Les semaines passaient et se ressemblaient beaucoup trop si on lui demandait son avis. Ses sorties avec Jordane avaient le mérite de lui changer les idées de temps à autre, mais à part le boulot, la vie de Flynn était d’un calme plat. Il avait donc tout le temps nécéssaire pour réfléchir au passé, aux conneries et à déprimer.

Il s’était levé tôt ce matin-là et était resté un long moment à fixer son plafond. Happy fucking birthday Il n’était plus au fond du baril, il n’était tout de même plus derrière les barreaux, mais il se tenait tout de même assez près. Il essayait de ne pas abuser et s’était empêché d’envoyer un sms à Jordane, pas question qu’elle lui offre de la pitié. Il avait horreur de la pitié. Il avait plissé le nez, toujours en étoile sur son matelas. Il avait rendez-vous avec son agent de probation le lendemain matin, alors impossible de faire la fête jusqu’à pas d’heure. Bref, il s’était finalement levé et glissé sous la douche et c’est là que l’éclair de génie lui avait traversé le crâne. Il s’était dépêché à s’habiller et avait remonté ses cheveux en un chignon encore humide avant de grimper dans sa voiture avec un but bien précis en tête.

Il s’était arrêté devant une habitation qui lui était inconnu et pas à la fois avant de sortir son téléphone et composer un numéro qu’il connaissait par cœur.

« Attends, raccroche pas. Je suis devant chez toi, on va faire une promenade de voiture. Et non, c’est pas une question. »

Caleb avait bien tout fait pour qu'on oublie son anniversaire. Il était hors de question qu'il doive souffler une bougie au terme de la traditionnelle chanson à la con. Les seules fois où , adulte, on avait réussit à lui faire faire c'était ivre et après un putain d'acharnement de la part de Flynn. Si il y avait un jour qu'ils avaient l'habitude de partager ensemble c'était bien ce putain de 26 décembre, anniversaire commun des deux comparses. Coup du destin ? Ils en avaient rit plus d'une fois mais c'était avant qu'une gonzesse et le cerveau mal placé entre les couilles du plus vieux foutent tout en l'air. Il avait même rajouter de l'huile sur le feu lors de leurs rencontre impromptue en se cassant sans dire un mot de plus, laissant un Caleb comme un con, toujours énervé mais sans plus personne à qui s'attaquer. Etait ce la bonne solution pour Flynn pour éviter tout débat stérile ou un nouveau coup ? Oui ! Est ce que ça avait été terriblement frustrant pour le jeune homme ? Oh bordel que oui ! Il avait donc l'intention, d'oublier ce connard, de la laisser dans sa merde et d'aller boire un verre en dehors de cette baraque et finir dans des draps d'une inconnue bien gaulée. Il avait d'ailleurs commencé à lancer les hostilités alors quand son téléphone sonna et qu'il y répondit, il n'avait pas pris la peine de regarder l’interlocuteur et le regretta. Il lui laissa même pas le temps d'en placer une et débita son invitation à la con .

Caleb eut envie de l'envoyer bien se faire foutre mais il était vraiment en bas, c'était un risque que son oncle le voit et l'interroge lui pour être certain qu'il ne traînait pas avec un ancien voyou. « J'arrive connard » Il attrapa son grinder, son pochon d'herbe,  sa veste de cuir et son bonnet et descendit les escaliers jusqu'au perron. C'était donc pas une mauvaise blague, il était bien là. S'installant sur le siège avant , il n'avait pas l'intention de sourire , juste de se rouler un joins, pour lui,en égoïste et le fumer jusqu'à ce que ça s’arrête, jusqu'à ce que le cas Flynn soit réglé. « T'emballe pas, c'est pas le calumet de la paix, juste de quoi me faire oublier que tu t'es barré comme une enflure la dernière fois encore. Tu comptes pas me kidnapper jusqu'à ce que j'oublie que t'es un branleur ? Parce que je te rappelle que mon oncle est flic et... non si tu le débarrassais de moi, il te paierait p'tre une bière en vrai. »

Le silence lui avait paru interminable et il s’était surtout attendu à ce que Caleb raccroche une fois qu’il l’eut reconnu. Ce n’est pas comme s’il n’était pas dans son droit de le faire hein. Mais étonnament, il avait accepté de le rejoindre et Flynn n’avait pas pu s’empêcher de sourire en fixant son téléphone portable maintenant éteint. Il avait reprit une expression neutre lorsque l’autre homme était entré dans la voiture, visiblement pas assez rapidement puisqu’il s’était mis à discuter de calumet de la paix et du fait qu’il n’en méritait pas. Pas dans ses mots là, mais c’était tout comme. Il avait démarré la voiture et sans un mot, il s’était promené pendant un moment.Le bruit des bouffées de Caleb coupaient par moment le silence de l’habitacle et Flynn se disait qu’il lui faudrait à un moment se décider à parler avant que le plus jeune ne lui demande ne lui demande de le laisser sur le bord de la route. Une fois le pétard terminé, il avait fait un détour dans le drive-thru d’un fast-food et il avait attendu que Caleb soit en train de manger avant de finalement ouvrir la bouche.

«  Tu sais que dans ma vie, dans la courte liste des gens que j’aime, t’es très près de la première place? En fait, si c’était pas de deux têtes blondes qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, tu y serais sans aucun doute » Il avait fait une minuscule pause, de peur que Caleb se frustre et ne l’empêche de continuer. « J’ai fais plusieurs erreurs dans ma vie, je suis loin d’être stupide.. Ou je le suis trop.. Tout dépends du point de vue. Reste que quand je fais un truc stupide je sais que c’est stupide. » Ca avait très peu de sens tout ca et il le savait. Question de contexte et tout. «  Et ca ce ne l’était pas.. pas au début en tout cas. J’ai voulu leur offrir mieux. Une vie de famille stable.. normale. Je sais pas.. Question qu’ils ne terminent pas comme moi? De leur offrir ce que j’ai pas eu! Je tuerais pour toi Cal… mais je pourrais mourir pour eux » avait-t’il résumé sans vraiment plus de sens… il espérait seulement que Caleb comprendrait ce qu’il voulait dire. Il avait ensuite pincé les lèvres et serré son volant un peu plus fort entre ses doigts. « Et je t’aurais expliqué tout ca bien avant si j’avais pu me souvenir de quoi que ce soit une fois derrière les barreaux. Le psychologue que m’a obligé de voir mon agent de probation après ma libération à parlé de dissociation suite à un choc majeur. » Il avait ricané sans joie en haussant les épaules. « Je sais pas du tout de quel choc il pouvait bien parler. Découvrir que la femme de ma vie était la pire manipulatrice que j’ai jamais vu et que j’avais rien remarqué, pire que j’ai refusé de t’écouter? Les accusations? Plus avoir le droit d’approcher mes propres mômes?! » Il avait soupiré avant de m’être son clignotant pour reprendre le chemin vers la demeure de Caleb.

«  Je te respecte beaucoup trop pour te demander que tu me pardonnes… mais tu méritais de savoir l’histoire complète. »

Caleb avait l’impression de se retrouver dans la relation de couple la plus compliquée qui était. Il avait toujours éviter les prises de tête avec ses plans culs mais c'était au final parce qu'avec Flynn c'était déjà le mal de crâne au quotidien. Il se refaisait le film de toute les fois où ils s'étaient engueulés, et toute les fois où ils s'étaient réconciliés... ça expliquait donc son loooong silence entrecoupé juste pour passer sa commande au drive du fast food à moitié en ronchonnant et en se montrant plus que gourmand. Après tout c'est son aîné qui payerait et même si il mangerait pas la moitié, peu importait. Il avait un hamburger dans la bouche et le mâchait rageusement quand son meilleur ami commença son discours. Cal ne le regarda même pas, il écoutait en regardant devant lui comme une petite amie en colère qui fait exprès d'ignorer le pauvre type qui s'excusait .

L'antéchrist fût évoqué, bien évidemment, et Caleb s’empêcha de claquer de la langue contre son palais. Non il fallait écouter le reste de la plaidoirie, ne pas frustrer Flynn quand il disait quelque chose d'un peu plus cohérent que d'habitude. Et ce fut dure car il l'assommait d'information , de putain de déclaration d'amour qui bien évidemment le touche car il l'aime aussi ce connard et en première ligne. Bordel si ils étaient vraiment un couple ça serait lui qui l'aimait le plus , ça faisait mal aussi.Puis depuis quand Flynn était capable de sortir des élans de poésie comme -Je tuerais pour toi Cal… mais je pourrais mourir pour eux – L'excuse psychologique lui parut plausible, surtout concernant Flynn. Mais comme toujours l'idée qu'il soit retourné en taule et que Cal n'ai pas été là pour l'aider, et le soutenir... ça lui serre son putain de cœur le traître !

« Flynn... » Caleb soupira à son tour. Combien de fois avait il eu une conversation semblable et finit de la même façon : Ils revenaient toujours l'un à l'autre, âmes frères, cœur jumeaux. « Quand est ce que tu aurais compris que tu peux suffire à tes gamins.... enfin tu pouvais. Je veux pas remuer le couteau dans la plaie. T'es bancale on le sait, mais c'est pas en rajoutant un pied aussi de travers que tout va redevenir droit ! Elle est tarée, elle le sera toujours. Elle vous tirera vers le bas à chaque fois et toi tu recommences ! Tu sais combien c'est frustrant de voir ton meilleur ami refaire les mêmes conneries ? Tu peux pas te trouver une meuf ou un mec sympa ! Normal. Bien évidemment pas lui faire un gamin dans le mois car ton sperme doit pas aider à sauver leurs neurones » Il savait que ça ne se contrôlait pas même si... « Écoutes, j'ai jamais été vraiment amoureux, tu le sais ! Et j'en ai aucune envie donc je peux peut être pas comprendre, je suis pas non plus père donc je sais pas jusqu'où je pourrais alors pour des enfants... Non je sais pas grand chose... Si ce n'est que depuis que y'a 15 ans que je t'ai rencontré, qu'on s'engueule pire qu'un vieux couple mais que dans 15 ans encore, je sais que ça sera pareil. Tu me taperas sur les nerfs, tu feras des choix qui me rendront dingue et moi j’exagérerais parce que je sais que j'ai mon coté drama queen qui veut se la jouer rocky balboa... T'es Flynn, je suis Caleb. Si tu crois que j'ai oublié que ça va de paire, c'est que tu me connais pas. J'ai juste besoin de toujours un peu de temps pour montrer mon mécontentement et multiplier les occasions de te foutre des pains dans la gueule parce que c'est trop jouissif.... » Il lui pardonnait ? Sans doute oui... « Mais si un jour elle revient, ouai je te tire une balle en pleine tête et si tu recommences à me les casser avec une meuf qui te mérite pas, pareil ! »

Flynn était resté silencieux un long moment. C’était hors-caractère pour lui, mais il avait dit ce qu’il avait à dire. Il connaissait Caleb mieux que lui-même et savait qu’il devait lui laisser le temps d’analyser ce qu’il venait de lui lancer. Et puis, le plus jeune lui avait répété ce qu’il lui avait dit ad-nauseam avant.. mais visiblement Flynn n’était pas prêt à l’écouter avant. C’était une autre histoire maintenant et il avait hoché la tête doucement. « Je sais.. maintenant je sais. T’es ma voix de la raison mec, je sais pas pourquoi j’ai essayé de faire comme si c’était pas le cas. » Il avait secoué la tête ensuite, pas question de s’enfoncer dans le self-pity, il fallait regarder vers le future.

Après un autre moment, il avait arrêté la voiture devant la demeure de Caleb. Un bras sur le volant, il s’était tourné vers lui. « Baby-steps, je te vole pas plus de ton temps, et de toute façon j’ai rendez-vous avec mon agent de probation demain et si tu continue de m’enfumer comme ça, c’est clair que je coule mon test anti-dopage. La nana est pas la pire que j’ai eu, mais si je pouvais arrêter de la voir régulièrement je m’en porterais mieux quand même. Allez oust! » termina-t-il en secouant les mains dans la fumée de l’habitacle.