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 post mortem

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MessageSujet: post mortem   post mortem EmptyMar 16 Oct - 22:31

post mortem
Sophander ft. Oliver

Une chose facile que de se complaire dans sa solitude. Que de se renfermer sur soi-même, petit à petit, un peu plus chaque jour. Eviter discussions, regards, questions. Ruminer dans son coin, perdu dans sa tête et dans cet ouragan sombre qui y fait rage. Une tempête de colère frustrée, de sentiments inavoués que l’on cherche désespérément à enterrer. Chose aisée que d’ignorer le monde et de se perdre loin, très loin dans les ténèbres, jusqu’à céder enfin à leur appel envoûtant. Que de se vautrer dans le confort de l’isolement et de s’emmurer derrière un mutisme arrangeant. Afin de ne pas craquer. Dévoiler ses faiblesses, se mettre à nu, accepter la main tendue… C’est pire que d’affronter ses démons. Si j’ai tout perdu, il me reste au moins un semblant de dignité auquel me raccrocher. Alors quand on se sent terriblement seul, que les voix alentours se transforment en vagues sons aussi inintelligibles que s’ils étaient étouffés par un oreiller, que la vie n’est plus qu’un fade monde en noir et blanc que rien ne fait plus briller, que le cerveau cesse d’espérer et que le cœur a abandonné… Que reste-t-il ?

Andy est partie. Pour de bon cette fois. Elle a laissé un message sur ma boîte vocale me prévenant qu’elle embarquait dans le premier vol en direction de l’Angleterre, loin de San Francisco. Et de moi. J’aurais dû être satisfait, crier un « Bon débarras ! » et reprendre le cours normal de ma vie cabossée. C’était dans l’ordre des choses, vu comment s’est déroulée notre dernière conversation chez Donny et le silence radio qui a suivi. Mais la vérité c’est qu’une vague immense de regrets m’a submergée tout entier. Parce qu’un goût amer subsistait dans ma gorge, l’impression d’être en plein dialogue de sourds alors que ni l’une ni l’autre des parties n’acceptait de céder du terrain à cause de leurs foutues fiertés. Des retrouvailles gâchées, l’autre scénario ignoré. La frustration m’a fait hurler, la colère m’a fait pleurer. Je suis abandonné, une fois de plus.
Une fois de trop.

Si j’ai vécu le mois de juillet comme un océan en pleine tempête, aussi tendu qu’un poing serré, le mois d’août n’est quant à lui qu’un brouillard épais, opaque et visqueux. Plus les jours passent et plus j’ai l’impression de sombrer. Plus les jours passent et plus la vie me semble dénuée de sens. Tout est gris, fade, vide. Je ne dessine plus, les seules esquissent qui noircissent encore mes carnets ne se résument plus qu’à des silhouettes orageuses défigurées. J’annule des rendez-vous, allant même jusqu’à fermer le Daddy’s pour des journées entières lorsque me lever le matin est au-dessus de mes forces. Mon appart’ s’est transformé en cocon de sécurité, mes sorties ne se limitent qu’au minimum : acheter de quoi nourrir Salem, faire deux-trois courses pour remplir un frigo que je n’ouvre qu’à peine dans le seul but de faire bonne figure auprès de Sophie lorsqu’elle s’invite. Notre weekend à San Diego m’a permis de m’aérer un peu, ça m’a fait du bien, mais ce n’était qu’une question de temps avant que la routine et les mauvaises pensées ne me rattrapent et depuis, la rouquine insiste pour me tenir compagnie. Je ne lui ai rien dit, je ne veux pas qu’elle s’inquiète pour moi, même si je crois que c’est trop tard et ça m’agace un peu. Je n’ai pas besoin de son aide, je veux juste être seul.

Par pitié, laissez-moi seul.

Mes cauchemars sont revenus, ils sont de pire en pire. Chaque matin, je me réveille en  sursaut, l’œil hagard et le cheveu humide d’avoir trop transpiré, plus exténué que jamais. Je tombe dans un puis sans fond, mes cordes vocales me brûlent à force d’appeler à l’aide, mes doigts s’écorchent sur les parois en pierre lorsque j’essaye en vain de ralentir la chute et son issue fatale. Mais je tombe, longtemps encore après avoir cessé de lutter, je tombe et enfin j’aperçois le fond se rapprocher à toute vitesse. Terreur. C’est l’impact qui me réveille, tremblant et trempé. Je me recroqueville alors, dans l’obscurité autorisée par les rideaux tirés, reniflant doucement contre l’oreiller en maudissant mon esprit d’être si faible et désarmé. J’suis complètement paumé, abattu. Vaincu. Je n’ai plus la force de me battre. Me battre pour quoi, d’ailleurs ? Ça fait si longtemps que je lutte pour rester à la surface, je n’en peux plus. Que ça s’arrête, je vous en prie. Je ne différencie plus le jour de la nuit, je n’avance plus que par automatisme.

« Salut Sophie… Non, j’peux pas aujourd’hui. Parce que. » Raccroche. Je trébuche. Décroche. « Hey Adan, j’vais prendre un congé je crois… Ouais, donne-moi deux semaines. » Raccroche. Je tombe. Décroche. « Adam… Non, ça va. Ouais, c’est rien. Hum, j’voulais te demander, tu connaissais pas un gars qui… Non laisse tomber, j’vais me démerder. » Raccroche. La fin approche. Décroche. « Sophie… Ecoute, hum… Ça va pas. Non non, j’suis chez moi. Non, laisse-moi t’expl- Arrête de parler. Ecoute, c’était une erreur hum, j’vais bien t’en fais pas. Bye. » Raccroche. C’est terminé. Tonalité.

J’éteins mon portable d’un geste lent, fixant l’écran noir quelques secondes avant de poser le petit appareil face retournée contre la table basse. Mon genoux tressaute dans un geste nerveux, mon visage s’enfouie entre mes doigts avant que ceux-ci ne viennent agripper mes cheveux en tirant aux racines. Fébrile. Une minute passe, une heure, peut-être deux. La nuit est tombée au-dehors – non pas que ça change grand chose – la lumière tamisée des lampadaire éclabousse mon parquet d’étranges ombres chinoises. Je ne sais pas ce que j’attends exactement, si au fond de moi j’espère encore qu’un remède à mon mal-être finira par tomber à mes pieds comme par miracle… ou si je dois aller le chercher. Un miaulement m’interrompt dans mon élan, ma main entourant déjà la poignée de la porte. Je baisse les yeux vers Salem, la queue en l’air en forme de point d’interrogation et le regard curieux. « Je reviens. » je souffle au félin avant de sortir, d’une voix si rauque que j’ai du mal à la reconnaître comme mienne.

Mes jambes me portent dans les rues de San Francisco comme dans un rêve, le nez baissé pour éviter de croiser mon reflet dans les devantures des magasins, le dos vouté tel un taulard arpentant le couloir de la mort pour la dernière fois. Qu’est-ce que je cherche ? Une solution, un remède. N’importe quoi qui puisse réveiller mon âme engourdie et faire taire ces songes trop bruyants. Qu’enfin je puisse trouver le calme et la paix. J’ignore combien de temps il m’a fallu pour attendre ce quartier pauvre de la baie : je me trouve sur une petite place mal éclairée par quelques braseros de fortune autours desquels se rassemblent une poignée de gens aux vêtements sales et rapiécés. Des sans-abris pour la plupart, des junkies surtout. Y’en a qui dorment à même le sol, enroulés dans de vieilles couvertures qui ne protègent rien, d’autres tirent sur le même bâton blanc que celui qui se consument progressivement entre mes lèvres. Les mains toujours fourrées dans la poche avant de mon sweat à capuche, je m’avance à grandes enjambées vers un homme en retrait dont l’attitude vigilante contraste avec la morosité ambiante. Nos regards se croisent, je le vois froncer les sourcils sous sa casquette délavée. Il me toise avec méfiance tandis que je m’arrête devant lui, les traits parfaitement neutres. À ce moment-là, je ne pense plus à rien et tout ce qui suit ne sont que mouvements robotiques. Un hochement de tête. Lui qui fouille dans une de ses nombreuses poches intérieures. Une petite seringue qui jaillit entre ses doigts, le liquide brunâtre qui tremblote à l’intérieur du verre. Une liasse de billets échangés rapidement. L’affaire de quelques secondes. Sans un mot, je tourne les talons et me tire de cet endroit qui pue la mort et la merde, sans me retourner, les doigts bien serrés autour de la seringue d’opiacé. Mon palpitant bat à mille à l’heure, j’ai l’impression qu’il va exploser. Lorsque j’estime être suffisamment éloigné, je ralentis le pas pour reprendre mon souffle et finis par me laisser tomber sur un banc d’un parc abandonné. Aucun lampadaire pour trahir ma présence, mon accoutrement se confondant parfaitement avec la nuit. Pas non plus de promeneurs inopportuns, l’heure et le quartier n’invitent guère aux balades nocturnes. Je lâche un profond soupir que j’ignorais retenir en me laissant aller contre le dossier en bois. J’ai un peu froid. Les températures estivales n’ont toujours pas chuté, pourtant mes dents claquent et je frissonne de manière incontrôlable sous mes vêtements. C’est maintenant que mon corps se réveille ? Alors que je m’apprête à sauter de la falaise ? Imbécile. Très lentement, je sors une main de ma poche et la laisse en suspend dans l’air, me refusant à poser les yeux sur ce que renferment mes doigts fermés. Aussi fou que ça puisse paraître, je n’ai jamais touché à ce genre de merdes auparavant. Une pilule d’ecsta’ tous les trente-six du mois, quelques joints dans ma jeunesse, de l’alcool, du tabac en quantité. Mais jamais je ne suis tombé aussi bas, malgré les nombreuses tentations. Dans mon quartier natal, j’en ai croisé quelques uns des toxicos aux airs de zombies, ravagés par la drogue, ya même eu des morts. Un voisin, le frère d’un camarade de classe, la mère d’untel. Ça fait réfléchir, ça met les choses en perspective, tu te dis que jamais tu te laisserais aller comme ça. Que ça vaut pas l’coup.

Mais quand on a plus rien à perdre, est-ce qu’il ne le vaut pas, le coup ?

Une larme s’écrase sur mon index replié, puis une seconde. Je renifle bruyamment avant d’étouffer un sanglot dans la manche de ma veste où meurt un cri silencieux. Putain de bordel de merde, fais chier ! C’est pas le moment de craquer. J’relève le nez vers les étoiles au-dessus de ma tête, si lointaines, si brillantes. Inatteignables. Et moi je ne suis condamné qu’à les observer d’en-bas. Pauvre être humain, si faible, si ridicule. J’ouvre enfin mes doigts pour révéler la seringue au creux de ma paume. Je marque un temps d’hésitation, le dernier, avant de retrousser ma manche gauche et d’arracher ma ceinture de ses passants pour m’en faire un garrot. Le bout de cuir coincé entre mes dents, j’attends le bon moment pour qu’une bosse apparaisse au milieu des tatouages qui recouvrent ma peau pour y planter l’aiguille, réprimant un sifflement saccadé lorsque le liquide plonge dans mes veines. Tout se relâche d’un coup : la ceinture tombe au sol en même temps que la seringue dans un cliquettement métallique, mon corps tout entier s’affaisse contre le bois peint, et un gémissement s’échappe d’entre mes lèvres tandis que mes yeux s’écarquillent. Une chaleur irradiante se propage soudainement dans chaque cellule de mon organisme, c’est intense. Et puis le calme, enfin. Tous mes muscles se détendent d’un coup, j’expire un nuage de vapeur qui s’envole dans la nuit, mon cœur retrouve un rythme normal, apaisé. C’est bon. En vingt secondes à peine, toutes mes angoisses se sont dissipées en même temps que mes problèmes. C’est magique, j’ai presque envie d’éclater de rire, seul sur ce foutu banc. Un vrai miracle.

Je prends le temps de savourer cette sensation de flotter sur un nuage, si léger alors que toutes mes inhibitions se sont désintégrées. Ça fait tellement de bien d’être enfin libéré de ce poids immense sur mes épaules, de ce monstre qui me bouffe de l’intérieur, de cet ouragan obscur qui ronge mes pensées et hante mes nuits. Ça fait tellement de bien. En me relevant finalement au bout d’une ou deux heures – je ne saurais être précis – je me mets en chemin vers la sortie du parc dans l’idée de rejoindre le centre-ville. Autant profiter de cette toute nouvelle lucidité pour vivre à nouveau. En atteignant une rue animée, je redécouvre la vie nocturne, auparavant si chère à mon cœur : les lumières des néons colorés, la musique dans les restaurants encore ouverts, les rares badauds qui se baladent tranquillement au clair de lune. Encore quelques kilomètres et je me retrouve en face d’une boîte d’où se déverse un son rythmé et répétitif. Mon palpitant s’aligne avec les basses et sans le savoir, je me retrouve à l’intérieur. Passage au bar obligé, un verre d’alcool non-identifié apparaît entre mes doigts et se vide aussi vite au fond de mon gosier. Et puis tout s’accélère, le bruit, les gens, les mouvements. Ça va trop vite, je perds le rythme. Ya un bref instant où je me demande ce que je fous là, au milieu de cette foule que je méprise tant normalement, alors je décide de sortir et de prendre l’air. Mais la brise ne suffit pas à me faire reprendre pied, j’me sens étourdi. C’est trop d’un coup. J’suis fatigué. Je titube jusqu’à trouver un mur contre lequel m’adosser pour ensuite me laisser glisser au sol. Je sens ma respiration qui s’apaise doucement, mes paupières qui s’alourdissent peu à peu, mon crâne qui repose contre la pierre froide derrière moi. Les sons alentours me paraissent étouffés, trop loin pour que je puisse les discerner les uns des autres, trop confus. Une voix de femme ? Impossible à dire. De la même manière, les couleurs se mélangent dans mon champ de vision, digne d’un Picasso, feu d’artifice aussi flou que s’il était immergé. Je ferme les yeux.

Mon palpitant émet un ultime battement et je ne bronche pas.
C’est le noir.
Je suis tombé.


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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyJeu 18 Oct - 1:53

post mortem
Sophander ft. Oliver

Les heures défilent d'une lenteur accablante, les chiffres de mon réveil me narguant un peu plus au fil du temps qui passe. Et je ne saurais expressément dire depuis quelle heure, je suis là, à fixer le plafond foutrement blanc de ma chambre sans réussir à rejoindre les bras de Morphée. Mon corps tout entier cri de fatigue, mais mon esprit ne veut rien savoir. Il m'interdit de fermer les yeux, ne serait-ce que quelques secondes. Dés que j'ose les clore, je suis assaillis d'images et je ne peux pas me résoudre à les affronter. Je n'en suis pas capable. Je veux qu'elles disparaissent. Alors mes paupières s'ouvrent et je continue d'observer le plafonnement, tentant vainement de contrôler les battements de mon cœur. J'ai conscience que cette situation ne peut plus durer, que je ne peux pas attendre de tomber de fatigue pour me reposer, que ce rythme de vie n'est pas sain, mais je ne veux pas revivre les événements de ces derniers jours. C'était tellement irréel que je me demande encore parfois si je n'ai pas tout imaginé, si cette journée n'est pas qu'une supercherie de mon cerveau. Mais lors de ces moments de doutes que je relis les messages de Stella et je comprends que je n'ai rien inventé, que mon subconscient ne me joue aucun mauvais tour. Oui, ce type a bien tenté de nous tuer. Oui, tout est vrai. Et putain, ça me terrifie encore.

Et le silence qui règne en maître dans l'appartement n'aide en rien. Tout est calme. Beaucoup trop calme. Je n'ai plus l'habitude de vivre dans un environnement aussi paisible. Chez les Grimm, il y a toujours du grabuge, une dispute puérile entre Sophie et moi ou une Emma qui rayonne en nous expliquant sa journée. Aujourd'hui, il n'y a personne avec qui me prendre la tête et personne pour égayer ce lieu sinistre. Sophie est partie. Peut-être pour de bon. Et Emma passe la nuit chez une amie, sans doute pour éviter mon humeur morose. Même Merguez, notre chaton, semble avoir décidé de m'ignorer et même si je ne pensais pas dire ça un jour, ça me fait mal. Je me retrouve donc seul face à mes craintes et cette perspective est loin de me réjouir. Et je n'en peux plus d'être enfermé ici.

Une trentaine de minutes plus tard, je pousse la porte du premier bar qui croise mon chemin. Le brouhaha des clients couvre presque entièrement la musique qui s'échappe des quelques hauts-parleurs du lieu. Un peu plus loin, le ton s'élève entre deux hommes éméchés et je pousse un profond soupir. C'est pour ça que je préfère boire en solitaire d'habitude, mais en ce moment, la foule me rassure, me créer une sorte de cocon protecteur. Je me laisse tomber sur l'un des tabourets vides devant le comptoir et commande une vodka. Puis une deuxième. Et ce n'est que lorsque que le barman dépose le troisième shoot devant moi et que celui-ci se vide aussi rapidement que les deux premiers que je commence à me détendre. Seulement, ce petit moment de tranquillité ne dure pas. J'ai l'étrange sensation qu'on m'observe. Je regarde autour de mois, mais personne ne semble me prêter la moindre attention. Et pourtant, c'est là que je le vois. Il se tient droit comme un piquet, debout devant l'entrée, et ne me lâche pas du regard. Il y a cette petite lueur de folie qui brille dans ses yeux et ce regard qui veut tout dire. Les paroles de mon amie me reviennent aussitôt en tête et je manque d'étouffer. Je détourne le regard quelques secondes, pour me rassurer que le bar ne s'est pas vidé et que ce taré ne tentera rien, mais quand je reporte mon attention sur l'entrée, il a disparu. Ai-je rêvé ? Je ferme les yeux un court instant avant de déposer quelques billets sur le comptoir et de me frayer un chemin à travers les corps en mouvement. J'ai besoin d'en avoir le cœur net.

L'air plus frais de cet fin d'été me fait frissonner à son contact. Évitant les quelques passants pressés ou trop éméchés pour faire attention à moi, je balaie les alentours du regard, cherchant désespérément ce visage devenu ma plus grande hantise. J'ignore si mon courage perdu vient de refaire surface ou si l'alcool me rend simplement inconscient, mais je ne le laisserais pas fuir cette fois. Il est temps qu'on règle cette histoire une bonne fois pour toute, pour Stella. Mais mes yeux se posent sur une silhouette étrangement familière qui déambule sur le trottoir d'en face. Je fronce les sourcils, observant son périple jusqu'au mur sur lequel elle s'adosse. Ce n'est qu'à cet instant que je prends conscience de qui il s'agit. Black. Je secoue la tête de droite à gauche, résigné à le laisser se débrouiller tout seul. J'ai mieux à faire. Du moins, c'est ce que j'essaie de me faire croire. Parce qu'un centième de seconde plus tard, lorsque je le vois s'affaisser un peu plus, j'en oublie que je le déteste, que j'avais la ferme attention de retrouver le kidnappeur de Stella pour lui faire passer l'envie de me suivre ou de la suivre elle et je traverse la rue en courant pour le rejoindre. Je m'agenouille à ses côtés, le secouant légèrement. « Alex ? » Je m'attends à ce qu'il reprenne miraculeusement conscience et m'insulte de tous les noms d'oiseaux qu'il pourra avoir en stock, mais rien. Absolument rien. D'une voix étranglée par le stress, j'interpelle le premier passant, le suppliant d'appeler les pompiers. Celui-ci s'exécute presque immédiatement. Black, tu fais chier, putain. Je l'allonge entièrement sur le sol avant de prendre une profonde respiration et d'entamer les gestes de premiers secours. Mes bases se limitent à ce que j'ai pu voir à la télé, mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps et débute le massage cardiaque. Puis le bouche à bouche. Et de nouveau le massage cardiaque. Ce con n'a pas intérêt de me clamser entre les doigts.

Moins de dix minutes plus tard, la sirène des secours se fait entendre. En moins de temps qu'il ne m'en faut pour dire ouf, Alex est prit en charge et transporté sur une civière. L'un des pompiers me pose une multitude de questions auxquelles je ne peux pas répondre, trop préoccupé par l'état de santé de celui qui fût l'un de mes plus proches amis. J'ai l'impression que mon cerveau nage dans un épais brouillard. Oui, je le connais. Non, je ne sais pas ce qui s'est passé. Non, je sais pas si Alex a des problèmes avec la drogue. Putain, je ne sais plus rien sur lui et sa vie depuis de trop longues années ! « Je vais avec lui. » J'ignore pourquoi j'ai dit ça et pourquoi je me sens responsable de lui. Je suis certainement la dernière personne dont il aura envie d'entendre parler à son réveil.

La suite se passe beaucoup trop vite. Les médecins urgentistes prennent le relais et je me retrouve seul, dans cette immense salle d'attente, complètement démuni. Je m'assois légèrement en retrait et sort mon téléphone de la poche arrière de mon jean avant de composer le numéro de ma sœur. Je sais qu'ils sont proches, plus que ce que j'aurais aimé, mais c'est ainsi, qu'est-ce que je peux y faire. Je n'ai plus qu'à espérer que mon appel au beau milieu de la nuit l'inquiète suffisamment pour qu'elle me réponde et mette sa haine de côté. Je commence à perdre espoir quand sa voix résonne dans le combiné. « Sophie, faut que tu viennes... C'est Alex. »
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Sophie Grimm

Sophie Grimm
i'd love it if we made it

≡ POSTS : 1502 post mortem 95cb69830bc999e69ef0dbbca6ec6e64e9b583c6
≡ ÂGE : 25 ans, déjà, elle va commencer à complexer. (01/06/95)
≡ SURNOM : Soph, Fifi, Grimm, les plus courants.
≡ OCCUPATION : Vendeuse de BD, presque incollable sur le MCU, team Iron Man. Elle est en pleine conception de son propre comic, aussi, rien de concluant pour l'instant. Elle a commencé les cours du soir pour se former au management, à voir.
≡ STATUT CIVIL : En couple, heureuse, elle respire, ça fait du bien.
≡ ATTIRANCE : Tout le monde, vraiment tout le monde. Elle est plus attirée par la personnalité de quelqu'un que par son genre. (Pansexuelle)
≡ QUOTE : Sometimes you put a bunch of misfits together and you get a family. Sometimes you get a bunch of assholes.
≡ LOGEMENT : #32, Castro District avec sa soeur et le chat.
≡ RPS :
≡ AVATAR : Bb Violett Beane
≡ CRÉDITS : bambi eyes (ava)
≡ INSCRIPTION : 12/07/2017




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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptySam 20 Oct - 8:22

post mortem
Sophander ft. Oliver

Ça va pas. Non, évidemment que ça ne va pas. Je le sais bien, je ne suis pas aveugle. Après quelques années de pratique, je sais bien quand Alex ne va pas bien. Et ça fait quelques semaines, maintenant, que ça ne va pas. Mais c’est la première fois qu’il prononce ces mots. La première fois qu’il veut peut-être bien admettre que quelque chose ne va pas, qu’il n’est pas « gneugneugneu » juste pour le plaisir. Alors forcément, je m’emballe. Je quitte le canapé où je suis installée avec Alban pour trouver le calme de la cuisine. Pourquoi ça ne va pas, Alex ? T’es où, Alex ? Qu’est-ce qu’il se passe, est-ce que je dois venir, casser des genoux ? Arrête de parler. Je fixe l’heure affichée sur le micro-ondes avec une grimace mais obéis immédiatement, le cœur battant et les joues qui commencent à chauffer de stress. Ou de colère, je ne sais pas vraiment. Mais lorsque j’arrête de parler, lui arrête aussi et raccroche une dizaine de secondes plus tard. Eh merde. « Tu fais chier, Black. » Je marmonne, mécontente, en essayant de le rappeler immédiatement. Il ne décroche pas. Trois appels rejetés automatiquement plus tard, j’en viens à la conclusion qu’il a éteint son portable. Et je commence à m’agacer, après moi-même pour ne pas avoir su répondre correctement, et après lui pour me faire des frayeurs pareilles. Je pourrais aller chez lui, de suite maintenant, mais je ne suis même pas certaine qu’il soit toujours là et qu’il veuille bien me recevoir. Règle numéro une d’Alexander Batman Black : ne jamais s’ouvrir aux autres. Il a commencé à mettre un orteil en dehors de la boîte, Alex, il est capable de se replier sur lui-même pendant plusieurs jours maintenant. Je finis par pousser un soupir et me résigne à aller me coucher. Je vais donc câliner Captain Curry pour lui souhaiter une bonne nuit avant d’attraper ma colère et mes idées noires à ruminer dans mon lit. Si jamais, je tente une dernière fois d’appeler la perche qui me sert d’ami, mais toujours rien. Après un dernier message, « Ne fais rien de débile Alex Batman. », je laisse tomber mon portable à côté de moi. Les années de pratique m’ont aussi permis de comprendre que quand il ne veut pas, Alex, il faut le laisser tranquille.

J’accuse Jafar lorsqu’un vrombissement résonne près de mon oreille, jusqu’à ce que je me souvienne que Jafar n’a pas la capacité d’émettre de la lumière. C’est avec un grognement que j’ouvre un œil et me brûle la rétine pour attraper mon portable et voir qui m’appelle à une heure si tardive. Et voir l’image de mon frère afficher sur l’écran me fait ouvrir les deux, et je grogne encore plus avant d’éloigner l’écran de mon visage. Non. Pourquoi ? Non. Il n’a pas le droit de m’appeler comme ça, en plein milieu de la nuit. Oliver, ça fait des semaines que je réussis à l’éviter et à éviter toutes discussions avec. Je l’ai croisé, quelques fois, en allant voir Emma à l’appart mais… Oh non. Non. S’il m’appelle, ce n’est pas parce qu’il a envie de savoir quand est-ce qu’on va devenir des adultes matures et discuter de notre situation pour l’arranger plutôt que de la fuir. S’il m’appelle, c’est que quelque chose ne va pas. Je me redresse immédiatement, attrape maladroitement mon portable et décroche l’appel avant qu’il ne cesse. Je ne sais pas si la voix qui sort de ma gorge m’appartient ou si je viens d’être possédée par un homme des cavernes, mais j’ai le cœur qui bat trop vite et la gorge nouée et je viens de me réveiller. En soi, je ne peux vraiment pas lui offrir mieux. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Ne me dis pas qu’Emma a encore des problèmes de santé, sois juste bourré et idiot. Je t’en supplie.

« Sophie, faut que tu viennes... C'est Alex. »

J’en oublie comment respirer de longues secondes. Quelque chose ne va pas, comme je le redoutais. Mais ce n’est pas le prénom de notre sœur qu’il prononce, et je n’ai pas vraiment le temps d’être soulagée que ce ne soit pas le cas. Parce qu’il me parle d’Alex. Alex. Et aux dernières nouvelles, Alex et Oliver n’étaient pas les meilleurs amis du monde. Et aux dernières nouvelles, Alex n’allait pas bien. « Oh non. » Non non non non. Mais mon refus n’empêchera pas la situation, cette fois. Ma voix s’étrangle, j’arrive à marmonner un « Quoi ? » pour lui demander plus d’explications mais je suis déjà en train de rejeter mes couvertures, d’allumer la lumière, de littéralement me fracasser par terre lorsqu’il ose prononcer le mot « hôpital » et qu’il me demande une nouvelle fois de venir. Et j’ignore mes oreilles bourdonnantes et mon estomac qui commence à tirer dans tous les sens pour menacer de rendre tout ce que j’ai pu ingérer au repas. Je raccroche après avoir informé Oliver que je suis en chemin, enfile un jean et attrape un sweat que j’enfile à la va-vite. Pas le temps. Je prends sans remords les clés de la voiture d’Alban que je préviens d’un bref message une fois dans l’ascenseur, et c’est la course. Heureusement, il fait nuit noire et la circulation est d’une aisance indécente. Ma conduite est des plus irrationnelles et je n’ai même pas le temps d’avoir des regrets. Je ne pense qu’à une chose, arriver aux urgences le plus rapidement possible. Retrouver mon frère, comprendre ce qu’il se passe, et remettre une nouvelle fois le sort d’un de mes proches dans les mains des médecins.

Je vais bientôt envisager l’abonnement.

Je t’avais dit de pas faire quelque chose de débile, Black. Bordel. La portière claque, le son m’effraie mais il arrive au moins à surpasser celui de mes pensées et à m’en sortir quelques secondes. Je ferme la voiture avant de rejoindre d’un pas rapide des couloirs trop familiers, des couloirs que j’aurais aimé ne jamais revoir. Et ce n’est que lorsque j’aperçois la tête rousse toute aussi familière de mon frère que le réel de la situation me frappe et que mes yeux commencent à s’embrumer de larmes. Tout ça n’est pas un rêve, pas un cauchemar dont je vais pouvoir me réveiller et oublier plus tard. Un juron m’échappe alors que les pas qui nous séparent sont parcourus mutuellement. C’est la première fois qu’on se retrouve, vraiment et intentionnellement. Et je ne sais pas si c’est parce qu’on est en plein milieu de la nuit, si ce sont les circonstances, mais il n’a pas l’air d’aller bien. Oliver a le teint plus blafard que d’habitude, et je ne parle pas de ses cernes. Mais qu’est-ce qu’il se passe, bon sang ? À quel moment j’ai cessé de remplir mon rôle de sœur et d’amie et de m’inquiéter de la santé des gens que j’aime ? J’ai l’impression de me prendre une immense gifle dans la figure, d’un coup. Sophie, t’as fait une merde aussi grande qu’Oliver et Alex réunis ces dernières semaines. Je tends une main vers mon frère, pas certaine de pouvoir tenir debout seule face à cet immense sentiment de culpabilité qui m’assaillit l’âme. Aussi pour m’assurer, une dernière fois, que je ne rêve pas. Mais je rencontre un bout de tissu qui cache une chaire osseuse. Un sanglot bruyant m’échappe. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Je me répète, mais j'ai l'impression d'avoir juste atterri en Enfer. Pourquoi je suis là, pourquoi Oliver est là, pourquoi il est là ? Pourquoi est-ce que, dès que ça commence à aller un peu mieux, la vie se doit de tout foutre en l’air pour qu’on recommence encore ?
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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptySam 20 Oct - 19:28

post mortem
Sophander ft. Oliver

Je ne me souviens pas d’avoir expliqué la situation à Sophie, ni même de lui avoir demandé de me rejoindre au plus vite. Tout est beaucoup trop flou et la seule chose dont je suis certain, c’est qu’elle est en chemin. Et ça devrait me rassurer, mais je ne ressens rien. J’ai l’impression de n’être qu’une coquille vide. Trop de choses se bousculent dans mon esprit actuellement. Je n’agis plus que par automatisme, comme un robot qu’on aurait programmé. Depuis combien de temps est-ce que je suis là, à fixer mon écran de téléphone après avoir raccroché ? Depuis combien de temps est-ce que j’empêche les larmes de couler ? Je le déteste. On se déteste. Je n’en sais rien en fait. Il a suffit d’une erreur de ma part pour foutre en l’air des années d’amitié, mais peut-on vraiment les oublier ? Oublier toutes les conneries qui nous ont liées et ces quelques fous rires dissimulés. Parfois, j’ai l’impression que ces souvenirs ne sont pas réels, qu’ils n’ont jamais existé. Puis, au milieu de tout ça, ensevelissant tous les bons moments, il y a toute cette haine qu’on se porte. Comment les choses ont-elles pu autant évoluer ? Comment en est-on arrivé là ? Aujourd’hui, je commence à prendre conscience que cette situation est des plus risibles, mais je comprends également que malgré tout, une infime partie de moi continue de s’inquiéter pour lui. Parce qu’on ne peut pas entièrement effacer le passé.

Des bruits de pas dans le couloir m’obligent à relever la tête. Sophie est là, devant moi, et mon cœur se serre. La dernière fois que je l’ai vu dans un état semblable, on venait d’apprendre la maladie d’Emma. Et j’espérais ne plus jamais voir ce regard mêlant l’angoisse et la terreur. Tout comme j’espérais la revoir dans un lieu ne respirant pas la peine et la mort. Lentement, je me redresse et d’un pas peu assuré, je réduis la distance qui nous sépare. Elle tend une main dans ma direction, mais je suis incapable de bouger. Je suis perdu, je ne sais pas quoi dire et encore moins quoi faire. Je ne peux pas oublier que ça fait des semaines qu’on ne se parle plus, des semaines que notre vie joue au grand huit. Mais lorsqu’un sanglot déchirant s’échappe de sa gorge, j’envoie valser tous les problèmes Grimm. Au diable nos différents et nos divergences. Je prends ses mains et l’attire délicatement contre moi et avec le peu de force qu’il me reste, je la serre contre mon cœur. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Je prends une profonde respiration avant de m’écarter légèrement pour lui faire face de nouveau. « Il a fait une overdose… » J’ai encore du mal à croire la véracité de mes dires et pourtant, c’est ce que les médecins n’ont cessé de répéter avant qu’on arrive. Je pensais encore le connaître, au moins un peu, mais le Alex que je côtoyais il y a quelques années encore n’aurait jamais touché à toutes ces merdes. Qu’est-ce qui se passe dans ta vie pour que tu en sois arrivé là, Black ? « Et je ne sais rien de plus, Sophie, désolé… » Je ne suis même pas capable de lui dire s’il est encore en vie, s’il va s’en sortir ou si tout va s’arranger. Je pourrais mentir, assurer avec une grand conviction qu’Alex est fort et qu’il n’a pas encore fini de nous faire chier, mais j’en ai marre des mensonges. Alors je me tais, parce que parfois, le silence est la meilleure des réponses.

« Je l’ai trouvé inconscient sur le trottoir… » Je ne sais pas pourquoi cette information me semble importante maintenant. Et même si Sophie se demandait comment il est possible que je sois présent ici ce soir, elle n’apporte rien de plus à la situation et ne nous aidera pas à faire passer le temps plus vite. Peut-être ai-je simplement besoin de me confier à quelqu’un sur cette soirée. « Et je… J’ai failli ne pas lui venir en aide quand je l’ai vu. » Et oui, je suis prêt à subir les foudres de ma sœur, à me faire haïr encore plus et peut-être même à me faire virer de cet hôpital à coups de pieds, mais je n’arrivais pas à m’ôter cette idée de la tête. Que ce serait-il passé si je n’avais pas changé d’avis ? « Pour ça aussi, je suis désolé. » Ces derniers temps, je passe mes journées à m’excuser auprès de tout le monde et pour tout ce que je fais. C’est fatiguant. Finalement, je devrais peut-être commencer par m’excuser d’être moi, on gagnerait du temps.

Je n’ai pas le temps de me poser plus longtemps la question qu’un médecin se dirige dans notre direction. Étant les seuls dans la salle d’attente, il ne fait aucun doute qu’il est là pour nous. Je lance un regard discret vers Sophie et presse doucement sa main. Je veux qu’elle sache que quoi qu’il arrive, je serais là. « Êtes vous de la famille de Monsieur Black ? » Non. « Oui. C’est notre frère. » Foutaises. Il n’y a pas la moindre hésitation dans ma voix. J’ai trop souvent arpenté les murs de cet hôpital pour savoir qu’ils ne parlent, en général, qu’à la famille proche. Inutile de prendre le risques en expliquant que nous sommes que des amis, et encore. Je ne suis pas certain de pouvoir être considéré de cette façon et je ne sais pas ce que représente Sophie pour Alex… Et je ne suis pas prêt à l’entendre. J’ignore si mon mensonge fonctionne ou si le médecin n’en a juste rien à faire de savoir qui on est réellement, mais il repositionne correctement ses lunettes sur son nez avant de reprendre la parole. « Nos examens ont montré la présence d’une quantité élevée d’héroïne et d’alcool dans le sang de votre frère. Cette surdose aurait pu lui être fatale. » Aurait pu… Il est donc vivant. « Il est actuellement plongé dans un coma artificiel, mais son état est stable et il devrait se réveiller d’ici quelques heures. » Je pousse un profond soupir de soulagement et, d’un revers de manche, essuie mes yeux humides. « J’aurais également quelques questions à vous poser. Votre frère avait-il des problèmes avec la drogue ? » Je l’attendais cette question. Je la redoutais même. Je ne suis pas le mieux placer pour savoir quoi dire alors je laisse Sophie répondre au médecin. Elle en sait sans doute bien plus que moi sur les mauvaises habitudes d’Alex. « Une dernière petite chose. Est-ce qu’il se pourrait que ce soit un acte délibéré ? » Celle-ci me fait l’effet d’une claque. Je cligne plusieurs fois des yeux devant l’absurdité de ces propos. « Alex n’aurait jamais mis fin à ses jours. » Mais qu’est-ce que j’en sais… Je cherche le regard de Sophie, presque désespéré, en espérant qu’elle soutienne mes propos.

L’interrogatoire terminé, le médecin nous informe qu’il nous est possible de le voir, mais une personne à la fois. Je me tourne vers ma sœur, un sourire las étirant les traits fatigués de mon visage. « Vas-y et tiens-moi au courant, d’accord… ? »  Je pense qu’il est grand temps pour moi de m’éclipser.


Dernière édition par Oliver Grimm le Jeu 25 Oct - 1:50, édité 1 fois
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Sophie Grimm

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≡ ÂGE : 25 ans, déjà, elle va commencer à complexer. (01/06/95)
≡ SURNOM : Soph, Fifi, Grimm, les plus courants.
≡ OCCUPATION : Vendeuse de BD, presque incollable sur le MCU, team Iron Man. Elle est en pleine conception de son propre comic, aussi, rien de concluant pour l'instant. Elle a commencé les cours du soir pour se former au management, à voir.
≡ STATUT CIVIL : En couple, heureuse, elle respire, ça fait du bien.
≡ ATTIRANCE : Tout le monde, vraiment tout le monde. Elle est plus attirée par la personnalité de quelqu'un que par son genre. (Pansexuelle)
≡ QUOTE : Sometimes you put a bunch of misfits together and you get a family. Sometimes you get a bunch of assholes.
≡ LOGEMENT : #32, Castro District avec sa soeur et le chat.
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≡ AVATAR : Bb Violett Beane
≡ CRÉDITS : bambi eyes (ava)
≡ INSCRIPTION : 12/07/2017




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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyDim 21 Oct - 0:17

post mortem
Sophander ft. Oliver

Une nouvelle fois, mon monde s’écroule et ma vision est floue de larmes. Heureusement, Oliver a la décence de m’attirer contre lui. Sa carrure et sa chaleur me rassurent un peu, me permettent de ne pas perdre pied. Si j’avais dû traverser ça seule… Je n’aurais jamais survécu à quoi que ce soit, dans ma vie entière, si j’avais dû le faire seule. C’est ridicule, évidemment, mais je trouve un semblant de consolation en me disant que la force des Grimm se trouve dans ce fil rouge de chagrin partagé. C’est la merde mais au moins, on est toujours là. Je n’ai pas parlé à Oliver depuis des semaines, mais il a quand même pensé à m’appeler et il est là. Sur le coup, c’est tout ce qui compte. J’essuie rageusement mes joues et me concentre pour ne plus faire de bruit en pleurant, pour pouvoir écouter sa réponse à ma question. Mais c’est difficile, ces larmes je les retiens depuis son appel et… Depuis hier soir, peut-être. Toute la colère, la frustration, la culpabilité refont surface maintenant que je ne peux qu’accepter le réel de la situation. L’hôpital, Oliver, Alex. « Il a fait une overdose… » Je hoche négativement la tête. Non, c’est idiot. « Il ne se drogue pas. » Il fume comme un pompier, parce qu’il faut bien mourir de quelque chose qu’il dit, mais il est assez intelligent pour ne pas passer au niveau supérieur. Était ? Non. Vraiment, je n’arrive pas à croire qu’il ait fait une overdose. Je ne veux pas y croire. J’ai envie de demander à Oliver s’il est sûr qu’on parle du même Alex, mais je me souviens qu’Oliver n’apprécie pas le brun plus que ça. Ils étaient amis, il y a longtemps. Et même si on parlait du même Alex, il faut croire que je ne le connais pas aussi bien que je le prétends.

Sophie… Ecoute, hum… Ça va pas.

« Et je ne sais rien de plus, Sophie, désolé… » Je cligne des yeux, dans une tentative vaine d’en chasser les perles salées et pour pouvoir observer le visage de mon frère dans cette lumière trop vive offerte par l’hôpital. Je ne sais pas ce qui est le pire. De ne pas savoir, ou de savoir la mauvaise nouvelle. Je devrais savoir, après Emma. Après la prétendue mort des parents Grimm. L’attente, c’est l’agonie. Mais après… Après, c’est le vide. Je ne veux jamais éprouver de nouveau ce vide. J’y survivrai pas, ça j’en suis bien certaine.

T’entends, Alex ? Je survivrais pas si tu meurs.

Oliver m’apprend qu’il a retrouvé Alex sur le trottoir, avant de rajouter avec hésitation qu’il a failli ne pas l’aider. Et ça aussi, c’est le fil rouge des Grimm. Se blâmer de tout, pour rien. Même si c’est une spécialité d’Oliver, il faut se l’avouer. Ma gorge se noue alors qu’un et si commence déjà à se former dans mon esprit. Je n’ai pas le temps de me perdre en chagrin dans des hypothèses douloureuses. Le présent l’est déjà assez, ça suffit. « Pour ça aussi, je suis désolé. » Encore une fois, je hoche frénétiquement la tête alors qu’une énième larme m’échappe. « Non, sois pas désolé. T’étais là, tu l’as aidé et c’est tout ce qui compte. D’accord ? C’est tout ce qui compte. » Je répète en pressant légèrement ma main contre son épaule. Je n’ai pas envie qu’il tombe dans cette spirale de remords, Oliver. Parce que peut-être qu’au final, ce ne sont pas nos pensées qui sont importantes mais nos actes. Parce que sans lui, le et si que je me refuse de prononcer se serait réalisé à coup sûr et qu’au moins, maintenant, Alex a une chance. Et c’est tout ce qui compte. Et s’il y a quelqu’un à blâmer, dans cette histoire, ce devrait être moi. Parce qu’Alex m’a appelé et que je n’ai pas su répondre à son besoin. Parce que je n’ai pas agis raisonnablement, que j’aurais dû me rendre chez lui quitte à me prendre un vent… Mais ça aussi, je ne le formule pas. C’est un autre et si douloureux, un que je préfère garder secret.

Un médecin nous rejoint et la main d’Oliver trouve la mienne. Mes sourcils se froncent légèrement lorsque le rouquin affirme que Monsieur Black est notre frère. C’est bizarre, carrément dérangeant même lorsque je pense à ma relation avec lui. Clairement pas fraternelle. Mais je ne dis rien, je ne bronche pas parce que j’ai besoin de connaître la suite et qu’elle pourrait m’être interdite sous prétexte qu’aucun lien de sang ne me lie à l’individu. Et le médecin confirme l’overdose, et les poils à l’arrière de ma nuque se hérissent légèrement alors que mon estomac recommence à faire ses soubresauts déplaisants. « Il est actuellement plongé dans un coma artificiel, mais son état est stable et il devrait se réveiller d’ici quelques heures. » Et mes poumons peuvent à nouveau se contracter normalement, et les mécanismes du cerveau lâchent un peu la pression sur les roues de l’angoisse et de l’anxiété. Je ne relève pas les larmes de mon frère, nous avons traversé trop de merde maintenant pour que je veuille me moquer du fait qu’il pleure pour une personne qu’il n’est pas censé apprécier.

Cette bonne nouvelle n’a pas le temps d’apporter beaucoup de lumière que le médecin commence à poser les questions qui j’imagine font seulement partie de la procédure pour lui. Est-ce qu’Alex a des problèmes avec la drogue ? « Non. » Je réponds, sûre de moi. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ce soir. Mais je sais qu’Alex est quelqu’un de responsable avec un tantinet de bon sens. Je ne me souviens pas avoir eu de grand débat philosophique sur le sujet avec lui. Mais quand même. « Est-ce qu’il se pourrait que ce soit un acte délibéré ? » La réponse de mon frère est immédiate et j’aimerais pouvoir l’appuyer, mais ma gorge se noue une nouvelle fois.

Ecoute, hum… Ça va pas.

Je baisse soigneusement les yeux pour éviter le regard d’Oliver. « Peut-être. » Je finis par lâcher dans un souffle. Je n’ai pas envie de croire que c’est le cas. Mais je n’avais pas envie de croire qu’Alex pourrait toucher un jour à la drogue, je n’avais pas envie de croire me trouver un jour dans cette situation. Alors je ne sais pas. Peut-être. Parce que ça ne va pas. Parce que des fois, trop c’est trop. Parce que souvent, on pense connaître une personne jusqu’à ce qu’on se rende compte que ce n’est pas le cas. Et on s’en rend compte toujours trop tard. Sinon ce serait trop facile. Mais une chose est claire : je n’espère pas que c’est le cas. Parce que si ça l’est, je vais l’assassiner moi-même, Black.

J’observe distraitement le médecin remplir ses papiers et assimile à peine qu’il nous accorde l’autorisation pour le voir. Ce n’est que le visage fatigué d’Oliver qui me fait prendre conscience que c’est le début d’un nouveau supplice, maintenant. Les heures avant son réveil, à se demander pourquoi. « Vas-y et tiens-moi au courant, d’accord… ? » Je ne retiens qu’à peine une grimace avant d’acquiescer. Je me force à prendre une grande inspiration, pour me redonner un semblant de contenance. « Merci, Oli. » Je tends les bras vers mon frère et grimpe sur la pointe des pieds pour pouvoir le serrer contre moi quelques secondes. Même si on s’est engueulé, même si on ne se parle plus maintenant. J’en ai marre de perdre, ou manquer de perdre, les gens que j’aime. Et je suis déterminée, à arranger ça. Plus tard. En attendant, je prends le peu de réconfort que je peux dans cette étreinte. Puis je lui intime de faire attention à lui en rentrant avant de suivre la blouse blanche dans un dédale de couloirs.

Je ne prends pas la peine de remercier le médecin lorsqu’il me laisse seule dans la chambre où se trouve Alex. Parce que mon regard s’est posé sur lui, sur son corps trop pâle et trop grand pour ce lit. Sur la chemise d’hôpital avec les motifs que j’ai appris à détester avec le temps. Sur les tuyaux qui viennent se mélanger à ses veines, sur ceux qui s’échappent de son nez, les fils reliés à son torse. Je n’ose pas m’approcher, tétanisée. Il me faut de longues secondes, pour me souvenir de comment respirer calmement et enclencher la marche avant. Voir Alex dans un pareil état me tord le cœur. J’ai l’impression qu’on est en train de le gratter pour l’arracher vicieusement de sa cavité. Ma main tremble légèrement lorsque je vais finalement la poser sur la sienne. Sa peau est à peine plus froide que la mienne, et je ne sais pas pourquoi ça me surprend. Peut-être parce que j’ai l’habitude que ce soit le contraire, parce que Alex a je ne sais quel pouvoir magique qui lui prête une chaleur corporelle plus chaude que la moyenne. Ou peut-être que tout ce temps, je me suis imaginée qu’Alex avait un pouvoir magique, un brasier intérieur qui faisait sa force de vivre. Mais ce brasier s’est éteint petit à petit, jusqu’à ce soir.

Véritablement épuisée, je tire le fauteuil près du lit pour pouvoir m’installer dessus. Mes oreilles bourdonnent de nouveau et mes larmes ont recommencé à couler, mais je m’en fiche pas mal. Alex ne se réveille pas avant quelques heures. Les médecins doivent en voir des pires tous les jours. Et j’ai besoin de me laisser aller dans mon sentiment de culpabilité, dans mes et si malsains.

L’agonie.

Ça va pas.

Je tire sur les manches de mon sweat pour pouvoir poser mes mains devant mes yeux et ma bouche. Le tissu devient vite humide, mes pleurs sont plus ou moins étouffés. La pièce est terriblement vide et froide. Seuls mes sanglots et les bruits crissants des moniteurs et autre machines viennent troubler le calme. J’ignore combien de temps, je passe à pleurer et à aligner les pourquoi. Mais j’arrive enfin à être trop fatiguée pour continuer, à avoir fait le tour. La douleur est toujours là, moins intense. Je pose ma tête sur ma paume avant de reporter mon attention sur Alex. La question, la vraie, ce n’est pas tellement de savoir pourquoi ça c’est passé. C’est plutôt de savoir comment faire pour que ça ne se reproduise pas. Pour que sa douleur aussi soit moins intense. Pour que jamais je ne revive un pareil scénario, et surtout que jamais un pire ne se reproduise.

Le jour commence à se lever quand je reçois un message d’Alban qui me demande ce qu’il s’est passé cette nuit. Je relis seulement maintenant le message envoyé pour le prévenir que j’empruntais sa voiture. Il manque un verbe et il y une faute de frappe. Un esclaffement sans joie m’échappe, alors que je commence un message plus long pour lui raconter. Mais j’efface tout. Parce que je n’ai pas envie de lui raconter, de rendre ça réel. Parce que je n’ai pas envie de l’embêter encore avec des détails d’une vie trop sombre et morose. Je réponds juste qu’Alex est à l’hôpital et que moi aussi, du coup. Et je m’excuse pour le vol intempestif de voiture. Mais c’est Alban et Alban me pardonne.

Le jour semble réveiller l’hôpital, aussi. Deux nouvelles personnes de l’équipe médicale passent, vérifient l’état des machines et du patient. On me dit qu’il ne devrait plus tarder à reprendre conscience, que les sédatifs vont bientôt cesser de faire effet mais qu’il peut ne pas être très réactif. J’acquiesce. Je m’en fiche, qu’il ne soit pas très réactif. Tout ce qu’il m’importe, c’est de m’assurer qu’il est vivant. Qu’il est toujours là, pour affronter tout ça avec moi.

Parce que je ne peux vraiment pas survivre dans un monde sans lui.
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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyMar 23 Oct - 17:31

post mortem
Sophander ft. Oliver

Je flotte.

Loin, très loin au dessus du banc en bois. Aussi haut que les oiseaux, près des étoiles qui scintillent et m’appellent. Léger, serein. Toutes mes angoissent se sont dissipées dans la nuit, emportant mes peurs avec leurs griffes aussi aiguisées que des aiguilles. Pour la première fois depuis ce qui me semble être des années, je me sens bien. C’est une telle libération que je me sens presque ridicule d’avoir tant attendu avant de prendre les choses en main, c’est absurde. Quel idiot tu es, Black.

Les heures passent sans que je n’y prête attention, l’environnement calme du parc alterne avec l’ambiance confinée et bruyante de la vie nocturne franciscaine. Le flou. Les couleurs. Les voix. La musique. Les basses qui résonnent jusque dans mes os. Un verre d’alcool, ou bien plusieurs. Et puis vient la fatigue, cette immense et indomptable fatigue qui alourdit mes membres et mes paupières, avant de plonger mon esprit dans du coton blanc. Dans mon état basculant entre conscience et inconscience, mes jambes devenues trop faibles pour soutenir mon poids, je finis par m’adosser contre un mur afin d’y trouver un semblant de repos. Un voile noir se tire devant mes yeux, je ne voix plus rien et ne pense plus à rien. Etonnamment serein. Le sentiment de sombrer dans une zone chaleureuse, une étreinte rassurante et confortable, comme si un poids énorme était soudainement retiré de mes épaules. Enfin libre.

J'imagine que c'est ce que l'on ressent quand on meurt – un sentiment de soulagement qui finit par surpasser la peur.

Parce que oui, la mort me terrifie.
Parce que penser à la Mort est une chose normale, l’Homme est un curieux qui aime imaginer ce que renferme l’après. Une réincarnation ? La possibilité de toute recommencer à zéro ? Le Paradis, l’Enfer ? Le noir absolu ? Comme tout le monde, je m’interroge. Mais penser à la Mort est différent de penser à sa propre mort. Je suis un cynique, un de ceux qui se sont fait à l’idée que personne n’y échappe et qu’il faut bien crever de quelque chose un jour. Et pourtant, jusqu’à aujourd’hui, ce concept m’apparaissait comme lointain, un peu comme s’il était réservé aux autres et que je serai épargné pour au moins les années à venir. Mon heure n’est pas encore arrivée, j’ai le temps. Comme le héros d’un roman qui ne peut passer l’arme à gauche avant d’avoir réalisé sa quête. Qu’elle est-elle, ma quête, au juste ? Ai-je seulement une aspiration ? Un but à atteindre avant de finir six pieds sous terre ? J’ai beau chercher, je ne vois que du noir et des ombres monstrueuses guettant mes moindres faiblesses. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais réellement songé à ma propre mort comme un moyen d’en finir pour de bon avec toutes ces conneries qui me rongent de l’intérieur, petit bout par petit bout. Parce qu’il y avait toujours eu une flamme, aussi chancelante soit elle, qui brûlait au cœur de ma poitrine dans l’espoir d’un avenir meilleur. Mais dans cette ruelle sombre de San Francisco, je crois que la flamme s’est éteinte.

« La mort est une dette que chacun ne peut payer qu'une fois. », William Shakespeare.

Ironique comment la seule phrase qui me vient à présent est un extrait d’Antoine et Cléopâtre, étudié lors de mon bref passage à l’université. Elle correspond plutôt bien, je trouve.

* * *

Comme c’est facile de mourir.

Aucune douleur, ce n’est pas plus compliqué que de s’endormir finalement. J’suis soulagé, j’aurais pas pu endurer plus de souffrances. C’est terminé, enfin.

Ça va aller.

* * *

Un frisson. Encore cette sensation de froid.
Une pression, derrière mon front, légère mais continue. Je n’y prête pas attention, rejoins les ténèbres de nouveau. Mais elle ne cesse pas, au contraire, augmente doucement jusqu’à devenir assez désagréable pour me pousser à ouvrir péniblement un œil. Œil que je referme aussitôt, agressé par des lumières trop blanches et trop intenses. Putain, ils doivent payer une blinde en électricité au Paradis. Par contre pour le chauffage, c’est pas encore ça, on se pèle ici ! Tandis que mon corps se réveille tant bien que mal, je rassemble assez de force pour ouvrir doucement les yeux, paupières papillonnantes et sourcils froncés afin de les protéger des rayons blafards. Comme dans un rêve, ma vision s’ajuste petit à petit, et je découvre avec surprise mon environnement. Where the fuck am I ? Murs blancs, des machines qui bipent régulièrement tout autour de moi, du lino bleu par terre, de la même couleur que la fine couverture qui me recouvre. Un hosto…? Mais… Mon regard tombe sur une silhouette à ma droite, tête enfouie entre des bras croisés sur le matelas où je suis installé. Elle respire régulièrement, ses cheveux cuivrés tombant en rideaux devant son front. « Sophie…? » Ma voix est tellement rauque, on dirait que je n’ai rien dit depuis des semaines tout en fumant trois paquets par jour. Sophie. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Qu’est-ce que je fous là ? La jeune femme se redresse et mes sourcils se plissent lorsque je remarque ses yeux rougies et gonflés de larmes. Ce spectacle me tord le cœur. « Pourquoi tu pleures ? » La question sort toute seule, dans un souffle empli d’inquiétude et de confusion.

Et puis vient le moment de la réalisation. Les souvenirs qui remontent en vague déferlante lorsque je me remémore ma soirée d’hier. Le cauchemar, le désespoir, la seringue plantée dans mon bras, la drogue, la béatitude. Le noir. Pourquoi ne suis-je pas mort ? L’impression d’être un lapin pris dans la lumière aveuglante des phares d’une voiture, désorienté. Confus, faible. Terrifié. Et cette irrépressible envie de fuir et de retrouver l’enveloppe protectrice que m’a apporté l’héroïne pendant de trop courts instants. Je veux me recroqueviller dans un trou, loin de cette honte dégueulasse qui m’étrangle lorsque je pose les yeux sur Sophie et ses joues creusées de sillons humides. Je ne veux pas qu’elle me voie comme ça, dans cet état misérable. Mais mon corps ne répond plus, je n’ai plus l’énergie de mouvoir le moindre muscle. C’est comme si j’étais dans une émission merdique de téléréalité, dans le rôle de la star réticente, sans aucun endroit où me cacher. J’suis pris au piège.

Tel un animal blessé, faute de pouvoir fuir, je revêts à nouveau cette armure fissurée et pleine de trous dans l’espoir de me préserver. Je couche les oreilles, arrondis la nuque, feule et montre les dents. Bête apeurée. C’est con, mais c’est un réflexe encré bien trop profondément, même lorsqu’il s’agit de Sophie. Surtout lorsqu’il s’agit de Sophie. Elle ne mérite pas que je lui inflige tout ça. Je voulais la protéger sans l’inquiéter, et j’ai échoué lamentablement. Putain qu’est-ce que t’es con, Black. « Tu devrais pas être là, Sophie. Rentre chez toi. » Et ça me tue, bordel ce que ça me tue de lui balancer ça. J’essaye de rester le plus neutre possible cependant. C’est pour son bien, que je me répète. Qu’elle m’engueule, me pourrisse et m’hurle à quel point j’ai merdé, je m’en tape. J’t’en prie, Sophie, rentre chez toi.
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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyJeu 25 Oct - 0:44

post mortem
Sophander ft. Oliver

C’est long, d’attendre. Les heures s’écoulent et s’éternisent plus les unes que les autres. Lorsqu’il commence à faire jour et qu’on m’informe que ça ne devrait plus tarder, mes espoirs remontent en flèche et j’attends impatiemment le moment de retrouver les iris bleues d’Alex. Mais c’est que son corps a trop souffert, ou bien qu’il est trop fainéant. Le moment ne vient pas et les minutes défilent. La vie reprend son cours autour de moi, les machines commencent à se réveiller mais aucun signe de la part de Black. Il gigote. Allez Alex, bordel, réveille-toi. Moi, je commence à sérieusement fatiguer. Parce que ça fait beaucoup d’un coup, parce que c’est trop d’émotions et d’angoisses, parce que ça réveille d’autres pensées plus compliquées de ras-le-bol et de combats intérieurs pour me rassurer que tout ça a un sens et vaut le coup. C’est seulement lorsque je pose le regard sur le corps inerte d’Alex que je me souviens que je ne peux pas me permettre de perdre espoir, pas maintenant. Peut-être que c’était amusant de se lamenter de la vie sur une plage, peut-être que ça nous faisait du bien de parler sans gêne et sans peur de jugements avachis sur son canapé. Mais sans doute que ce n’était pas suffisant, qu’on était trop noir alors qu’il aurait fallu être gris. Sûrement que j’aurais dû faire plus attention, à lui. A ne pas prendre sa mauvaise humeur pour son comportement habituel mais pour des signes de la catastrophe de cette nuit.

Et c’est sans véritablement m’en rendre compte que je me laisse aller, à fermer les yeux en me convaincant que c’est juste l’histoire de quelques minutes. Black, tu as quelques minutes pour ne pas te réveiller, déconne pas. Mais on a déjà évoqué le problème du temps qui ne passe pas comme d’habitude, et les quelques minutes s’étendent et moi aussi. Lorsque je refais surface, c’est à l’entente de mon prénom prononcé d’une voix trop rauque, trop familière et mon cœur manque de trop nombreux battements et je me redresse trop rapidement pour voir qu’Alex est réveillé et c’est trop de « trop » d’un coup et voilà que mes yeux s’humidifient à nouveau. Le soulagement. Je suis obligée de me racler la gorge pour en chasser toutes les larmes qui ont coulées cette nuit. Obligée de relâcher un souffle retenu depuis trop longtemps afin de pouvoir respirer à nouveau à peu près normalement. Mes yeux détaillent le visage d’Alex, son teint blanchâtre et ses cernes creusés et son air confus, limite apeuré. Mais lorsque mon regard croise le sien, j’ose croire que ce qu’il s’est passé n’était qu’une terrible et presque fatale erreur. On ne recommencera plus, jamais. « Pourquoi tu pleures ? » Sa question me fait hausser les sourcils, et j’aimerais sourire et lui répondre d’une plaisanterie ridicule mais je n’en ai pas le courage. Ma gorge se noue de nouveau, parce qu’il vient de se réveiller et qu’il n’a pas vraiment l’air de réaliser qu’il a failli mourir et que c’est plutôt évident, en fait, de pourquoi je pleure. « Je pleure pas. » Plus. Cesse d’être un idiot fini et de jouer avec mes émotions comme ça, Alexander Black.

Mais je ne dis rien de plus. Parce que je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, et que je n’ai pas envie de jouer à Captain Obvious pour lui apprendre qu’il est à l’hôpital et qu’il a fait une overdose. Je préfère le laisser s’en souvenir. Je préfère ne pas savoir les détails non plus. Et je peux voir. Le moment où ses neurones se connectent les uns aux autres. Ses sourcils qui témoignent de sa réflexion troublée, jusqu’à ce qu’il comprenne vraiment. Je l’observe en silence, réalisant à peine à quel point il en fallut de peu et à quel point c’est presque un miracle qu’il se réveille. A quel point le destin est une sacrée péripatéticienne, aussi. Je guette toujours l’instant où je vais me réveiller de ce cauchemar, mais il ne vient pas. En revanche, je peux voir le moment où Alex redevient Alex l’intouchable, Alex l’inébranlable, Alex le solitaire. Mes lèvres s’étirent enfin en un mince sourire, et j’attends. « Tu devrais pas être là, Sophie. Rentre chez toi. » Voilà. Son problème, à Alex, c’est qu’il a peur d’être seul et que cette peur se manifeste en un mécanisme de défense qui le pousse à se renfermer immédiatement et être agressif. Mais il n’a toujours pas compris que j’y étais insensible, à son agressivité. Oliver a été un plutôt bon antiseptique. Je hoche légèrement la tête et me lève du fauteuil pour pouvoir être un peu plus à sa hauteur. « Toi aussi tu devrais pas être là, Alex. » Lui réponds-je d’un ton calme. Et je ne sais pas, d’où est-ce qu’il sort ce calme. J’aurais tendance à réagir avec excès et colère, d’habitude. Mais d’habitude, ce n’est pas une question de mort. Et j’en ai marre de me battre, et je veux juste que les gens que j’aime aillent bien. C’est trop en demander, paraît-il.

Je laisse passer quelques autres secondes, à le fixer, pour qu’il comprenne que ça ne marchera pas. Je ne vais aller nul part, parce que je n’en ai pas envie et que j’ai surtout besoin de rester près de lui. Et qu’il a besoin que je reste près de lui, même s’il ne veut pas s’en rendre compte. Après ces quelques secondes, je me rapproche. Quelques centimètres à peine finissent par séparer nos visages, je ne peux même plus observer ses deux yeux en même temps et je suis bien obligée de cligner des miens pour accommoder ma vision. Mais je m’en fiche. J’ai ruminé ce que je m’apprête à dire des heures durant, c’est important pour moi et j’ai besoin que ce soit important pour lui aussi. « Je sais pas ce qu’il s’est passé hier soir, Alex, et je sais pas si je veux savoir. Mais s’il y a une chose que je sais, c’est que ça ne se reproduira pas. » Parce que je ferais tout en mon pouvoir pour que ça ne se reproduise pas. S’il me trouvait chiante ces dernières semaines, il va être servi parce que mon comportement risque d’empirer pour les suivantes. Ce sera amplement mérité. Je me recule légèrement, seulement pour qu’il ne s’énerve pas dans l’immédiat. « Tu comprends ? Parce que je crois que tu as oublié qu’on a décidé d’affronter ça ensemble. » Dans un geste lent, je vais du bout des doigts tapoter sa tempe. Tu te souviens ? Peut-être que notre relation est partie d’une promesse sotte et naïve au détour d’une rencontre saugrenue et d’une soirée non moins absurde, mais tout ce qu’il y a eu après n’a jamais été sot, dans le vent, discutable. Tout ce qu’il y a depuis le début, entre Alex et moi, est quelque chose de terriblement sincère et brut. De mon côté du moins. Mais je sais au fond de moi, malgré tout ce qu’il peut prétendre et bien vouloir montrer, que c’est un peu le cas du sien aussi. Ce sont plus des espoirs que des faits prouvés scientifiquement, mais même les scientifiques ne pourraient pas comprendre Alex et je me rassure ainsi.

Je me rassure aussi en profitant de cette nouvelle proximité pour aller dégager quelques mèches de cheveux qui tombent sur son front. Il n’a vraiment plus rien de superbe, sur ce lit d’hôpital. Mais c’est pas grave. C’est toujours Alex, une version plus fragile et peut-être plus véridique de lui mais toujours Alex. Et il y a une dernière chose qu’il doit savoir, toujours Alex. « Je peux pas vivre sans toi, moi. Alors c’est très égoïstement que je te demande de ne pas recommencer, s’il-te-plaît. » Et sans aucunes menaces derrière, même si j’en ai très envie. Ça ne servirait à rien, les menaces. J’ai déjà du mal à avoir le contrôle de ma vie, je sais bien que je ne peux pas avoir le contrôle de la sienne. Et je le veux pas, d’ailleurs. Je veux juste qu’il me fasse assez confiance pour demander de l’aide s’il en a besoin. J’aimerais juste qu’il m’aime assez pour ne pas vouloir me briser le cœur à disparaître de mon existence pour toujours. Et je fais vraiment la chose la plus égoïste qu’il soit, de lui demander à de rester en vie non par pour moi. Mais j'ai besoin de lui et c’est un fait, je n’en ai pas honte, il faut qu’il le sache.
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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyMer 7 Nov - 15:50

post mortem
Sophander ft. Oliver

Mordre avant de se faire bouffer. Fuir. À défaut, se replier en position de défense, toutes griffes dehors, dans une tentative désespérée de se protéger du monde extérieur et de ses fourberies. Se préserver des gens en restant en retrait, ne jamais les laisser s’approcher de trop près. Garder ses distances. Tout est une question de contrôle. Mais la solitude est une maîtresse impitoyable, cruelle, qui prend tout et en redemande jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien qu’un vide infini. Et l’obscurité. Plus rien que des monstres affamés qui se repaissent de mes moindres faiblesses et s’attaquent à chaque parcelle de mon être, petit à petit. Jour après jour. Nuit après nuit. Ils ont fini par avoir ma peau, ces enfoirés. J’étais prêt à les laisser gagner, à abandonner les armes et me rendre à l’inéluctable. À quoi bon lutter ? Mais faut croire qu’il n’y a plus de place là-haut et qu’on m’a accordé un sursis. Super, même crever j’arrive pas à le faire correctement. Il doit bien se marrer le Destin, vulgaire marionnette que je suis.

Quand je me réveille enfin dans ce lit d’hôpital, encore groggy sous l’effet des sédatifs et aveuglé par les lumières trop blanches, il me faut quelques secondes avant de me situer et de remarquer la jeune femme assoupie à mes côtés. Sophie. Ses yeux sont gonflés d’avoir trop pleuré. Son nez et ses joues rougis par le sel lui donnent un air de poupée de porcelaine. Douce et fragile. Ce portrait ne lui ressemble pas, la Sophie que je connais est forte et joyeuse. Et chiante, et têtue. « Je pleure pas. » Voilà. Une vraie tête de mule. Mais je n’ai pas le courage de lui faire remarquer ses pupilles encore humides à coup de sarcasmes, l’humour serait trop noir, même pour moi. Tout ce qui compte c’est qu’elle pleurait par ma faute, parce que je ne suis plus qu’une loque, une carcasse vide qui se désagrège au fil du temps et qui n’arrive plus à tout gérer seul. Je suis forcé de faire face à mes désillusions, mes erreurs, mes mauvais choix. J’ai échoué à garder Sophie à l’écart de mes emmerdes et ça vient de lui exploser à la gueule. Je me hais. Alors dans une dernière tentative, acculé, j’enfile de nouveau le masque avec difficulté. Va t’en, Sophie. Tu mérites pas ça. Tu devrais pas être là. Ça claque, c’est agressif. C’est tout ce que j’sais faire. Je m’attends à ce que Sophie se fâche, qu’elle s’insurge de mon insensibilité, qu’elle m’insulte de tous les noms avant de claquer la porte et de me laisser pourrir dans mon coin, comme je le mérite. Mais non. Non. La jeune femme hausse à peine le ton lorsqu’elle se lève doucement de son siège pour me dévisager calmement. « Toi aussi tu devrais pas être là, Alex. » Pris de court par ce calme olympien et ces mots qui touchent leur cible, je me renfrogne et serre les dents, n’osant pas baisser les yeux par fierté. T’as raison, Sophie. J’devrais pas être là. Mon plan n’avait que deux issues possibles et aucune des deux ne devait se finir à l’hosto. On se fixe pendant quelques secondes, moi, borné et refusant de revenir sur mes mots, et elle, inébranlable telle une forteresse de glace. Et puis la rouquine finit par se rapprocher, réduisant l’espace entre nos deux visages de sorte à ce que je sois bien obligé de reculer dans mon oreiller afin de pouvoir continuer à la regarder dans les yeux. « Je sais pas ce qu’il s’est passé hier soir, Alex, et je sais pas si je veux savoir. Mais s’il y a une chose que je sais, c’est que ça ne se reproduira pas. » Son ton est déterminé, presque menaçant. Cette attitude me déroute, je ne sais plus sur quel pied danser. L’impression agaçante d’être un gamin pris en faute à qui on vient faire la morale. Ça ne se reproduira pas ? Oh, vraiment ? Aurais-tu des pouvoirs magiques, Sophie ? Une recette miracle ou un remède capable d’anéantir ce truc visqueux qui me bouffe les entrailles ? Je fronce les sourcils, le sarcasme au bord des lèvres, mais déjà Sophie se recule légèrement avant de reprendre la parole, impassible. « Tu comprends ? Parce que je crois que tu as oublié qu’on a décidé d’affronter ça ensemble. » Pour appuyer ses paroles, deux de ses doigts viennent doucement tapoter ma tempe, comme pour forcer les souvenirs à remonter à la surface. Evidemment que je me souviens. Une soirée d’été comme les autres, une fête ennuyeuse, une escapade inattendue à la plage avec cette rouquine à l’étonnant bagout. Une promesse, lâchée dans le vide, un peu naïve et franchement absurde. Je crois qu’à l’époque, aucun de nous deux ne s’attendait à ce que nos chemins finissent par s’entremêler au lieu de simplement se séparer cette nuit-là. Avais-je jamais eu l’intention de la tenir, cette promesse ? Bien sûr que non, les mots tenus à l’intérieur de cette petite bulle y sont restés. Je n’ai jamais voulu embarquer la jeune femme dans mes emmerdes, polluer son esprit de mes idées morbides et qu’elle gaspille sa joie de vivre en vaines tentatives d’améliorer mon moral. C’est un petit soleil, Sophie. Chaleureux, attirant, réconfortant. Et moi j’suis un putain de trou noir. Je finis par baisser les yeux, incapable de soutenir le regard de Sophie plus longtemps. Elle nourrit bien trop d’espoirs pour mon cas désespérés, elle ne récoltera que peine et déception.

« Je peux pas vivre sans toi, moi. Alors c’est très égoïstement que je te demande de ne pas recommencer, s’il-te-plaît. » dit-elle doucement, ses doigts frôlant mon front pour en écarter quelques mèches me tombant devant les yeux. S’il-te-plaît ? Comment peut-elle me demander ça de la même façon qu’on réprimande gentiment un enfant qui vient de dessiner sur un mur ? Comprend-t-elle seulement ce que je traverse ? A-t-elle la moindre idée ? Evidemment que non, qu’est-ce que j’imagine… Comment le pourrait-elle ? Je ferme les yeux, mâchoire serrée. Tout seul, encore et toujours. « Je suis fatigué, Sophie. » Est-ce le désespoir qui me pousse à tenter de lui expliquer ? Une perte de temps. Mais je continue. « J’en peux plus. J’ai l’impression de me noyer dans un océan sans fond, alors que tout le monde autour arrive à respirer. Et moi j’suis là, incapable de bouger, forcé d’assister à ma propre putain de souffrance, seul, toujours seul. Et j’suis en colère, tellement en colère contre ceux qui ne s’en rendent même pas compte ! Ils sont si heureux dans leur petites vies, avec leurs petits ambitions et leurs petits jobs. Si insignifiants ! J’ai envie de hurler pour les réveiller mais j’ai plus de voix, l’eau a déjà rempli mes poumons et je suffoque et… » Il me faut bien reprendre mon souffle après avoir débité tout ce charabia d’un trait. À côté de moi, les machines ont commencé à s’affoler, signe que mon cœur s’emballe, et je me force à en calmer les battements avant qu’un infirmier ne débarque dans la piaule. « Je peux plus continuer, Sophie. » Je reprends finalement, grave, masquant ma voix qui se brise par une fausse quinte de toux. « Tu t’imagines pouvoir me sauver ? Tu t’imagines qu’avec un peu de volonté, un peu de bonne humeur, tout ira mieux et que grâce à toi, je serai enfin débarrassé de tout ça ? Tu te crois sincèrement capable d’aider tout le monde, comme une putain d’héroïne ? On n’est pas dans un de tes comics, Sophie, réveille-toi ! Commence par t’aider toi, à aider ta famille qui part en couilles, ton père, ton frère, ta sœur ! J’suis le dernier de tes soucis, crois-moi. » J’ai la gorge sèche, le venin me brûle la langue. Je ne crois pas m’être jamais détesté autant qu’en ce moment. J’ai besoin d’une clope. Et puis une de ses paroles me revient, que je ne peux ignorer : « Tu peux très bien vivre sans moi, ne te sous-estime pas. » Mais c’est le coup de trop, celui qui finit de me briser : le dernier mot n’est qu’un souffle presque inaudible, je sers les dents pour empêcher mon menton de trembler tandis que mon champ de vision commence à s’embuer. Bordel ! Corps traître, faiblesse de merde ! Cette affirmation me tue parce qu’elle est si clairement vraie, c’est un fait indubitable. Sophie est bien plus forte que moi, elle résisterait à une tornade sans broncher. Elle n’a pas besoin d’un ami qui la tire vers le bas. Elle ne veut pas l’admettre au nom de cette fameuse amitié qu’elle tient en si haute estime, mais je le sais. Je viens de le réaliser.
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Sophie Grimm

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≡ POSTS : 1502 post mortem 95cb69830bc999e69ef0dbbca6ec6e64e9b583c6
≡ ÂGE : 25 ans, déjà, elle va commencer à complexer. (01/06/95)
≡ SURNOM : Soph, Fifi, Grimm, les plus courants.
≡ OCCUPATION : Vendeuse de BD, presque incollable sur le MCU, team Iron Man. Elle est en pleine conception de son propre comic, aussi, rien de concluant pour l'instant. Elle a commencé les cours du soir pour se former au management, à voir.
≡ STATUT CIVIL : En couple, heureuse, elle respire, ça fait du bien.
≡ ATTIRANCE : Tout le monde, vraiment tout le monde. Elle est plus attirée par la personnalité de quelqu'un que par son genre. (Pansexuelle)
≡ QUOTE : Sometimes you put a bunch of misfits together and you get a family. Sometimes you get a bunch of assholes.
≡ LOGEMENT : #32, Castro District avec sa soeur et le chat.
≡ RPS :
≡ AVATAR : Bb Violett Beane
≡ CRÉDITS : bambi eyes (ava)
≡ INSCRIPTION : 12/07/2017




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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptySam 10 Nov - 16:16

post mortem
Sophander ft. Oliver

On se croirait presque dans une partie de bataille navale. Je ne devrais pas être là, mais lui non plus. Touché, coulé. Dans une ambiance bien plus sordide, dans un lieu bien plus morbide. Je donnerais beaucoup pour ne pas être là, Alex, mais il faut se rendre à l’évidence. On y est. Pas par hasard, même si j’aimerais y croire. Que tout ça n’est qu’un malentendu. Mais il suffit qu’il reprenne son rôle d’imbécile agressif et je comprends. La question posée par le médecin plus tôt dans la nuit m’assaille à nouveau et mon cœur se sert. Je me refuse cependant à penser l’entièreté de la chose, à ne serait-ce que formuler les mots maudits. J’ai envie de croire qu’il y a encore de l’espoir. Naïvement. Comme j’ai envie, non besoin, de lui rappeler que je suis là. J’impose ma présence, comme d’habitude, mais c’est comme ça que ça marche avec Alex. Je suis là. Il n’est pas seul, malgré ce qu’il peut croire. Je suis là, et j’ai besoin de lui, et pour ça il faut qu’il soit vivant. Je n’ai pas envie de revivre cette situation, jamais. Je n’ai pas envie de me réveiller un matin et de recevoir un appel froid m’invitant cordialement aux funérailles du brun. Alors il ne faut pas qu’il recommence, peu importe ce qu’il s’est passé. Et j’ai l’impression de lui demander la lune, alors que je lui demande juste de rester en vie. « Je suis fatigué, Sophie. » Je pousse un soupir. « Je sais. » Que je marmonne, abattue. Je sais. Je pense qu’on a tous des moments de creux dans nos vies. Qu’il faut apprendre à vivre avec, à ne pas se laisser faire, toujours se battre.

Mais le problème, avec Alex, c’est que ça dure depuis trop longtemps et qu’on ne lui a jamais appris à se battre.

Peut-être que c’était un acte délibéré, après tout. Parce que ça va pas.

Et je ne peux plus vraiment l’ignorer. Pas alors qu’il s’époumone de métaphores cauchemardesques. Je fronce les sourcils, sans chercher à l’interrompre. Même si je n’en pense pas moins. Alex, t’es con. Tu me décris l’absurdité de la vie, comme si on pouvait y faire quelque chose. Bien sûr qu’on est tous insignifiants, avec des ambitions ridicules et pas de rêves. Mais on essaie de ne pas y penser, parce que quand on y pense… Ça va pas. « J’ai envie de hurler pour les réveiller mais j’ai plus de voix, l’eau a déjà rempli mes poumons et je suffoque et… » Il s’interrompt de lui-même, à bout de souffle. Je ne sais pas comment réagir. Je ne sais pas si je dois dire ou faire quelque chose. Alors je ne fais rien. Parce que c’est la première fois qu’il dit ce qu’il pense vraiment, qu’il admet enfin que ça ne va pas. Ça fait des mois que je suis chiante et collante au possible pour qu’il ouvre de quelques millimètres sa carapace, parce que admettre de ne pas aller bien c’est déjà un début de chemin de guérison. Mais il est trop fier, trop orgueilleux. Et tout a explosé, et je me prends tout en pleine face et je ne sais pas comment réagir. Je me sens particulièrement idiote, à ne pas avoir compris plus tôt. « Je peux plus continuer, Sophie. » Un grognement frustré m’échappe. Il n’a rien suivi, donc ? Je lève les yeux au ciel avant de lui répondre immédiatement. « Si tu peux, Alex. » Têtue. Je ne sais pas comment, mais j’en ai rien à foutre. On va trouver un moyen, tu vas ravaler ta foutue fierté et accepter de demander de l’aide.

Alexander l’enfoiré agressif, round 2.

J’ai beau savoir à quoi m’attendre, il n’empêche que ses mots me blessent. Qu’il les pense ou non, qu’ils soient vrais ou non. Ils touchent leur cible, ça me brûle. Je presse fermement mes lèvres l’une contre l’autre pour me retenir de l’envoyer promener. En temps normal, je ne me gênerai pas. Va te faire foutre, Black. Non, je ne m’imagine pas pouvoir le sauver. Je ne suis pas complètement naïve et sotte, non plus. Mais arrête avec tes question rhétoriques, on risque de me foutre dehors si je te frappe maintenant sale con. « Commence par t’aider toi, à aider ta famille qui part en couilles, ton père, ton frère, ta sœur ! J’suis le dernier de tes soucis, crois-moi. » Ma bouche s’étire vers le bas maintenant, mes yeux redeviennent humides et je retiens mes larmes en une grimace des plus glorieuses. Connard. Mon rythme cardiaque s’accélère et j’ai un sale goût amer dans la bouche. Ce ne serait pas Alex que je serais déjà partie depuis longtemps. Mais justement. C’est Alex. Et finalement, ce ne sont pas tellement ses mots qui sont douloureux. Plutôt le fait de le voir si blessé et cru. « T’as fini ? T’en as pas marre d’être un sale con ? » Il se sent mieux, peut-être ? Ça lui apporte rien, d’être méchant. Je vais rester là. Il faut vraiment qu’il arrive à se mettre ça dans le crâne.

Mais de toute évidence, ce qu'il a consommé cette nuit a gravement nui au peu qu'il y avait dans sa boîte grise. S'il croit que je peux vraiment vivre sans lui. Alex est peut-être un enfoiré de première, mais c'est l'une des rares personnes avec qui je peux être moi-même sans avoir peur d'un quelconque jugement. Et ce, depuis le début. C'est le pauvre imbécile cynique qui arrive à me coller un sourire sur les lèvres alors qu'il passe son temps à se plaindre et râler comme un grand-père. C'est un havre de paix quand j'ai besoin de me cacher de ma famille qui part en couilles et que je n'ai pas envie d'affronter l'optimisme d'Alban. Parce que sa famille aussi, c'est pas ça, et qu'il comprend. Il me comprend, il sait comment je fonctionne. Je sais comment il fonctionne. On se complète, d'une certaine manière. Il ne s'en rend vraiment pas compte, en fait. A quel point il est important. Et toutes les choses qu'il a à offrir, que ce soit à moi ou au monde entier. A lui-même, pour commencer. Je ne sais pas ce qu'il lui faut, comme choc, pour qu'il se réveille et commence à arrêter d'être si passif.

Et finalement, je retire. Ce qui me blesse le plus, c'est de voir ses pupilles bleus cachés par des perles salées. Ça, c'est pire que tout. Alors au lieu de m'énerver, au lieu d'essayer de le faire réagir encore avec d'autres mots. Plutôt que de m'énerver, plutôt que de risquer de me recevoir d'autres remarques désagréables. Je grimpe un peu maladroitement sur le lit d'hôpital, commence à attraper l'une de ses épaules. Il esquisse un geste pour me repousser, mais je suis coriace. « Arrête. » S'en suit une bataille des plus ridicules, où je cherche à l'attraper et où il se débat. « Laisse-moi faire, merde. » Je profite largement du fait qu'il est encore groggy de tous les liquides qui ont été injectés dans son corps pour pouvoir attraper les cheveux présents près de sa nuque, que je tire légèrement sans délicatesse, avant de réussir à l'attirer contre moi pour pouvoir refermer mes bras dans son dos. Ma prise est ferme et il finit par rendre les armes, le bougre. Enfin.

Une larme m'échappe tandis que je vais coller mon menton près de sa tempe. Il est toujours froid, mais déjà plus chaud que tout à l'heure et ça me rassure un peu. J'aimerais l'étouffer dans un cocon de chaleur, qu'on reste comme ça jusqu'à ce qu'il arrête de voir tout en noir. J'accepterais un gris foncé, à ce stade là. Je desserre mon emprise sur ses cheveux que je commence à caresser tendrement, une nouvelle fois. C'est sympa, on n'a pas du tout l'air de deux imbéciles à se pleurer l'un sur l'autre. « Ce n'est pas à toi de décider si je tiens à toi ou non. » On ne contrôle pas vraiment les sentiments et attachements des personnes autour de nous. On contrôle juste la manière dont on réagit. Et si on veut bien partager les sentiments et attachements en retour ou non. Et malgré toutes les saloperies qu'il m'a sorties, je sais qu'il tient à moi. « Tu m'as appelé hier soir. » Il m'a appelé hier soir, il a commencé à ouvrir la carapace et j'ai voulu répondre, n'y ai pas réussi. Ou qu'à moitié, d'une très petite moitié. Je regrette de ne pas m'être déplacée chez lui, mais c'est trop tard, on ne peut pas refaire le passé. « Je suis là, maintenant. Un peu en retard peut-être, mais je suis là. Et t'es pas seul, Alex, putain. T'es pas seul, arrête de croire ça. » Et non, je ne vais pas le sauver. Je ne peux pas le sauver, c'est après lui-même qu'il doit se battre. C'est son combat. Mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas l'épauler. Je suis là, j'ai besoin de lui. Ce sont les trois petits mots, qui lui foutent la trouille et qui font tordre mon estomac. Mais j'ai déjà été trop égoïste avec lui aujourd'hui. A lui demander de se battre, de ne pas me laisser seul. Il ne m'adressera plus jamais la parole si je lui dis que je l'aime, ce serait trop pour lui. « C'est Oliver qui t'a sauvé. » Je finis par marmonner, un mince sourire moqueur naissant sur mes lèvres. C'est pas mieux qu'un je t'aime, mais ça signifie tout autant. Si l'autre rouquin avec qui il se querelle constamment lui sauve la vie, c'est peut-être qu'il vaut quelque chose, au fond.
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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptySam 17 Nov - 20:36

post mortem
Sophander ft. Oliver

Les mots se déversent en torrent sans plus de barrage pour les stopper, sans plus de filtre pour les atténuer. Il n’y a plus que la vérité et cette pitoyable réalité, nue et cruelle. Je suis à bout. Mes angoisses auront eu raison de moi. C’est ironique, quand on y pense. Tellement frustrant. J’aimerais pouvoir diriger toute ma colère et ma peur sur quelque chose de tangible, de pouvoir accuser quelqu’un et me défaire de ce fardeau bien trop lourd pour mes épaules. Mais comment s’y prend-on lorsque le responsable de tout ça, l’esprit malin qui me conduit tranquillement à ma perte, ce monstre impitoyable et acharné, il se trouve dans ma tête ? Comment fait-on pour se battre contre soi-même et en ressortir vainqueur ? C’est une bataille perdue d’avance qui demande bien plus de hargne que je n’en aie jamais possédé. Une marionnette ayant brisé le charme se retrouve prisonnière des fils du Destin à tout jamais. Je ne peux plus fermer les yeux et prétendre que ça va, je n’en ai plus le courage ni la force. Le monde est trop vaste, trop minuscule, trop terrifiant, trop ennuyeux, trop, trop… Trop d’un coup. C’est trop.

La dernière chose dont j’ai envie cependant, c’est que Sophie me suive dans ce cul-de-sac sans issue, alors je fais ce que je sais faire le mieux : je la repousse, encore et encore. Je l’attaque, mordant, sans retenir les paroles blessantes qui feront mouche, exploitant les points faibles tel le connard que je suis. Tu ne me laisses pas le choix, Sophie. Arrête de résister et vas-t-en, j’t’en prie. Elle est tenace, la violence du désespoir. L’armure tient bon, coûte que coûte, tandis que la perfidie de mes mots s’intensifie. J’me sens sale, dégueulasse même. Ça me fend le cœur d’observer les larmes s’accumuler aux coins des yeux de la jeune femme, ses épaules qui s’affaissent sous mes coups bas, sa bouche qui se tord et ses sourcils qui se plissent pour encaisser. Je ne peux pas voir ses mains, cachées sous le matelas, mais j’imagine ses poings serrés, prêts à les écraser contre mon nez pour me faire taire. Je ne lui en voudrais pas, c’est tout ce que je mérite. Ce n’est finalement pas la force brute qui me répond lorsque ma tirade venimeuse prend fin, mais une voix blanche, déterminée malgré les trémolos qui l’agitent. Et je crois que c’est pire. « T’as fini ? T’en as pas marre d’être un sale con ? » Sa question reste en suspend, vibrante au milieu de toute cette tension. Oui, je suis un sale con. J’suis qu’un cynique, sans émotions ni considération, sans cœur, un arrogant égoïste qui ne pense qu’à lui, un enfoiré qui se fout de tout et de tout le monde. J’en ai entendu des choses, des chuchotements proférés tout bas ou des insultes jetées en pleine figure. Parce qu’il s’en fout de toute façon, Alex. Ça ne lui fait ni chaud ni froid. Et c’est vrai. L’opinion des autres ne m’affecte en rien. Mais en l’occurrence, il ne s’agit pas des autres. Je sers les dents et détourne le regard, incapable d’affronter les pupilles orageuses de Sophie. Parce qu’à défaut de sa voix, tout son langage corporel me hurle à quel point je l’ai blessée et à quel point elle me déteste pour ce que je lui inflige. Et j’ai beau me dire que c’est ce que je veux, je veux qu’elle me laisse et qu’elle accepte que je ne suis plus qu’un poids mort prêt à être abandonné, c’est dur. C’est trop. Trop de sentiments contraires, trop de peurs, trop de colère, trop de tristesse, trop de frustration, trop d’affection. Que ça s’arrête.

Mon champ de vision qui s’embue sans que je ne puisse rien y faire. Cette boule dans ma gorge qui m’empêche de respirer. Honteux comme un gamin, j’essaye vainement de planquer ma vulnérabilité derrière une mèche de cheveux qui me tombe devant les yeux. Et puis le matelas grince un peu lorsque Sophie décide de grimper dessus, chevauchant mon corps encore groggy avant même que je ne puisse protester. Elle tente de m’attraper une épaule mais je résiste, levant péniblement un bras pour la repousser. « Arrête. » Je grogne et gémis, refusant obstinément qu’elle s’approche encore et me voit dans cet état misérable. « Laisse-moi… » Je croasse en m’écartant le plus loin possible, refusant toujours de croiser son regard. « Laisse-moi faire, merde. » Ses doigts trouvent finalement le chemin de ma nuque et sa prise se referme sur mes cheveux, ne me laissant pas d’autre choix que de lui obéir. Ses bras se referment dans mon dos, tel un cocon protecteur. Et ce n’est qu’à cet instant, le visage enfoui dans son cou, que la première larme roule enfin sur ma joue pour venir d’échouer sur son pull. Elle est suivie de plusieurs autres, tandis que mes épaules sont secouées de sanglots silencieux.

Je rends les armes.

C’est un barrage vieux de plusieurs années, façonné avec le temps, épaissi par les expériences, qui vient de céder. De la brèche ainsi créée s’échappe un torrent d’émotions trop longtemps intériorisées. Un flux désorganisé, débridé. Il est bien loin Alex le Pirate sans foi ni loi, j’suis tombé bien bas. Putain. Je voudrais disparaître, ici et maintenant. Je me recroqueville un peu plus contre Sophie, m’enveloppant entièrement de sa chaleur et de son parfum fleuri. Elle me réchauffe. Lorsqu’elle a compris que je ne tenterai plus de me soustraire à son étreinte, ses doigts se desserrent et se mettent à doucement caresser mes cheveux. C’est nouveau, ce sentiment d’être en sécurité. C’est confortable de se sentir protégé du monde extérieur. C’est apaisant, d’avoir quelqu’un qui s’inquiètes. Someone who cares. « Ce n'est pas à toi de décider si je tiens à toi ou non. » Mes pleurs se sont calmés, mais je n’ai pas envie de bouger. En fait, j’aimerais ne jamais plus esquisser le moindre geste et que le temps s’arrête. Mon cœur se serre, pourtant j’ignore si c’est dû à mon échec à repousser Sophie, ou bien au soulagement, pour les mêmes raisons. « Tu m'as appelé hier soir. » Vraiment ? Je ne m’en souviens pas… Ah si, ça me revient : l’anxiété qui paralyse mes membres, mon pouce qui tremble au-dessus du numéro de la rouquine s’affichant à l’écran. Je voulais tout lui balancer à ce moment-là, tout lui dire, l’implorer de m’aider. Mais j’ai été lâche, ma fierté ridicule reprenant encore une fois le dessus avant le moment fatidique. En y repensant, j’avais espéré quelque chose. C’était le coup de fil de la dernière chance. Mais rien. « Je suis là, maintenant. Un peu en retard peut-être, mais je suis là. Et t'es pas seul, Alex, putain. T'es pas seul, arrête de croire ça. » Mes paupières se ferment de manière hermétique, je serre les dents. Dans ma gorge, ya une boule qui manque de m’étouffer à chaque inspiration. Depuis toujours, j’ai l’intime conviction d’être seul. De tracer ma route, sans lien ni attache. Personne pour me ralentir, mais surtout, personne pour me blesser. Parce que si les gens parviennent à entrer, à voir entre les failles de ma carapace, qu’est-ce qui les empêche d’y insérer un doigt, puis deux, jusqu’à faire sauter tout ce que je me tue à construire pour me protéger ? Qu’est-ce qui les empêche de s’installer, de s’attacher, pour ensuite s’en aller sans se retourner, abandonnant une coquille vide dans leur sillage ? Alors je ne laisse personne s’approcher. Je vis seul. Je travaille seul. Je limite mes relations au strict minimum. Et j’ai presque envie de me faire rejeter parce que… c’est tout ce que je connais.

Ma vie est une bataille interne constante entre vouloir être seul tout en craignant la solitude.

Et au milieu de tout ça, ya Sophie. Sophie et sa tête de mule. Sophie et son optimisme, Sophie et sa grande gueule, Sophie et son affection, Sophie et son amitié. Sophie et sa chaleur, Sophie et son réconfort. Pourquoi fait-elle tout ça ? Pourquoi accepte-t-elle de me soutenir, moi qui la tire vers le bas ? Est-ce que ça ferait de moi une horrible personne, plus que je ne le suis déjà, de dire que je suis soulagé qu’elle ait envie de rester à mes côtés, même si je sais qu’elle va le regretter un jour ? Même si je vais la blesser, à la fin ?

« C'est Oliver qui t'a sauvé. » Ça semble sortir de nulle part. Dans d’autres circonstances, cet alignement de mots m’auraient probablement fait ricané tant il est inattendu. On parle bien du même Oliver ? Si je devais dresser une liste de gens qui m’aurait laissé crever sur un trottoir sans sourciller, Oliver Grimm aurait certainement tenu la première place. Ça laisse une idée de l’infini. Mais si c’est vrai, alors il m’a vu au plus bas, dans un état misérable. La honte refait son apparition dans mon estomac. Et puis finalement, je choisis de l’ignorer. Parce que ce n’est pas le moment de me soucier d’une vieille rivalité au sens douteux. Parce que Sophie est chaude et que j’ai froid. « Pourquoi ? » que je demande simplement, ma voix rauque étouffée par ses cheveux. La question est sincère : pourquoi ferait-il une chose pareille ? Depuis des années qu’on sort les dents à chaque fois qu’on se croise par inadvertance, pourquoi me venir en aide alors qu’il aurait pu se débarrasser de moi sans même avoir à lever le petit doigt ?

Ma respiration s’est calmée, les machines autour de nous n’émettent plus que des bip bip réguliers. J’ai presque sommeil, bercé par les battements de cœur de Sophie que je perçois à peine. Mais toujours pas envie de bouger, bien que je commence à avoir des fourmis dans les jambes. Le silence est confortable. « Sophie ? » Je laisse planer quelques secondes, incertain quand à ce que je veux dire ensuite. Mes bras se meuvent à leur tour, étreignant maladroitement le corps menu de mon amie. « Ne m’abandonne pas. »
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Sophie Grimm

Sophie Grimm
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≡ ÂGE : 25 ans, déjà, elle va commencer à complexer. (01/06/95)
≡ SURNOM : Soph, Fifi, Grimm, les plus courants.
≡ OCCUPATION : Vendeuse de BD, presque incollable sur le MCU, team Iron Man. Elle est en pleine conception de son propre comic, aussi, rien de concluant pour l'instant. Elle a commencé les cours du soir pour se former au management, à voir.
≡ STATUT CIVIL : En couple, heureuse, elle respire, ça fait du bien.
≡ ATTIRANCE : Tout le monde, vraiment tout le monde. Elle est plus attirée par la personnalité de quelqu'un que par son genre. (Pansexuelle)
≡ QUOTE : Sometimes you put a bunch of misfits together and you get a family. Sometimes you get a bunch of assholes.
≡ LOGEMENT : #32, Castro District avec sa soeur et le chat.
≡ RPS :
≡ AVATAR : Bb Violett Beane
≡ CRÉDITS : bambi eyes (ava)
≡ INSCRIPTION : 12/07/2017




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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyDim 18 Nov - 0:25

post mortem
(i love you)
Sophander

Ses paroles n’ont qu’une utilité, blesser. Et ça fonctionne. Alex connaît très bien les sujets sensibles, ceux que je n’aborde librement et entièrement qu’avec lui parce j’ai confiance en lui et en sa capacité d’écoute et de non-jugement. Je lui ai donné les armes moi-même pour qu’il me blesse. Ça fonctionne peut-être, mais ça ne marche pas entièrement. Il fait ça pour que je le laisse, parce qu’il ne veut pas que je sois là. Ou bien il croit qu’il ne veut pas que je sois là, parce qu’il préfère se croire seul. C’est plus facile, bien sûr que c’est plus facile. Quand on est seul, personne ne nous déçoit et on ne doit rien à personne, juste à soi-même. Mais jusqu’ici, ça n’a pas fait tant de bien que ça, pas vrai ? Sa solitude l’a bouffé jusqu’à l’os. Il n’a pas compris qu’il n’était pas seul. Qu’il n’avait pas à l’être. Je l’ai collé tout l’été et il n’a pas compris que j’étais là, moi. Que j’irais nul part, même s’il me sort la carte de l’abruti enfoiré qu’il est.

Cherche pas, Alex. Tu n’trouveras pas. J’ai passé la nuit à attendre ton réveil, à te maudire et me maudire et maudire le karma pour ce qui est arrivé. Ce qui a failli arriver. Je n’irais nul part, pas maintenant. Pas alors que t’as besoin de moi, même si tu ne veux pas l’avouer. Pas alors que j’ai besoin de toi, et que je suis capable de le dire sans honte après la frayeur de t’avoir presque perdu.

Déterminée, je grimpe sur le lit pour pouvoir l’attraper et le serrer contre moi. Mes mots ne suffisent pas, soit. Je suis fatiguée de parler, de toute façon, ça tombe dans l’oreille d’un sourd. Il se débat, un peu mollement. En temps normal, il aurait clairement l’avantage. Mais Monsieur a voulu entrer dans la cours des grands plutôt celle des morts et l’avantage est mien ce matin, malgré ses protestations. J’emploie la force et empoigne ses cheveux sans ménagement, je m’en fiche pas mal, je veux juste qu’il se laisse faire. Qu'il me laisse faire. Et j'y arrive, finalement. A pouvoir refermer mes bras dans son dos et à l'attirer contre moi. A ce qu'il ne me repousse plus. A ce qu'il ravale sa fierté de merde et qu'il me fasse assez confiance pour être faible devant moi. Des larmes, de fatigue, de soulagement, m'échappent également. De nouveau. Les siennes sont plus violentes, et je m'efforce de le serrer contre moi du mieux que je peux. Mes gestes cessent d'être brusques dès que je comprends que cette fois, c'est bon. Il a compris. Ou il est fatigué de se battre lui aussi. Mais la carapace n'a plus besoin d'être, et c'est trop tard maintenant. Je cherche à me faire douceur et réconfort, en allant caresser ses cheveux et en collant mon visage près du sien.

C'est lorsqu'il se niche un peu plus contre moi que ça me frappe de plein fouet. Ça désignant la montagne de sentiments que j'éprouve à l'égard du brun dans mes bras. Après une rencontre digne d'un film romantique niais, après des années passées à ses côtés à entendre ses remarques cyniques et à lui faire subir mes blagues nulles. Après des années à rire de ce semblant de rivalité ridicule qu'ils entretiennent avec mon frère. Après des mois à traîner avec lui, presque autant qu'avec Alban. Après ces dernières semaines à squatter chez lui, parce qu'il était gneugneugneu et que j'étais triste et que ça m'arrangeait bien. Ces semaines à laisser s'installer une domesticité rassurante, un réconfort mutuel jamais exprimé, une routine limite affolante. Les trois mots magiques ne se sont jamais alignés aussi clairement dans mon esprit. Je laisse passer les minutes, alors que mon cœur bat trop vite et que mon estomac se tord dans tous les sens. J'ai encore des frissons de peur qui m'assaillent alors que je sens le souffle d'Alex dans mon cou, à l'idée que j'ai failli le perdre. Tous les et si de cette nuit qui reviennent, comme la brûlure un peu amère de sa méchanceté utilisée pour me repousser. Lentement, les blessures se referment. Les miennes, du moins. Parce que tout ce qui importe c'est qu'il soit en vie, pour le moment en sécurité dans mes bras. Et que je compte faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça ne change pas. Je suis prête à me battre. Parce qu'il ne décide pas de si je tiens à lui ou non. Parce qu'il n'a pas non plus le choix de ma présence dans sa vie, signée Madame j'm'impose. Parce qu'il m'a appelé hier soir, parce que ça va pas et que j'ai carrément loupé le cri de détresse mais que je suis là maintenant. Il n'est pas seul et si j'ai besoin de lui faire une banderole, le répéter tous les jours je le ferais. Je suis prête à me battre, pour ça aussi. Parce que je l'aime, ce sale con.

Je finis par lui apprendre que c'est mon frère qui l'a sauvé, pour souligner mes dires. Il n'est pas seul, tellement pas que même la tête qu'il a placardé dans son esprit au titre d'ennemi tient à sa vie. « Pourquoi ? » Un sourire vient étirer mes lèvres. J'en sais rien, en vérité. J'ai envie de penser que malgré tous ce qu'ils disent, ces imbéciles ont été amis assez longtemps pour tenir encore un tantinet l'un à l'autre. Je m'engueule souvent avec mes amis, ça ne veut pas dire que je ne tiens pas à eux. Au contraire. Peut-être que c'était juste par instinct, que le rouquin l'a sauvé. Mais je refuse d'y croire. Parce qu'il a peut-être hésité, mais il semblait regretter cette hésitation. Je n'exprime pas le fond de ma pensée, me contente seulement de lever les yeux au ciel. « Parce que tu vaux la peine d'être sauvé, Alex. » Je ponctue mes paroles en allant presser doucement mes lèvres contre son front. Il est vraiment idiot, quand il s'y met. Un jour il comprendra. Pour ça aussi, je peux lui faire une banderole. T'es important, Alex, et t'es pas seul.

On retrouve un silence calme, apaisant. Ce silence est différent de celui étouffant de cette nuit, le bruit des machines ne m'angoisse plus maintenant qu'il est réveillé. Ce silence fait du bien après les supplications et paroles acerbes. J'ai vraiment envie de rester comme ça longtemps. J'ai bien conscience que mes membres commencent à être ankylosés, qu'à un moment un membre de l'équipe médical va venir vérifier l'état de leur patient. Qu'Alex en aura marre, peut-être. Mais pour l'instant on respire ensemble, pour l'instant Alex ne dit rien et retrouve sa chaleur habituelle, pour l'instant je ne suis que reconnaissance sans savoir vers qui la tourner. « Sophie ? » J'attends la suite, recule légèrement mon visage lorsqu'elle ne vient pas. « Mmh ? » Ses bras viennent serrer mon corps comme première réponse. Mes sourcils se froncent légèrement alors que mon cœur reprend ses battements trop forts. « Ne m’abandonne pas. » Et j'ai l'impression de mourir sur place à ses mots, d'être un métal qui fond sous le un brasier brûlant. Son discours qui change, sa supplication qu'il était trop fier de prononcer, ça me fait mal. Il a besoin de moi, et j'ai besoin de lui. Il ne devrait même pas avoir à le demander. Mais s'il a besoin d'être rassuré, je peux le faire. « Jamais. » Il n'en a jamais été question, de toute façon.

Les trois mots, encore. Merde.

Je décale complètement mon visage du sien, maintenant, pour pouvoir le regarder. Ce n'est pas des paroles dans le vent, ce que je dis. Faut qu'il le comprenne, vraiment. « Je suis sérieuse. On va affronter ça, cette merde, ensemble. » T'as pas le droit de mourir, t'as pas le droit de me repousser, t'as pas le droit de me laisser seule. Il y avait des petites lignes au contrat que tu as oublié de lire quand tu as accepté de prendre le coquillage dans ta main lors de notre rencontre, c'est trop tard maintenant. Ma main quitte sa nuque pour effacer sans grande efficacité les sillons laissés par les larmes sur ses joues. J'abandonne la bataille, de toute façon on est deux à ne plus ressembler qu'à des sacs émotionnels perdus. « On l'a toujours été. » Et on le sera toujours, parce que je t'aime et que je tiens trop à toi pour que ce ne soit pas le cas. Mais je garde ces mots pour moi. J'en ai déjà dit, assez, trop peut-être. Il n'a pas envie de les entendre. Je n'ai pas non plus envie qu'il les entende. J'ai envie de garder ça pour moi, et je vais sans doute le faire jusqu'à ce que ça se tasse. Peut-être que je m'emballe, peut-être que je suis passée par trop d'émotions cette nuit, peut-être que c'est ma peur qui parle, mon instinct de survie qui prend le pas sur le sien. Peut-être que je l'aime vraiment. Mais ce n'est pas suffisant, ce n'est pas ça qui va le sauver, ce n'est pas ce dont il a besoin sur l'instant. Plus tard, peut-être. Jamais, éventuellement. Ce n'est pas grave, du moment qu'il y a la constante Alex pas loin de la fonction Sophie.
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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyMer 2 Jan - 17:39

post mortem
Sophander ft. Oliver

Brisé. Par les vices de mon esprit, par la lutte acharnée, par l’échec, suprême et inflexible, qui ne laisse derrière lui qu’un corps mutilé de la flamme d’espoir parvenant encore à y brûler. Brisé par la colère, la frustration, la détresse et la douleur qui me tordent les tripes et me font suffoquer. Brisé, enfin, par les mots venimeux au goût étranger qui raclent sur ma langue avant d’aller toucher leur cible, amers et sans pitié. Autrefois béton-armé, mes dernières résistances ne sont plus que fétus de paille soufflés par la tendresse déterminée de Sophie lorsque celle-ci m’enserre dans ses bras. Et tout s’effondre. Le roi de la montagne, fier et arrogant depuis son sommet, vient de tomber. Gamin perdu, épuisé. Désarmé. Accroché au tissu d’un vêtement plissé comme si sa vie en dépendait – littéralement. Les sanglots secouent mes épaules sans que je ne puisse plus les retenir, ça semble sans fin. Toute une vie à enfouir colère, tristesse et tous leurs potes aussi profondément que possible. Toute une vie à construire épaisseurs sur épaisseurs, armures sur armures. Toute une vie à se cacher pour finalement s’afficher au grand jour dans la pire des positions, aussi vulnérable qu’un homme puisse l’être.

Et même là, recroquevillé contre l’épaule de Sophie, j’arrive encore à trouver le moyen de maudire la faiblesse de mon corps et de mon esprit qui me trahissent sans scrupules. Je voudrais disparaître, la peur d’affronter les regards pleins de pitié me vrille l’estomac. J’ai peur de constater ma défaite dans leurs yeux. Alors je n’esquisse pas le moindre geste, même lorsque mes pleurs se calment pour laisser place à un relatif silence rythmé par les quelques reniflements de nos deux corps entremêlés. Tu parles d’un tableau… On reste comme ça un moment, sans rien dire. Je me concentre sur les caresses apaisantes de ses doigts dans mes cheveux. Et puis la rouquine reprend doucement la parole, murmurant à mon oreille des mots qui me serrent le cœur avant de le gonfler à nouveau. Je tiens à toi. Je suis là. T’es pas seul, Alex. Mon menton se remet à trembler, une nouvelle larme vient rouler sur ma joue. Des mots si simples en apparence, longtemps recherchés, désirés. Une douce musique, un conte digne de celui du Graal, mots rêvés tant d’années innocentes de pouvoir se les approprier. Tant convoités, jamais obtenus. L’illusion brisée, en même temps qu’une enfance au goût amer. Et puis la résolution, l’acceptation. Tant pis, j’en ai pas besoin, je ferai sans. Trop fier pour faire demi-tour, recherchant parfois des bribes de chaleur humaine en cours de route pour ne pas sombrer dans la folie. Tout ça pour des mots, des gestes, des foutus sentiments. Ils sont difficiles à entendre ceux-là, difficiles à accepter. Et toujours cette petite voix qui me pousse à douter de leur véracité. La ferme.

C’est Oliver qui m’a sauvé. Là encore, j’ai bien du mal à croire les paroles de la jeune femme. Pourquoi l’homme qui me déteste le plus au monde – et c’est dire, tant il y a de prétendants au poste – prendrait-il la peine de me venir en aide ? Ça n’a aucun sens. Au nom de notre ancienne amitié ? Pfeuh, ça fait belle lurette que celle-ci a été enterrée. C’était une autre vie, un autre monde. Un monde sans décisions d’adultes, sans trahisons et sans préoccupations autres que celle d’être des gosses. Alors pourquoi ? « Parce que tu vaux la peine d'être sauvé, Alex. » Le palpitant qui s’affole, encore une fois, tandis que les lèvres de Sophie déposent un chaste baiser contre ma tempe. Je n’ai même pas la force de protester contre cette marque d’affection inhabituelle, son affirmation prend toute la place et me laisse pensif. Le pense-t-elle vraiment ? Je n’ai pas l’impression de mériter ce genre de discours. Le souvenir des cruautés que j’ai réussi à balancer dans cette même chambre d’hôpital pas plus tôt qu’il y a quelques minutes me fait grimacer de dégoût. J’ai envie de m’excuser, là, tout de suite, mais les mots restent bloqués au fond de ma gorge.

Le silence se réinstalle dans la petite chambre d’hôpital. J’aimerais en dire plus, il y a des pensées qui ne demandent qu’à être formulées à haute voix, prêtes à être partagées. D’autres, plus sombres, hésitent encore à se dévoiler au grand jour. Comme d’habitude, c’est un bordel sans nom, là-haut. Chacun de mes muscles semble peser une tonne, j’ai l’impression d’avoir couru un marathon avant d’enchaîner sur une traversée du Pacifique à la nage. Mais c’est une bonne fatigue, pour une fois – enfin je crois ? Elle m’apporte une relative sensation de paix. Le corps de Sophie est chaud contre le mien, m’enveloppant dans une aura chaleureuse et sécurisante. Son odeur familière. Ses cheveux qui chatouillent mon nez. La douce peau de son cou. Ses mains qui caressent mon dos et ma nuque.

C’est là que ça me frappe, je crois.
Sophie est là. Avec moi. Je ne veux pas qu’elle parte et me laisse seul dans cette chambre aseptisée, et dans cette vie qui l’est tout autant. Il m’a fallu du temps pour l’admettre, mais je ne suis pas capable de continuer d’avancer sur cette route isolée que je me suis choisie, c’est un cul-de-sac. J’ai besoin d’une épaule pour me soutenir, d’un guide qui sache me montrer une autre voie. J’ai besoin d’elle. Pour survivre, mais surtout pour vivre.

C’est une supplique qui s’échappe d’entre mes lèvres lorsque j’enserre faiblement la jeune femme entre mes bras. Ne m’abandonne pas. Je sais que je suis qu’un sale con, qu’un égoïste arrogant, je sais que je ne mérite pas ton soutien, je sais que je suis difficile à gérer à cause de mon caractère de merde et les innombrables barrières qui entourent mon cœur. Je sais que je risque de te blesser un jour. Je sais que ma cause est probablement perdue d’avance et que tu finiras peut-être par te lasser d’essayer de me réparer. Mais au moins pour l’instant, reste, je t’en prie.

Une réponse catégorique, murmure empressé dans le creux de mon oreille. « Jamais. » Mon étreinte qui s’affirme tandis que les machines reprennent leur bruitage affolé. Chacune de mes cellules brûle d’envie de croire à la sincérité de ce simple mot, c’est viscéral. C’est ce que j’ai besoin d’entendre. Ni plus ni moins. Sophie s’écarte, juste assez pour plonger ses prunelles vertes dans les miennes. Et ce que j’y vois me colle des frissons. « Je suis sérieuse. On va affronter ça, cette merde, ensemble. » Je ne crois pas l’avoir déjà vu aussi sérieuse en effet, la sincérité de ses paroles se reflétant jusque dans le petit pli soucieux entre ses sourcils. Sa main quitte ma nuque pour doucement se poser sur ma joue, faisant papillonner mes paupières et subrepticement incliner ma tête contre sa paume. Véritable charognard pour toute forme de chaleur humaine, il semblerait que le vice s’accroît démesurément dans la vulnérabilité… T’abuses, Sophie. Je me perds dans une observation silencieuse de son visage, paniqué à l’idée de déceler la moindre trace de doute dans son regard. « On l'a toujours été. » Et juste comme ça. Ya un truc qui explose à l’intérieur de ma poitrine – ou qui naît, ça dépend de la perspective. Je repense à notre rencontre bizarre sur cette plage tranquille de San Francisco, au coquillage, à cette promesse qui ne semble pas vouloir rester futile malgré les années, à toutes ces discussions partagées, ces points de vue, ces sourires, ces embrouilles. On en a fait du chemin. Et pourtant, Sophie est toujours là, à mes côtés. Pourquoi ? Ça, je préfère même pas chercher de réponse. L’important est là. J’ai envie d’y croire, de croire à ses mots et de lui faire confiance. Aveuglément. Même si c’est la dernière chose que je dois faire dans ma misérable vie. Pour elle.

Alors j’espère que t’es prête, Sophie Grimm, car la route va être longue.

Personne n’a jamais dit que la vie était un long fleuve tranquille et rares sont ceux qui vadrouillent sans la moindre emmerde. C’est pas évident de vivre, surtout lorsqu’on s’appuie sur des fondations branlantes, sans réel repère, tout en cherchant sans relâche une forme de liberté indépendante. La vie est une connasse qui n’épargne personne. Mais ce soir, après avoir frôlé la mort, j’ai de l’espoir. Faible et vacillant, certes, mais bien présent. Alors on verra. J'm'autorise à lâcher prise, ou du moins je vais essayer. J’observe les traits de la jeune femme en face de moi, celle-là même qui vient d’accepter de partager un bout de mon fardeau. Je détaille ses yeux, si sincères, et dont le rose des joues fait ressortir le vert grisé. Et je me demande ce que elle, elle voit dans les miens. Encore une fois, les mots se coincent dans ma gorge et je reste muet quelques temps. Lorsque j’ouvre enfin la bouche, ma voix n’est qu’un murmure rauque et lointain. « Qu’est-ce que j’ai fait pour te mériter… » C’est l’instinct qui me pousse à clore l’espace entre nous pour écraser mes lèvres contre les siennes. Parce que c’est le seul moyen que j’ai pour exprimer ce que je ressens. Parce que j’en ai terriblement envie. Parce que c’est comme une bouffée d’oxygène et une bouée de sauvetage en même temps. Parce que ça veut dire tellement.

Merci.
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MessageSujet: Re: post mortem   post mortem EmptyMer 2 Jan - 23:49

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(i love you)
Sophander

Mes lèvres viennent s’écraser doucement près de sa tempe et ce n’est pas tant Alex que la machine à laquelle il est relié qui me répond. J’y jette un œil inquiet mais à part son rythme cardiaque qui augmente un peu il ne se passe rien. J’aurais presque envie de sourire, à ce changement peut-être résultat de mes mots ou mon geste, mais ça me rappelle surtout à quel point il en fallut de peu. Pour que Oliver le trouve, pour que les médecins n’arrivent à le sauver, pour que je perde Alex pour toujours. Et plutôt que de vouloir me moquer de ses émois alors que les miens ne sont pas plus glorieux, je préfère profiter de l’instant présent pour le serrer contre moi. J’apprécie de pouvoir lui tripoter les cheveux sans qu’il ne râle, de pouvoir le tenir et d’avoir un minimum d’emprise sur lui. Je me rassure de sentir sa chaleur corporelle se réchauffer doucement au contact de la mienne. Je me plais à avoir réussi à lui faire entendre raison, enfin, un peu au moins. Alex n’a vraiment pas besoin d’enfiler son armure à mes côtés. Il ne s’en est peut-être pas rendu compte, toutes ces années. Mais elle n’a jamais vraiment fonctionné, pas avec moi. Pas alors qu’on a passé des soirées à discuter avec nos cœurs ouverts. On ne l’a peut-être jamais formulé à voix haute, mais on a toujours été plus ou moins aussi paumé l’un que l’autre. C’était le confort qu’il m’offrait, une oreille attentive et un bout d’esprit de rébellion. Tu mérites mieux qu’une vie normale, Sophie. Peut-être, mais rien qu’une vie normale ça me suffisait. Aren’t you too old to like Batman now ? C'était une question éludée d’un doigt d’honneur. C'étaient des soirées allongées en nuits, en matinées cernées, à rire de rires fatigués des moindres imbécillités qui nous passaient à l’esprit.

Aujourd’hui c’est quelque chose d’autre qui nous lie. Une habitude à l’autre, un confort comme un réconfort, des sentiments vifs et affolants. Mais pas déplaisants.  

Ce moment à simplement profiter d’Alex a au moins le mérite de me rendre plus calme et de me permettre de commencer à me remettre des montagnes russes de cette nuit. Ce sont d’autres émotions qui m’assaillent, des toutes aussi violentes mais tout de même moins terribles. Elles ne devraient tuer personnes, celles-là. Pas tout de suite, du moins. Puis c’est mon prénom qui est prononcé, ses bras qui viennent se resserrer autour de ma taille, des mots presque suppliés et mon estomac qui se tord un peu. Clairement, je n’avais pas l’intention de l’abandonner. Mais c’est la manière dont il le dit. Et les choses qu’il ne dit pas mais que je sais tout de même, par son emprise plus ferme mais non brutale et par la machine qui compte les battements de son cœur. Ce qui est une évidence pour moi est un besoin pour lui, besoin auquel je réponds immédiatement. Non, je ne compte pas l’abandonner. Pas maintenant, ni plus tard. Parce que l’abandonner lui, ce serait abandonner une petite partie de moi. Il est trop important, Alex. Il ne s’en rend pas compte, et j’en fais ma mission pour les semaines à venir. Je frissonne en sentant ses mains se presser dans mon dos, et je me recule suffisamment pour pouvoir le regarder mais pas assez pour ne plus sentir son souffle rassurant contre mon visage. Je n’ai jamais parlé avec autant d’intensité, avec une détermination presque féroce. Mais il n’est pas seul, je suis là, je ne vais pas partir, jamais, et on affrontera ça ensemble.

Il est fichtrement beau, aussi, lorsqu’il est vulnérable et soumis à la tendresse dans laquelle je tente de l’envelopper. Ma main reste en sécurité sur sa joue alors que son regard océan me transcende, faisant une nouvelle fois s’emballer mon rythme cardiaque et se serrer mon estomac. Ma respiration est courte, ma gorge nouée et les paroles suivantes sont chuchotées avec impudence et une certaine émotion. On a toujours été ensemble, Alexander. Toujours étant un terme relatif puisqu’on ne s’est rencontré qu’il y a peu d’années, finalement. Mais notre rencontre hasardeuse qui n’aurait dû n’être qu’une simple anecdote a mené à plus. Une amitié ridiculement fondée et sincère, une ambiguïté amusante, des dérapages à peine justifiés. Une machine qui trahit son rythme cardiaque trop rapide. Mes yeux qui s’humidifient à nouveau parce que son regard m’embrase et allume trop de souvenirs et pensées dans mon esprit. Peut-être que ce qu’il s’est passé cette nuit était un mal pour un bien. Maintenant, Alex ne peut plus se cacher derrière des excuses, et ça me rassure quant à l’avenir. Maintenant, je pense savoir quel genre d’attachement j’éprouve pour le brun, et ça me fait sentir vivante. Mais surtout, maintenant, c’est ensemble. Et je refuse de croire que je me berce d’illusions, que cet ensemble n’est la question que d’un instant. Je nous connais trop bien pour savoir que ce n’est pas le cas. Et l’ensemble de mes sensations me hurle le contraire également. Mais je sais aussi qu’on ne dira rien, que je ne vais rien dire, parce que c’est trop tôt et que notre équilibre est trop fragile, qu’il est trop fragile pour que les sentiments deviennent pensées qui deviendront elles-mêmes paroles.

« Qu’est-ce que j’ai fait pour te mériter… » Je cligne des yeux, étonnée, hochant légèrement la tête. Mais je n’ai pas le temps de répondre quoi que ce soit, non, ce n’est pas comme ça que ça marche, ou de plaisanter et crever cette bulle lourde de tendresse, tu m’as attrapé un paquet de gâteaux au chocolat si je me souviens bien, qu’il vient me surprendre de ses lèvres sur les miennes. La promesse d’un ensemble qui termine d’être scellée, mon cœur qui se gonfle sous les traces délicates et chaleureuses d’Alex. Un baiser simple, qui veut dire beaucoup. Bien plus que ce que des mots pourraient exprimer. Ses lèvres m’expriment sa gratitude, sa respiration qui rencontre la mienne son attachement. Ma seconde main vient terminer d’encadrer son visage, je me presse un peu plus contre lui si c’est possible. Ma bouche s’écarte de la sienne pour mieux la retrouver, furtivement, de rien, délicatement je suis heureuse que tu sois en vie, une dernière fois plus longue mais tout aussi tendre. Je t’aime. Je finis par aller coller mon front sur le sien lorsque c’en est trop pour mon cœur qui bat douloureusement dans ma poitrine, les yeux fermement clos. Je n’ai qu’Alexander dans tous mes sens, son odeur particulière et la chaleur de son corps contre le mien et le fantôme de ses lèvres qui crépite et son souffle qui atterri dans mon cou et son visage dans mes mains et son être entier dans mon être entier. Et c’est suffisant. Je n’ai rien à ajouter d’autre qu’un mince soupir, mélange d’aise et de soulagement, et un sourire trahissant mon début d’état euphorique d’une nuit trop émotionnelle et d’une rencontre d’âmes.

Et il ose croire que je peux vivre sans lui, le sot.

FIN.
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