Sujet: Let's make some embarrassing content. (Olsa #3) Dim 11 Aoû - 18:08
You and me, alone, elsewhere : how to make things embarassing
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Starter pack "How to make Oswald pleased and embarassed as fuck at the same time" : prenez un congrès artistique qui se trouve loin de San Francisco, rajoutez l'impossibilité de conduire longtemps sous peine d'intenses douleurs au genou, rajoutez Elsa Harrington. Et voilaaa. (Imaginez que je l'ai prononcé comme Jake Peralta, merci bien.) À cause de mon problème genouesque (oui je sais, ça ne se dit pas, je dis ce que je veux), mon boss m'avait proposé plutôt fortement conseillé d'embarquer la brune à mes côtés, comme chauffeuse, pour m'éviter d'arriver encore plus éclopé que je ne l'étais à Roseburg, dans l'Oregon. L'événement se déroulait sur deux jours, dans la salle de réception d'un hôtel, dans lequel le Chronicles avait réservé pour nous, question de praticité. Mais avant ça, rajouter sept heures et demi de trajet avaient été nécessaires pour atteindre notre destination. Et je pouvais dire qu'après huit écoutes d'Africa de Toto, les liens s'étaient doucement resserrés.
Nous avions fini par nous livrer l'un à l'autre, après un certain temps et j'avais découvert sa grande passion pour Dwayne 'The Rock' Johnson. Comment ne pas se sentir en pleine virilité à côté d'une montagne de testostérone comme lui, hein ? J'en mange quatre comme lui au petit-déjeuner, ok ? ...C'est absolument faux. J'avais été ravi qu'elle embraye aussi rapidement sur ce sujet qui semblait littéralement sans fin, pour elle. Et m'avait permis d'éviter d’hyper-ventiler à cause de l'incident. De quoi parle-je donc ? (Est-ce français ? Je ne sais pas. Faut faire des expériences dans la vie.) De mon malheureux porte-monnaie qui est tombé entre nous deux, lorsque j'ai souhaité le tendre à Elsa pour qu'elle règle l'essence. Qui a permis un merveilleux rapprochement surprise et quasiment fantomatique entre sa bouche et la mienne, l'espace de millisecondes. Ce qui a entraîné un silence monumental pendant deux minutes et trente-quatre secondes. Oui j'ai compté, je vous en prie. Mais après cet instant de malaise, les langues s'étaient gentiment déliées et nous avions fini par faire connaissance, parler de la famille, rentrer dans des détails plus personnels. Je ne me sentais plus comme le voisin qui lui avait râlé dessus pour une histoire d'usurpation de connexion wifi. J'avais l'impression que nous avions brisé une sorte de mur entre nous et c'était assez plaisant, à vrai dire.
« Le Hampton Inn & Suites, c'est ici. » j'annonce, en pointant le grand bâtiment du bras et avec un immense soulagement à l'idée de pouvoir enfin me mouvoir hors de la voiture. Mademoiselle se gare prestement dans un endroit où il reste encore de la place et je m'extirpe de l'habitacle, avec un geignement d'extase. « Bon Dieu, je ne pensais jamais dire ça mais je suis heureux d'être debout ! » je rajoute, avec un sourire amusé. Puis nous déchargeons nos affaires de son coffre et je jette mon petit sac de sport en cuir sur mon épaule. Il n'était pas spécialement lourd et je n'avais strictement rien fait depuis que nous étions partis alors j'étais encore capable de porter mon propre barda. « Prête à découvrir les réunions d'amateurs d'arts, Miss Harrington ? Je vous préviens, vous risquez d'être surprise. » Et tout ça avec un clin d'oeil espiègle. (Oui, le clin d'oeil est un skill obtenu depuis le niveau 2 : "visite au musée". Il est donc utilisable à n'importe quel moment.)
Sujet: Re: Let's make some embarrassing content. (Olsa #3) Sam 17 Aoû - 22:49
7 minutes of unnecessary panic
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Si ma destinée avait un nom elle s'appellerait Oswald Landolt. On reprend ? On reprend.
J’en étais à effacer mon encart « santé » pour les Taureaux, parce que « demain est un autre jour » n’est indicateur de rien et que ça fait deux semaines qu’on reçoit des mails d’une ménagère qui se plaint que l’horoscope est mal écrit – alors que ça fait un an qu’il est écrit par mes soins mais soit – et qu’il faut que je fasse mieux. Puis le boss a hurlé mon nom de son bureau, je me suis précipitée avec plus ou moins d’affolement pour savoir ce qu’il voulait. Est-ce que je perds mon emploi à cause de la ménagère, est-ce qu’il a un article pour moi, est-ce que je peux être une vraie journaliste pour une fois ? La réponse à toutes ces questions est un beau et méchant « non ». Il m’a demandé si j’avais mon permis, un véhicule, et si je voulais bien accompagner Oswald Landolt à une convention d’artistes fumeux – ce sont ses mots. Et non, je ne voulais pas. Mais j’ai négocié, parce que je suis une adulte responsable et que j’ai de la valeur et que je mérite d’être traitée avec respect – et pas comme une simple chauffeuse pour mon voisin. Après donc m’être assurée que les frais liés au déplacement seraient remboursés, que les deux jours me seront payés et après avoir obtenu le titre de photographe sur l’article, j’ai accepté. Ensuite, je suis retournée à mon horoscope, non sans envoyer un message à Ivy pour qu’elle vienne me chercher parce que c’est la panique.
J’ai peut-être plus ou moins commencé à développer un béguin pour Captain Switzerland, et passer quelque sept heures aller, un week-end et sept heures retour en sa présence m’enchante tout autant que ça m’effraie.
Il m’a fallu un rendez-vous professionnel qui ressemblait quand même beaucoup à un rendez-vous galant au musée pour me rendre compte du charisme et du charme de l’individu. Je ne suis pas longue à la détente, j’ai juste eu un petit problème de connexion de neurones entre eux. Mais ok, carrément, j’ai compris. Oswald est joli, gentil et cultivé, il est grand de taille et fort en intellect, il déclenche quelques réactions physiques dans mon petit corps à l’occasion et je ne sais pas pourquoi ça n’a pas fait tilt avant. D’un côté, tant mieux, parce que jusqu’avant j’arrivais à avoir des conversations et à penser à lui de façon tout à fait banale. Je ne stressais pas pendant trois jours à l’idée de passer autant de temps avec lui. J’ai établi une liste des choses à discuter pendant le trajet, Ivy m’a aidé à faire une playlist aussi. Il y avait beaucoup de Africa by Toto dedans. Et finalement, on est parti à six heures du matin de la façon la plus naturelle qu’il soit – on s’est retrouvé sur le palier, il a fait une blague au niveau des boîtes aux lettres et en route mauvaise troupe. On est rapidement venu au bout de ma playlist, et de mes sujets de conversation. Je lui ai raconté ma vie de A à F, parce que j’ose espérer que Z est loin, en commençant par mes parents qui jouent leur rôle à merveilles, par mes neuneus de frères qui ont rendu ma vie plus drôle, l’anxiété, le musée, les cheerleaders, le lycée, San Francisco, Ivy, la vie. La partie relations amoureuse a vite été bouclée de mon côté, inexistante. J’ai eu le droit en retour à la Suisse, les montagnes et les lacs, Oswald qui veut bien me parler en français et je n’ai absolument rien compris mais ça ne m’a pas empêché d’en frissonner, la petite soeur, le déménagement à San Francisco, à un glandu appelé Romeo, l’art, le théâtre, les voyages, Molly, l’accident, la vie. Les heures de route passent finalement vite, et presque sans incident. J’ai sauvé le silence gênant d’un rapprochement confus et non voulu en embrayant sur mon amour pour une certaine pierre chauve. The Rock sauve une nouvelle fois le monde d’une catastrophe imminente.
Je pousse le soupir le plus plaintif de l’histoire des soupirs plaintifs lorsque je peux enfin claquer la porte de ma voiture derrière moi, et étirer mes membres haut dans le ciel. J’ai besoin d’une séance de yoga pour étirer et remettre tout le bazar en place, ici, maintenant, MERCI. J’ai aussi besoin d’un café, et d’une montagne de frites. « Bon Dieu, je ne pensais jamais dire ça mais je suis heureux d'être debout ! » Un sourire se glisse sur mes lèvres à la remarque d’Oswald, je veux bien l’embarquer dans ma séance de yoga si besoin. « Ne jamais dire jamais, l’ami ! » On récupère nos affaires et on avance vers l’entrée de l’hôtel. Est-ce que je suis prête à découvrir les réunions d’amateurs d’art ? Est-ce qu’il peut ne pas me faire de clin d’oeil comme si ce n’était pas indécent, aussi ? « Je ne sais pas, dit comme ça j’ai l’impression de rejoindre une secte. » Et je ne suis pas prête à rejoindre une secte, donc si on peut éviter cette étape… On se présente à la réception de l’hôtel, donnant nos noms pour valider la réservation de notre chambre – avec deux lits, a promis le patron. Je tire une tête surprise lorsqu’on nous propose de monter nos bagages pour nous, peu habituée à un tel service. Ça nous fait gagner du temps et on ne refuse pas, comme ça on se dirige directement vers l’espace de réception de la convention. Je peux déjà apercevoir le grand espace aménagé, le chandelier en plein milieu de la salle de bal, et le nombre de personnes présentes dans des accoutrements plus colorés et extravagants les uns que les autres. Wow. J’ai l’appareil photo qui me démange, mais avant de rejoindre l’assemblée il nous reste un bodybuildé à passer. « Oswald Landolt et Elsa Harrington, pour le San Francisco Chronicles. » Le type acquiesce, parcourt la liste, relève la tête. « Je n’ai pas d’Elsa Harrington dans ma liste. » Alors oui, excusez-moi, mais je suis pourtant bien vivante et je connais encore mon identité. Mais il est vrai que je n’étais pas prévue au voyage, au départ, aussi je pousse un soupir. « C’est un malentendu. » Heureusement que je suis – bien – payée pour être ici, je piquerais une crise sinon. Mais je n’ai pas le temps de sortir ma carte presse et expliquer l’entourloupe à l’organisateur que Oswald décide de poser son bras autour de mes épaules – pardon mais je pensais qu’il était content d’être debout. La suite aussi, c’est un malentendu.
Sujet: Re: Let's make some embarrassing content. (Olsa #3) Jeu 22 Aoû - 16:41
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Prenez une grande pièce décorée à grands coups de rococo, avec un grand pouvoir de résonance. (Oui, les conférenciers apprécient beaucoup d'entendre leur voix porter jusqu'au bout de la salle, question d'ego.) Rajoutez des sujets aussi divers que variés sur les nouveautés, les remises en question de certains mouvements, des journalistes affamés de réponses et de quelques potins croustillants. Des confrères, consœurs, qui se déplacent de leurs ateliers pour écouter avec attention. Et des petits fours accompagnés de verres de prosecco. La partie la plus cultivée de la haute s'y retrouvait et l'on pouvait se retrouver confronté autant à des bobos gauchistes amateurs de Merlot qu'à des professionnels focalisés sur la moindre erreur afin d'étaler leur science. Moi ? Je venais simplement faire le greffier et observer toute cette agitation, retranscrire les événements et profiter de l'apéritif, tout en apprenant davantage sur ma passion. Concernant Elsa, j'avais des doutes mais elle avait tout le chemin pour me conduire jusqu'ici et j'espérais sincèrement qu'elle allait y trouver un certain intérêt, peu importe lequel. J'étais certain qu'elle avait pouvoir tirer des centaines de portraits et j'avais hâte d'en voir le rendu, de pouvoir poser mes yeux sur l'art et la manière dont elle exerçait cet art.
En tout cas, j'en avais appris plus sur la demoiselle en sept heures de route qu'en plusieurs mois de voisinage et de travail au même journal. Même si nous n'étions pas logés à la même enseigne, nos chemins se croisaient régulièrement et je me rendais compte que je n'avais jamais pris le temps de la connaître plus. Réaliser que j'avais envie d'en savoir plus à son propos avait noué quelque chose dans mon estomac et rendu mes lèvres sèches. Mais la perspective de ces quelques jours serait peut-être favorable, qui sait ? D'autant plus que nous étions arrivés et que j'allais pouvoir me mettre debout et redonner un peu d'action à cette vieille carne de jambe, après un long moment d'inaction. Sur le court chemin menant à la réception de l'hôtel, je lui demande simplement si elle se sent prête à découvrir ce monde et un léger rire m'échappe à sa réponse. « Pas de rituels au clair de lune et de sacrifices de chèvres, promis. » je souffle, avec un air malicieux, trimbalant mon sac sur l'épaule. L'amusement rehaussé par la mine surprise d'Elsa lorsque nos bagages nous sont pris pour être montés à notre place.
Je n'allais pas m'en plaindre, avec mon genou.
Et nous sommes finalement conduits jusqu'à l'entrée de la salle préparée pour l'occasion. Parfaitement adaptée à l'image que je m'en faisais, avec son immense lustre en cristal, l'estrade aménagé avec quelques sièges, un présentoir muni d'un microphone. Tout à fait habituel, somme toute. Quelques personnes - beaucoup, en fait - étaient déjà rassemblées à l'intérieur. Sauf qu'un homme trois fois plus large que moi, en muscles précisons-le, barre le passage et nous exhorte à donner nos noms. Ce que la brune fait, avant que son droit d'entrée lui soit refusé. Merde. Techniquement, elle n'était pas comprise dans l'événement mais je pensais que le rédacteur en chef avait fait le nécessaire pour remédier à ça. Apparemment, pas. Il me fallait vite trouver une solution. Rapidos, Oswald. Qu'est-ce que Rome ferait, à ma place ? Il avait le don de se sortir de tous types de situations avec très peu de choses et beaucoup d'imagination. Instinctivement, je passe mon bras autour des épaules de ma collègue et voisine, seul endroit atteignable sans avoir à me baisser. Oui, elle est minuscule, mais passons. « C'est ma petite-amie. » je lâche, d'une seule traite. Comment est-ce que ça a bien fichtrement bien pu me passer au travers de l'esprit ? Aucune idée, mais c'est fait, maintenant. Je baisse les yeux vers ma canne avant de remonter en direction du garde, resserrant inconsciemment ma prise sur la brune. « Elle est également journaliste, en plus d'être photographe. Demandez au rédacteur en chef du SF Chronicles, il vous confirmera sa présence. » je rajoute, d'une voix tout à fait posée en sortant ma carte presse, le défiant d'aller vérifier. Ça revenait à me traiter de menteur. « Ou souhaitez-vous que je le fasse ? Qu'on en finisse ? » Mon ton était volontairement agacé et ce fut la goutte qui le fit flancher. Après un énorme soupir qui me fit hausser un sourcil, il griffonne certainement son nom et je lui donne quand même le numéro de notre supérieur, par précaution. « C'est bon, allez-y. » Victoire pour Oswald Landolt et merci Maman pour les cours de théâtre.
Sauf que maintenant que nous sommes à l'intérieur, je prends conscience de l'excuse utilisée et j'attends d'être hors-de-portée du vigile pour relâcher mon étreinte, la gorge subitement déshydratée. « Euh- je- héhé, tu as pu rentrer, finalement. » je ris à moitié, enseveli sous la gêne. Mes capacités intellectuelles étaient actuellement réduites à celle d'un gastéropode et aucune excuse ne me venait en tête pour répondre de mes actes. « On va prendre quelque chose à boire avant de s'asseoir ? »Il me fallait quelque chose, n'importe quoi.
Sujet: Re: Let's make some embarrassing content. (Olsa #3) Dim 25 Aoû - 18:50
7 minutes of unnecessary panic
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Tous les petits poils de mon corps s’électrisent au contact d’Oswald, avec plusieurs explications au phénomène. A, c’est inattendu. B, les petits-mots qui accompagnent le geste – j’ignorais qu’on accédait à cette carte en trimballant l’énergumène sept heures sur les routes des États-Unis d’Amérique. C, ça devient quand même vite familier tout ça, wow. D, ce n’était pas dans mon contrat. E, je ne suis pas la petite-amie d’Oswald et même si je l’étais. F, je suis journaliste avant d’être la compagne de qui que ce soit. Photographe, au minimum. J’ai travaillé dur pour en arriver là, je galère toujours à faire entendre ma voix au Chronicles et que Oswald ne me présente comme journaliste qu’après révolte tous les principes féministes et autre. Le ton qu’il emploi avec le baraqué me surprend aussi, parce que si différent de l’Oswald doux et gentil que je connais. Je pense que les heures de voiture m’ont fatigué, ou bien je suis entrée dans un univers parallèle. J’ai résolu le MCU : multiverse is a real thing. « Ou souhaitez-vous que je le fasse ? Qu'on en finisse ? » Doux Jésus, okay. Je lève les yeux au ciel, témoin bref de mon agacement, avant de fouiller dans mon sac pour en sortir ma carte presse que j’agite sous le nez de la sécurité. « Aherm, je suis journaliste, et également photographe, et ma présence ici est une décision de dernière minute ce qui explique que mon nom n’est pas sur la liste. » Un malentendu, disais-je. J’esquisse un sourire d’excuses, avant de hocher la tête avec un air grave pour appuyer les paroles d’Oswald. « Même s’il est un peu lunatique et pas très organisé, le boss reste quelqu’un d’important et croyez-moi, vous ne voulez pas le déranger. » Enfin, je ne veux pas le déranger et discréditer le peu de respect qu’il a pour mon travail. Je commence à me lasser de faire l’horoscope, j’aimerais ne pas être obligée de faire ça toute ma vie. Je veux être une vraie journaliste. Un jour.
Pour l’instant, on arrive tout de même à entrer sans plus d’incident, et c’est un premier soulagement. Mes épaules retrouvent la liberté et le célibat, et je commence à fixer Oswald de façon intense et sans cligner des yeux pour voir une quelconque réaction de sa part. Et on ne dirait pas comme ça, mais c’est très menaçant, d’avoir une furie qui vous fixe. Mes frères tiennent une minute, généralement, Ivy à peine dix secondes. Oswald à peine trente, c’est son record. « Euh- je- héhé, tu as pu rentrer, finalement. » Je hausse un sourcil, comme Dwayne me l’a appris, alors qu’il rit nerveusement. « Finalement. » Je répète. Je pense que lui comme moi savons que je serais rentrée, avec un peu d’explications et de raison, mais il a décidé de sortir un argument qui n’avait pas lieu d’être et pouvait être presque déplacé. Presque ? Pourquoi presque ? Pourquoi je n’arrive pas à être offensée plus que ça ? « Il y a quelque chose dont vous avez envie de me parler, Oswald Landolt ? » Je prends ma voix de journaliste, toute sérieuse et haute perchée, et pose mes poings sur mes hanches d’un air concerné. J’ai presque envie de lui agiter ma carte presse sous son nez à lui – il est grand, peut-être qu’il ne l’a pas bien vu tout à l’heure – mais c’est un combat perdu d’avance que je n’ai pas envie de mener. Ni le lieu, ni l’endroit, on fera ça un autre jour. J’espère qu’il sait quand même que je suis journaliste. Ce serait sympa de sa part. « On va prendre quelque chose à boire avant de s'asseoir ? » Non, je suis fâchée. « Yep, je risque de mourir de déshydratation suivant. » Mais apparemment, les artistes ne connaissent pas le concept d'eau. Je suis convaincue qu'au moins un des pichets contient de l'opium. Les tables sont décorées de copieux petits fours et autre bouteilles de champagnes, et j'arrive quand même à attraper un verre de jus de fruits. « T'es vraiment sûr qu'il n'y a pas de sacrifices à la fin de la soirée ? » J'ai l'impression d'avoir rejoint une grande sauterie, ça va finir en orgie tout ça et je vais vraiment mourir.
Les places dans l'assemblée ne sont pas attitrées et fort heureusement où je ne serais pas invitée à m'asseoir sinon. On avise des sièges côtés à côtés, je sors mon appareil photo. Je suis à peine à l'aise, le quotient intellectuel réuni dans cette pièce explose les standards auxquels je me confronte d'habitude, et avoir mon appareil photo est pas mal rassurant. J'ai Oswald, aussi, mais Oswald ne m'apporte pas la satisfaction de faire clic clic et de figer un instant quand je lui demande. Cela dit, il peut sans doute faire clic clic à ma demande, mais bref. Les invités commencent à prendre place et je décide qu'il est temps d'abandonner mon petit-ami (notons que je ne l'ai pas encore prononcé et que je compte garder cette carte pour l'embêter plus tard) pour aller prendre quelques clichés. « Pas de flash. » On me grogne dans l'oreille alors que je suis près du mur. Je jette un regard mauvais par dessus mon épaule, je connais mon métier merci, et ignore l'individu pour aller un peu plus loin. Où on me demande si je suis la demoiselle qui va faire un exposé sur Toulouse-Lautrec. « Qui donc ? » Regard hautain en conséquence. Et je gagne quelques nombreux autres dans le genre, principalement d'homme dégarnis du crâne mais bien fournis au niveau du ventre. Mon rythme cardiaque commence à s'accélérer, les premiers applaudissements retentissent alors qu'une femme - hallelujah ! - monte sur scène, et je m'empresse finalement d'aller retrouver mon partenaire. « Il y a du monde. » Je fais, le souffle coupé, une fois assise. J'ai l'impression d'avoir couru alors que ce n'est pas le cas, mais mon souffle est erratique et mon rythme cardiaque un peu trop affolé. Ce ne sont pas les signes d'une crise de panique imminente, juste que je ne suis pas sereine et que j'ai hâte que ça commence. Ça ira mieux après, il faut juste que je m'habitue à cette nouvelle situation.