Bon, si on résume ? You're shit-faced. Franchement ça change pas tellement de d'habitude, ouais ok, pas faux. Y'avait un concert hier soir, Bart est v'nu, vous avez bu un verre après, ça c'est fini en petit joint tranquille sur le canapé devant un jeu vidéo. Tu as perdu. Et avec la défaite amer, y'a le fameux arrière-goût pâteux qui traîne, en plus du tambourinement dans ta tête. Ah, non attends. C'est pas dans tête. Pas que. Aux dernières nouvelles quand on frappe à la porte ça veut dire qu'il y a quelqu'un derrière. C'est avec zéro volonté et tout en grognements que tu t'lèves, barbouillé et débraillé comme jamais, pensant innocemment qu'il s'agit d'un coloc qui a oublié ses clés.

Première erreur.

C'est Dawn, et tu retiens de justesse un juron lorsque ton cerveau connecte tous les petits branchements. C'est la nana qui traîne de plus en plus chez toi parce qu'elle est pote avec France. C'est la nana que tu trouves canon, parce que franchement z'avez vu son petit minois adorable ou quoi ? Mais qui en plus de ça en a dans le ciboulot, et ce qu'elle a te plaît tout particulièrement. Vous n'avez jamais vraiment eu l'occasion d'apprendre à vous connaître, tes maigres tentatives vites rembarrées par France ou par la principale intéressée. Ça te décourage à peine, tu as l'habitude de pas exister, et ça ne t'empêche pas de bien l'aimer quand même. Petite minute mode : t'es fringué que d'un caleçon et tu espères de tout ton cœur que ce n'est pas celui qui a une sale tâche de gras. Tu regardes pas, t'oses espérer qu'elle en fera autant. Vous n'en êtes pas là dans votre relation, voyons, ce serait malvenu de sa part. La seule fois de ta vie où tu ne veux pas qu'une nana te reluque...

Un rire nerveux lui échappe, ton cerveau est trop lent pour en faire autant et prétendre que la situation est normale. « Hey, Leo. Sorry if I… woke you up. Hum… Is France here ? She said she’d be home by now… » Trop. D'informations. « Hi. » C'est bien, continue bonhomme. « Dawn. » ... Non, pas comme ça. « Hi Dawn. » Ok ! Ensuite ? « I have none of the answers you're looking for. I'm not even sure if you woke me up. » Trop de sincérité, frère, arrête-toi.

Le petit Bart dans ta tête est en plein face-palm.

Tu finis quand même par te pousser pour la laisser entrer. Elle connaît la maison alors tu la laisses faire, regagnant ta chambre pour de fringuer un peu. Tu luttes avec les jambes d'un jean à peine coopératif, prends le premier tee-shirt qui te passe sous la main.

Seconde erreur, celui-là appartient à ton coloc et 1. tu n'sais pas pourquoi il est dans ta chambre mais 2. il est un poil trop grand pour toi sauf que 3. tu as déjà trop réfléchis pour aujourd'hui.

Tu retrouves Dawn dans le salon, en train de s'énerver après son téléphone. Probablement France qui ne viendra pas, finalement. Ce qui veut dire... « I guess I’m already going back home. » Que tu pourrais te retrouver seul avec ton petit béguin si elle veut bien rester chez toi. « Nooo ! » ... CaSuAl. « I mean... You can stay, I don't mind. » Passe la marché supérieure, passe à autre chose, change de sujet bon sang !!! « Y'want breakfast ? » Mais articule, bordel, t'es pas dans ta campagne du Texas là ! « Or maybe you've already eaten ? What time is it anyway ? » Tu as légèrement la tête qui tourne quand tu relèves la tête pour regarder l'horloge du salon. « God I need to lie down. » Ils sont au poil, tes instincts de séduction, wow. L'assemblée est impressionnée. Tu ne te démontes pas, quand même, et files dans la cuisine. Tu es surpris de voir que Dawn t'a suivie, pensant qu'elle aurait déjà pris la fuite en se rendant compte qu'elle était coincée avec toi. Le café est encore tiède dans la cafetière, tu attrapes deux tasses sur l'évier en espérant que le fait qu'elles étaient renversées soit témoin de leur propreté. Tu jettes un coup d'oeil à la demoiselle, dont la simple présence parvient à te faire sourire. De si bon matin, quel exploit. « So what's up ? You look tired. » Dit-il. Et quelle manière de parler aux femmes, quel tombeur !

T'es pas subtil, Leo. Ni dans ta manière de te tenir, ni dans ta manière de la retenir. C'est un zéro pointé. Bart serait là qu'il se foutrait de ta gueule et te dirait de retourner te coucher pour éviter les dégâts. Ton charme naturel est presque inexistant quand tu as toutes les capacités de ton cerveau, alors là... Bon, avec le temps, tu as appris à assumer. Tu gères, ça va, franchement. Tu arrives à lui proposer un petit-dej, avant de penser qu'elle en a sans doute déjà mangé. Il est relativement tard, pour les gens normaux. T'aurais pu pioncer deux heures de plus et tu l'aurais très bien vécu. Là, t'es juste un ours mal réveillé. Mais pas un ours sexy comme dans la pub pour le café. L'ours en peluche qui fait office de doudou, auquel il manque un œil et plein de poils. Et qui pue, en plus. Tu percutes même pas le bout d'excuses de Dawn et le fait qu'elle veuille te laisser pioncer. En chemin vers la cuisine, tu renifles discrètement ton tee-shirt et rencontres l'odeur de la weed et de la cologne de ton meilleur pote. « Oh fuck it. » Trop perturbant, il va vraiment falloir que tu vires ça.

Bon concentre-toi, un peu.

Petit-déjeuner, boisson... Réveil... Café ! Ding ding ding, le gros lot est à vous félicitations ! C'est compliqué, la remise en route des neurones, mais tu gères. A peu près. C'est finalement la vue de Dawn qui t'a suivi et qui, comme d'habitude, a pris ses aises dans ton petit espace de vie qui te donne une coup de fouet. Mieux que le café, Dawn Jaro...-striche, god damn it what is her name again ?! Tu lui tends une tasse de café tiède, réfléchissant seulement trop tard que tu ne lui as même pas demandé si elle en voulait un, mais elle accepte la main tendue avec un sourire alors c'est gagné.

Tu lances la conversation, t'es quelqu'un de poli. Et intéressé, à défaut d'être intéressant. Comme pour confirmer tes observations, elle va se frotter le visage comme une enfant. She's freaking adorable, what ?! « Not much… I was working on a game for a contest the past two weeks. » Mais son jeu a bugué alors l'affaire a l'air d'être morte. Tu grimaces en compassion, parce que tu connais les petites failures rageantes dans ce domaine. Même si t'es pas allé très loin avec la fac, vous avez un chat démon robot pour témoigner de vos capacités, woops. « Meh. Contests are just exploitations anyway. You'll see, in three or four months the same company will offer a game that is exactly like yours but slightly different. Sue them, win money, bring me to McDonald's to celebrate. » T'es un homme avec des goûts simples, Leo, un petit McDo suffit à te faire plaisir. Et qu'est-ce que tu racontes, bon sang ? La demoiselle est triste et tu l'emmerdes un peu plus avec tes histoires de faux procès. Raaaah, c'est compliqué la séduction, que veux-tu.

« I’m so pissed off. I can’t remember the last time I’ve slept. » You can sleep in my bed anytime. Leo ! « Pff, I feel you. We can take a nap after coffee if you want. » LE-O ! DON'T BE A FUCKING CREEP, JESUS ! « I said nap, I mean nap. » Tu te détestes, présentement. Alors tu décides de te noyer dans ta tasse. Ça vaut mieux pour l'humanité toute entière, à ce stade. « Rough night ? » Merci de sauver l'honneur, Dawn. Tu pousses un soupir exagéré. Même pas. T'aimerais avoir une vie trépidante et sauver des mémés et des chatons toutes les nuits, mais c'est pas le cas. Dommage qu'ils ne vendent pas ton genre comme celui du mec parfait dans les films. « The show ended late. » C'est pour ça que vous avez décidé de faire durer la soirée et de vous coucher encore plus tard. Vous êtes des idiots, y'a pas à dire. « And you woke me up. » Finalement, tu décides d'accuser, mais t'es taquin alors ça passe. La taquinerie est presque immédiatement reprise de son côté. Elle ne traîne pas à la coloc pour rien. « I had no idea that you are a fan of the forty-niners. » Si même Dawn est capable de griller que 1. c'est pas ton tee-shirt et 2. t'as rien d'un sportif... Ok, franchement, tes chances avec elle ne sont pas à zéro mais négatives. Va falloir te faire une raison. Ça te fait rire, quand même. « No, but you know what I'm a fan of ? » Tu demandes, la voix déjà en train de rire de ta connerie et de ton air dramatique. « Privacy. Our love story with Bart concerns us and only us ! » It's not a real friendship if there's no rumor that you're gay for each other. Tu ris, quand même, pour qu'elle comprenne que tu plaisantes.

« And you, what’s up ? » Tu sauves des chatons et des grands-mères toutes les nuits. « I'm shit-faced. » Que tu réponds, un sourire moqueur sur les lèvres. Si ce n'était pas clair, hein. Ça peut excuser l'ouverture de porte à walpé, les propositions presque indécentes et les réponses lentes. Quand même. « But nothing much. Same old, same old. » Arrête de tout répéter, elle comprend bien la première fois. « Work, games, friends... Repeat. » Tu mentionnes pas la fumette, tu essaies de garder un bon profil. Ça te fait penser qu'il va falloir que tu ailles voir comment ça va, en bas. Plus tard, tu as une invité quand même. « Oh and I have to find my Mum a birthday present today. » Si tu continues la liste des choses à faire... « Shit I have no idea of what to take for her. » Ça va se finir en nouvelle petite plante grasse, comme tous les ans. « Any feminine-friendly suggestions ? » Ça changera de Ginny qui répondra avec le dernier vêtement à la mode et France qui t'envoie promener pour que tu te débrouilles seul comme un grand.

Promis, quand ton cerveau fonctionne à peu près normalement, t'es plus doué pour consoler tes potes. Tu as envie de lui faire une carte d'excuses, un bout de papier cartonné qui dirait 'Excuse him he's shit-faced'. Ça t'aiderait beaucoup dans la vie, quand même. « You’re right. » AM I ? « Not about the McDonald part, but about contests. Maybe it wasn’t a good idea for me to participate. » Okay, ouch, quand même. Tu fais la moue, mais tu laisses passer. Tu sais prendre un rejet, ça va, t'as pas la masculinité fragile. Parce contre, tu as le filtre pensées - paroles bien mince. Tu lui proposes une sieste de la pire des manières qui soit, tu comprends que ça peut être mal interprété alors tu en rajoutes une couche. T'es super sérieux, tu as grave envie de pioncer et t'oserais pas lui proposer un rapport sexuel protégé et consenti aussi franchement. « Yeaaaah, right... I know what that means. A nap which starts in your bed and where we magically end up unclothed. » Joiekoefk putain t'étais sûr d'en arriver là. « Nooo I wasn't implying sex ! » Elle esquisse un semblant de sourire. T'as l'impression de rougir. Les rapports de force homme-femme ont été renversé, ça y est, les féministes ont gagné. « I pass. » Double ouch. « I didn't mean sex, Dawn. » Tu re-précises, quand même. « I would take you out on a date before that, please, I'm a gentleman. » Franchement, tu n'aides pas ton cas, c'est désespérant. Il y a un petit neurone qui allume une lumière jaune, signe qu'une information est prête à sortir. Le présentateur / assistant te tend la carte, et tu finis parte souvenir du petit fun fact. Minute intello. « Actually, science said that napping would be a perfect date. Some stuff about being in our most vulnerable state. I don't remember much else. » Et si la science le dit, alors il faut y croire. Regardez le changement climatique et la ronde-ité de la terre qui ne sont plus remis en cause aujourd'hui. Ah, he sassy.

Toi aussi, t'es fatigué. Vous savez tous les deux pourquoi, de toute évidence. Même si elle ne s'était pas rapprochée, c'est pas compliqué de deviner. « And the band’s name was Weed, right ? » Tu réponds pas, au cas où que tu sois sur écoute. Règle numéro une : ne jamais confesser ses crimes. Tu la taquines sur le fait qu'elle t'a réveillé - après réflexion, c'est ce qu'il s'est passé - elle te répond de la même manière parce que tu portes le tee-shirt de ton pote. C'est l'une des raisons qui font que tu l'apprécies, Dawn, quand même. Que tu puisses rire d'à peu près tout avec elle. Elle rit à ta blague sur ton pote, et y'a ton petit coeur qui loupe plusieurs battements avant de s'emballer sous l'affolement. « Yeah apparently. And I saw things more than once too. » De quoi ? « What ? No. You did not. » On sent qu'y'a des trucs à se reprocher, par ici, tiens.

A part ça, tout roule. Ish. Tu te souviens que c'est bientôt l'anniversaire de ta mère et que tu dois lui trouver un cadeau. Quand tu sais pas, tu offres des plantes toutes petites dans des pots ridiculement mignons, mais ta mère en a déjà une dizaine des comme ça. Tu demandes l'avis de Dawn, un peu de fraîcheur dans tes potes, peut-être que ça t'inspireras un truc. « Oh, are you talking to me ? Because I’m the worst to find presents. My parents got the same things for three years now : craft beers sets and design books. » Ta mère risque de râler si tu lui offres de la bière. Et présentement, tu n'es pas sûr de savoir encore lire alors rien que l'idée d'un petit objet rectangulaire avec des mots dedans te file la gerbe. Tu pousses un soupir. Il va encore falloir que t'aille gratter la charité avec ta sœur pour que vous fassiez un cadeau ensemble. « ‘Told you. » Tu esquisses un mince sourire, quand même. « Yeah, thanks for your help. » Tu rajoutes, un poil ironique. Pas très utile la miss.

« Feminine-friendly, btw. I absolutely don’t know what that means. » Tu fronces les sourcils. Ça fait pourtant sens pour toi, mais tu sens qu'il y a anguille sous roche. « Yeah me neither. » C'est trop tard, t'as fauté. La pichenette derrière l'oreille est pas loin. « Or you can buy a sanitary towels pack. I’m sure she will love it. » Et bim, les féministes strike back. Tu grimaces, touché-coulé. Elle est vraiment dure avec toi, aujourd'hui, la polonaise. « Ah, fuck. » Pas de commentaire de ton côté, tu décides de l'ignorer et d'attraper le sachet de pain de mie. Tu as l'impression de faire l'effort le plus dur de la terre alors que tu tends juste la main. Plus jamais. Plus jamais tu te lèves de ton lit alors que ce n'est pas l'heure. « Do you work today ? » Sa question te surprend un peu, tu relèves la tête pour l'observer quelques secondes. « Nah. » C'est bien pour ça que tu t'es permis ta petite fumette, hier soir. T'aurais clairement pas assumé, sinon. Mais tu bosses demain, il va falloir assurer.

« It must be weird sometimes to be out of hours compared to your roommates. » Tu hausses une épaule. Tu avais pensé ça, au début. Tu voyais la coloc' comme une famille améliorée. Les petits-dej ensemble, le repas du soir aussi, tous autour d'une table à se raconter la journée. Mais la vérité, c'est que vous êtes des adultes indépendants et pas une famille. C'est difficile d'imposer un rythme, rien que pour les repas, à tout le monde. S'ajoutaient les heures de cours, machin qu'est pas là tel jour, toi qui a commencé à travailler plutôt le soir... C'était pas faisable. Et au final, c'est pas tellement grave. « No it's cool. We need our own space. » Tu en croises toujours un, que tu te lèves tard le matin et qu'iel rentre manger le midi ou quand tu rentres tard le soir et qu'iel dévalise le frigo. Tu ricanes en pensant que vous vous voyez beaucoup pour bouffer, quand même, et ça fonctionne avec Dawn aussi. « We wouldn't have a lot to tell each other if we had the same working hours. » Et puis, ça te plait bien de jamais avoir la même routine et de pouvoir faire encore ce qu'il te plaît. T'es un grand gamin, quoi. « Have you ever lived with roommates ? Besides your parents ? » Les parents ça compte pas, désolé, parce que ça reste une figure d'autorité. On ne mélange pas les tabliers et les torchons, même si ça se ressemble. « I feel like you're too independent to live with someone. Like a cat. » Dans le genre à faire krrrreih dès qu'on l'embête un peu trop pour des papouilles. Tu hoches positivement la tête, les yeux plissés. You can see it now. « You're a cat, Dawn. » T'es pas sûr si c'est un compliment, mais c'est quelque chose en tout cas.

De toute façon, elle t'a assez rembarré aujourd'hui pour que tu comprennes qu'elle n'est pas sensible à ton charme. Une autre fois.

« What do you wanted to do with France ? » Si ça se trouve, tu la retiens pour rien. Bon, tu lui as au moins offert un café, c'est pas perdu.

Leo, petit puceau fragile, acte 1. Bah ouais, t’es sérieux quand tu dis que tu pensais pas au sexe mais à la sieste. L’un est plus sexy que l’autre, mais rappelons gentiment qu’il te manque pas mal d’heures de sommeil et qu’attraper une tranche de pain de mie te demande des efforts considérables, et apposons ça à l’acte sexuel… Franchement, ça risque d’être une piètre performance. Contrairement à ton meilleur pote, t’es quand même capable de penser avec autre chose que ce qu’il y a dans ton pantalon. Et puis, tu n’as même pas envie de griller toutes les étapes avec Dawn. Si tu voulais juste la mettre dans ton lit, t’aurais été beaucoup moins subtil et bien plus avenant. Quoi que, t’es un flemmard quand même. Bref. « Yes, really. » Et on ne commence pas un concours de « really » comme The Miz à la belle époque, sinon on n’a pas fini. Première référence WWE pour Leo, je suis émue. « I’m kidding. I’m sorry. It’s so funny to watch your reactions. » Elle est cruelle, cruelle ! Tu fermes ta bouche et souffles fort par le nez pour montrer ton mécontentement, même si tu as conscience de ressembler à un caribou plutôt qu’autre chose. Tu as l’impression d’avoir renversé le pot de confiture du sujet tendancieux à ne pas aborder quand tu veux séduire une femme en toute subtilité, et que tu ramasses tout à la petite cuillère. Dans ta logique des choses, tu aurais capté un rencard avant. T’as de grands espoirs, c’est beau, quand même. Elle a l’air dubitative, tu te souviens à peine que la séduction passe par la confiance en soi – d’après Bart – alors t’essaies de te redresser un peu et surtout tu soutiens son regard. Même pas peur. « It seems like you already have a plan. » Tu lèves les yeux au ciel, même si tu souris légèrement. « Sure. We’re getting married in 4 years, warn your parents Dawn. I’ll make a queen out of you. » Tu plaisantes, quoi que t’es down si elle l’est Dawn, ça te fait rire. Il est en feu, ton petit cerveau, dis donc. Tellement que tu te souviens d’un fun fact lu dans un magasine qui traînait à la salle, et que t’enfiles ta blouse de scientifique pour le lui débiter comme argument ultime. Ça l’a fait rire. C’est le bon moment de rappeler que femme qui rit… « Alright, alright, Leo ! » See ? Tu en fais trop, calme tes ardeurs Don Quichotte. Tu mérites pas d’être Don Juan, tu le sais bien. « I agree. We’ll take a nap. » No way. « Really ? » Les petites lumières s’allument dans tes yeux, mais s’il faut elle se paie juste ta tête encore une fois alors tu ne t’emballes pas – trop. Elle a l’air sérieuse. Tu en glousses de plaisir. « Okay then. » It’s totally a date. Mais ta joie ne dure que quelques secondes. Tu viens de réaliser ton erreur numéro 3 : ta chambre c’est un putain de bordel et tu auras 0 minute pour la ranger.

T’es encore plus dans la merde que tu ne l’étais déjà, bravo Leo.

T’es pas un fan des 49ers, bien que tu connaisses l’ensemble de l’équipe et de leur tactique – merci Mew-Mew. Le dimanche, c’est foot, règle numéro une de la coloc. Au grand désespoir de tous. Tu n’arrives honnêtement pas à comprendre comment ça s’fait que tu portes le tee-shirt de Bart, alors comme d’hab’ tu décides d’en plaisanter. Et comme d’hab’, ça se retourne contre toi. Bienvenue sur ta cassette, Leo. « Sure I did and half of your friends too !! Like, two weeks ago ! When you both fell on the couch, he laid on top of you. Those insane looks you both had. That was almost a yaoi scenario. » Tu plisses légèrement les yeux, essayant de resituer mais franchement – ça arrive tout l’temps. En tout bien tout honneur, évidemment, you’re homies. « A what now ? » En fait, t’es pas sûr de vouloir savoir. « And no. No no no. That was bros supporting bros. » Littéralement. « That’s friendship to you, take notes. » Tu tentes la leçon de morale, pendant que tu y es. Si elle veut, Bart excelle à faire des listes de quinze mètres de long, il pourra sans doute lui en dédicacer une. Tu ris en retard en pensant que « la moitié de tes amies » implique que soit Ginny ou France n’a rien vu, mais tu ne commentes pas. Assez de dégâts, là il faut ramasser les bouts de verres du pot de confiture, ça devient délicat.

Ta mère va se retrouver avec une énième plante grasse, parce que Dawn est nulle pour les cadeaux et que tu as provoqué l’instinct de la féministe. Pire que les dragons, les féministes, vous êtes sûrs de perdre à chaque fois. Pauvres mâles innocents. Elle avait l’air de les aimer, tes petites plantes, ça va. « You’ve a sister, right ? » Oui, elle est à revendre si ça l’intéresse. « Yeah, older sister… A pain in my ass. » Tu l’aimes comme ça, certes. C’est trop bizarre les rares moments où vous vous entendez bien et où vous vous faites des mini-déclarations. La conversation dérive sur ton boulot et tes potes et la coloc. Franchement, ta vie elle est cool, tu la changerais pour rien au monde. Tu lui demandes si elle a déjà vécu en coloc, elle. Tu souris lorsqu’elle te répond, grignotant ton bout de pain au passage. Tu ne commentes pas sur le fait que ça a l’air mignon, comment elle dit ‘Kraków’, que son appartement explique peut-être sa petite taille aujourd’hui et qu’elle squatte toujours un peu l’appart donc rien n’a changé, finalement. Pour résumer, tu réponds d’un « That’s cute. » digne d’une adolescente blonde et riche des films. Les neurones s’agitent une nouvelle fois et tu décides que Dawn est un chat. Tu es sans doute biaisé par le fait qu’elle a une grande crinière et un petit nez adorable, mais ça la fait rire. « Really ? I always thought I was a bird or a dog. » Tu plisses les yeux, juste pour voir… Non, définitivement, c’est un chat. « We both will know eachother better. You’ll see, I'm the complete opposite of a cat. » Tu es prêt à aller ouvrir Photoshop juste pour faire des à-côtés : elle ressemble à un chat. Dans ton cerveau dans le brouillard, certes. « Maybe you’re a cat who was raised with a dog who itself was raised with a bird. » Après tout, on est au vingt-et-unième siècle, elle peut être ce qu’elle veut. Faut juste se mettre d’accord. C’est à ton tour de découvrir ton animal totem, même s’il n’est pas difficile ni surprenant. « You’re definitely a dog. So friendly and cute, even with strangers. » Tu portes tes mains à plat en dessous de ton menton et prends la pose de l’ange, avant de te mettre à rire. « You think I’m cute. » Tu ne l’as pas loupé, celle-là, eh. Good boy. « Or a bear, always hibernating. » C’est vrai que tu t’es senti ours ce matin. Le cute n’aura pas duré longtemps, dites-donc. « Ah you know what they say. Puppy in the street, bear in the sheets. » … Absolutely no one says that, ever. Pour la bonne raison que ça veut rien dire. Et avant de partir dans l'acte 2 de Leo le puceau, tu enchaînes avec la vraie raison de sa présence ici. France. Elle est clairement pas venue pour te réveiller pour mieux faire de sieste après, Dawn. « Oh, hum... I needed to cheer up and change my mind. » Alors au lieu d'un vrai repas elle a eu un café et toi à enquiquiner. Tu souris légèrement devant son visage fatigué et un poil triste. « Did I do the job ? » T'es franchement pas sûr, en plus elle a refusé ton McDo de victoire, mais elle n'a pas l'air particulièrement malheureuse. « Thank you. I feel better now. You're quite better than France to cheer people up ! » Ton nez se plisse légèrement alors que ton sourire s'agrandit un peu. She's so cute. « Anytime, Dawn. »

Tu la suis dans le salon mais tu ne perds pas le nord. Le canapé est cool pour dormir dessus, quand on est qu'une seule personne. Il fait lit, aussi, mais tu as franchement la flemme de l'ouvrir et chercher la couette et mettre une parure dessus et - non, franchement même à réfléchir c'est fatigant. « Will you allow me a 3 minutes raid into my bedroom to clean it real quick, so we can both pretend I’m a decent human being ? » Faut aussi que tu changes ton tee-shirt, même toi t’es pas capable de supporter d’avoir l’odeur de Bart trop longtemps. « Then, nap date ? » Puppy face à l’appui, maintenant que c’est décidé.

« Ahw. And if I say yes, is that a deal ? » Tu as commencé avec une connerie et maintenant tu as l’impression qu’elle est vraiment en train de te demander en mariage. Tu fronces les sourcils, l’air de réfléchir. Dans 4 ans, t’en as 28. Ça semble correct pour le mariage. Alors tu acquiesces. « Yes. » T’es chaud. Quand tu vas dire à Bart que tu t’es plus ou moins fiancé à Dawn, ET que tu as obtenu une sorte de rencard – tout ça en l’espace de cinq minutes – il va en perdre son slip. Enfin. Non, il va garder son slip. Mais ! Il va tomber sur le cul. Et garder son slip. Parce que Dawn commence à insinuer qu’il se passe des choses entre vous – ok tu as commencé et ok tu portes son tee-shirt et ok c’est plus de ta faute que la sienne – alors BART VA GARDER SON SLIP. Nom de Zeus.

On change de sujet de conversation, et effectivement tu ne veux pas savoir ce dont elle parlait. Tu n’as pas retenu le mot, et c’est tant mieux, ça t’évitera de mourir devant ton ordinateur plus tard. Sauvez son âme pure.

Le sujet dévie sur la famille et la coloc, un tantinet plus sérieux et surtout bien moins tendancieux. Tu hausses une épaule lorsqu’elle te demande si tu ne t’entend pas avec ta sœur. C’est pas ça. « No we do. We just have our weird way to show it. » Tu serais sans doute pas allé très loin si ta sœur veillait pas au grain. La pauvre, elle a dû jouer le rôle d’une deuxième mère – mais en même temps elle aime bien diriger son monde. Et toi, t’es parfait pour suivre les ordres. Vous vous êtes bien trouvés. Dawn est fille unique et elle n’a jamais vécu en coloc’. Tu décides de lui révéler son animal totem, sorti de nul part : c’est un chat. Solitaire de nature, mais qui cherche compagnie selon son bon vouloir. Et comme tout bon chat, chat proteste. Elle se sent plus chien ou oiseau. Humpf. « Oh god. What a strange animal I am ! But the one explains the other. I’m a catogird then. » A what now ? Tu pouffes de rire, pourtant t’étais sûr que tu étais celui qui fume entre vous deux. Elle semble satisfaite de sa nouvelle invention, et ça te fait rire un peu plus. « You’re silly. » Et apparemment, c’est de ta faute, bah voyons. Elles ont été rapide, les études de médecine, tiens. Ton animal totem est pas difficile à trouver non plus. Mais tu retiens : elle te trouve mignon et loyal, c’est l’essentiel. « Yeah, I do. Even a bear raised by golden retrievers can be cute. » Tu t’sens un peu insulté mais tu prends ça comme un compliment. Tu as bien aidé à la création du catogird après tout. Ce débat-là se conclue sur un dicton sorti de nul part, t’es pas Docteur en lettres de toute évidence.

Ça te fait extrêmement plaisir d’entendre que tu as réussi à lui remonter le moral – parce qu’au fond tu as juste été toi et c’est plutôt agréable d’être apprécié pour ce qu’on est. Relisez la phrase et pensez-y. Le semblant de petit-dej avalé, tu laisses ta tasse dans l’évier – c’est toi qui habite ici et c’est elle qui fait sa vaisselle, ouais, mais t’es un flemmard n’oublions pas – avant de repasser au salon. Sieste se fera dans ta chambre, mais tu as vraiment besoin d’aller la ranger en express pour ton bien-être personnel. « No doubt you are but sure ! I’ll wait. » Ark ark ark ton petit cœur, elle est trop mignonne. « Thank you for saying that. » Elle n’a pas vu la montagne de linge sale qui traîne par terre, ton honneur est encore sauf. « You’re imposssible. Yeah, I’m still in ! » Krkrkr okay. Tu tapes dans tes mains, regrettes immédiatement parce que ça fait trop de bruit mais peu importe : t’es content. Ne vomis pas. « Okay dope ! BRB ! » Trois minutes, cent quatre-vingt secondes, go go go.

Tu passes dans la salle de bain pour attraper un panier à linge, tu jettes toutes les fringues qui traînent dedans. T’es presque sûr qu’il y en a des propres mais tant pis, tu les trieras plus tard. Le panier retrouve la salle de bain. Les emballages de chips vont à la poubelle, tu te débarrasses enfin des… Six bouteilles d’eau vides qui jonchent ton bureau depuis des siècles. Tu lâches les dernières gouttes sur les plantes près de ta fenêtre, non sans leur intimer d’être gentilles parce que tu as de la visite. C’est fou, les mâles, il faut qu’une femelle soit de passage pour qu’ils fassent un peu de rangement. Quand l’état est à peu près propre, tu vires le tee-shirt de Bart pour enfiler un des tiens. Et le jean, il est aussi échangé contre un jogging parce que la sieste, c’est un sport. T’es pas tout beau, tout n’est pas tout propre, mais ça devra faire l’affaire. Tu retrouves Dawn dans le salon et l’invites à te suivre – et là tu as vraiment l’impression d’être un médecin qui va chercher son patient dans la salle d’attente. Trop perturbant. « Be nice. » Que tu lui chuchotes aussi lorsqu’elle entre dans ta chambre, comme à tes petites plantes. Pas d’ondes négatives dans ton espace, sinon, oust dehors.

Tu la laisses découvrir ta chambre, ton regard allant de son visage ce qu’elle regarde elle. Tu vois les affiches scotchées de travers, les pots de plantes pas alignées et, mon Dieu, y’a carrément un paquet de céréales que tu n’as pas viré. Ça fait tellement longtemps qu’il est là qu’il fait partie de la déco. Fuck. Elle ne semble pas s’en rendre compte, ou elle s’en fiche. « I like your room. » Tu échappes un léger soupir rassuré, avant de te mettre à sourire. « Thanks. » Tu finis par aller t’asseoir sur ton lit. Et ok, c’est un peu bizarre, maintenant. « Do you mind if I borrow you a tshirt ? » Tu te lèves immédiatement pour aller en chercher un dans ton armoire. Elle est bien rangée, ça va, merci Ginny. « Kshhhh ! Turn around. » Ah ouais, vous en êtes pas là dans votre relation ? Malgré vos précédentes presque fiançailles ? « Okay, Lady cat. » Que tu fais, avec un petit rire. Tu te tournes, restant les bras ballant en plein milieu de la pièce. Tu sens ton cœur battre plus fort dans ta poitrine alors que tu entends la demoiselle s’agiter. Et tu te dis que, bordel, ils t’avaient pas prévenu des palpitations et de l’avant sieste dans l’article. Les petits neurones sont tous connectés, maintenant. Y’a Dawn dans ta piaule, elle est en train de se déshabiller, vous allez dormir ensemble. En tout bien tout honneur, mais quand même. Ce n’est pas rien. Faut pas que tu déconnes. « I’m ready. » Peut-être qu’elle est prête, mais toi tu l’étais pas. À la voir dans tes habits, et surtout à pouvoir admirer ses jolies gambettes. Okay, non, ne fixe pas ses jambes. L’étude avait quand même raison parce que, effectivement, tu te sens super vulnérable sur l’instant. Tu sens tes pommettes s’échauffer et tu finis par te racler la gorge. « Okay, jump in. » Même l’humour ne te sauvera pas cette fois, jeune matelot.

Tu fais le premier geste pour aller dans ton lit, tirant la couette. Putain, tu aurais dû changer de couette. Retour en arrière. Celle-ci date de ce week-end. Okay. Ça va. Ça va ça va ça va. Don't make this awkward and don't stare at her legs. Tu attends qu'elle se glisse à tes côtés pour rabattre la couette, et vous voilà donc allongés, l'un face à l'autre. Proches. Tu sens son souffle contre ton visage. Tout plein de tension et de bizarrerie. Tu l'observes quelques secondes avant de te mettre à rire, un poil nerveux. « First date and you're already in my bed. I must be doing this right. » Bart would be proud. Tu plaisantes, évidemment. C'est trop tard pour qu'elle se défile, maintenant, elle a signé en bas à droite. Tu reprends ton sérieux, non sans garder un sourire amusé sur les lèvres. « I might snore. » Tu la préviens, en toute gentillesse. I might cuddle the shit ot of you, also. Tu ne le dis pas, tu vas faire attention, t'es un gentleman. Rappelons-le.

Raison numéro 500 001 pour arrêter la fumette : tu prends des initiatives dangereuses. Certes, ça fait plusieurs semaines que tu cherches une manière d'approcher Dawn parce que tu la trouves intéressante, mais là, c'est peut-être un peu trop près. Tu avais pensé l'emmener manger quelque part avant, ou aller au musée des sciences, ou un truc - n'importe quoi - autre que lui proposer de venir pioncer dans ton lit. En théorie, c'était mignon. En pratique, elle est à moitié dépoilée et elle porte ton tee-shirt et vous êtes proches et ton petit cœur va lâcher dans pas longtemps à battre si vite. Ce ne sera finalement pas la weed qui t'aura tué, joie. Ta respiration est presque douloureuse et tu as l'impression que l'air te manque, mais tu évites de respirer trop fort pour qu'elle ne remarque pas ta nervosité. Même si les rires et les sourires la trahissent déjà, des deux côtés. « Well, I can’t disagree. You’ve been a decent human being so far. » T'es un ange, mais tu laisses ta mimine reposer contre ton corps cette fois. Tu te contentes de sourire, tu as l'impression de marquer des points et ça te fait plaisir. Une initiative dangereuse, mais tu contrôles la situation jusque-là. Tu continues de la faire rire en lui apprenant que tu risques de ronfler. Ça fait bien longtemps que tu n'as pas partagé ta couche, mais il t'arrive de t'endormir sur le canapé. Et y'a toujours un de tes potes pour t'avouer au réveil que tu ronflais. Soit ils se sont tous mis d'accord pour te faire chier, soit c'est vrai. Alors tu ne prends pas de risque, il faut que Dawn le sache. « And you’re such a romantic. Waw ! » Le romantisme, c'est avouer la vérité - même si elle est dure à entendre. Ça te fait rire. « Bear in the sheets, remember ? » Les ours ça ronfle aussi, t'es sûr.

« That’s unusual. Let me tell you a secret. » Tu plisses légèrement les yeux, te cales un peu plus sur ton oreiller. Ok, ça se transforme en soirée pyjama - à onze heures du mat' - cette sieste. « I speak in Polish in my sleep. » Tu fronces un sourcil, hésites à rire. « Okay ? » Tu n'es pas sûr que ce soit un secret, en tout cas ça ne te surprend pas. Tu parles cowboy dans ton sommeil, s'il faut, yee-haw. « Please don't invoke any demons in my bedroom. » C'est pas très grave si elle te réveille, mais après tous tes efforts pour prononcer un seul mot de polonais tu t'es rendu compte que c'est la langue du diable. Il y a des risques que tu n'es pas prêt à prendre. Nap safe kidst. « I’m joking ! I sleep like a log and I almost don’t move. » Elle est encore en train de se moquer de toi - elle est vile. L'autre partie est un peu étrange, par contre. « That's weird, how comes ? » Non pas que tu gigotes dans tous les sens - mais si. C'est pas rare que tu te réveilles en plein milieu de la nuit parce que la couette est par terre. Quand tu ne te réveilles pas avec tes marques suspectes. Tu te souviendras toujours de la fois où tu t'es réveillé avec une griffure sur la joue et où toute la coloc' a cru que t'avais ramené une nana en secret. Non, t'es juste dangereux pour toi-même, c'est triste.

C'est compliqué, de garder ton regard plongé dans le sien alors que tu as l'occasion d'observer l'entièreté de son visage. Tu balaies les prunelles claires avant de t'aventurer sur les maigres rides qui ornent son front, son nez crochu, sa bouche qui se meut et témoigne son stress. Ne fixe pas cette partie-là, Leo. « Am I the only one who’s freakin anxious right now ? » Un rire sous la forme d'un souffle un peu trop fort t'échappe. « Nop. » C'est une grande première pour toi aussi, et peut-être que c'était trop d'un coup. Dawn échappe une main pour la mettre au-dessus de vos visages et tu peux en voir un léger tremblement. Tu trouves ça mignon, vraiment très très mignon. « Show me yours. » Tu ne trembles pas mais tu obéis, allant mettre ta main pas loin de la sienne. Un léger frisson te parvient lorsqu'elle les fait se rencontrer, alors que ce sont deux corps de chaleur qui se joignent. Ton regard passe de vos mains qui se touchent à son visage. Elle a toujours l'air fatiguée, Dawn, mais déjà plus sereine. A l'aise. Les petites rides ont disparu, la voix est douce, le sourire est là. « Oh my. I really have tiny hands. » Tu regardes une seconde vos mains avant de te mettre à sourire aussi. « You're cute. » Vos paumes toujours l'une contre l'autre, tu finis par fermer tes doigts autour de sa main et de laisser reposer tout ça entre vous. « We're holding hands now. » Au cas où qu'elle ne l'ait pas remarqué.

Tes yeux parcourent son visage quelques secondes encore, et tu finis par lâcher un bref soupir. D'aise ou pour chasser la tension, t'en sais rien. Tu es tendu parce que tu apprécies le moment et le contact de Dawn. Tu la découvres, un peu plus physiquement, sans que ce soit tendancieux... Trop ? Ça te réchauffe, à l'extérieur comme à l'intérieur. Tu ne sais pas pourquoi elle est nerveuse, elle. Mais tu as quand même conscience que tout ça peut être ambiguë, et tu n'as pas envie qu'elle se fasse de fausses idées sur tes intentions. « Don't freak out. It's a nap. I promise to not try anything inappropriate or do something that'll make you uncomfortable. » C'est même pas une question d'être gentleman, juste une question de décence humaine. Bon ok, tu as pris sa main sans lui demander son avis. Même si c'est elle qui a initié le contact. « Beside holding hands. » Tu rajoutes les trois petits mots en souriant, parce que l'évidence est là. Ça reste assez inoffensif, elle peut la récupérer à tout moment sa mimine. « Do you want a bedtime story ? »

Même si tu l’aimes bien Dawn, et toutes ses particularités parfois bizarres avec, faut bien dire que pas bouger pendant le dodo ça te semble très étrange. Et c’est vrai que ça a l’air dangereux. Heureusement pour elle que vous vous mariez dans quatre ans et que tu pourras veiller sur ses vieux jours – c’est beau et émouvant rien qu’à y penser. « What if you’re from a parallel universe, and you go there when you sleep here, so that’s why you don’t move ? » Tu as des tas de théories sur les univers parallèles et le sommeil, faut pas commencer la conversation. Tu le tentes parce que Dawn est peut-être bien la personne qui va pouvoir prouver tes théories et qu’il faut y penser, mais tu ne t’avances quand même pas plus que ça. Pour le prochain date, promis.

Dawn t’avoue qu’elle est nerveuse, et tu mentirais si tu lui répondais que tu ne l’étais pas aussi. Sa main tremble légèrement mais trouve bien vite la tienne – sous les ordres de mademoiselle. Effectivement, on a une certaine différence de taille de ce côté-ci. Pour sa défense, elle est petite de partout mais eh, elle est fichtrement mignonne donc ça te va. Bien beaucoup. Tu complimentes tout son petit être entier avant d’attraper sa main, mais tu n’étais pas prêt à ce qu’elle en fasse autant. « You’re handsome and adorable. » Tes yeux s’écarquillent un peu et tu poses ton regard dans le sien, avant de lâcher un court rire bienheureux. « All that ? » Ça te va plutôt bien, mais elle ne pense pas à ton rythme cardiaque qui ne cesse de s’emballer. Ça ne s’arrange pas quand ses doigts s’immiscent entre les tiens. « Better. » Tu as un sourire presque fier sur les lèvres maintenant. Way much better.

Tu essaies quand même de la rassurer, parce qu’il n’y a pas de raisons pour qu’elle soit en panique. Outre le fait que tout se passe bien mieux que ce que tu avais prévu. Tu promets de ne rien faire d’inapproprié, de ne pas profiter de votre proximité nouvelle pour tenter quoi que ce soit. T’es pas comme ça, Leo. Tu as déjà été dans une position de faiblesse où on a abusé de ta confiance, tu ne veux jamais faire ça à quelqu’un. « I know. » Tu acquiesces, parce que tu avais quand même besoin de le dire. « I feel safe. Really safe. I never felt like this before. » Tu presses légèrement ses doigts entre les tiens, te mordant la lèvre inférieure pour ne pas trop sourire. Ça ta fait plaisir d’entendre ça, et plus que ça, ça te fait du bien. Tu as l’impression de faire les choses bien, avec Dawn, et ça te donne bon espoir pour l’avenir. Outre le mariage. « Did you ? » Tu fronces les sourcils, le temps de remonter en arrière et de réfléchir, avant de répondre. « Yeah, I think I have. » Tu as déjà eu l’occasion de partager une intimité avec quelqu’un et tout s’est bien passé. « But I also have been treated like crap, so I understand. This… is nice, and precious. » Tu essaies de ne pas penser à Kerr, parce que ça remonte à quelques mois et que tu veux passer à autre chose, mais l’histoire te laisse quand même amer. Peut-être que c’était une bonne chose que Dawn ait résisté si longtemps à tes maigres tentatives de charme. Ça t’a permis de guérir, de prendre votre temps, de ne rien précipiter. C’est mieux ainsi, en fait, elle n’a pas à s’en excuser. « I guess I was too scared to know you better. » Tu souris faiblement. « It’s okay, Dawn. To be fair, you’re pretty scary too. » Elle est effrayante parce qu’elle sait qui elle, qu’elle n’a clairement pas besoin de toi dans sa vie et que vouloir y trouver une place sans tout déranger est un challenge en soi.

Pour détendre l’atmosphère après toutes ces confessions, tu lui proposes de lui raconter une histoire. Elle accepte. Tu sais déjà laquelle raconter – tu la racontes souvent et tu la maîtrises parfaitement. « Okay. So. Did you know that I believed Santa Claus was real until I was 12 years old ? » C’est un rencard, n’oublions pas, c’est le moment des petites anecdotes embarrassantes. Ça évitera que ta sœur le lui raconte plus tard. « Like… I knew that the Santa costume was a thing and people dressed up as him. But I deeply believed that there was a Santa, and all those stories were based on a real one. » Ça veut donc dire que tu faisais tes petites listes et que tu devenais tout gentil à partir de novembre, yep. « I stopped believing when Emma Jenkins, whom I was very much in love with back then, yelled at me and in front of everyone that I was a huge baby. » En vérité, c’est une autre de tes petites théories, qu’il existe un vrai Père Noël dans l’affaire. Mais tu ne le dis plus, et tu préfères rire de l’histoire originale du petit roi qui a eu le cœur brisé par deux fois si jeune. Pauvre biche. « Don’t worry tho, I had my revenge on her 4 years later when she asked me out to a dance and I said no. » Morale de l’histoire : n’insultez pas les petits moches de 12 ans, la puberté passe par-là et ça peut se regretter après. La danse, tu l’as passé dans les gradins du stade de foot à fumer avec Bart et Ginny. France est restée avec son cavalier qui lui a marché sur les pieds toute la soirée. « Now your turn. Tell me something embarrassing about you. » Chacun son tour, c’est dans l’embarras qu’on forge les meilleurs liens.

Tu plisses les yeux à ton tour, alors qu’elle réfléchit sérieusement à tes petites théories bidons sur le sommeil. Et en même temps. Peut-être que c’est elle qui détient la vérité. Peut-être que le rêve n’est pas ce qu’on croit qu’il est, mais la réalité que l’on croit vivre. Parce que la vraie réalité, ce sont les zombies. Ça expliquerait beaucoup de choses, tu serais pas si fatigué que tu irais chercher ton ordi pour aller écrire tout ça et chercher des indices. Les Illuminati n’ont qu’à bien se tenir. « Maybe I die in my dreams. That’s why I can’t move. » JEOkoef okay bon, là, ça suffit. « Excuse me, can I keep you forever ? » Si elle te suit dans tes délires, c’est foutu, elle peut prendre ton cœur, ta raison, l’argent que t’as pas et tout ce qu’elle veut. « But if you’ve another theory, I’m listening. » On se souviendra qu’elle a commencé. « What if what we’re living is not life, but the dreams ? And life is when we sleep ? » Vous avez passé tellement de soirées – stoned, of course – avec Bart à refaire le monde avec des what if, tu peux tenir des heures comme ça. Mais vous ne vous attardez pas, Dieu merci, sinon vous n’allez jamais dormir. « Do you move a lot while sleeping ? In case I fall from the bed, I’ll need someone to blame. » Tu acquiesces simplement, l’air déjà coupable. « I promise to not kick you out of my bed. » Tu essaieras, du moins.

Dawn est nerveuse et vous finissez pas vous tenir la main et vous complimenter. Which base is this ? You’re doing so good homie. And there are MORE.  «  But don’t get a big head. Bart already has one. » Tu te contentes de rire et, pour une fois, tu ne vas même pas prendre la défense de l’autre glandu. Ça y est, tu as cassé le bro code, bros before hoes is no more. Mais au final, la seule raison de s’affoler est peut-être que ce qu’il se passe en ce moment entre Dawn et toi semble juste, et vous fait du bien. Même si vous ne vous connaissez pas si bien que ça, encore, tu as l’impression que c’est au-dessus de l’amitié et en-dessous du couple. T’es dans la zone que tu as cherché à être, et maintenant tu ne regrettes pas parce que tout ton petit corps t’envoie les bons signaux. Vous avez sans doute tous les deux eu des expériences moins belles, mais celle-ci n’est pas à ranger dans cette case. « I’m sorry that you had to live this. » Tu ne dis rien. D’un côté, ça te fait chier aussi, d’un autre tu essaies de te dire que c’était peut-être pour une bonne chose, que tu vas pouvoir en tirer une leçon. Ne plus jamais te précipiter. « It is. I’m glad you feel this way too. » Tu souris un peu plus largement. I’m glad-er. Parce que ce n’était pas gagné, avec la demoiselle, eh. Et même si tu apprécies le fait qu’elle s’excuse d’avoir été distante, elle n’a pas à le faire. Chacun son passé, chacun son rythme. Les histoires, ça se construit à deux ou plus, pas tout seul. Et pour être honnête, ça t’a permis de comprendre que tu avais pas besoin de faire toute la parade amoureuse et les artifices. T’es bien content que Dawn t’apprécie (?) pour ce que tu es, et pas pour ce que tu crois qu’elle voudrait que tu sois. Stop la philo là, il est 11h du mat’ nom de Zeus. « Mooooh ! Look at this, he’s scared of a girl who is half his size. Poor Leo ! » Tu pouffes de rire et lèves les yeux au ciel, lâche un « psh » lorsqu’elle vient pincer ta joue. « See ? You’re terrifying. » A real bully, for sure. « But it’s just that you’re so… Pretty and independant and awesome and you. » Et c’est reparti pour les compliments. « I had to step up my game. » Tu rajoutes, avec un rire moqueur juste derrière. Which game ?

Pour l’histoire de fin de matinée, tu te lances sur le Père Noël – parce qu’elle est drôle et que c’est la première que ta sœur raconte, généralement. Son air de surprise te fait rire, attends de voir la suite. « Oh shit ! You were a true believer. » Tu l’es toujours un peu, mais tu ne le dis pas, racontes ton histoire à la place. Même si ça témoigne de ta naïveté et de ton envie à croire en des trucs idiots, c’est assez drôle à raconter et ça se finit bien. Ça te fait plaisir d’entendre Dawn rire aux moments propices, et ton sourire est bien trop grand lorsque tu termines et lui demande une histoire en retour. Tu la laisses réfléchir en silence, espères tout de même qu’elle trouve vite parce que tu risques de t’endormir sinon. « Oh. I got one ! But it’s gross. » Son visage se tourne une nouvelle fois vers le tien, tu échappes un bref rire. « My favorites. » Tu l’encourages, avant d’écouter. Tu as saisi dans l’ensemble son chemin de vie et ses déménagements, mais tu n’avoueras jamais que tu sais à peine placer le Maine sur une carte. C’est genre le truc au-dessus de New York ? Bref. Elle n’a pas besoin de savoir que tu es une bille en géo. Portland High, les bullies, et encore plus de bullies. Tu échappes un sourire exaspéré. « Gosh I hate high school. » L’Enfer sur terre. Tu l’as bien vécu seulement parce que tu avais Bart et tes potes et ton début d’exploitation de weed et que tu t’en fichais un peu du reste. Mais Dawn et son ami.e ne se sont pas laissé.e.s faire et ont décidé de former un duo musical. Il y en a qui ont trop regardé High School Musical, mais soit. Ça te fait rire. Il n’y a que dans les films que les concours de jeune talents, ou autres idioties dans le genre, ont du succès et les héros sont acclamés à la fin. Mais l’histoire ne s’arrête pas là – c’est pas encore gross. L’histoire va jusqu’en soirée, avec peut-être un peu trop d’alcool et encore plus de bullies. Tu grimaces alors que tu t’imagines la scène. Vraiment pas cool. Tes yeux s’écarquillent légèrement alors que tu te rends compte où est-ce qu’elle veut aller, finalement. « She was covered with vomit from hair to toes. » Et tu éclates de rire. « Eeew. » Okay, gross, elle a gagné. La demoiselle était la plus populaire en plus, ça ça fait des points en plus. « They called me Pukezilla ‘till graduation. » Et ça te fait rire un peu plus. Tout est à peu près bien qui finit bien, donc. « Pukezilla. » Que tu répètes, toujours en train de rire. « Nooo ! Don’t you dare ever calling me like this ! I had a lot of practice in Poland. I don’t puke anymore. » Tu lèves les yeux au ciel, même si t’es toujours en train de rire. « Well, I sure hope so. » Parce qu’elle est invitée aux soirées dans ton appart et que même si tu l’apprécies, tu n’as pas très envie qu’elle te vomisse dessus.

Elle fait mine de bouder et tire la couette au-dessus de sa tête. Gosh she’s so fucking cute. « God. That was humiliating. » « Eh. » Meilleure protestation de tous les temps, merci Leo. Tu vas délicatement enlever la couverture de son joli minois, maintenant un peu décoiffé. « That was fun, thank you for sharing. » Tu dis avec un léger sourire sur les lèvres. « … Pukezilla. » Tu rajoutes quand même, un peu plus bas, juste pour l’embêter. C’est peut-être toi qui va te faire kicker de ton lit, finalement. « You want to try sleeping now ? » Tu peux toujours chercher d’autres histoires, sinon.

Il va peut-être falloir que tu traînes plus à de conférences sur l’art dans les jeux vidéo, ou peu importe où France a rencontré Dawn, si tu peux trouver plus de nanas comme ça. Quoi que. Non. En fait, tu veux juste Dawn. Fiou. Un peu plus et tu allais penser comme Bart, alors que l’intention de départ n’était que dire que Dawn est plutôt très géniale et que tu l’aimes très beaucoup. C’est effectivement un très bon début. Tu retiens qu’elle est prête à entendre toutes tes théories bidons, et ça tombe bien parce que tu en as un paquet. Mais tu gardes le reste en réserve, y’aura d’autres moments pour qu’elle les entende. Mais y’a pas de meilleur moment que maintenant pour qu’elle t’avoue qu’elle est un peu angoissée, et pour que tu lui avoues que c’est presque ton état constant en sa présence. C’est ce qui arrive quand on a un léger béguin pour une personne qui nous impressionne et qu’on veut impressionner. Ça la fait rire, elle te chambre – comme d’habitude – dans ta chambre – petite nouveauté et oui j’ose faire la blague. Tu es surpris lorsqu’elle se rapproche, et peut-être que ton cœur s’emballe et t’espère qu’elle ne s’en rend pas compte. Tu presses gentiment son épaule de ta main libre, faisant attention à ne pas trop profiter de ce rapprochement soudain. « You’re so, so sweet, Leo. And an incredible person. » Tu peines à contenir ton sourire, franchement elle abuse. Tu as à peine le temps d’embrasser furtivement le bout de son crâne que l’étreinte est terminée et qu’elle se recule. Maybe you should kiss her now. Trop tôt, chaque chose en son temps.

Les palpitations sont quand même là, vous avez bien besoin de vos petites histoires pour vous détendre un peu.

Même si elle se cache sous ta couette et même si tu comptes l’enquiquiner juste un peu avec Pukezilla, tu as bien aimé son histoire. « Yours was cuter, tho. » Ça te fait sourire. « And you don’t even know what I looked like when I was young. » T’avais une tête d’ange, sans grande surprise. Mais bon, ce n’est peut-être pas le moment de sortir les dossiers des photos édentées et avec trop de bouclettes, hein. Chaque chose en son temps, on a dit. « Say it another time and I swear to God, I’ll cry for real. » Tu exagères un soupir choqué. « Nooo don’t cry ! I won’t say it again, Catogird. » C’est pas les surnoms laids qui te manquent – et encore, tu ne t’es même pas creusé la tête pour en trouver, elle te les a tous donnés pré-cuits.

Parce que le rencard est promis avec une sieste, au départ, et que vous êtes tous les deux fatigués, tu lui demandes si elle veut dormir maintenant. « We can try, if you want. » Elle s’étire comme un chat – animal qu’elle refuse pourtant d’être son totem entier rappelons-le – avant de reprendre votre position face à face. Si vous vous regardez tout du long, ça risque d’être compliqué. Tu esquisses un semblant de sourire, avant de fermer les yeux avec exagération. « All right, I’m sleeping now. » C’est toujours le moment que tu détestais le plus dans les soirées pyjamas, celui où il fallait se taire et dormir. T’étais souvent le premier con à te mettre à rire. Tu ouvres une paupière, pour voir où elle en est, mais elle a fermé les siennes. Vous dormez, donc. Tu gigotes un tantinet pour capter une meilleure position, pour que l’oreiller soit plus moelleux et la couette mieux agencée. Effectivement, tu bouges quand tu dors. Presque. Tu essaies de te concentrer sur vos respirations qui régulent le silence, et tu sens déjà le sommeil t’attraper lorsque sa voix te parvient. « Do you… mind if… » Tu rouvres les yeux, curieux. « What ? » Que tu articules à peine, curieux. Est-ce qu’elle veut un oreiller en plus, plus de lumière ? Est-ce que tu ronfles déjà ? « Nevermind. Sorry… » Elle revient vite en arrière, cela-dit. Tes sourcils se froncent légèrement, tandis que tu observes son visage à la recherche d’une réponse. Maybe now would be the right time to make another move. « Do you want to hold hands again ? » Tu n’es pas sûr du moment exact où vous vous êtes lâchés, sans doute quelque part entre Santa et Emma Jenkins. Mais tu ne serais pas contre d’un peu de contact physique, et peut-être que c’est ça qu’elle voulait. Ce n’est pas tellement grave si ce n’est pas le cas, tu ne veux pas pousser les limites non plus.

Les aventures de Catogird et Golden Bear. Ça ferait un bon bouquin pour enfants, ça, elle devrait y penser si jamais elle a l’illustration qui la démange, Dawn. Pour l’instant, ce qui te démange, c’est le sommeil. Tu as promis un rencard-sieste, alors tu vas fournir un rencard-sieste. T’es un gomme de parole, Leo, voyons. Tu as l’impression d’être un gamin quand tu lui dis que tu dors et que tu fermes les yeux, mais il faut bien se décider. C’est comme le saut à l’élastique, le plus dur c’est de sauter. (Oui.) (T’en sais rien, t’es trop froussard pour ne serait-ce que penser à faire du saut à l’élastique.) Finalement, ton semblant d’avertissement semble avoir marché puisque c’est le silence qui s’installe entre vous. Et t’es fatigué, alors tu n’as pas besoin de grand-chose pour que le sommeil ne t’attrape. Dawn interrompt ton endormissement, non sans que tu lui en veuilles vraiment. T’es plus inquiet qu’un truc ne tourne pas rond. Mais son air n’a pas l’air de trahir de l’inconfort, et c’est dans un élan de lucidité que tu lui proposes un nouveau contact physique. Sa main vient chercher la tienne, et un sourire satisfait te prend quelques secondes. Good. Tu n’dis rien, tu refermes les yeux et te laisse finalement porté, réconforté par ses doigts fins qui réchauffent les tiens.

Tu te réveilles une première fois lorsque la porte d’entrée claque. Tu as l’habitude de l’entendre, ça fait presque partie intégrante de tes cycles de sommeil et tu n’as jamais de mal à te rendormir. Il te faut plusieurs minutes pour te rendre compte que y’a un truc qui n’est pas comme d’habitude. Un portable en train de vibrer, certes, mais surtout un corps tout chaud contre le tien. Tu ouvres les yeux, louches légèrement pour voir la chevelure de Dawn juste sous ton nez. T’es un peu submergée par l’odeur de la polonaise et la chaleur de son corps que tu en pousses un petit soupir d’aise. Vos mains sont toujours liées et ton bras est passé autour de sa taille maintenant. Tu rafermis ta prise légèrement, gardant l’oeil ouverte jusqu’à ce que le téléphone ne cesse te vibrer. Elle ne se réveille pas. Tu n’as aucune idée de l’heure qu’il est, mais tu es trop bien pour bouger. Finalement, tu finis par te rendormir. Pendant une durée déterminée, jusqu’à ce que ça ne sonne à nouveau. Décidément, le sort s’acharne. Tu ne bouges toujours pas, et tu ne décroches pas non plus. Ton portable ne dépasse jamais le stade du silencieux, ce qui fait rager tes proches quand c’est vraiment urgent. Ta mère a souvent appelé un de te colocs pour réussir à te joindre. Dawn ne se réveille pas, et tu n’as pas tellement le cœur à la réveiller non plus. Alors tu restes, sagement allongé derrière elle, alors que son téléphone est en train d’invoquer une armée de démons dans a chambre – à ce stade. Tu te retiens de rire à la énième fois, mais elle a vraiment le sommeil lourd.

Lorsqu’elle semble enfin par se réveiller, tu lui laisses le temps d’émerger et ne dit rien. Tu as un sourire sur les lèvres et tu relâches un peu la pression autour de sa taille. Tu es certain que ton cœur s’est arrêté lorsqu’elle s’est retournée pour te saluer de la voix la plus mignonne du monde. « Hey there. » Pas le temps de papoter, la personne qui cherche à la joindre frappe à nouveau. Tu es prêt à parier qu’il s’agit de sa mère. C’est toujours les mamans. Tu as une chance sur deux d’avoir raison lorsqu’elle commence à parler en polonais. Un rire amusé t’échappe dans un souffle. Tu te laisses tomber sur le dos, observe ton plafond juste pour te rendre compte que ta vision déconne. Tu te frottes les yeux du dos de la main alors qu’elle raccroche. « Oh… Eight missed calls. » Finit par lâcher Dawn, et rien que ça suffit pour te faire rire plus sérieusement. « Key word : missed. You really do sleep like a log. » Tu te redresses complètement cette fois, parce que la sieste est terminée. Et c’est là que tu vois l’écran de veille de son téléphone et l’heure qu’il est. Ah quand même, grosse sieste. Il va peut-être falloir penser à étendre le partenariat, si tu dors si bien en sa présence. Tu pousses un énième soupir d’aise alors que ton regard se pose sur son visage. « I have to go…» Tu acquiesces, un sourire en coin. Tu as cru comprendre. « This was nice. » L’expérience est plutôt concluante, il va falloir que tu fasses un petit mémo pour les scientifiques. Thank you for helping me make a move. « You’re extremely warm and you smell good. » Petits feedbacks, si jamais ça peut l’intéresser. « I would recommend you without hesitation. » C’est donc un 10/10 pour Dawn, félicitations.

Tu lâches un petit rire, et tu finis par quitter ton lit. « Okay, don’t move, I’m gonna check if the coast is clear. » Pas que tu veuilles garder ce petit moment entre vous ou Dawn pour toi tout seul, mais si un de tes coloc la voit elle risque de ne pas partir tout de suite. Tu passes pas le salon, et y’a Bart. Obstacle numéro un. Est-ce qu’elle veut vraiment récupérer sa veste, Dawn ? Quand il voit ton air débraillé et mal réveillé, il a ce sourire amusé et l’œil brillant. Il sait déjà. « Keep your mouth shut. » Tu préviens, attrapant la veste d’une main alors que l’autre lève les mains en l’air en signe d’innocence. Tu fermes la porte du salon derrière toi, y’a personne dans la cuisine, la voie est libre. Tu passes une tête dans ta chambre, pour la prévenir. « Okay, you’re good to go. » Tu la raccompagnes jusqu’à l’entrée, attends qu’elle enfile ses pompes pour lui tendre sa veste. Quel gentleman. Ton corps est encore tout chaud des couvertures et tu es dans un état presque second où le monde est doux et moelleux. Tu ne sais pas si c’est à cause de la sieste ou de Dawn. « Sooo… » Tu commences, presque timidement. Franchement Leo, man up a little. « Next time, I’ll take you out. » Tu finis par promettre, avant de te mettre à sourire.  Ça y est, tu fais des promesses et tu tires des plans sur toute la galaxie. Pour elle, tu sortiras de chez toi. T’es une belle personne, continue comme ça.