Bon. On est mitigé cochon d’Inde, la vie c’est kiff kiff bourricot. Des expressions nulles comme ça, j’en ai plein, si vous voulez. L’été est officiellement arrivé, la saison des geeks avec. Tom me bassine avec le comic-con de San Diego depuis que j’ai commencé à travailler à la boutique. Cette année, il m’a offert un pass pour mon anniversaire. Et comme je suis une personne sympathique, et que c’est un pass deux personnes, j’ai proposé à un ami geek de m’accompagner : Alex.

Et on est mitigé, parce que d’un côté c’est TROP BIEN il y a des GENS et j’en ai MARRE de San Francisco et ça me permet de me changer les idées et c’est toujours drôle de sortir avec Alex parce qu’il râle TOUT LE TEMPS et que c’est facile de l’embêter ENCORE PLUS. Mais d’un autre côté, il fait CHAUD et il y a des GENS et cette année, après le choc que fut Infinity War, Marvel nous laisse sur notre faim et ne nous offre aucun panel. Tous mes espoirs de séduire Tom Holland envolés. AUCUN Chris pour moi. Alex, lui, jubile. C’est l’année DC Comics. Notre rivalité ridicule qui nous a occupée tout notre voyage est largement gagnée par lui. Mais c’est pas grave. Je suis quand même plutôt heureuse d’être là, j’ai pu assister au panel de Young Justice et râler parce que OU EST KALDUR’AHM ? Puis je suis allée rencontrer Iain de Caestecker, et j’ai vomis. Pas devant lui. Et pas parce qu’il est moche, il est extrêmement mignon mais. Mais je ne sais pas. Je pense que c’est la chaleur, le trop plein de gens, un truc que j’ai mangé, mon mariage loupé avec Tom Holland, JE NE SAIS PAS. Toujours est-il que j’ai passé mon après-midi à mourir de maladie nauséeuse dans la chambre d’hôtel que je partage avec Black, qui lui doit se pavaner tranquillement et séduire Gal Gadot oklm, tranquille pépère. Je lui envoie des messages mais il ne me répond pas, en plus. Parlez d’un sauveur.

Mes nausées sont finalement passées, j’ai pris une douche et je suis en train de gentiment sécher sur le lit lorsqu’une question des plus idiotes me parvient : suis-je enceinte ? C’est idiot parce ma période rouge est passée la semaine dernière, et que la conception d’un enfant ça ne marche pas comme ça. Mais on sait jamais, l'action du Saint Esprit. Et comme je m’ennuie et que je suis fâchée après Alex parce qu’il m’ignore superbement, l’idée de la grossesse me fait rire. La seconde suivante, j’attache une taie d’oreiller autour de mon ventre pour l’agrandir un peu. C’est le retour du bâton qui se prépare, mais je suis quelqu’un de drôle. Je l’ai prévenu le soir de notre rencontre, il devrait avoir l’habitude désormais. Je lui envoie quelques messages en plus, surveille la convention sur les réseaux sociaux. Lorsqu’enfin la porte de la chambre est poussée, je me redresse et m’assieds en tailleurs sur le lit. Je jette aussi discrètement que possible un œil à ma tenue, mais le costume ne s’est pas défait.

J’adopte un air grave, fronce légèrement les sourcils avant de prendre une grande inspiration. Le mélodrame est en moi. « Alex il faut que j’te parle. » Pression, pression. T’avais qu’à répondre à mes messages, tête de gland. « J’suis enceinte. Et je suis certaine que le bébé est de toi. » Je répète que la conception d’un enfant ne fonctionne pas par l’action du Saint Esprit, mais l’espoir de le voir paniquer quelques secondes face à sans doute l’un de ses pires cauchemars est trop beau pour que j’y résiste.

@Alexander Black

On pourrait penser qu’en tant qu’habitué des conventions et autres salons de tatouages, assister pour la première fois à un événement célébrant la culture geek ne casserait pas trois pattes à un canard. Que ce serait easy peasy lemon squeezy. Moh ho. Que nenni, bande de petits naïfs. C’est plutôt difficult difficult lemon difficult.
Ce truc est immense, tellement vaste qu’il pourrait sans problème servir de toit à toute une génération d’éléphants d’Afrique. Et ya du monde. Partout. Je crois pas avoir jamais vu autant de gens d’un coup de toute ma vie. Mais finalement, bien qu’un peu sceptique au départ, j’ai fini par m’habituer à l’ambiance bourdonnante de l’événement et par profiter de l’expérience, guidé par une Sophie toute guillerette et excitée à la perspective de me faire découvrir le phénomène Comic-con.

Et quelle ne fut pas ma joie à la vue du programme et des énormes affiches à l’effigie des héros DC Comics. Un gamin le jour de Noël. Sophie m’a expliqué que Marvel avait plus ou moins boycotté la convention après leur dernier blockbuster – très bon coup marketing, je dois l’admettre – laissant toute la lumière au studio concurrent, à son plus grand désespoir. Je n’ai pas pu m’empêcher de la taquiner sur le sujet toute la journée d’ailleurs, à grands coups de « Oh mais c’est pas le mec qui joue Iron Man, là-bas ? » alors qu’en fait non. Mwahaha.

La journée se déroule curieusement bien, j’arrive même à franchement m’amuser de la rouquine qui s’applique à prendre une photo avec tous les gens un tant soit peu cosplayés en Avenger, et bien que j’ai détesté peu apprécié le film, je ne pouvais pas rater le panel Justice League pour admirer Gal Gadot et bouder un peu devant Ben Affleck. S’il-vous-plaît, rendez-moi Christian Bale. Et puis il faut avouer que ce Ezra Miller déguisé en champignon rose a illuminé ma journée. C’est en début d’après-midi, alors qu’elle sort d’un meet and greet avec un blondinet que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam avant qu’elle ne me récite sa biographie en détails, que Sophie commence à se plaindre de maux de ventre. Je suppose une indigestion alimentaire, ne manquant pas de lui rappeler à quel point je lui avais déconseillé les sandwichs dégueulasses qu’un stand nous proposait au déjeuner. Look who was right all along. En définitive, elle finit par rejoindre notre chambre d’hôtel et je me retrouve tout seul. Meh. Heureusement, je trouve rapidement refuge dans l’allée des artistes dans laquelle je m’émerveille devant les dessinateurs réalisant leurs œuvres en temps réel. Partout, des peintures colorées et des pages de comics en noir et blanc à n’en plus finir tapissent les cloisons plastifiées. Je tombe même sur un tatoueur spécialisé dans les tatouages de style cartoon avec qui je reste un bon moment pour discuter de son travail et des dessins similaires qui ornent ma peau. Le Batman vampire qui dépasse largement de mon col, notamment, remporte un franc succès.

Après avoir acheté une jolie litho à l’effigie du chevalier noir que je destine à l’un des murs en briques du Daddy’s et lorsque la foule commence enfin à s’éclaircir, je me décide à rejoindre la malade dont les messages ne cessent d’allumer l’écran de mon portable réglé en silencieux. Jamais elle souffre en silence celle-là, ugh. Sans prendre la peine de m’annoncer, je pousse la porte de la chambre d’hôtel. Sophie m’attend là, en tailleur sur le lit et le visage grave. « Alex il faut que j’te parle. » Oulah. Je fronce les sourcils, confus, en attendant la suite avec une légère appréhension. Et la suite n’est pas pour me rassurer. « J’suis enceinte. Et je suis certaine que le bébé est de toi. » Dire que le monde s’effondre soudain autour de moi serait un bel euphémisme. Tout mon corps se fige, la poignée de la porte toujours au creux de ma paume lorsque mes yeux tombent instinctivement sur le ventre de la jeune femme. Est-ce mon imagination qui me joue des tours ou bien est-il réellement plus arrondi que ce matin ? Comme si mon cerveau avait démissionné devant la révélation cauchemardesque et que ma langue avait perdu tout usage de la parole, je fais deux pas en arrière sans quitter Sophie des yeux avant de refermer doucement la porte derrière moi.

Un ange passe et je me sens extrêmement seul dans ce couloir, tout d’un coup. Enceinte. Un bébé. Dans son ventre. Sophie. Je suis le père ? J’suis pas prêt. Pas du tout, ni maintenant ni jamais ! Comment est-ce que… Wait a fucking minute. Alors que j’en étais déjà à imaginer des plans de fuite à l’autre bout du pays, j’ai une illumination. Je rouvre la porte en grand, mon cerveau paralysé commençant doucement à se remettre en marche. « On a pas couché ensemble depuis… » Oh. Et la lumière fut. Une moue vexée remplace aussitôt la confusion et la panique sur mes traits tandis que Sophie ne cache pas son hilarité, visiblement très fière de sa petite blague. La saleté. « Ok. Haha. Très drôle, Sophie. Super intelligent. J’espère que t’es fière de toi parce que tel que tu m’vois j’suis mort de rire. » Je râle en entrant enfin dans la chambre, évitant son regard pétillant d’humour et lourd de moqueries en feignant d’être occupé à ranger le sac plastique contenant mon achat dans la valise ouverte au pied du lit. « J’en connais une qui va dormir dehors cette nuit. Avec les ours et les loups. »

C'est uniquement parce que Alex ignore royalement mes messages que je décide de me venger de la pire des manières qu'il soit. Il pourrait compatir, un peu. J'accepte même un emoji poop à ce stade. Mais non. Il ne me répond pas, je suis même sûre qu'il a éteint son téléphone pour que j'arrête de l'embêter. Eh, vous savez ce qu'ils disent, payback's a bitch. Et moi aussi. Alors j'ai décidé de préparer une farce au brun, parce que je suis quelqu'un de drôle et qu'il faut bien qu'il apprenne des leçons dans la vie. 1, ne jamais ignorer les messages d'une Sophie souffrante. 2, Alex, si tu continues à tremper ton kiki tout partout et à ne pas respecter les femmes, tu vas avoir des problèmes. Mon nouveau déguisement endossé, j'attends avec presque impatience le retour du géant dans notre chambre. Et lorsqu'enfin, il daigne me rejoindre, je lutte de mon mieux pour garder un visage impassible et sérieux et ne pas me mettre à rire comme une bécasse. Si je ris immédiatement, il n'y a pas de vengeance, et j'y tiens.

Alex a toujours une main sur la poignée dans la porte lorsque je prononce les mots maudis. Il faut qu'on parle. Comme prévu, son visage prend un air confus et déjà, je retiens un sourire moqueur. Je suis sérieuse, il faut qu'on parle, je suis enceinte. Le gong a sonné, la confusion fait place au dépit et je crois qu'il a arrêté de respirer. Je connais la procédure de réanimation, si besoin. Il observe mon ventre, et je suis ra-vie. Mon déguisement est utile. Je suis obligée de me mordre la lèvre inférieure pour ne pas me mettre à rire. Pas tout de suite. J'attends, avec encore plus d'impatience, qu'il réagisse. Je m'attends à tout venant de sa part : qu'il se mette à rire, hurler, pleurer. N'importe quoi. Mais tout ce qu'il trouve à faire c'est de prendre la porte, littéralement. Il me regarde une dernière fois, et je sens toute la trahison que je viens de lui faire ressentir dans son regard avant que la porte ne se ferme.

Et j'éclate de rire. De façon hystérique, presque, à coups de « bwahahaha » ridiculement embarrassants mais je ne peux pas m'en empêcher. C'est. trop. drôle ! Bordel. J'aurais dû filmer sa réaction, c'était tellement... Lui. Je meurs. J'ai une larme qui s'échappe lorsque la porte s'ouvre vivement, en grand, et qu'un Alex sauvage réapparaît. Je glousse encore, mais essaie de modérer mon rire, ne voulant louper aucune réaction de ce génie. Cet homme est un génie. C'est décidé. Sa manière d'éviter de devenir père ? Un génie ! « On a pas couché ensemble depuis… » Mmh ? Bwahaha. J'éclate une nouvelle fois de rire alors que la lumière commence à briller à tous les étages chez Alex. Je suis très fière, très hilare. Je ne pensais pas que ma blague allait si bien marcher. « Ok. Haha. Très drôle, Sophie. Super intelligent. J’espère que t’es fière de toi parce que tel que tu m’vois j’suis mort de rire. » IL A L'AIR EN TOUT CAS ! Et moi je glousse toujours comme une gueuse, avant d'enlever la taie d'oreiller pour la lui jeter dessus et l'embêter encore plus. « Je suis un génie de l'humour, Alexander Edward Black, accepte ta défaite ! » Je pense que j'ai gagné ma médaille jusqu'à notre mort, là. De façon fourbe, vile et cruelle, mais je le vis avec un bonheur indéniable, et j'en ris toujours.

« J’en connais une qui va dormir dehors cette nuit. Avec les ours et les loups. » Pff. Je pfft de rire. Il exagère, rolalalala. Quelle drama queen ! « Olala, t'es vexé ? Tu vas me bouder ? Après tout l'amour qu'on s'est donné ? Après que je t'ai gracieusement et gentiment invité avec moi à San Diego ? Comment oses-tu, Alex, COMMENT ?! » N'oublions pas que j'ai aussi gagné l'award de la drama queen, il ne peut pas me prendre ça en plus ! Je me mets à genoux sur le lit, et en vrai je devrais m'y mettre debout pour être sûre de le dépasser. « T'avais qu'à répondre à mes messages, au lieu de me laisser mourir comme une malpropre. C'est toi qui va dormir avec les ours et les loups, espèce de sans cœur. » L'élan drame terminé, je retrouve une position patate avachie sur le lit. Mais je repense à sa tête dépitée, son claquage de porte et un rire m'échappe. Je ne vais jamais m'en remettre, je crois. « T'es tellement tombé dans l'panneau. » Et je glousse, encore. Je ne sais pas si je vais aller dormir avec les ours et les loups, mais je sais que je risque de me faire étouffer par ses soins cette nuit. « Eh dis, on pourra appeler notre enfant Tony ? Ou tu préfères Steve ? » Je le taquine parce que, allons bon,  quitte à mourir, autant avoir une belle mort.

Sophie est cruelle. La fourberie incarnée. Le mal en puissance. Depuis que je la connais, elle n’a jamais perdu une seule occasion de pousser mes boutons pour tester ma patience jusqu’à sa rupture. Parfois ça fonctionne : elle va trop loin et je mords. Mais la plupart du temps, ce ne sont que des taquineries bon enfant - et laissez-moi vous dire que je mérite une palanquée d’awards pour les subir tous sans trop rechigner. Ça s’appelle de l’amitié, apparemment.

Mais aujourd’hui en revanche, il n’y a plus aucune amitié qui tienne : tout n’est plus que trahison et panique. Lorsque je pousse la porte de notre chambre d’hôtel et que la rouquine me prend entre quatre yeux pour m’annoncer sa grossesse, je pète un boulon. Littéralement. Tout bon sens oublié, mon cerveau se met en pilote automatique et adopte son réflexe le plus primitif : la fuite. Aucune réflexion, aucune pensée rationnelle quant à la fabrication normale des bébés, nada. Son annonce m’a fait l’effet d’un uppercut suivi d’un K.O, mon cerveau est vide. Et il me faut une bonne minute en tête-à-tête avec moi-même dans le couloir pour que les fils se reconnectent.

Sophie, elle, n’a pas bougé du lit, si ce n’est qu’elle se force visiblement à ne pas se tordre de rire sur le matelas tandis que je comprends enfin sa petite plaisanterie. Et là c’est la débandade : elle éclate enfin de rire comme si elle ne venait pas de m’annoncer la matérialisation de mon pire cauchemar cinquante secondes plus tôt. Quant à moi, je me retrouve comme un con, embarrassé d’être tombé dans le piège si facilement, contraint à subir les gloussements de pintade de la gueuse. « Je suis un génie de l'humour, Alexander Edward Black, accepte ta défaite ! » éructe-t-elle en me balançant le bout de drap qui servait de rembourrage à son ventre plat. J’me sens complètement ridicule, on va pas s’mentir, et ça me vexe d’avoir été si naïf face à une blague si nulle. Yes, I’m petty. Alors pour regagner un semblant de dignité, je préfère feindre le détachement et occuper mes mains à ranger mon récent achat dans ma valise, comme si de rien n’était. Elle va bien finir par se lasser de rire comme une baleine, nan ? Nan. Elle a l’air d’être sur une bonne lancée. « Olala, t'es vexé ? Tu vas me bouder ? Après tout l'amour qu'on s'est donné ? Après que je t'ai gracieusement et gentiment invité avec moi à San Diego ? Comment oses-tu, Alex, COMMENT ?! » Je la regarde de haut en plissant les yeux, bras croisés, refusant de lui donner la satisfaction d’esquisser le moindre sourire face à son hilarité contagieuse. Un arbre, je suis un arbre. « T'avais qu'à répondre à mes messages, au lieu de me laisser mourir comme une malpropre. C'est toi qui va dormir avec les ours et les loups, espèce de sans cœur. » Uuuuuugh. Une enfant vous dis-je. « Comme je te l’ai déjà dit et répété : c’est qu’une pauvre indigestion. Tu vas pas mourir, Sophie. » ÇA T’APPRENDRA À M’ÉCOUTER AUSSI, ROH. Je lève les yeux au ciel, dépité que tout ça ne soit le résultat que d’une vile vengeance de la part d’une drama queen professionnelle.

Toujours dans le but de me trouver une contenance, je finis par m’accroupir devant ma valise pour réorganiser des vêtements déjà parfaitement rangés. Mais ça, personne ne peut le voir donc osef. « T'es tellement tombé dans l'panneau. » Sophie glousse, encore. Elle va jamais s’en remettre et je vais devoir supporter ses moqueries jusqu’à la fin de mes jours, je le sens. Pour lui donner le change, je lui balance vivement une paire de chaussettes roulées en boule à la tête. « C’est ça, rigole tant qu’tu l’peux. » Si elle savait. Actuellement, je suis en train de mettre à profit toute la créativité et l’imagination dont je suis capable pour lui rendre la pareille dans les plus brefs délais. Ça va saigner. « Eh dis, on pourra appeler notre enfant Tony ? Ou tu préfères Steve ? » Je grimace en me relevant tout en me débarrassant de ma veste sur le dossier d'une chaise. « Les gars des Avengers ? Jamais d’la vie. » Et puis quoi encore. C’est des prénoms tout pétés en plus, pauvre gosse. Bruce, ÇA c’est classe. Sobre, élégant, badass. Mais je me garde bien d’émettre cette contre-proposition à voix haute, le risque d’empirer mon cas est bien trop important. Sentant finalement la fatigue de cette longue journée alourdir mes jambes, je m’avance vers le grand lit et m’y affale de tout mon long, sur le dos, en poussant un profond soupir. « D’ailleurs cette question ne se pose même pas. » Sophie le sait, la Terre entière le sait : je ne veux pas de gamin. Ni maintenant, ni jamais. J’suis allergique.

Tututututut. TUT. Je ne suis pas cruelle, je suis un génie de l’humour. Parfois, l’humour c’est bête et méchant. Je n’y peux rien, mais en tout cas il y a une grande différence ! Pour le coup, mon humour ne fait rire que moi et je regrette un peu de ne pas avoir pensé à filmer la superbe réaction d’Alex face à l’annonce de sa future paternité. Qui est littéralement à mourir de rire. Honnêtement, j'imagine déjà les titres de la presse locale demain. Double décès dans une chambre d'hôtel, arrêt cardiaque en masse, que s'est-il passé ? Lorsqu'il revient, Alex, j'essaie de rester aussi calme que possible mais c'est difficile. Maintenant que ses neurones recommencent à s'envoyer des signaux, il se rend compte de ma farce et il se fâche. Gros chat pas content. Alors je ris encore, et je l'accuse. Non. Non non non, moi je ne veux pas aller dormir avec les ours et les loups alors que je n'ai été qu'un petit peu méchante. Lui, il a été BEAUCOUP méchant, parce qu'il m'a ignoré tout l'après-midi alors que j'étais en train de mourir. Et ça va mieux maintenant, certes, mais ce n'est pas grâce à lui. Il mérite toute ma colère et tout ma fourberie. Il me regarde avec son air de pfft pfft j'm'en tamponne le coquillard avec une babouche Sophie Grimm mais je sais que dans le fond il m'aime et il me trouve drôle. Il est juste trop fier pour l'admettre. « Comme je te l’ai déjà dit et répété : c’est qu’une pauvre indigestion. Tu vas pas mourir, Sophie. » AGNAGNAGNA. Comment ose-t-il ?! Il me brise le cœur. Et je ne regrette pas ma plaisanterie, il me prouve une nouvelle fois qu'il méritait amplement la peur que je lui ai causée. « Thanks daddy. » Et c'est à la fois kinky et cruel, ce daddy, qu'on se mette d'accord. Mais j'accepte que 1 partout, balle au centre. Je pousse un dernier soupir avant de bien vouloir passer à autre chose, plus ou moins.

Plus ou moins parce que sa réaction est gravée dans mon esprit à jamais, et qu'elle est encore beaucoup trop fraîche pour que je n'en ris pas. Et c'est moi, d'accord ? Je risque de l'embêter avec cette histoire jusqu'à au moins... Notre retour à San Francisco. Est-ce qu'il pourra supporter une journée et demie de plus de Sophie enquiquinante ? Ma foi, l'avenir nous le dira. Je me fais agresser d'une paire de chaussettes et ça me fais rire encore plus. Bon sang. On va vraiment l'avoir, la crise cardiaque slash d'asphyxie entraînée par une crise de rire. « C’est ça, rigole tant qu’tu l’peux. » I WILL. Comment on va appeler notre future progéniture ? Je ramène notre éternelle bataille sur le tapis, pour le coup. Marvel vs DC. Steve ou Tony ? STONY. Et il oublie vite que les créateurs de comics n'ont pas beaucoup d'inspiration et qu'il y a aussi un Steve dans Wonder Woman, joué par un Chris parce urg white people. Mais je glousse. « Jamais d’la vie. » Qu'il me dit. Il est a-do-rable. « Oh d'accord, comment tu veux appeler nos enfants alors ? » Il n'a pas dit non, eh. Is Alexander Black going soft ? Is this a dream ? An hallucination ? Je tapote le tout plein de place qu'il y a sur le lit lorsqu'il arrête de tripoter sa valise, un sourire amusé sur les lèvres. « D’ailleurs cette question ne se pose même pas. » Aaah. Tout va bien, le monde est sauf, Alex est toujours Alex ! Autre gloussement malicieux, oui un gloussement ça peut être malicieux, je lève les yeux au ciel comme si je venais de me rendre compte de mon idiotie. Hello Megan ! « Evidemment, mais il faudra quand même nommer nos chats Alex. » Il est évident que nous n'allons pas avoir d'enfants, Alex en mourrait et je n'ai pas envie de finir mère célibataire, mais il est aussi évident qu'on va adopter plein de chats parce que les chats c'est mignon et qu'on est des chats alors il nous faut une famille de chats, voyons, roh. Et non, on ne pas tous les appeler Batman. Ni Batman 1 et Batman 2. Sinon, je demande le divorce. Et l'idée me fait rire, mais j'ai assez fait de frayeur à Alex ce soir alors j'me tais. Et je me roule sur le ventre pour poser mon visage dans mes mains et le regarder. C'est l'moment potins, hop hop hop. « Alors, ton après-midi ? Tu vas épouser Gal Gadot ? » Moi, je sais que je ne vais pas épouser Iain de Caestecker, alors il faut bien qu'un de nous en tire quelque chose de ce comic-con.

Une indigestion. Une simple indigestion. Tout ce cirque pour un sandwich avarié, je rêve. S’il existait une cérémonie récompensant les pires drama queens du pays, Sophie aurait clairement remporté la palme d’or. Fourth wall who. Et puis ça se plaint que je n’aie pas répondu à ses textos, ça râle et ça râle. Mais que voulait-elle que je fasse exactement ? Que je reste à son chevet en lui servant du bouillon à la cuiller ? Pour une indigestion ?? Puh-lease. Jusqu’à preuve du contraire, Sophie est une grande fille et elle n’a pas besoin de mon aide pour faire une sieste en attendant que ça passe. Ya pas marqué "infirmier" sur mon front, eh. « Thanks daddy. » Ouais c’est ça, qu’elle s’amuse tant qu’elle le peut avant que je ne lui montre ce qu’il va lui faire le dadd- et je m’arrête là avant que tout ça ne prenne une tournure un peu trop kinky. Je serre les dents et plisse les yeux, préférant endosser le rôle de la personne mature dans cette pièce et ne pas lui donner la satisfaction de relever. Parce qu’elle sait, je sais, et elle sait que je sais. Mais motherfuckin’ Christ ce qu’elle m’énerveee ! Ça doit être un truc de famille, pour sûr. Je lâche finalement un profond soupir fatigué avant de me vautrer sur le lit de tout mon long, vaincu par cette journée trop longue et par toutes ces interactions sociales.

Et cette conversation m’épuise déjà. Sophie en est à s’inventer une vie en hypothétisant (est-ce que ce mot existe ? qu’est-ce que la langue française ?) sur le prénom de nos futurs enfants et sincèrement, si je n’étais pas si bien installé, je lui balancerais bien un oreiller sur la tête pour la faire taire puisqu’apparemment le message de la paire de chaussettes n’a pas été compris. Je lui rappelle donc le plus subtilement possible que je préfèrerais m’arracher les ongles un par un plutôt que de devenir père, mais la rouquine glousse et lève les yeux au ciel – de façon tout à fait agaçante, may I add. « Evidemment, mais il faudra quand même nommer nos chats, Alex. » Ben voyons. Je soupire, encore, me perdant doucement dans la contemplation des reliefs irréguliers au plafond, avant de lui répondre d’une voix monotone. « Nos chats ont déjà des prénoms : Salem et Chipolata. J’ai pas non plus l’intention de faire un élevage, Sophie. » J’écorche volontairement le prénom du félin roux, insistant ainsi sur le ridicule du patronyme que je n’ai cessé de moquer dés le premier jour. Je sais que ça énerve Sophie, qu’elle trouve que Merguez est un nom tout à fait acceptable – voir carrément mignon – pour un matou et que pfftt t’y connais rien Alex, laisse mon chat tranquille. N’empêche que ça ne me rassure pas des masses sur les prénoms de ses futurs gosses.

« Alors, ton après-midi ? Tu vas épouser Gal Gadot ? » Je détourne brièvement les yeux du popcorn vintage qui fut un jour blanc pour les poser sur la jeune femme. Sur le ventre, elle a posé son menton sur ses mains et me regarde avec intérêt. Pas de doute, elle attend un potin. Aaah les femmes. « Ecoute j’ai l’impression que je suis plutôt bien parti : on a eu au moins trois eye contacts pendant le panel et elle a fait un vague signe de la main dans ma direction au moment de sortir de scène. À ce rythme elle quitte son mec à la fin du weekend et rentre avec moi à San Francisco. » Le ton est sérieux, le sarcasme mordant. Je laisse planer un silence stratégique avant de tourner une fois de plus la tête vers Sophie, un sourire taquin venant finalement apparaître sur mes lèvres. « D’ailleurs est-ce qu’elle pourra prendre ton billet retour ? Vu que t’es au seuil de la mort, tout ça. » Popopoooooo ! Un point partout balle au centre. Et la soirée ne fait que commencer. Faites vos jeux, rien n’va plus.

Oui, une simple indigestion. Mais comme on est ami et qu’il est ici grâce à moi, Alex aurait dû venir gentiment me patpater les cheveux le temps que ça passe. Voire même un petit tapotage de dos pendant qu’on y est. Omnipotence who. Il méritait amplement ma plaisanterie hilarante d’assez mauvais goût. Et j’ai le droit de me plaindre. Et d’employer le mot magique pour l’embêter lorsqu’il me dit que je ne vais pas mourir. Alex me fait son regard de « ahah Sophie c’est drôle, tu es drôle, mais moi je suis plus intelligent et mature que toi et je ne céderai pas à ton humour dévastateur et ton charme naturel, huhuhu » et je me mets à glousser. Encore. Je ne sais vraiment pas si je vais survivre à ces courtes vacances à San Diego avec Monsieur Grognon, mais je crois que ça en vaut la peine et qu’au moins je mourrais heureuse. Parce que l’envie est trop tentante, j’y cède et me voilà à reprendre le sujet maudit des enfants. Comment on nomme les nôtres ? Pas comme les gars des Avengers, d’acc’, je note. Alex n’a pas dit non. Mon Dieu, mais où va cette conversation ? Ah pardon, non, je retire, tout va bien le bougre reprend ces esprits, j’ai dû vraiment le choquer pour qu’il ne s’effare pas de suite, mais nous n’allons pas avoir d’enfants. Fiou, on l’a échappé belle. Par contre, il oublie quelque chose de très important : les chats. Il a Salem et j’ai Merguez, certes, mais c’est que nous sommes des emmerdeurs de première, qu’il va finir vieux pruneau et que je vais finir vieille fille, et que nous allons en conséquences adopter au moins un chat en plus. Chat qu’on gardera à tour de rôle, pour que plus tard vers 40 ans on puisse sortir à nos collègues qu’on n’apprécie pas, « non désolé Henry, je ne peux pas venir à la bar mitzvah de ton fils, je dois garder [nom] ». Ou pour sceller notre célibat éternel, quelque chose comme ça. Faut-il vraiment une bonne excuse pour vouloir adopter un chat ? Mais forcément, c’est Alex et Alex râle. Et il insulte mon chat, aussi, comme d’habitude. Je grimace de mécontentement.  « Tu sais, Alex, je t’apprécie. Beaucoup. Mais un jour, je vais t'assassiner si tu continues à manquer de respect à mon chat. » Et oui, vous m’entendez bien, il m’entend bien : ce sont des menaces. « Et notre troisième chat s'appellera Chat-chat, c'est tout ce que tu as gagné. » C'est moche, ça complète le tableau, c'est parfait. Ce n’est pas parce qu’il fait dix mètres de haut qu’il me fait peur l’énergumène, c'est moi qui décide.

Puis, techniquement, comme il est allongé à côté de moi, il ne fait pas dix mètres de haut mais à peine deux. C’est fous, les effets de la gravité.

Parce que je suis clémente, je veux bien passer à autre chose. Et parce qu’il a eu une après-midi bien plus palpitante que la mienne, j’attends les potins. Je peux lui apprendre qu’il y a exactement 133 carreaux dans la salle de bain et que j’ai trouvé une chaîne de documentaires animaliers géniale si jamais il a envie de passer son temps devant la télé, mais je ne suis pas certaine que ça l’intéresse vraiment. Mais moi, ça m’intéresse vraiment de savoir s’il va épouser Gal Gadot. Pour savoir si j’ai de la concurrence, et je parle bien sûr d’Alex comme concurrent direct parce que moi aussi je veux épouser Gal Gadot. Je souris et prends mon air le plus innocent lorsqu’il tourne légèrement la tête pour vérifier que je suis bien en attente de potins. Allez, balance la sauce, roh. Est-ce que je suis jalouse ? Extrêmement. TROIS ?! EYE CONTACTS ? ET ELLE LUI A FAIT UN VAGUE SIGNE DE LA MAIN ? Ja-lou-sie. J’allais insérer une punchline pensant faire une référence marrante à un navet du rap, mais je me suis rendue compte que ma réplique venait en fait de moi alors je vais la taire. « À ce rythme elle quitte son mec à la fin du weekend et rentre avec moi à San Francisco. » Et ça me fait glousser. Et Alex va penser, ah les femmes, elle ne vivent que pour les potins et non, stigmatisation des femmes, tout le monde ne vit que pour les potins. On n’aurait pas de réseaux sociaux, si ce n'était pas le cas. « You, Sir, are one lucky bastard. » Je le taquine en allant pocker mon index son bicep. Pardon j’ai du mal avec mon français ce soir. Bon, je ne veux pas lui faire de faux espoirs mais par contre, je ne suis pas certain pour Gal qui plaque tout pour venir vivre d’amour et d’eau fraîche avec lui à San Francisco. J’ai déjà fait la recherche, hein, la dame est mariée depuis dix ans. Et Alex est charmant, ce n’est pas le problème, mais il n’est pas si charmant, puis elle ne l’a vu que de loin. C’est qu’il faut le supporter de près, Monsieur Grognon.

« D’ailleurs est-ce qu’elle pourra prendre ton billet retour ? Vu que t’es au seuil de la mort, tout ça. » Vous voyez ? En vrai, il est insupportable. In-su-ppor-ouaisc’estchiantdefaireça. Ma bouche s’ouvre en grand d’abord, pour qu’il comprenne mon choc, puis je presse mes lèvres qui tombent vers le bas, il me blesse. Je suis une formidable personne qui lui permet de rencontrer ses idoles et c’est ainsi qu’il me remercie ? Pfeut. « Tu mérites pas tout l’amour que j’te porte Alex Batman. » Je boude ? Non. Je suis quelqu’un de mature, voyons. Je me redresse à genoux et attrape mon oreiller que je brandis de façon menaçante au dessus de sa tête. Il ne fait qu’à peine deux mètres, je n’ai pas peur. « J’vais t’assassiner maintenant, en fait. » Il n’a pas insulté mon petit chat mais il a encore remué le couteau dans la plaie, je ne mérite pas ça. Comment ça, c’est exactement ce que j’ai fait il y a approximativement deux minutes ? Uh. Peu importe. Je suis pas venue ici pour souffrir okay ? « Rends-toi ou subis ma vengeance. » Je rajoute, les sourcils froncés et l'air très en colère, pour essayer de l’intimider. Et si on se demande, oui absolument, ce comic-con m’est monté à la tête.

Cette discussion n’a plus aucun sens. Mon cerveau a décidé de se mettre en veille et de n’écouter que vaguement Sophie déblatérer ses idées d’élevage félin futur. Et elle s’en amuse, la gueuse. Ugh, ces vingt dernières minutes en sa compagnie ont été plus éprouvantes émotionnellement parlant qu’une journée entière au milieu d’une foule de geeks. C’en est presque impressionnant comme performance.  « Tu sais, Alex, je t’apprécie. Beaucoup. Mais un jour, je vais t'assassiner si tu continues à manquer de respect à mon chat. » Comme prévu – parce que oui, en plus d’être relativement drôle, Sophie est une personne prévisible, dit-il, confiant, comme s’il ne venait pas de se faire entuber par ladite personne prévisible – mes moqueries concernant Merguez font mouche et je récolte des menaces de mort. And they say romance is dead. « Tant de violence, j’en tremble de peur. Brrr. » que je rétorque en la jugeant du coin de l’œil, elle et son mètre soixante les bras levés. Not impressed. « N’oublie pas ton tabouret. » Le fameux demi-sourire est présent, il est fier de sa blague. Je gigote un peu, m’installant plus confortablement sur le matelas tandis que mes mains viennent me servir d’oreiller, jointes sous ma nuque. À côté de moi, Sophie fait la moue. Et j’en suis ravi. « Et notre troisième chat s'appellera Chat-chat, c'est tout ce que tu as gagné. » Je souffle du nez, à deux doigts de lever les yeux au ciel. Une enfant, disais-je.

Le sujet dérive sur Gal Gadot et mes chances de conclure avec la belle Israélienne, je raconte brièvement comment s’est passé le pannel et emballe le tout dans une bonne dose de sarcasme avant de clore le débat de façon tout à fait objective : oui, je vais me marier avec Gal Gadot. Sophie est jalouse, elle me fixe avec des yeux ronds avant de se mettre à glousser. « Que veux-tu, quelle femme pourrait résister à ça ? » Je libère une de mes mains pour désigner mon corps de haut en bas comme s’il s’agissait d’une œuvre d’art. Plus d’un mètre quatre-vingt-dix d’égo surdimensionné et de dépression rampante, who wouldn’t tap that ?

« Tu mérites pas tout l’amour que j’te porte Alex Batman. » Kewa ?! Elle refuse de céder son billet d’avion à la femme de ma vie et c’est moi qui ne mérite pas l’amour de cette prétendue amie ? Pfeut, ingrate. Sophie affiche une expression aussi choquée que si je venais de lui annoncer une vie d’abstinence avant que ses lèvres ne se tordent en une moue boudeuse. Moi, je jubile. Mais en silence, parce que duh, Alexander Black n’a pas d’émotions, c’est bien connu. Et puis soudain je me retrouve sous la menace réelle et sérieuse d’un oreiller brandi au-dessus de ma tête. « J’vais t’assassiner maintenant, en fait. » Oh nooon, pas l’oreiller, ayez pitié d’un pauvre homme sans défense ! Alala. Je cligne des yeux et arque un sourcil, vraiment très peu impressionné par cette tentative d’intimidation de la jeune femme. « Soph, you look more cute than scary right now, please put down the pillow before hurting yourself. » Elle en serait capable, trust me, je l’ai déjà vue se blesser en ouvrant une enveloppe. C’était moche. « Rends-toi ou subis ma vengeance. » Ah vraiment ? Le coin de ma bouche remonte en un demi-sourire carnassier, une idée faisant déjà son chemin dans mon esprit. Sans prévenir, j’esquive l’oreiller et me redresse afin d’attraper les poignets de Sophie et de la repousser sur le lit en ignorant ses petits cris de protestation. Son corps maintenant prisonnier du mien et la menace hors d’état de nuire grâce à l’effet de surprise, je me permets de profiter de l’instant quelques secondes. « Make me. » Impossible d’ignorer le défi exprimé d’une voix devenue rauque et pleine d’expectatives. Que vas-tu faire maintenant, Sophie Grimm ?

En quelques secondes, l’ambiance de cette petite chambre d’hôtel de San Diego est passée de légère et joueuse à délicieusement tendue. Je sens déjà ma peau qui s’embrase lorsque les doigts de la jeune femme, libérés de mon emprise, viennent caresser la base de ma nuque avant de s’enfoncer dans mes cheveux. Je sens déjà les battements de son cœur qui accélère lorsque mes lèvres viennent chercher les siennes. Je sens tout ça, et bien plus encore.