l'air abasourdi quand il me demande de me calmer, mais ensuite, il sort une petite blague sur les hommes machos. Et moi, je suis perdue. Depuis quand un homme n'apprécie pas qu'on le chouchoute ? Je ne comprends plus rien. Perdue dans mes réflexions, je me rends alors compte qu'il a plus ou moins raison. Je dois me dire une bonne fois pour toutes que tout ce que j'ai connu avec Maxime N'EST PAS NORMAL et que ce n'est pas comme ça que ça doit se passer. Mais j'ai encore du mal à effacer ces mauvaises habitudes, alors je préfère ne pas relever mon comportement étrange. «Un verre d'eau, ok, ok. Pas la peine d'en faire toute une histoire, je voulais simplement que tu te sentes bien.» Que puis-je dire de plus ? Rien. Si je continue sur cette voie, la moitié de la planète pourra deviner qu'un truc cloche. Et ce n'est pas mon intention, je vais donc devoir faire plus attention à l'avenir.
Je dépose donc le verre d'eau sur la table, et quelques instants après ça, Oli s'installe et prend un air sérieux. « Stella… Je… » Ok, ça sent mauvais. Je ne sais pas de quoi il veut me parler, mais je sens tout de suite que ça ne va pas me plaire. Je me crispe, attendant la suite. Et justement, la suite de ses propos me laisse sans voix. Dans sa phrase, la seule chose que j'ai retenue, c'est qu'il ne veut rien savoir tant que je ne suis pas prête à en parler. Je suis tentée de rire et de rétorquer que je ne serais jamais prête, mais je crois que ça ferait encore plus bizarre et que ça ne pourrait que le mettre sur la bonne piste. Alors, je m'abstiens et Oli pousse un soupir. « Quoi qu'il ait pu se passer là où tu étais, c'est fini. » Je relève les yeux vers lui, impressionnée qu'il sache si bien lire en moi. Je ne sais pas comment il a deviné que c'est cette phrase en particulier qui me ferait du bien, mais il l'a fait. Depuis que je me suis enfuie, je n'arrive tout simplement pas à croire que tout ça soit vraiment terminé. Je me disais que peut-être, je rêvais ou que j'avais imaginé mon retour pour m'aider à faire face à mon quotidien. Mais quand Oli le dit à voix haute, ça semble réel. Tellement réel. Je prends enfin conscience que oui, je suis rentrée chez moi. C'est vraiment fini. Mes épaules se détendent instinctivement, et je dois contenir mes larmes. L'une d'elles arrive cependant à s'échapper de mes yeux et d'un mouvement de main, je l'essuie. «Ouais, je crois que tu as raison.» Je le regarde et pendant une minute, c'est la guerre en moi. J'ai presque envie de lui raconter ce qui s'est passé. Je sais que je peux lui faire confiance, c'est un vrai ami. Mais me montrer si faible devant quelqu'un me gêne toujours, et encore plus s'il s'agit d'Oli. Lui qui est si fort, je me sens minable à côté. Je me relève, et avant de changer d'avis et de tout lui balancer, je vais vers l'évier afin de me passer un peu d'eau sur le front. Je dois absolument retrouver mon calme. Toujours dos à lui et n'osant pas me retourner pour lui faire face, je m'exprime enfin. «Laisse tomber, ok ? A la place, dis-moi comment vont tes sœurs?» Ses sœurs, seul sujet qui pourrait peut-être détourner son attention de ma pitoyable vie secrète.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Mar 21 Aoû - 23:54
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Que je me sente bien ? Pourquoi ne me sentirais-je pas bien ici ? Cette maison est presque devenue mon deuxième chez moi pendant mes années lycée, celui où je me sentais le plus en sécurité et surtout où je n'avais pas besoin de faire semblant d'être moi. Stella m'acceptait avec mes problèmes et ma misérable vie, elle ne posait jamais de questions, elle se contentait d'écouter et de prendre les informations que j'avais bien envie de lui donner. Chez les Linskey, tout me semblait bien plus simple, bien plus beau. Pendant un court instant, j'hésite à lui rappeler tout ça, mais je décide de m'abstenir. Je ne sais pas encore comment me comporter avec elle, j'ai peur que remuer le passé, bien qu'il me semble heureux de mon côté, ne soit que trop douloureux pour elle. « Ne t'inquiète pas, ok ? » En revanche, moi, je m'inquiète. Depuis qu'elle se tient devant moi, je ne peux m'empêcher de penser que l'amie que je connaissais n'est plus totalement là, qu'il manque une partie d'elle et que cette fameuse partie se trouve là où elle était. Où que ce soit, ce lieu l'a changé et pas de la meilleure des façons. Si tout le monde se voile la face, trop heureux de son retour pour se rendre compte de quoi que ce soit, je peux voir dans ses yeux une lueur de peur, de crainte, qui n'existait pas avant. Et je ne peux pas laisser passer ça. Alors je tente de la rassurer comme je peux, tout en choisissant mes mots avec attention. Je ne veux pas qu'elle se braque et encore moins qu'elle me jette à la porte. « Ouais, je crois que tu as raison. » Je la vois essuyer furtivement une larme et je détourne très légèrement le regard pour lui laisser l'intimité dont elle a sans doute besoin. Pleurer devant moi doit bien être l'une des dernières choses dont elle a envie et je lui dois bien ça. Je ne veux pas me montrer intrusif et après quelques secondes, quand je suis certain qu'elle ne sangloette pas à chaude larme, je reporte mon attention sur elle. Mon regard croise le sien et je n'ai pas besoin de poser la moindre question pour savoir qu'elle livre une bataille contre elle-même en ce moment. Je l'interroge du regard, l'encourageant subtilement à me parler, mais évidemment, elle n'en fera rien. Elle n'est pas prête. J'aurais au moins essayé. « Laisse tomber, ok ? » Je laisse tomber pour cette fois, mais un jour, je saurais. Je souris, histoire de détendre l’atmosphère et lève les mains en l'air en haussant les épaules. « Mais je ne tiens rien, voyons. » Ok, d'accord. C'est une blague de niveau gamin de cinq ans et demi, mais j'avais juste envie d'une ambiance un peu plus légère. « A la place, dis-moi comment vont tes sœurs ? » Si seulement elle savait que je vois clair dans son jeu. « Elles vont bien. » Je bois une gorgée d'eau avant de reprendre. « Enfin je crois. » On n'est pas du genre expressif dans la famille. Sauf quand on se dispute avec Sophie, là, c'est une autre paire de manches. « Rien n'a vraiment changé. Sauf Sophie qui devient de plus en plus emmerdante. Elle fait plutôt peur quand elle s'énerve d'ailleurs, ce n'est pas très joli-joli à voir. » Mais Stella ne semble même pas m'écouter et je fronce les sourcils. Si ce n'était pas elle, je pourrais presque être vexé. « Stella ? » Elle a l'air totalement absente, perdue et sans doute à des milliers de kilomètres de la Terre. « Je ne savais pas que j'étais aussi ennuyant… » J'emploie le ton de l'humour, j'espère la voir revenir parmi-nous, mais rien, aucune réaction. Son comportement commence vraiment à me faire peur.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Ven 24 Aoû - 3:09
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Oli & Stella
Je vois bien qu'Oli ne compte pas en rester là, même s'il respecte mon silence. Je vais devoir trouver quoi lui dire pour plus tard, lorsqu'il reviendra à la charge. Je dois absolument trouver une excuse crédible et surtout, m'entraîner à mentir. Il a toujours su démêler le vrai du faux avec moi, j'espère juste que depuis tout ce temps, ça aura changé. «Ne t'inquiète pas, ok?» Je suis incapable de répondre à Oli, car je ne suis pas encore prête pour les mensonges. M’inquiéter, c'est ce que je fais de mieux depuis quelque temps. Mon ami essaie de détendre l'atmosphère, et ça fonctionne plutôt bien. «Tu n'as pas perdu ton sens de l'humour je vois» Je pouffe. Bon, ce n'est pas la grande crise de rires, mais c'est un début et je ne peux pas faire plus de toute façon. Je change de sujet en mentionnant les sœurs de mon ami. Je me demande ce qu'elles sont devenues. Avec un frère protecteur comme Oli, j'imagine qu'elles ont dû marcher droit.. «Elles vont bien. Enfin je crois.» Est-ce de l'inquiétude que je perçois dans sa voix ? Aucune idée, à vrai dire. Mais le connaissant, je dirais que oui. «Rien n'a vraiment changé. Sauf Sophie qui devient de plus en plus emmerdante. Elle fait plutôt peur quand elle...» Soudain, j'aperçois du mouvement à la fenêtre, celle derrière Oli. Je n'entends plus rien, ma vision se brouille. Ce que je craignais le plus est arrivé. Maxime m'a retrouvé, il est là. Je croise son regard mauvais à travers la vitre et je crois mourir à nouveau. Tout ce que j'ai traversé me revient en mémoire, le moindre détail me gifle. Je cligne une fois des yeux, et lorsqu'ils se rouvrent, Maxime n'est plus là. J'entends de très loin Oli prononcer mon nom, mais j'ai l'impression qu'il s'adresse à une autre personne. Je ne suis plus Stella, je suis redevenue la fille pathétique et faible enfermée dans une chambre pourrie. J'essaie de parler, mais à la place, je sens mes jambes trembler. Un bruit tonitruant me fait alors sursauter et je comprends que quelqu'un frappe à la porte. Ça ne peut être que lui. Cette fois c'est sûr, je vais m'évanouir. Il m'a vu par la fenêtre, il sait que je suis là. Je vais passer un mauvais quart d'heure, il va à nouveau m'emmener loin d'ici et tout ce cauchemar va recommencer. «Non, non, non, ce n'est pas possible...» Je dois au moins essayer quelque chose pour que ça ne se reproduise pas. Affolée, je cherche des yeux tout endroit qui pourrait m'offrir un rempart contre le monstre qui se trouve dehors. Je pourrais grimper à l'étage, mais ça impliquerait de passer devant la porte d'entrée, et je n'en ai pas le courage. Je ne veux pas me trouver si proche de lui. Alors avant de perdre toutes mes forces, je me précipite vers le plan de travail où se trouvent les couteaux de cuisine. J'en attrape un, même si je doute avoir assez de cran pour m'en servir. À toute vitesse, je me dirige ensuite vers la porte du garde-manger pour me cacher. C'est ridicule, n'importe qui pourrait me trouver en moins de vingt secondes, mais je n'ai pas trouvé mieux. Pendant que je cours vers ma cachette, j'oublie totalement la présence de mon ami. Je suis à dix mille lieues d'ici et je me parle à moi-même, sans vraiment comprendre ce que je dis, comme une cinglée en pleine psychose.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Ven 24 Aoû - 18:51
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Je quitte ma chaise et me tourne vivement en direction de la fenêtre, mais je ne vois rien. Dehors, tout semble normal, ce qui n’est visiblement pas le cas de mon amie qui est en train de péter les plombs. Je fronce les sourcils et m’approche de quelques pas de la fenêtre, comme pour être certain qu’il n’y a rien dehors ou m’assurer que non, elle n’est pas folle. Seulement, je ne vois rien et ce n’est pas pour me rassurer. Peut-être qu’elle a simplement vu une ombre ? Une étrange ombre, certes, mais une ombre. « Stella, qu’est-ce que tu as vu ? » Mais ma question reste sans réponses. Je l’entends s’activer dans mon dos et je me tourne de nouveau dans sa direction au moment où on frappe à la porte. Ce bruit sourd me fait légèrement sursauter et je souffle d’agacement. Voilà que je deviens parano moi aussi. Seulement, c’est le début de la fin. Je vois le visage de mon amie se décomposer et ses muscles se crispent sous la peur. « Non, non, non, ce n'est pas possible… » Mais de quoi parle-t-elle bon sang ? J’ouvre la bouche pour lui redemander ce qui peut bien la mettre dans un état pareil, mais elle se jette sur le plan de travail pour prendre un couteau de cuisine et j’en reste complètement muet avant de comprendre que cette situation devient bien trop bizarre pour que je reste planté là comme un abruti. « Wow !» Je recule d’un pas, au cas où se soit après moi qu’elle en ait, mais non, elle se rue dans ce qui sembl e être le garde-manger et se cache dedans. Je n’existe plus. Stella est dans son monde et je ne suis bien le bienvenue. Je m’approche de la porte, je l’entends parler, mais je ne comprends rien. « Stella… C’est moi, Oli. Est-ce que… » Je laisse ma phrase en suspens, avant de passer une main dans mes cheveux. On frise le délire là. « Écoute, reste là, d’accord ? Je vais voir qui c’est. » Je n’attends pas qu’elle me réponde, elle est bien trop effrayée pour prendre le risque de sortir de sa cachette. J’attrape à mon tour, et par sécurité, un couteau de cuisine. Je refuse de croire à une hallucination de sa part et il y a forcément une raison à ça. Et peut-être que sa raison et suffisamment valable pour que je sois armé.
Je quitte la cuisine d’un pas lent tandis que l’inconnu derrière la porte continue de s’acharner sur la porte. Je jure ici et maintenant qu’il va se prendre mon poing dans la figure s’il n’a aucune raison valable. Couteau en main, caché derrière mon dos, j’ouvre la porte et pousse un soupir de soulagement en découvrant un livreur. Il tient un énorme colis dans sa main et me montrer un papier que je dois signer, l’air nonchalant. Discrètement, je coince le couteau dans la ceinture de mon pantalon et signe ce foutu papier. Il me refourgue le colis et je lâche un petit hoquet de surprise. « La délicatesse, ça ne vous connaît pas. » Il me dévisage de haut en bas et je fais de même. C’est bizarre, j’ai l’impression de le connaître… « On ne s’est pas déjà vu ? » Il se tourne, ignorant ma question et je l’observe disparaître au coin de la rue, à bord de sa petite camionnette. « Asshole. » Je referme derrière moi et retourne dans la cuisine où, visiblement, Stella n’a pas bougé d’un pouce. Je dépose le carton sur la table, ainsi que le couteau. « Stella, tu peux sortir. Il est parti. Ce n’était que le facteur… » Je lance un petit coup d’œil sur le paquet. « Et c’est pour toi apparemment. »
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Ven 24 Aoû - 22:01
Motus & bouche cousue
Oli & Stella
Quand je me pose sur le sol du garde-manger, je suis incapable de faire ou de dire quoi que ce soit. J'oublie tout autour de moi. Je ne sais plus quelle date nous sommes, je ne sais plus où je me trouve et j'en oublie même l'alphabet. Je ferme les yeux avec force, serrant le couteau tout contre moi. Je ne sais pas si à l'extérieur de ma cachette tout est silencieux ou non, mais en tout cas, je n'entends plus rien. Un éléphant pourrait détruire la maison que je ne m'en rendrais pas compte. «Stella… C’est moi, Oli. Est-ce que…» Le seul mot qui parvient jusqu'à mon cerveau est Oli. Comme un électrochoc, je me rends enfin compte de sa présence dans la maison. Visiblement, j'avais aussi oublié mon ami, ce qui n'est plus le cas maintenant. «Écoute, reste là, d’accord? Je vais voir qui c’est.» Même si j'ai envie de l'en empêcher, je reste pétrifiée sur place et mon corps refuse de bouger. Des larmes me roulent sur les joues et la seule chose dont je suis capable pour retenir Oli est de crier. «Non ! N'y va pas !» Je ne parviens malheureusement qu'à formuler un maigre murmure. Mais je refuse que mon ami se mette en danger. Il faut que je sorte d'ici et que je le prévienne, je ne veux pas qu'il subisse les conséquences de ma lâcheté. Le problème, c'est que le temps que je mette mes idées en place, j'entends déjà la poignée de porte remuer. C'est trop tard . Qui sait ce que Maxime va lui faire et tout est de ma faute. J'entends une voix résonnée un peu sèchement, mais je suis trop loin et n'entends pas de quoi il s'agit. Cependant, je n'entends pas de coup de feu ou de bagarre, alors je ne comprends plus rien. Il me semble entendre la porte d'entrée se refermer et je me recroqueville encore un peu plus sur moi-même. Ma seule et unique pensée est de ne pas faire le moindre bruit. J'arrête même de respirer. Mais alors que je suis sur le point d'éclater en sanglots, la voix d'Oli me parvient. «Stella, tu peux sortir. Il est parti. Ce n’était que le facteur…» Le... facteur ? C'est une blague ? Je n'ai pourtant pas rêvé, Maxime se tenait bien là, derrière la fenêtre. C'est bien son regard sombre et cruel que j'ai croisé. «Et c’est pour toi apparemment.» Je me sens tellement idiote et... merdique . D'une certaine façon, depuis que je me suis enfuie de là-bas , je suis plus faible que jamais. Là-bas, je savais à quoi m'en tenir, j'étais habituée. Mais ici, tout est imprévisible et.. ça me terrifie. Mais si j'en suis au point d'avoir des hallucinations.. c'est que Maxime a réussi. Je suis folle. Pire, je suis une folle brisée. J'essuie mes yeux embués de larmes et me relève légèrement, pas encore tout à fait certaine que je ne risque rien. Maxime aurait très bien pu entrer dans la maison et menacer Oli pour me faire sortir de ma cachette . J'ouvre tout doucement la porte du garde-manger et jette un œil dans la cuisine. Oli est seul . Je me sens tellement soulagée que si je n'arrive pas à me retenir, les larmes vont encore affluer. Je sors enfin, mais n'ose pas regarder mon ami. J'ai si peur de lire de la pitié dans son regard. «Écoute Oli... je suis désolée.» La honte me pèse, je ne sais pas comment je vais expliquer ce qu'il vient de se passer. Je ne sais pas comment je suis censée gérer ça. «Tu dois sans doute avoir un tas de questions, mais s'il te plaît, ne les pose pas..» Pour être plus précise, j'ai failli mourir en faisant à peu près 357941 arrêts cardiaques. D'une voix éraillée, j'ajoute : «C'est trop difficile...»Un paquet est posé sur la table et j'ai beau y réfléchir, je ne vois pas ce que ça pourrait être. Je n'ai rien commandé. Je m'approche du carton et pose ma main dessus, encore gênée. Mais je décide de changer rapidement de sujet. Après tout, c'est une spécialité chez moi. Je regarde le paquet d'un peu plus près et m'étonne. «C'est étrange, il n'y a pas d'expéditeur. Tu as vu ?» J'espère qu'il y aura au moins une carte à l'intérieure du paquet, histoire que je puisse remercier la personne qui me l'a envoyé. «Bon, découvrons ce qui se cache à l'intérieur..» J'empoigne une paire de ciseaux dans le tiroir et lorsque je vois le tranchant, ma gêne revient. Oliver m'a quand même vu attraper un couteau de cuisine pour me défendre face au facteur. On a vu mieux comme retrouvailles . J'arrive enfin à déchirer le carton et lorsque je l'ouvre, j'y trouve tout un tas de papiers à bulle. Je commence à les enlever un par un, mais je suis quand même excitée. Cela fait si longtemps que je n'ai pas reçu de vrais cadeaux. Mais à mesure que j'entrevois le fond du paquet, mes épaules se raidissent et je sens mon ventre se retourner. C'est une fleur. Pas n'importe quelle fleur : une rose. Et cette rose n'est pas banale, non. Elle est fanée. Je comprends immédiatement qui l'a envoyé et pourquoi. Cette personne voulait me faire passer un message, et pour le coup, c'est plutôt réussi puisque je suis obligée de courir vers l'évier. Mon estomac rejette tout son contenu et mes jambes tremblent à nouveau. Je suis dans la merde.
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Ven 24 Aoû - 22:46
Motus & bouche cousue
ft. Stella & Oliver
Je regarde mon amie sortir de sa cachette et mes épaules se détendent enfin. Elle n’a pas fait de conneries avec ce couteau, elle est encore entière. Tout va bien. Enfin, dans la mesure du possible. Je suis presque sûr qu’elle tremble, mais je n’ose pas l’approcher, par peur de l’effrayer. Je lui souris, espérant la rassurer, mais elle évite mon regard et s’excuse. « Ce n’est rien. » Je mens, parce que non, ce n’est pas rien. C’est même tout le contraire. Tout part en vrille depuis que je suis là et je ne sais plus quoi faire ni comment réagir. Je vois bien qu’elle va mal, qu’elle sursaute au moindre craquement et qu’elle se comporte bizarrement avec moi. Comme si elle avait subit un lavage de cerveau ou qu’on avait enlever une partie de son âme pour la remplacer par une autre. Parfois, j’ai l’impression de n’avoir que l’ombre de mon amie devant moi et ça me tétanise. Je l’observe, le regard rempli de questions auxquelles je n’obtiendrais aucune réponse, je le sais. Et elle confirme mes pensées, me suppliant presque de ne rien lui demander. Je croise les bras sur mon torse avant de les décroiser nerveusement. « Très bien. Mais un jour, il faudra que tu cesses de te voiler la face et que tu en parles à quelqu’un… » J’ai conscience que ce ne doit pas être facile pour elle, mais merde, elle vient de me taper une crise à cause d’un facteur ! Alors certes, il avait une tronche de cake, mais pitié ! La dernière fois qu’un truc aussi bizarre s’est produit dans ma vie, je n’étais qu’un adolescent en recherche de frissons et j’étais pote avec Alexander. C’était une autre vie. Bien décidée à changer de sujet, Stella m’interroge sur le paquet. Je m’approche à mon tour et hausse les épaules en découvrant l’absence d’expéditeur. « C’est peut-être pour faire durer le suspens ? » Ou alors, ce livreur était vraiment plus louche que ce que je pensais. Mais sur la fiche d’expédition, on peut trouver le cachet d’un transporteur. Le nom ne me dit rien, mais bon, ce n’est pas comme si on recevais énormément de colis à la maison. Je pourrais faire une recherche sur mon téléphone, mais je m’abstiens. Je n’ai pas envie que Stella se mette à stresser de nouveau et… je dois vraiment arrêter de me faire des films. Ce livreur n’avait rien de charmant, il était même plutôt con, mais il ne ressemblait pas à un tueur en série. « Bon, découvrons ce qui se cache à l'intérieur… » Elle s’empare des ciseaux pour ouvrir le carton et j’en profite pour boire, tout en gardant un œil sur ce qu’elle fait. Stella commence à retirer une tonne de papier bulle et lorsqu’elle soulève le dernier, je ne peux m’empêcher de lâcher un ricanement. « Si tu veux mon avis, tu devrais changer de fleuriste… » Franchement, je ne suis pas le type le plus doué en botanique, mais une rose, ça ne meurt pas en quelques jours de livraison, si ? Alors, elle venait d’où ? Du Sahara ? Je n’ai pas le temps de partager mes pensées avec mon amie que son estomac lui fait comprendre qu’il s’agit de la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je m’approche doucement pour relever ses cheveux et lui frotter lentement le dos. « Je crois que tu as eu ton lot de sensation forte pour aujourd’hui. » J’attrape le rouleau d’essuie tout et lui tend quelques feuilles. « Je pense que tu devrais aller t’allonger. » J’ai peur qu’elle s’imagine que je l’abandonne alors je m’empresse d’ajouter. « Et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu connais mon numéro… Appelles si besoin. »
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Sujet: Re: Motus & bouche cousue | Oli & Stella Ven 24 Aoû - 23:55
Motus & bouche cousue
Oli & Stella
J'ai reçu un nombre incalculable de roses ces derniers mois. Des rouges, des blanches, des jaunes aussi parfois. Mais jamais, ô grand jamais je n'en ai reçu des fanées. Après tous ces moments d'horreur, Maxime est encore capable de me surprendre. Je ne sais pas si je dois en être effrayée ou pas, mais c'est pourtant ce que je suis actuellement. Il ne m'a pas envoyé ça par hasard, je le sais. Son message est plutôt clair : il compte me faire payer ma fuite. Et si je le connais assez bien, je peux affirmer que dans sa tête de taré, JE représente cette fleur fanée. Il espère que je me dessèche et autant que son petit cadeau. Au final, je pensais m'en être sortie, mais ce n'était qu'un rêve irréalisable. Je ne peux pas échapper à Maxime, je l'ai toujours su. Pourtant, j'ai espéré de tout mon cœur me tromper. Oliver quant à lui, tente une plaisanterie qui m'aurait d'ordinaire fait pouffer en levant les yeux au ciel. «Si tu veux mon avis, tu devrais changer de fleuriste…» Dans la seconde qui suit, je suis penchée au-dessus de l'évier et Oli retient mes cheveux. Je suis trop épuisée par mes émotions pour m'offusquer de ce contact physique et honnêtement, je n'en ai rien à faire. Qu'on me touche ou non, ça ne changera rien à ma merveilleuse vie. Il m'arrive souvent d'espérer être capable d'oublier tout ça, un jour. Mais le peut-on vraiment ? Je n'en suis plus aussi sûre. Depuis que je me suis enfuie, je suis passée par plusieurs stades. Et celui que je traverse aujourd'hui est tellement clair dans mon esprit que je me fais peur à moi-même. Je pense avoir trouvé une solution pour effacer mes souvenirs définitivement. Mais ça impliquerait d'effacer tout. Et si au début, cette solution ne me convenait guère, je suis désormais convaincue que c'est tout ce que je peux faire et si je le pouvais, je le ferais là, tout de suite. Mais je ne peux pas, pas avant d'avoir encore essayé de toutes mes forces. Je dois me laisser encore un peu de temps, je crois. Je suis en train de livrer cette bataille infernale dans ma tête quand Oli me fait reprendre pied. «Je pense que tu devrais aller t’allonger.» Oh, oui. Excellente idée . De toute façon, même si je ne le voulais pas, je n'aurais pas d'autres choix. Mes jambes ne me soutiennent presque plus. J'ai juste peur qu'il revienne. Peut-être qu'il observe la maison et attend simplement qu'Oliver s'en aille.. «Tu as raison. Je te raccompagne.» Je rassemble mes dernières forces pour accompagner Oli vers la sortie mais il me rassure en précisant que je peux l’appeler si j'ai besoin de quoi que ce soit. Si seulement il savait de combien de choses j'ai besoin en ce moment précis. Malheureusement, rien qu'il ne puisse m'offrir. Je le remercie néanmoins, heureuse de pouvoir encore compter sur cet ami cher à mes yeux. «Merci pour tout Oli, et encore désolée. On essaie de se revoir bientôt...» Avec ce qu'il vient de se passer, sûrement pas dans un lieu extérieur. J'ajoute donc : «... ici, à la maison. Ok?» Pour le moment, c'est le mieux que je puisse faire.