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 Corde raide

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MessageSujet: Corde raide    Corde raide  EmptyVen 29 Sep - 19:07

Corde raide
Alexander & Nora
COCAÏNE

Les ténèbres. C'était une chose étrange que le noir. Cette absence de lumière qui vous apportait irrationnellement un réconfort certain. Et les ténèbres m'enveloppaient complètement, aussi profondes et âpres que des abysses. J'étais dans un gouffre. Flottant? Chutant? J'en savais foutrement rien. Tout ce qui comptait était cette oppression qui me pesait sur tout le corps. Cette impression d'être lentement engloutie et dissoute...

Je me réveille en griffant l'air. Des rigoles de sueurs me descendent le long du dos et j'ai la bouche plus sèche que du papier de verre, grinçante presque. Le palpitant encore au galop je cligne fébrilement des yeux, ébahie devant le soleil descendant lentement et se déversant par les hautes fenêtres. La bonne idée de faire une sieste de plusieurs heures en plein après-midi. Maladroitement je me rends dans la cuisine pour y avaler un verre d'eau fraîche à grandes goulées.
Je venais de rentrer d'un week-end dans le Maine où j'avais séjourné pour y voir ma mère, cloîtrée dans une maison de soins. Elle ne m'avait pas reconnu, persuadée d'être encore une Lisbeth lycéenne qui devait se préparer pour son bal de promo. Malgré ses délires elle semblait  aller assez bien pour une femme atteinte par un Alzheimer dévorant. J'étais rentrée après deux jours éreintant moralement, claquée du voyage. Fatigue et soucis forment le meilleur combo pour la création de jolies terreurs nocturnes. Si ce n'est que les vilaines se déclarent en plein jour.
J'ai besoin de sortir. Voir du monde, des lumières. Rester enfermée dans mon appartement ne me convient pas. A cette heure de la journée Casey a déserté les lieux, sûrement au boulot. Ou en vadrouille à travers la ville. Quant à Lucifer elle passe la majeure partie de son temps chez son crétin de mec. Et comme on a pas de chat j’ai même pas une boule de poils sur qui pester gentiment.
Enfin.
J’ai pas de chat.
Mais je l’ai lui.
D’un geste preste, je délaisse mon verre vide pour me saisir de mon téléphone. Il est le dernier à qui j’ai envoyé un message. « Jpasse te chercher après ton taff pour qu’on prenne un verre. Et fais pas ton rabat-joie stp on est vendredi. Tu peux bien m’accorder ta soir(…) ». Mes doigts restent en suspend au-dessus de l’écran. Machinalement je me mordille l’intérieur de la joue avant de soupirer. Il y a cette désagréable petite voix joviale dans ma tête qui me susurre de laisser les mots se déverser en torrent impétueux. Viens parce que j'ai besoin de toi. Viens parce que j'arrive plus me reconnaître dans le miroir le matin. Viens parce que la caresse de tes doigts, la douceur de ta peau, ton odeur me manquent. Alexander.
Au lieu de ça je supprime de façon impitoyable les caractères électroniques avant de me diriger vers la salle de bain. Mon nez se plisse en une grimace exaspérée constatant le bordel qu’y a encore laissé ma délicieuse colocataire. Putain. J'ai grand besoin d'un rayon de soleil réchauffant les muscles. D'une eau brûlante pour délasser le corps. Besoin d'une bouffée d'air frais pour réoxygéner mon cerveau.
Après de nombreuses hésitations et deux joints plus tard je me décide à m’emparer des clefs de mon pauvre scooter. La porte claque tellement fort qu’elle en grince d’indignation.

La nuit commence doucement à trouver ses marques dans la ville alors que le soleil tire sa révérence. Dans peu de temps la plupart des mômes de San Francisco iront dormir, rejoins dans la foulée par leurs parents. Les noctambules commenceront leur ballet bien rodé au sein de Castro District. Les lumières scintilleront en poussière crue ou douce.
Moi j’suis adossée à la selle de mon deux roues, garé juste en face du Daddy’s closet. Une boutique à l’élégance surprenante pour ce genre de commerce. Une première jeune fille en sort flanquée de sa copine. La blonde semble fatiguée mais presque extatique en parlant avec de grands geste devant les yeux envieux de l’autre. J’allume une cigarette après une brève estimation à la montre ornant mon poignet. Cinq minutes de repos avant d’affronter son petit ouragan personnel –ce qui devait à coup sûr m’occuper suffisamment pour tenir les cauchemars éloignés.
Un autre homme, de haute stature et aux avant-bras parsemés de motifs au sens obscurs, fait à nouveau carillonner la porte. Le bâtonnet de cendre finit de se consumer entre mes doigts. Mes cellules hurlent silencieusement de bonheur à cette dernière bouffée de nicotine, chassant au passage la nervosité courant le long de mes nerfs. Il tombe à mes pieds et roule jusque dans le caniveau tandis que ma main se met distraitement à jouer avec le petit sachet de plastique froissé au fond de ma poche.
Vilain réflexe.



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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyJeu 5 Oct - 11:49

Corde raide
Nora & Alexander
NICOTINE

Poignet stable amortissant les vibrations régulières de la machine entre mes doigts gantés, regard fixé sur les traits fins s’encrant lentement sous la peau claire, respiration maîtrisée. Vue de l’extérieur, mon attitude laisse croire à une concentration maximale, professionnelle. En apparence seulement. Peut-être qu’à force de faire semblant, mon cerveau finira par se leurrer lui-même, en tout cas c’est ce que j’espère parce qu’en ce moment, c’est un putain d’ouragan qui se déchaîne là-dedans.

Ça fait déjà quelques jours que j’ai appris le retour d’Andy à San Francisco, pourtant je ne parviens toujours pas à enregistrer l’information, comme s’il y avait un blocage. Elle est rentrée sans m’en toucher mot, planquée chez Donny depuis on ne sait combien de temps, et je me retrouve encore une fois en tant qu’idiot du village sur le banc de touche. Elle est rentrée… Comme si SF avait toujours été sa maison. Un jour ce fut le cas, me susurre une petite voix mielleuse que je chasse prestement. Je refuse de me retransformer en espèce de femme au foyer des années soixante qui passe sa foutue vie à désespérément attendre son foutu mari parti à la guerre. Fuck that. Choc, soulagement, joie, rancune, regret. Colère. Trop d’émotions d’un coup. Dans cette mer d’incompréhension, c’est vers ce sentiment familier qu’est la colère que je cherche à me raccrocher afin d’échapper à la noyade. Au moins ça, je connais. Si je laisse mon esprit se faire submerger par le reste, je suis mort. Retour à la case départ. Je n’ose même plus regarder l’écran de mon portable de peur d’y trouver un message indésirable. Clairement, la technique de l’autruche me paraît mille fois plus attrayante pour le moment. Ensevelir ces ruminations tumultueuses sous une montagne de travail. Toute distraction est bonne à prendre.

Après quelques retouches finalisant deux heures de travail, je me redresse sur mon tabouret tandis que la jeune fille en profite pour admirer, à grand renfort de petits cris excités, le scorpion qui lui orne désormais l’avant-bras. La pipelette qui lui sert d’amie ne fait que renchérir, parlant déjà de se faire tatouer également malgré sa phobie des aiguilles. Je ne peux m’empêcher de sourire, appréciant les compliments, tandis que je m’occupe de nettoyer le dermographe et de reboucher les petits récipients d’encres noire et blanche. Malgré une certaine fatigue et un besoin évident de nicotine, les gestes sont lents, feignant la méticulosité. Je repousse l’heure de la fin de journée, c’est évident, mais si ça me permet d’échapper encore quelques instants à la confrontation des pensées ambigües qui m’attendent de pied ferme au pas de la porte alors je serais prêt à traîner encore trois plombes au Daddy’s Closet.

Lorsqu’il faut se rendre à l’évidente propreté immaculée de mon plan de travail, je me décide enfin à lever le camp. En soupirant, je remballe mon matériel de dessin dans mon sac à dos recouvert de pin’s et patchs en tous genres avant de saluer Adan à la réception, dont la tête remue en rythme au son de la voix d’Axl Rose diffusée par les enceintes du studio. Une fois dehors, je ne perds pas une seconde avant d’allumer une cigarette et de la coincer entre mes lèvres, la première inspiration me tirant un long soupir d’aise. Douce drogue. Ce n’est qu’au moment où la fermeture de la porte derrière moi fait tinter la clochette et que je relève la tête que mon regard accroche, derrière les mèches de sa frange, celui d’une jeune femme bien connue. Quand on parle de distraction… La mienne arrive à point nommé. « T’as une sale tête. » Salutations lâchées sans autres formalités après avoir traversé la rue sans même prendre la peine de vérifier l’absence de voitures sur la voie, notant ses courts cheveux noir de jais coiffés à la va-vite et les cernes ténues sous ses yeux sombres. Aucune animosité dans ma voix cependant, seulement une affection inavouée que je ne sais exprimer autrement. Mais je ne m’en fais pas, ça fait bien longtemps que Nora a appris à traduire. « Qu’est-ce qui t’amène ? » Une question portant autant un sens littéral qu’un avertissement détourné du style « Ne m’entraîne pas encore dans un plan foireux avec un tas d’autres gens stp-merci ». Quoique, à y réfléchir, la perspective semble presque attrayante vu mon état d’esprit actuel.


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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyJeu 5 Oct - 14:08

Corde raide
Alexander & Nora
FIRE

En réalité, j’aurais pu m’en rallumer une autre. Quinze minutes après la sortie du dernier client je suis toujours en train de poireauter à me demander ce qui peut bien lui prendre tout ce temps. Perso, quand je me retrouve à avoir déjà finis tout est bouclé en trois minutes chrono… Trois minutes où je suis dix fois plus efficace que sur l’entièreté de ma journée travaillée. Une vraie cigale.
Je commence à m’impatienter sérieusement et me retrouve à sortir mon cellulaire afin de le harceler de textos en bonnes et dues formes. Mon vingtième smiley ridicule s’envole en nuée lorsque le Daddy’s closet s’ouvre enfin. Il y a plus grand monde à cette heure-ci et nos regards s’accrochent instantanément. Mon palpitant loupe un battement. En gémit de frustration lorsque je l’ignore totalement en me redressant légèrement. Et mes lèvres s’étirent paresseusement en gracieux sourire.
Comment aurais-je pu ne pas le reconnaître? Ces prunelles électriques, éclairées par une source d'énergie pure condensée à l'intérieur de son âme tortueuse. Ces traits d'une beauté évidente et intemporelle, incarnation parfaite du mauvais garçon. Le genre qui s'engage dans de folles courses de voitures en bord de falaises, qui fume des cigarettes sans filtres, affublé de T-shirt aux manches roulées et de jeans bruts. J'revois comme si c'était hier notre rencontre sous le signe de la fureur.

Il m'avait saisi dans une pièce enfumée, lors d'une soirée huppée dans un loft indécemment luxueux. On étaient là, des étrangers au milieu d'inconnus. J'm'ennuyais ferme, et même le double rail de coke ne parvenait pas à me montrer les invités sous un jour plus intéressant. Jusqu'à ce que je me décide à aller prendre l'air au balcon, fuyant l'atmosphère empesée de nicotine (un comble, je sais) qui me tenait trop chaud.
Une ombre masculine m'y avait suivi sans que j'y porte une réelle attention. Tout du moins tant que je ne m'étais pas rendue compte être dépourvue de briquet. "Excuse-moi... J'peux t'emprunter ton feu?". Voilà comment, en une simple phrase, je venais de tomber dans un piège toxique et impossible à fuir. Alex s'était montré charmant. Drôle, dans le registre cynique, cultivé mais méprisant. Ses longs regards avaient attisé ma curiosité. La poudre avait fait le reste.
Une des chambres inoccupées s'était vue investie par deux corps en furie, désespérés d'arracher un semblant d'amour à son partenaire. Ça avait été bon. Rien de moins, rien de plus pour en conclure un parfait accord charnel. Le lendemain matin on s'était réveillé ensemble, à mon plus grand étonnement, et avions décidés de profiter de la journée de concert.
Depuis j’ai pris l’habitude de le côtoyer jusqu’à plus soif. Avant de freiner des quatre fers pour repartir dans la direction opposée aussi sec. Puis reproduire le même schéma. J'ai l'impression qu'un crochet me saisissant par le nombril me raccroche à ce type, comme si mon centre de gravité était lui. Le genre de truc qu'on explique pas et qui vous refile un léger vertige et un arrière-goût de malaise.

Il porte le même bâton de cancer que moi à la bouche. Ses enjambées sont longues, sûres d’elles. Son ombre m’apparait immense ainsi, toute étirée par le soleil couchant. Évidemment la première phrase qu’il prononce est un ramassis d’amabilités. Il faudrait peut-être songer à lui faire part du fameux « soit beau et tais-toi ».
« Ouais, ça doit être parce que j’t’attends depuis hier sur ce foutu trottoir. Y en a qui sont morts comme ça… »
Une moue effrontée s’affiche sur mes traits alors que je ne me formalise pas de son manque de chaleur. Pas plus mal : les marques d’affections sur-jouées me mettent mal à l’aise.
Il se trouve maintenant devant moi en train de me surplomber d’une bonne demie-tête. A la vue son léger sourire gangster j’ai les hormones qui se mettent à danser la lambada. Alex a toujours été, depuis notre rencontre, un talon d'Achille involontaire. C'est une tempête qui vous secoue les os. Alex c'est de la dope. Un truc vous rendant accro de façon fulgurante. Le mystère qu'il cultive au tour de lui est d'un naturel tellement désinvolte qu'il intrigue plus que de raison. Et moi j'y suis tombée tête la première, persuadée de réclamer une simple dose de bonheur à chaque fois que l'on se retrouve. Mais No est joueuse. Elle fait rouler les dès comme une tarée de première. Et surtout elle est mauvaise perdante.
« Je force personne moi, j'prends que les consentants. » Dis-je, taquine, en lui servant un regard félin. Y a pas que les hommes qui peuvent être sexistes après tout. « Mais en effet Alexander » -sa mâchoire se crispe légèrement, conséquence de son pseudonyme complet employé- « j’ai un plan pour ce soir. »
Je farfouille les poches de mon blouson et en sors triomphalement un morceau de papier froissé. Dessus notre ticket pour une prometteuse nuit blanche. Les invitations à ce genre de soirées ne passent plus que par le net ou les smartphones, trop simples à pirater ou à copier. Les gens oublient peu à peu le support papier, le rendant ainsi délicieusement rétro… et pratique.
« C’est dans le quartier en plus, on peut y aller à pied. » Je le détaille du bout des cils. Des cernes viennent lui manger le visage, signe explicite d'une fatigue jamais conseillée. Le teint un peu pâlot de celui qui ne voit que trop peu le soleil. J'effleure l'une de ses pommettes du bout des doigts, presque inquiète. « Et vu la tienne de tête ça te ferait pas de mal de la perdre un peu. »



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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptySam 7 Oct - 17:40

Corde raide
Nora & Alexander
RAPTURE

Elle m’attend là, adossée à son vieux scooter, clope au bec, des mèches indomptées de cheveux bruns lui tombant devant ses yeux baissés sur l’écran d’un téléphone portable. C’est comme un poids qui s’enlève soudain de mes épaules. Pour une raison que j’ignore, elle semble toujours se trouver là où je l’attends le moins, mais là où j’en ai le plus besoin. Coïncidence ou télépathie, à vous de choisir.

Une répartie du tac-au-tac qui fait naître un sourire au coin de mes lèvres, amusement bientôt dissimulé sous un désinvolte haussement d’épaules. « C’est précisément pour cette raison que les gens normaux utilisent cette chose assez pratique qu’est le téléphone portable. » Même si, clairement, ça n’aurait pas changé grand chose à la situation étant donné que le mien est enfoui en sourdine tout au fond de mon sac. Fière hypocrisie. Ça me fait plaisir qu’elle soit là pourtant, le nier ne serait qu’un mensonge à moi-même. « Je force personne moi, j'prends que les consentants. » Je hausse un sourcil narquois, me prenant au jeu lancé par les mots taquins. « Mais en effet Alexander » L’emploi de mon prénom dans son intégralité me fait tiquer. Si Nora aime autant que moi flirter avec l’interdit, je la soupçonne d’avoir trouvé, dans ce jeu irritable, une brèche inavouable qu’elle s’amuse à exploiter. Secrètement, je savoure la façon dont les quatre syllabes roulent entre ses lèvres teintées de rouge. Ma mâchoire se crispe et je tire une nouvelle bouffée de tabac. « j’ai un plan pour ce soir. » Les volutes de fumée grise s’évaporent tandis que je lâche le petit rire désabusé de celui qui a vu juste. « Le contraire m’aurait étonné… » Elle farfouille un instant dans ses poches et en sort un bout de papier froissé qu’elle me tend fièrement. Des invitations imprimées ? Dans le genre rétro… Je lui rends un regard interrogateur avant de me saisir du billet aussi large que la paume de ma main et sur lequel sont inscrits les détails de ce fameux plan. Aucune fioriture, seulement quelques mots à la police stylisée surplombant une simple adresse. J’écoute Nora d’une oreille m’en préciser la proximité tandis que je déchiffre les lettres imprimées. Avec ça, je n’ai plus d’excuse assez cohérente pour pouvoir esquiver… Mais en ai-je vraiment envie ? C’est l’occasion parfaite de mettre mes emmerdes de côté, de tout oublier le temps d’une soirée. Et puis, elle est là. Il n’en faut pas plus pour arrêter ma décision.

Je fais mine de réfléchir, pour la forme, lorsqu’un délicat contact de ses doigts sur ma pommette me fait baisser les yeux vers ces deux orbes noirs renfermant l’infini. Automatiquement, mes paupières se mettent à papillonner et ma tête se penche subtilement contre sa peau comme pour en réclamer davantage. Un addict en rade de chaleur humaine. « Et vu la tienne de tête ça te ferait pas de mal de la perdre un peu. » Une promesse des plus alléchantes, comment refuser ? Elle a raison, la caféine ne suffit pas longtemps à camoufler les sombres traces de l’insomnie. « Et moi qui pensais que le look de dépravé apporterait un réel coup de boost à mon sex-appeal, je suis déçu. » Faible tentative d’effacer les traits soucieux de son visage de poupée. Perdre la tête. De n’importe quelle manière, j’en ai bien besoin. Besoin de ressentir autre chose que ce trop-plein d’émotions qui m’engloutit petit à petit. Besoin de me sentir vivant. Lâcher prise. Un ultime regard jeté au rectangle de papier entre mes doigts et je finis par soupirer, rendant les armes. « Ok t’as gagné, je viens. » C’est toujours comme ça. Il suffit qu’elle me force un peu la main et le reste se fait tout seul, comme si mes protestations n’étaient que vulgaires formalités. Je sais pas comment elle se démerde d’ailleurs avec ma manie de refuser en bloc la moindre proposition de socialisation. Elle a ce genre de pouvoir Nora, une aura pleine de charme qui t’attire inéluctablement dans son sillage. Une douceur sauvage, insaisissable et téméraire derrière un sourire mutin. Dés le début, c’est cette attitude qui m’intrigue autant qu’elle me fascine qui a su se faire mouvoir mes jambes engourdies d’ennui à ses côtés lors de cette fameuse soirée. Dans une foule d’inconnus guindés dans leur chemises au col déboutonné et chaussures vernies, seuls sur un balcon ou dans les draps d’un lit défait, Nora c’est une dose d’adrénaline galvanisante. Un voyage en roue libre, sans frein ni volant.  




Dernière édition par Alexander Black le Dim 8 Oct - 17:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyDim 8 Oct - 16:14

Corde raide
Alexander & Nora
KRYPTOLOGY

Cette proximité me titille. Je sens les ondes chaleureuses qu’il dégage, j’ai envie de m’y blottir et de plus bouger mais la perspective d’une soirée à ses côtés me tente encore plus. Je lève les yeux vers lui, appréciant le spectacle que je constate. Ses pommettes émaciées lui donnent davantage l'air d'un loup affamé, renforcé par sa réplique murmurée d'une voix éraillée. Une brève réminiscence de chaleur partagée au creux de draps défaits me fait frissonner.
Comme d’habitude chacun cède aux caprices de l’autre ; je suis néanmoins étonnée qu’il abaisse les armes aussi facilement. D’habitude j’ai besoin d’un peu plus de bagout pour le décider.
C’est qu’il doit vraiment y avoir anguille sous roche. Alex n’est pas quelqu’un à se laisser abattre facilement, il préfère prendre chaque chose – même les plus mauvaises – avec un calme indifférent, frôlant une morgue à toute épreuve. Bah… Je choisis de prendre la perche et d’en tirer ce que je veux. J’ai besoin de me changer les idées et voici mon partenaire de crime tout désigné.
« T’inquiète pas, là où on va ta dégaine qui hurle ‟j’en ai rien à foutre de rien” va se fondre dans le paysage. Et je vais te chouchouter toute la soirée, y en a qui tuerait pour ça tu sais. »
Mes lèvres viennent effleurer les siennes et déclenchent plus de frissons que je n’aurais voulu. Merde. J’ai envie de mordre dedans à pleines dents. Mais c’est pas raisonnable. Pas tout de suite. Ce qu’on aime c’est prendre son temps pour mieux surprendre son partenaire. Créer ce courant d’adrénaline délicieux.
Prémices de plaisirs envolés. Je dédaigne esquisser mon premier vrai sourire. Un qui rajeunit. Un qui s’évanouit en mystérieux rayon de bonheur. Un de ceux qui annonce la joie.
Alex il émerveille toujours les autres comme un enfant. On se sent exister avec lui. On se sent meilleur et notre cœur déborde. On comprend tout à coup ce que signifie être jeune. On l’ignorait. On se dit qu’on aurait pu mourir en l’ignorant.
« Allez, en carrosse. » Je lui lance en tapotant ma selle.
Dans mon autre main déjà tendue, un casque intégral étonnamment simpliste d’un noir mat. Y a qu’à moi que je réserve celui avec les grosses lunettes anciennes. Je constate une lueur de méfiance – justifiée à n’en pas douter – qui se dessine chez lui. Mon sourire devient carnassier.
« Je suis totalement clean pour le moment, autant en profiter pour nous rapprocher. Puis personne m’a encore débauché pour t’assassiner mon vieux… »
Je m’assoie derrière le guidon d’une enjambée souple, attendant qu’il m’y rejoigne. Ses bras ne tardent pas à m’entourer la taille, solidement. Je peux sentir le roulement de ses muscles au travers des couches de tissus. C’est excitant. Le moteur démarre dans un grondement sourd, presque sensuel. Le vent gonfle nos vêtements et se mélange harmonieusement aux bruits de la ville. Une ville qui défile en taches tour à tour sombres et lumineuses dans un patchwork éblouissant. Et y a plus que le souffle d’Alex mêlé à celui du vent à mes oreilles qui prennent toute la place.
Si je savoure chaque seconde de cette liberté factice, nous parvenons rapidement devant le lieu secret. Je gare mon engin dans une rue adjacente et range soigneusement les effets personnels du jeune homme avant de bien attacher le tout. Manquerait plus qu’on se fasse détrousser.
L’entrée est anonyme, si ce n’est qu’elle semble blindée et trouée par une petite fenêtre ne laissant deviner que les yeux de son interlocuteur. Aucun son ne filtre. Trois personnes s’y trouvent déjà, s’apprêtant à entrer. Deux hommes et une femme, la mine réjouie et les vêtements sombres. Je me retourne vers mon compagnon avec la même expression avant de lui dévoiler ce dont il doit certainement déjà se douter.
« Une petite rave urbaine ça te va ? Beaucoup de monde, du bon son et de quoi te faire planer. Si tu me dis après ça que j’y mets pas les formes je te traiterai de menteur ! »
Un nouveau rire franc se dégage de mes lèvres. Rire clochette. Rire trille. Je suis foutrement impatiente de la soirée qui nous attend, et de toute façon, il n’a déjà plus le choix. Lorsque vient mon tour j’adresse le flyer imprimé au type de la sécurité. Le battant s’ouvre sur la pénombre et je suis invitée à déposer ma veste au vestiaire. Les murs pulsent sous l’influence des lourdes basses et des jeux de laser se devinent au fond. Le plafond présente des arches de pierres à intervalles régulier. Il fait chaud. C’est agréable.
Pendant quelques secondes on ne dit rien, nous contentant de nous observer mutuellement, les basses compulsives accompagnant les battements de mon cœur. J’apprécie les silences sans gêne que nous pouvons avoir avec certaines personnes. Tout comme j’apprécie la présence d’Alex dont les lumières rouges et les flashes intempestifs se reflètent dans ses orbites céruléens, y allumant un rougeoiement dérangeant.
Il est temps de passer aux choses amusantes.



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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptySam 14 Oct - 23:57

Corde raide
Nora & Alexander
PASSENGER

Une étincelle. Lueur flamboyante et fugace autant portée par ses mots irréfutablement aguicheurs que par ses iris noirs qui me traverse le corps en un frisson impatient. Le jeu est lancé. « Quel honneur… » Je murmure à voix basse, défiant cette délicieuse électricité du bout des lèvres. Nos souffles se mêlent et je sens mon palpitant résonner dans ma cage thoracique lorsque sa bouche vient effleurer la mienne pour se retirer aussi vite. L’ombre d’un contact, pas même un avant-goût mais tout aussi capable de balayer le moindre doute qui aurait pu me subsister. Je me redresse sans quitter des yeux celle qui semble particulièrement fière de sa ruse taquine, masquant derrière une nouvelle inspiration de tabac ma frustration évidente. On pourrait presque entendre les crépitements de cette tension ambiante, promesse d’une soirée enivrante. « Allez, en carrosse. » Je hausse un sourcil en zieutant le véhicule en question de mon air le plus méfiant. Le scooter de Nora c’est un modèle obsolète depuis des années et qui a probablement passé plus d’heures chez le mécanicien qu’à réellement rouler. Ça m’étonne qu’il tienne encore debout d’ailleurs. « Je suis totalement clean pour le moment, autant en profiter pour nous rapprocher. Puis personne m’a encore débauché pour t’assassiner mon vieux… » Même si elle se trompe sur l’origine de mon hésitation, son "pour le moment" me fait rire. Je la regarde ajuster les grosses lunettes à l’ancienne devant ses yeux puis je daigne finalement enfiler le casque qu’elle me tend après avoir écrasé le mégot de ma clope sous le talon de ma botte. « C’est pas de toi dont je me méfie mais de ton scooter. Ce truc a l’air prêt à rendre l’âme à tout moment. » Mimant les gestes de Nora, je prends place à l’arrière de la bécane et mes bras viennent bientôt s’enrouler autour de sa taille fine. Malgré les couches de tissus séparant nos épidermes, j’arrive à percevoir les mouvements respiratoires irréguliers de son ventre plat sous les paumes de mes mains. Je souris, malicieux, puis resserre ma prise lorsque le moteur démarre dans un ronronnement de chat malade.

Le court trajet se termine finalement sans encombre, à mon agréable surprise. L’endroit est d’apparence banale, comparable à toutes les autres ruelles sombres du quartier, si ce n’est pour les quelques personnes faisant la queue derrière une porte en acier blindé. Même à la lumière des lampadaires, je ne distingue aucun videur mais une simple fenêtre coulissante insérée dans la paroi du battant. A croire que se tient la réunion hebdomadaire des Illuminatis là-dedans… Une réunion bien animée, si j’en crois les basses étouffées que l’on parvient tout juste à deviner. Une rave. Un seul nom qui aurait, en temps normal, suffit à me faire grimacer et déguerpir dans la direction opposée. Je ne porte pas la musique techno dans mon cœur, mais incontestablement, ce genre de son répétitif est le meilleur moyen de perdre toute notion de temps et d’espace – ce qui est le but ce soir, rappelons-le. Je remballe donc mes protestations tandis que Nora confirme mes assomptions, un grand sourire illuminant sa mine enthousiaste. « Go big or go home, c’est ça l’idée ? Tu fais pas les choses à moitié, j’te l’accorde. » Le vigile nous laisse entrer après avoir étudié l’invitation imprimée, nous détaillant d’un œil suspicieux qui me fait lever les miens au ciel. Ces types se prennent vraiment trop au sérieux, c’en est ridicule. Mimant les actions de Nora, je dépose mon blouson en cuir au vestiaire, ayant pris soin de garder paquet de clopes et portefeuille dans les poches arrière de mon jean. Enfin à l’intérieur, la forte musique et les basses me frappent de plein fouet, faisant trembler les murs éclaboussés par les lumières changeantes des spots colorés. J’ai l’impression de pénétrer à l’intérieur d’une bulle intemporelle. Il est à peine vingt heures et déjà une centaine de personnes se pressent les uns contre les autres au plus près des immenses enceintes encadrant la table de mixage. Rien à voir avec les simples boîtes de nuit cependant, ici on part sur le niveau au-dessus où tout est multiplié par douze. Le volume sonore, les gens, l’ambiance en générale. Je ne peux empêcher un malaise familier de me paralyser quelques secondes, ne sachant déjà plus où donner de la tête. « J’arrive pas à croire que t’as réussi à me traîner dans mon pire cauchemar. Et de plein gré en plus. » Un rire force son chemin entre mes lèvres tandis que je hausse la voix afin de me faire entendre de la brune. Et puis je baisse les yeux vers elle, vers ces deux billes ébène dans lesquelles se reflètent tour à tour le rouge et le vert des lasers. Une discussion muette, silence entendu. J’en oublierais presque tout le reste. Soudain, nous ne sommes plus que deux. Elle a cette moue effrontée et ce regard mutin qui me collent des frissons tout le long de ma colonne vertébrale, un air de défi qui pourrait me faire faire n’importe quoi. Elle est dangereuse Nora. C’est un shot d’adrénaline qui vous rend accro dés la première prise. Et j’en redemande, encore et toujours, jamais rassasié. Comme attiré par un aimant, je fais un pas en avant, réduisant presque entièrement l’espace entre nos deux corps. Du bout des doigts, j’écarte quelques mèches de ses cheveux courts et me penche légèrement de sorte que mes lèvres viennent frôler son oreille droite. « Alors, quel est le programme maintenant ? »


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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyLun 16 Oct - 17:30

Corde raide
Alexander & Nora
BURNING BRIDGES

Alex en profite pour me faire part de son désarroi. Ce qui me régale car je décèle chez lui un semblant de réaction, chose qui n’arrive que rarement, encore plus exacerbée depuis quelques semaines. Il se trimballe avec un air plus renfrogné que jamais et me donne l’impression de porter toute la misère du monde sur ses épaules. Je ne sais pas encore bien de quoi il s’agit, mais foi de Barlowe je vais lui tirer les vers du nez.
J’observe le brun avec un léger sourire. Il est vrai qu'il semble emprunté ici. Le brouillard de fumée l'entourant d'un mystérieux manteau, Alex a le corps raide, tout en retenue, rechignant manifestement à se trouver en ces lieux de perdition. Il est habituellement sûr de lui, avec presque une aura de suffisance que lui donne sa personnalité. Et il lui est normalement facile d'agir en maître et seigneur. Mais ça l'est moins dans un environnement inconnu où il faut tâtonner avant de comprendre les codes. Déboussolant même. Et pourtant cela lui confère une attitude bien plus sympathique. Comme si cette minuscule imperfection brisait l'image soigneusement construite du je m'en foutiste chronique. Comme si, finalement, il n'était pas que un sale petit con.
J’aime ce que je vois. Encore plus ce qui se produit. Je ne bronche pas lorsqu'il diminue encore l'espace entre nous. J'suis pas une dégonflée, et c'est pas sir Black qui va m'impressionner. Je vois bien où il veut en venir avec son regard embrasé et cette moue si dangereusement adorable. Un vice que je ne peux lui reprocher: qui mentirait en disant rester insensible à l'attention d'autres? Et puis tomber sur un défi résistant est bien plus accrocheur que la facilité. Ca permet de s'aiguiser les crocs en attendant... En attendant quoi? Ou plutôt qui?
« Ben sauf ton respect Alexander, t’es beaucoup plus drôle une fois sorti de tes quartiers habituels. Ensuite je te rappelle encore une fois que mon insigne présence, peu importe l’endroit, devrait suffire à ton bonheur. »
J'suis bavarde, les syllabes sortent à la vitesse d'une mitraillette d'entre la pulpe de mes lèvres mimant un sourire irradiant de malice. Un peu curieuse, sacrément perchée, toujours en train de titiller du bout de l’épée. Ça fonctionne comme ça entre nous. Des crépitements menaçant d'embraser la tension latente, à deux doigts de parvenir à déclencher l’incendie. C'est d'ailleurs avec un geste d’une douceur sauvage qu'il s'empare d'une mèche de jais, la faisant doucement folâtrer entre ses doigts. Je louche presque comme une idiote, mes yeux d’encre s'allumant soudainement d'une lueur appréciatrice tandis que je réprime un sourire. J'ai pas envie qu'il se fasse des idées le bougre. Je veux arracher les murmures des jeunes filles, les sourires et les mensonges, la douceur du plaisir et le miel de l'amour. Je veux tout avoir sans rien donner.
« Enfin ceci-dit question programme je pourrais t'aider à te décoincer, y en a une ou deux qui diraient pas non à un peu de chaleur humaine » je lui lance avec une moue sarcastique en désignant du pouce un groupe de nanas qui jettent des coups d'œil révélateurs au jeune homme. Il a de quoi attirer l'attention, de quoi rendre toute chose la gente féminine. Belle gueule ténébreuse, le sourire facile, il garde néanmoins un éclat de froideur au sein de ses obsidiennes. Pâle reflet d'une dureté minérale qui s'enfouit sous une épaisse armure de d’ennui.
Vénéneuse, je m'approche à nouveau, réduisant à néant les derniers vides, me brûlant la peau sur sa chaleur.
« Tu veux danser ? »
J’ai besoin de ressentir la réalité du moment. La tangibilité d’un corps. Je veux qu’il oublie pourquoi il s’est sentis autant en colère ces derniers temps.
Avec souveraineté, je m'empare de ses lèvres, les mordillant affectueusement avant d'entamer un ballet familier et sensuel.
Alex est un pirate. Il sait y faire, d'une façon bien unique. L'ardeur brûle dans ses baisers, ainsi qu'une note de désespoir. Comme si, de la pointe de son sabre, il souhaitait se graver dans votre désir, y demeurer seul conquérant. Partant à l'abordage, le cœur en goguette mais les sentiments en berne. Le jeune homme arbore pourtant le pavillon sanglant avec deux tibias croisés, prévenant ainsi quiconque s'y aventure que son seul leit-motiv reste la liberté. Plutôt mourir que d'appartenir.




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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyDim 22 Oct - 19:39

Corde raide
Nora & Alexander
BAD HABITS

Au milieu de la foule en fête, le sombre solitaire n’a pas sa place. Je me sens comme un étranger débarquant sur une planète inconnue dont j’ignore tous les codes. C’est une épreuve, à n’en pas douter, mais une épreuve nécessaire. Dans cette capsule de perdition, à l’écart du monde extérieur, je peux me laisser voguer au rythme des basses assourdissantes. Tout évacuer. Enfouir le plus profondément possible cette colère latente qui gronde en attendant son heure. Et ma distraction, elle est incarnée en cette brune effrontée à la grâce féline.

« Ben sauf ton respect Alexander » La revoilà cette estocade qui a déjà fait ses preuves. Pourtant cette fois-ci, je m’efforce de ne rien laisser paraître, ça lui ferait trop plaisir. « T’es beaucoup plus drôle une fois sorti de tes quartiers habituels. Ensuite je te rappelle encore une fois que mon insigne présence, peu importe l’endroit, devrait suffire à ton bonheur. » Elle est bavarde Nora, et la moitié des mots sont engloutis par la musique ambiante. Mais, fixé sur ces lèvres qu’une moue malicieuse ne semble jamais quitter, mon regard ne perd pas une miette de son discours éhonté. Qu’elle est exquise la morsure de l’assurance fièrement accrochée en étendard. Dans un geste machinal, mes dents viennent saisir le petit anneau de métal accroché à ma lèvre inférieure comme pour y réprimer le sourire appréciateur qui menaçait d’y apparaître. « Nora Barlowe, vous devenez bien impertinente. » C’est un jeu électrique, une course lascive à qui prendra l’avantage. À qui craquera en premier. Excitant. Prédateur, je m’approche encore et enroule distraitement une mèche de ses cheveux autour de mon index, notant avec une satisfaction non dissimulée la brève lueur illuminant ses pupilles dilatées. Deux joueurs, aucune règle. Mais on n’en est pas à notre première partie et la brune rechigne à se laisser faire si facilement. « Enfin ceci-dit question programme je pourrais t'aider à te décoincer, y en a une ou deux qui diraient pas non à un peu de chaleur humaine. » Je mets une seconde de trop avant de finalement détourner les yeux vers le groupe de nanas indiqué par son doigt. Aussitôt c’est la panique dans leur rang serré. La plupart font tout d’un coup mine de s’intéresser à leurs pompes, tandis qu’une ou deux me rendent un rictus bien trop salace pour n’être qu’amical. Typiquement le genre de filles recherchant le danger auprès du premier tatoué de la salle, de celles qui attendent désespérément un bad boy aux airs de prince charmant qui viendrait les aborder au détour de la piste de dance. Si ce n’est pas la première fois que leur dévolu tombe sur ma personne, le résultat reste le même : malheureusement pour elles, leurs battements de cils ne me fait ni chaud ni froid. Ça fait bien longtemps que je me suis lassé de ces chasses dénouées de prestige, triomphes sans gloire. Prétendre l’indifférence face à cette attention indiscutablement flatteuse ne serait pourtant que mensonge. Et puis, j’ai envie de céder, juste un peu. Juste de quoi titiller encore un peu la tension déjà crépitante entre nos deux corps embrasés. Du bout des cils, je leur lance donc un clin d’œil innocemment aguicheur, savourant la réaction qui ne se fait attendre. « Je devrais peut-être aller les voir dans ce cas, ça nous fait un point en commun. Et puis ça m’ferait gagner du temps. » J’en ronronnerait presque de contentement si l’impatience ne mobilisait pas déjà tous mes sens. Nora le sait, je ne m’abaisserai jamais à la facilité. Ce soir, elle a toute mon attention. « Tu veux danser ? » Les derniers centimètres nous séparant sont enfin réduits à néant lorsque nos lèvres se rejoignent en un concert d’électricité. Loin d’un baiser tendre, c’est une danse sauvage qui s’exécute entre deux êtres en proie à une passion libératrice. J’ai tellement de colère, tellement de frustration qui bouillonnent à l’intérieur que c’est avec l’ardeur du désespoir que je me perds dans la chaleur familière de Nora, la suppliant du bout de la langue de me faire oublier. Un grognement s’échappe de mes lèvres entrouvertes lorsque je sens Nora les mordiller affectueusement et je réplique en resserrant ma prise sur sa hanche tandis que mon autre main s’empare fermement de sa nuque. Et puis soudain, un flash. L’image fugace d’une blonde aux grands yeux bleus qui me fixe à l’intérieur de mes paupières closes. Un message d’alarme, un de ceux qui clignotent avec une sonnerie à vous vriller les tympans s’enclenche dans mon cerveau et je rouvre les yeux d’un coup, sonné. Je brise le contact, la respiration saccadée pour plus d’une raison. Bordel, c’était quoi ça !? Je balaye rapidement la salle du regard dans une tentative de retrouver mes repères avant de me recentrer sur Nora qui me dévisage avec une certaine inquiétude. « Je… J’ai besoin d’un verre. » Je me frotte le visage d’une main insistante dans l’espoir d’éliminer les derniers reflets de cette vision dérangeante. « Ou dix. »




Dernière édition par Alexander Black le Ven 3 Nov - 17:12, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyMer 25 Oct - 20:37

Corde raide
Alexander & Nora
DEVIL EYES

Je constate avec voracité qu’il me rend tout ce que je lui accorde. Mes mains viennent s’emmêler dans la fournaise de sa nuque. Un grognement bas et primitif répond à mes sollicitations. La douceur de sa langue rencontre la mienne et hérisse chacun de mes nerfs. J’ai pas froid, pas faim, pas soif. J’ai Alex. Et l’adrénaline qui me bouscule les perceptions en me donnant l’impression d’être seule à deux. Ça dure le temps d’une expiration. D’un coucher de soleil. Ça dure le temps d’une infime seconde étirée jusqu’à la presque rupture.
Jusqu’à la rupture.
Le brun s’éloigne légèrement, les yeux hagards et le mine déconfite. Y a quelque chose qui tourne pas rond comme s’il avait vu le diable. C’est précisément là-dessus que je veux travailler. Et au passage apprendre de quoi il en retourne. Le monde reprend ses droits tandis que le bruit ambiant me frappe de plein fouet. Je m’agite, nerveuse, alors que mes jambes frémissent d’impatience à l’idée d’aller marteler le sol devant les enceintes. Mais les syllabes essoufflées d’Alexander me retiennent.
« Okay va pour un verre. » Je sors un billet vert froissé de ma poche arrière pour lui mettre dans la dextre. « La première tournée est pour moi, et ce sera juste un coca pour ma part. Maintenant si tu veux bien m’excuser, j’ai un petit tour à faire du côté des sanitaires. »
Sans lui laisser le temps d’émettre une quelconque protestation je me faufile entre les corps chauds. C’est plein à craquer dans le coin. Heureusement, une fois devant les toilettes, j’ai l’agréable surprise de les découvrir presque déserts. Je m’engouffre dans une des cabines et m’empresse de verrouiller derrière moi. Mon visage se reflète dans un petit miroir, tellement crade que mes traits en paraissent flous. Entre mes doigts jaillit le petit sachet de tout à l’heure. Toujours les mêmes gestes, toujours la même came. Sauf si…
J’entrouvre le battant. La petite nénette que j’ai vu en entrant fait toujours le piquet dans un coin obscur. Plutôt petite, de grands yeux noirs lui dévorant le visage qu’elle a commun mais non dénué de charme. Nous échangeons un regard entendu.
« C’est 20 pièce. »
Je n’acquiesce pas et me contente seulement de lui filer ses thunes. Mon banquier va gueuler si je continue comme ça… Une belle hypocrisie venant de quelqu’un qui veut devenir clean. Trente secondes plus tard je suis de retour dans ma cabine. Le rail de coke envoyé précédemment m’électrise et je détaille avec plus d’attention que la normale le cachet au creux de ma paume. Il est minuscule et frappé d’un farfadet. C’est marrant. Dommage que je me retrouve à le bousiller.
Une fois coupé je cale l’une des moitiés entre mes dents tout en prenant soin de ne pas croquer dedans. Ça a un gout absolument atroce. L’autre finira peut-être au fond d’un autre estomac si Alex veut bien retirer le balai qu’il a dans le cul ce soir. Je songe à ça en m’envoyant une rasade d’eau du robinet pendant que le farfadet d’ecstasy dégringole le long de mon œsophage.

Je retrouve le brun dos au comptoir du bar de fortune. Il est entouré de dizaines de personnes en train de danser, parler, s’embrasser. Je trouve toujours ça fascinant d’observer les interactions sociales pendant ce genre de soirée. Les inhibitions tombent aussi vite que des châteaux de cartes. Sauf celles du beau tatoueur qui m’ont l’air plus solides. Je me rapproche de lui et constate qu’au moins il a repris un peu de couleurs (à moins que ce ne soient les jeux de lumières), et une expression revenue égale à lui-même. Quelqu’un m’attrape la main mais je me dégage sans heurt en gardant mon regard rivé à son demi-sourire canaille. Je m’accoude à côté de lui, attrapant le gobelet rouge d’un geste impatient.
« Bon, il serait peut-être temps de me dire ce qu’il t’arrive Alexander. » Je prends un ton sérieux volontairement. Je veux qu’il se réveille et arrête d’avoir l’air de porter toute la misère du monde sur ses épaules l’espace de quelques heures. Et aussi qu’il arrête de me rembarrer (mon ego va pas tenir le choc sinon). « Ou alors tu rentres chez toi et tu me laisses ici. »
C’est dur. Ça claque entre nous. En vérité je tiens surtout à satisfaire ma curiosité pour comprendre enfin ce qui peut déclencher une baisse pareille chez lui.
Dans mes prunelles se reflètent les délices d’un jeu malsain. Avec l'envie de blesser pour mieux panser ses plaies infligées. Sur ma peau, le besoin d’un partenaire.



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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptySam 4 Nov - 12:20

Corde raide
Nora & Alexander
HOWLIN' FOR YOU

Il n’aura pas fallu grand chose pour me ramener à la dure réalité. Un flash perçu comme un gifle, un rappel de quelques microsecondes suffisant à me faire perdre pied. La musique semble avoir doublé de volume tandis que les pulsations dans ma poitrine s’accordent avec celles crachées par les immenses enceintes à un rythme effréné. J’ai été bien naïf de penser que la force de ma seule volonté suffirait à écarter les fantômes de mon passé revenus hanter mon présent. J’me sens comme un con, sans plus de panache ni d’assurance pour contrer les prévisibles jugements sur mon impuissance passagère. Une fêlure dans mon armure. Et j’ai beau m’empresser de replacer le masque aussi vite qu’il est tombé, Nora n’est pas dupe. Son visage soudain fermé n’en est que la confirmation. Et merde. « Okay va pour un verre. » Son ton est froid, lointain. Trop lointain. J’attrape le billet vert qu’elle me tend sans même y réfléchir alors que mon cerveau tourne à cent à l’heure. « La première tournée est pour moi, et ce sera juste un coca pour ma part. Maintenant si tu veux bien m’excuser, j’ai un petit tour à faire du côté des sanitaires. » Je cligne des paupières, médusé par la tournure prise par la conversation. Ce n’est que maintenant que je me rends compte de mon geste : un rejet dénué d’explication, pur et simple. Et involontaire ou pas, c’est le genre de choses qui ont du mal à passer, même avec Nora. Surtout avec Nora. Vexée, la brune ne perd d’ailleurs pas de temps avant de tourner les talons et de se perdre dans la foule, sourde à mes protestations. « Nora, attends… » Trop tard, je ne la vois déjà plus. « Merde. » Un soupire frustré siffle entre mes dents serrés tandis que, d’une main, je viens rageusement ébouriffer mes cheveux, tirant aux racines. Je renonce pourtant à la suivre – elle n’a pas besoin de moi là où elle va, encore moins devinant aisément ses intentions. J’évite en général, c’est un fardeau bien trop lourd à porter, mais malgré mes principes et au vue des circonstances, peut-être que ce soir je n’aurais pas refusé cette libération accordée par la poudre blanche... Suis-je tombé si bas ? On dirait bien. Mon regard tombe sur le billet toujours froissé entre mes doigts. Il me reste quelques cartes à jouer.  

Le bar de fortune est pris d’assaut par une vingtaine de personnes et il me faut jouer des coudes afin d’atteindre le comptoir dissimulé derrière les assoiffés. « Un vodka-redbull. » Je plaque le billet à plat sur la surface vernie. « Et un Coca. A part. » Le barman me fait un signe de tête entendu puis s’attelle aux préparations. Les deux gobelets rouges en main, je pivote et m’adosse contre le bar, plongeant déjà mes lèvres dans le cocktail transparent. Je bois trois gorgées avec avidité, sans m’arrêter, savourant la brûlure familière de l’alcool le long de mon œsophage comme s’il pouvait emporter dans son sillage toutes ces images et pensées importunes. Etablir un barrage, un mur infranchissable et hermétique derrière lequel je pourrai me planquer le temps d’une soirée. Je laisse mes yeux balayer la salle, sautant de la piste de danse où se trémousse un couple en collé-serré, à ceux qui s’embrassent contre un pilier jusqu’à ceux qui s’abandonnent entièrement au son des platines. Dés qu’ils tombent sur une blonde en revanche, j’avale une gorgée. Bientôt mon gobelet est entièrement vide et j’en commande un deuxième en échange d’un nouveau billet vert, plus chargé cette fois. Une douce chaleur ne tarde pas à me monter aux joues tandis que je sens mes muscles tendus se décontracter au fur et à mesure que le verre se vide. Plus vite

Trop pris dans mon petit jeu, je manque louper le retour de Nora qui fend la foule jusqu’à mes côtés. L’agitation se reflète dans ses prunelles, et jusque dans ses gestes lorsqu’elle se saisit avec fermeté de son gobelet de Coca. J’en déduis qu’elle m’en veut toujours et je me renfrogne, peu enclin à lui céder des explications pourtant méritées. « Bon, il serait peut-être temps de me dire ce qu’il t’arrive, Alexander. » Remballant mes excuses, ma bouche se ferme aussitôt et je fronce les sourcils, peu habitué à ce qu’elle emploie ce genre de ton à mon encontre. J’ai l’impression d’être un gamin pris en faute à qui on est en train de remonter les bretelles. Si je n’étais pas déjà assez embarrassé par mes précédentes actions, maintenant c’est chose faite. « Ou alors tu rentres chez toi et tu me laisses ici. » Ouch. Elle vient de me piquer dans ma fierté. Salement. Les mots claquent, tel un ultimatum lâché en un coup de fouet. Je me sens acculé, mes doigts se crispent autour du gobelet rouge tandis que j’envisage mes options limitées. Hors de question que je lui raconte pour Andy, ça ne ferait qu’empirer mon état. D’un autre côté, le simple fait d’envisager la fuite me révulse alors ça ne me laisse pas vraiment le choix. Finalement, je pousse un soupire vaincu, acceptant à contrecœur de céder quelques mètres de terrain. « Ecoute. Je vais pas te déballer ma vie maintenant, c’est pas vraiment le moment ni l’endroit. C’est juste que… » Je cherche mes mots, esquivant au mieux le cœur du problème. « C’est la merde en ce moment et j’ai trop de trucs à penser en même temps. J’ai besoin de penser à autre chose, j’ai besoin… de toi. » Je n’aime pas le ton suppliant dont ce petit mot de trois lettres est sorti de mes lèvres. Et pourtant, malgré ce rang de loup solitaire que j’arbore avec fierté, c’est vers la compagnie de la belle aux yeux d’obsidienne que je cherche refuge. Seras-tu mon remède, Nora ? « De ça… » Je fais courir la pulpe de mes doigts le long de son bras nu, y déclenchant un sillon de chair de poule. Appréciant avec délice la façon dont son corps réagit à mon toucher, je réprime un sourire gourmand et continue mon chemin jusqu’à sa nuque. « Et de ça. » Mon pouce vient effleurer sa lèvre inférieure. Une caresse, une demande de permission. Un appel.



Dernière édition par Alexander Black le Lun 6 Nov - 18:25, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyLun 6 Nov - 17:40

Corde raide
Alexander & Nora
HEATENS

Il cherche ses mots. Je les devine en train de buter au fond de sa gorge, rebondir le long de sa langue avant d’être finalement stoppé par ses quenottes immaculées. C’est pas maintenant que je vais apprendre pourquoi Black est tourmenté. Il ne me livre que quelques pistes du bout des lèvres. Je suis frustrée – dépitée même - de ces seules explications. A peine de quoi ronger mon frein. Et j’ai l’instinct assez acéré pour être certaine de l’anguille sous roche qui se cache. Çà doit être un truc énorme. Du genre foudroyant et sacrément merdique.
Toutes mes réflexions tournent à fond le train sous ma calotte crânienne. J’entrouvre à peine la bouche afin de fouiller davantage dans ses demi-révélations, mais il m’arrête par deux simples mots. De toi. Ces cinq lettres me transpercent le myocarde et l’égratigne. Je sens qu’il lui en coûte de les prononcer, au moins autant que moi d’en être aussi heureuse qu’il le fasse. Cela suffit à me rabattre le clapet. Pour le moment. J’accueille ses doigts avec délice alors qu’ils tracent des lignes de feu sur mon épiderme. Le désir n’est jamais très loin lorsque je me trouve en la présence d’Alex. C’est ainsi, j’me suis faite une raison.

Mon corps réagit instinctivement alors que mes hormones se mettent à danser la lambada. J’entends sans vraiment écouter la suite des énumérations du jeune homme. Je préfère fixer mon regard sur ses lèvres d’une manière totalement indécente. Lorsque son pouce vient s’échouer sur l’ourlet ma bouche j’ai envie d'arrondir le dos pour me lover contre lui.
« J'sais pas trop... Il paraît que tu possèdes certains talents alors je pourrais bien me laisser tenter. »
En réalité je meurs réellement d'envie de m'évader dans le creux de ses bras avant de capturer son souffle saccadé.
Mon cerveau se déconnecte avec méthode devant la tension crépitante dans ses yeux azurés. Ça et la montée d’ecstasy qui m’arrive pleine balle dans la tronche. Tous mes sens ne sont tournés que vers la sensation de plaisir. Mes yeux constatent joyeusement les veilleuses dansantes nous éclairant à peine. Chaque bouffée inspirée m'apporte une multitude d'odeurs différentes mais la seule retenue est celle du tatoueur. Sur ma langue se mêlent le sucré du soda avalé et les dernières traces râpeuses de tabac, un goût étonnamment érotique. Quant au toucher... Son corps chaud, ses mains, m'accaparent totalement. Tellement qu'une intense frustration me saisit, vite remplacée par une onde brûlante dans mon bas-ventre.
Mais je ne réponds pas à son interrogation muette. A la place je m’éloigne doucement de lui, les prunelles embrasées le dévorant, pour me laisser absorber par la foule dansante. J’y reste à la limite bien en face d’Alex. Bien décidée à ce qu’il n’en loupe pas une miette. S’il veut se changer les idées avec moi je vais lui en donner pour son argent.
Mon corps ondule doucement, en rythme, épouse chaque note, chaque nuance, mes pieds restant collés au sol et ne bougent plus. Je suis une tige, une liane, soumise au souffle, à la cadence. Les mouvements du corps tintés d'une sensualité discrète, sans ostentation, savourant les regards me détaillant, essayant de saisir le moment où ceux-ci se troublent un peu trop.
Celui d’Alex est limpide. J'ai presque envie de le rassurer. Si c'est le bon terme. Parce qu'au final, malgré l'agacement et la méfiance que je peux avoir pour ce genre de type, je ne le trouve pas du tout pathétique. Un peu perdu peut-être, là, tout de suite. Trop sûr de lui parfois. Le verbe dur. La voix opposément caressante. Mais ça sent le môme abîmé et l'adulte bâtit dans le roc sur des fondations légèrement branlantes. Dans un autre contexte les réflexions de ce genre sont vite balayées d'un revers de main. Mais ici, certainement aidée par l'euphorie de synthèse, il est mon sujet d'intérêt premier.
Au bout de quelques minutes (et pour esquiver un ou deux prédateurs qui me couvent des yeux) je rejoins mon partenaire et scelle mon numéro d’un baiser. . Cette fois-ci je me lance à nouveau dans une danse savamment étudiée. Intrépide et bouillonnante. Avec volupté. Avec rancœur. Avec tendresse. Avec dureté. Feu follet.
Il y a des kilomètres de peau entre lui et moi, paroi nerveuse ondoyant sous ses lèvres, acceptant avec une gratitude muselée ses élans tendres. Je m’arrache avec difficulté de ce brasier. Et fais jaillir entre mes doigts la moitié du cachet farfadet pour l’agiter sous son nez.
« Je t’aide si tu m’aides. Et on passe tous les deux une excellente soirée.»
Deal. Alex n’a qu’un geste à faire pour me rejoindre dans mes montagnes russes opiacées. Et il n’a pas le choix s’il veut mériter ma prestation. J’ai des exigences fantasques, certes, mais je suis sûre de mon coup. . Ce soir j'ai la féroce intention de rendre dingue cet homme, et de la pire des façons. Bien plus dure que d'habitude. Plus vicieusement. Plus sauvagement.


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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyMar 21 Nov - 12:28

Corde raide
Nora & Alexander
FIRE

Ses défenses tombent les unes après les autres au fur et à mesure de ma lente énumération. Je le sens, je le vois. Depuis tout ce temps, son corps et ses réactions à mes caresses n’ont plus de secrets, mais je ne m’en lasse jamais. J’adore ça. Ses pupilles qui se dilatent, sa douce peau qui s’enflamme sous mes doigts forment un spectacle captivant dont je me délecte à chaque fois, sans retenue. Je me mords la lèvre discrètement afin d’y réprimer un sourire reconnaissant. Pour ne pas poser de question, pour accepter d’être ma distraction. J’ai envie de me perdre tout entier dans la chaleur de ses bras, de ne penser à rien d’autre qu’au plaisir de sa flamboyante compagnie. Je la connais, assez pour savoir qu’elle n’a pas totalement abandonné sa petite enquête – elle est têtue, au moins autant que moi. Alors s’il faut que j’use de mes charmes pour enterrer le sujet le plus profondément possible, ainsi soit-il et je ne vais pas me priver. Bien au contraire. Mon pouce trace l’ourlet inférieur de sa bouche qu’elle a entrouverte, spectacle captivant que je fixe avec une gourmandise impatiente. Je meurs d’envie de croquer dedans à pleines dents. « J'sais pas trop... Il paraît que tu possèdes certains talents alors je pourrais bien me laisser tenter. » Aussi vite qu’elle était redescendue suite à mon écart de toute à l’heure, la tension vient de remonter en flèche entre nos deux corps crépitant. J’arque un sourcil, ma voix similaire à un ronronnement de grand félin tandis que je me penche vers le fruit de mes convoitises. « C’est c’qu’on dit… » Ce serait mentir que de nier que je ne profite pas de mon petit effet, mais je ne suis pas le seul à manier les manettes. Telle la joueuse professionnelle qu’elle est, Nora sait parfaitement où se trouvent mes boutons. Sans arrêt, elle teste mes limites, elle tire la corde jusqu’à la tendre. Et de mon côté, je ne me fais pas prier pour me prendre à ce jeu engagé depuis déjà plusieurs années. Je la regarde s’éloigner à pas lents jusqu’à la piste de danse, un brasier dansant dans ses yeux ébène. Qu’est-ce qu’elle fabrique… La frustration due à la perte de contact me fait m’agiter un peu contre le comptoir tandis que mes dents attrape mon piercing pour le faire rouler dans un geste machinal. Quand elle atteint la lisière de la foule, la brune se met à onduler au rythme de la musique, ne manquant pas de mettre son magnifique corps en valeur par des mouvements des plus lascifs. Fuck. Comme si elle était seule dans la pièce, je ne la quitte pas une seconde des yeux – et même si je le voulais, détourner le regard me serrait bien impossible. Je suis hypnotisé par cette danse sensuelle qu’elle maîtrise jusqu’au bouts des ongles. De longues jambes fines gainées de jean, un fessier à damner un saint et cette fameuse moue mutine qui me fait frémir d’excitation. Comment ne pas apprécier le spectacle ? Mon corps ne tarde d’ailleurs pas à réagir alors qu’un flux de chaleur familier vire au sud et que le désir s’y accumule. Après des minutes qui ne me semblent n’avoir duré que quelques secondes, Nora finit par me rejoindre au bar, les yeux brillants de luxure et l’air décidé. Nos lèvres se scellent sans attendre, impatientes, affamées. Je fais abstraction de tout le reste, Andy déjà loin au fond de mon esprit ; seule compte Nora et la douceur de sa langue caressant la mienne dans un ballet endiablé. Il y a de la dureté dans ce baiser, je perçois sa rancœur et sa fierté entachée qu’elle brûle de reconquérir, le tout canalisé par des élans tendres au message étouffé. Passionnés. Elle est la première à briser le contact, ses joues rosées contrastant avec son regard grave. « Je t’aide si tu m’aides. Et on passe tous les deux une excellente soirée. » Je lorgne le demi-cachet coincé entre son pouce et son index, un petit dessin gravé sur sa surface bleutée. Ecstasy. Inutile de demander où elle s’en est procurée. Dans ce genre d’endroit, on en trouve à la pelle pourvu que l’on sache à qui demander. En temps normal, j’évite de toucher à ces merdes. Sans prétendre être un type clean – l’hôpital qui se fout de la charité, clairement – mais ce n’est pas chose aisée que de conserver un air intimidant et inaccessible avec un immense sourire collé aux lèvres. J’ai une réputation à tenir. Mais ce soir, aucune place n’est laissée à l’hésitation. Fais-moi perdre la raison, Nora. Je ne demande que ça. « Deal. » J’attrape le cachet et le pose sur ma langue avant de l’avaler en finissant le contenu de mon gobelet. La brûlure de l’alcool incolore me fait grimacer tandis que je repose le verre vide sur le comptoir et, de mes deux mains désormais libres, j’attrape Nora par la taille pour enfin clore cet espace qui me frustre de plus en plus. Mes doigts s’immiscent sous son top, retrouvant avec délice la courbe délicate de sa chute de reins. Prédatrices, mes lèvres s’emparent de nouveau des siennes pour y goûter le sucre et l’âpreté du tabac réunis en une saveur aussi exquise qu’elle est originale. Et puis je m’écarte, juste de quoi reprendre mon souffle et explorer sa joue, sa nuque. « Sympa ton petit numéro de danse. Tu m’apprends ? »

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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyMar 26 Déc - 15:17

Corde raide
Alexander & Nora
GASSED

Le brun reluque le cachet d’un air indéchiffrable. Se demande-t-il si je cherche à l’empoisonner ? Ou s’il s’agit d’un oubli temporaire pour ses angoisses ? Les deux propositions sont aussi vraies que trompeuses.
Et il choisit de saisir l’occasion.
Le farfadet s’enfouit dans le corps d’Alexander, commençant déjà à se désagréger dans une joyeuse effervescence. Un éclair d’étonnement me traverse, immédiatement suivi par un autre de plaisir. Jusqu’ici je n’étais pas certaine qu’il se laisse aller jusqu’à ce point, surtout après m’avoir rembarré aussi sèchement. Le fait qu’il accepte me prouve qu’il a au moins un peu confiance. Bien. Les festivités vont réellement pouvoir commencer. Et en premier lieu je tente d’oublier la blessure d’amour-propre que l’homme m’a infligé quelques minutes auparavant. Chose rendue plus aisée par le désir qui enfle précipitamment lorsqu’il me plaque contre lui, me brûlant de tout son être. Je cherche à anticiper chacune de ses respirations afin de calquer la mienne dessus. Je suis tellement concentrée que je ne vois pas arriver un nouveau baiser de sa part. J’émets un feulement  dans sa bouche que je pille sans fard et sans honte.
Je pourrais le déchirer en morceaux pour le dévorer.
Lorsqu’il rompt le contact j'halète avec l’impression de manquer d’air. J’inspire pourtant à grandes goulées pendant que ses murmures se déversent en frémissements le long de mon visage.
« Je pourrais mais j’ai bien peur que tu déclenches une émeute dans la basse-cours. » Je ris alors que mes yeux se posent sur les nénettes de tout à l’heure. Elles arborent maintenant une moue dépitée, identique à celle d’un enfant privé de dessert. Comme je les comprends…
J’enferme l’une de ses mains dans les miennes et l’entraîne à ma suite. Cette fois-ci nous nous trouvons au milieu d’une multitude de corps en mouvement aussi anonymes que la mer. Charitable, je laisse courir mes paumes jusqu'à ses hanches étroites, essayant de lui faire épouser un rythme plus lent, vaille que vaille. Hors du temps. L'accord est laborieux, puis devient évident.
Je l’observe au travers du rideau de mes cils. Les traits d’Alex s’incrustent dans mes rétines en poussant à l’extrême mon envie de lui. Lui qui ne possède que le masque craquelé d'une personnalité détachée et qui cache soigneusement derrière son ardeur. Justement ; c’est bien le chatoiement dans les fêlures qui m'attire, le mystère qui y miroite dans les failles. Telle une pionnière, je veux explorer chaque recoin sombre, cherchant à titiller les vices et laisser ce qui doit rester dérobé au regard extérieur sortir en pleine lumière. Je veux savoir et comprendre à qui j’ai affaire. J’dois être un peu barge sur les bords, fascinée comme je suis par l'ambigüité de la nature humaine. Même sous son pire éclairage.

Le mix sonore continu de se déverser autour de nous dans un enchaînement parfaitement rôdé. Mes neurones s’éteignent un à un laissant l’intégralité de mes sens aux commandes. Je perds la notion du temps, uniquement préoccupée par le contact que j’entretiens avec mon partenaire. Frôlements. Caresses. Pressions. Ma respiration s'est faite cadencée. Accélère encore lorsque nous jouons à esquiver méthodiquement nos lèvres. De délicieuses et frustrantes images parsèment ce qui me reste d’esprit.
Dominer d'en haut, un corps chaud blottis entre les cuisses. Donner le rythme en accélérant la cadence avant de revenir à un tempo lascif. Habilement, mes doigts qui s'insinuent sur la boucle de sa ceinture, font sauter le bouton et la fermeture éclair, histoire de donner un peu plus de liberté de mouvement à sa virilité. Je pars à l'assaut du corps d'albâtre, à coup de dents et de griffes. Mes doigts s'agrippent aux cheveux fous dans sa nuque tandis que ma langue parcoure le pourtour de sa bouche, lui demandant le droit d'entrer qu'il m'accorde de bonne grâce. C’est foutrement délicieux de se fondre ainsi en quelqu'un. Je colle ma poitrine à la sienne, la laissant se durcir dans une sublime excitation…

Les minutes s’égrènent à toute vitesse et le dernier artiste fini par prendre place derrière ses tables de mixage. La foule, bien que progressivement clairsemée, nous a mis à l’écart, tout contre un mur caché par la pénombre. Sous mes omoplates brûlants la pierre est gelée et ajoute un millier d’options aux scénarios indécents qui défilent dans ma tête.
Du coin de l'œil j'avise des petits groupes de personnes en train d'évacuer les lieux.
« On dirait qu’il va bientôt falloir bouger. » lui fais-je en plantant mes prunelles troublées dans les siennes.
Cette phrase sonne creux. Je veux pas le lâcher avant d’avoir obtenu délivrance.



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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyMer 10 Jan - 0:20

Corde raide
Nora & Alexander
NOTHING ELSE

Je veux arrêter de réfléchir, retrouver cet état d’indifférence familier dans lequel je suis le seul maître à bord.  Retrouver le contrôle. Mais qui aurait cru qu’un tel contrôle passerait par l’abandon pur et simple ? C’est un pari que je veux tenter, je me fous pas mal des conséquences. C’est pourquoi je résiste à peine lorsque Nora m’entraîne à sa suite, purement pour la forme. Je troque ma réticence habituelle pour une confiance toute nouvelle accordée à celle qui serait capable de m’aider dans mes desseins. On fend la foule jusqu’à trouver un espace libre et pendant quelques secondes je me sens comme un con, planté au milieu de la piste de danse surpeuplée, incapable de faire autre chose que de taper du pied en un rythme hésitant. Je danse pas, jamais. C’est beaucoup trop loin de ma zone de confort – que j’aime pourtant croire étendue. Heureusement, grâce à la proximité de Nora et son contact sur mes hanches, additionnés à la pilule récemment avalée qui ne tarde pas à faire effet, mes inhibitions sont très vites envolées. Ce n’est plus une boîte étouffante pleine à craquer de gens au jugement facile, véritable cage aux lions, la piste de danse m’apparaît soudain comme un environnement des plus naturels où je n’ai plus à me soucier de rien. La musique assourdissante finit même par chasser tout à fait la tension qui raidit mes épaules depuis des semaines. Tous mes sens en éveil, comme si mon corps venait d’atteindre enfin ses pleines capacités, je me sens léger. Prêt à tout. Tandis que la majeure partie de mon cerveau semble totalement anesthésiée par le mélange chimique, l’autre consacre une attention démesurée au corps de Nora qui ondule contre le mien. Je ne pense plus à rien, ou plutôt si, je pense à tout – ça défile très vite dans ma tête – mais tout finit par se concentrer sur elle. Elle danse, toute en souplesse et lascivité, ses mains guidant mes hanches jusqu’à l’accord parfait de deux êtres brûlants, vibrant à l’unisson au milieu d’un océan de chairs anonymes. Je l’observe, féline derrière sa frange indomptée, radiante de cette confiance impertinente et de liberté naturellement assumée qui l’enveloppent dans un halo coloré. Un mélange incroyablement sexy qui ne manque pas de déclencher une nouvelle vague de désir au niveau de mon bas-ventre. Le fameux demi-sourire revient retrousser le coin de mes lèvres lorsque mes yeux croisent ses pupilles dilatées, presque invisibles au centre de ses iris d’obsidienne, et puis c’est ma respiration qui s’accélère lorsque les frottements et caresses se font plus appuyées. Cette femme va me rendre dingue. À moins que ce ne soit déjà le cas. Nos souffles saccadés résonnent et se mélangent, indiscernables et chauds sur nos lèvres entrouvertes. Elles se cherchent, se retrouvent brièvement pour mieux s’éloigner, facétieuses. Le jeu est taquin, les peaux embrasées. Les regards se font fiévreux, les gestes sensuels. Nous sommes seuls au monde au milieu de cette foule compacte. Le temps a perdu toute emprise.

J’ignore combien de minutes ou d’heures se sont écoulées, ce genre de préoccupations bien trop insignifiant pour ceux qui se perdent dans les étoiles. La fraicheur du mur contre lequel je suis appuyé est incapable de faire baisser la température de ma peau, et ce malgré la matière légère de mon simple t-shirt noir. « On dirait qu’il va bientôt falloir bouger. » Je suis le regard de la brune, constatant que la salle commence effectivement à se vider. « Et moi qui commençait à apprécier l’endroit… » Mensonges, de toute évidence. Je n’ai pas prêté la moindre attention aux musiques crachées par les enceintes et encore moins aux différents DJs derrière les platines. Des détails qui n’ont pas intéressé grand monde ce soir non plus, j’en suis persuadé. Et bien que je n’aurais pas refusé des prolongations avec Nora, la vérité c’est que je commence à être foutrement à l’étroit dans mon jean. « Un after au 601 Collingwood Street, ça te dit ? »

Une fois dehors et après avoir récupéré nos affaires au vestiaire, je m’écarte de quelques pas de l’entrée puis attire Nora à moi en crochetant mes doigts dans les passants de son jean. Chaque fibre de mon être la réclame, là, tout de suite, mais la délivrance doit encore attendre un peu alors je me contente de ronger mon frein tandis que des images toutes plus frustrantes les unes que les autres défilent dans mon esprit en hyperactivité. Bordel. Un passage de langue vient humecter mes lèvres tandis que mes deux mains trouvent le chemin des poches arrière de la jolie brune. J’y exerce une brève pression avant de me retirer, ses clés de scooter coincées fièrement entre l’index et le majeur. « Je conduis. » Nos lèvres se frôlent et je souris, espiègle. Puis je m’éloigne en faisant quelques pas en arrière, mes yeux pleins de promesses ne quittant jamais les siens, avant de rejoindre le véhicule qui nous attend sagement à quelques mètres de là.

Malgré l’alcool et la drogue encore bien présents dans mes veines, je parviens à nous amener sains et saufs au pied de mon immeuble où je gare le vieux scooter. C’est pas impossible que j’ai pris des raccourcis et grillé quelques feux sur le trajet, en revanche, mais prendre les dos-d’âne sans ralentir pour entendre les petits cris surpris de Nora derrière mon épaule valent bien un ou deux excès de vitesse. J’avise le haut du bâtiment, pestant intérieurement contre mon appartement sous les toits et les quelques minutes d’ascenseur nécessaires avant d’y parvenir. For fuck’s sake, ça risque d’être les plus longues minutes de ma vie.

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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyMer 17 Jan - 22:44

Corde raide
Alexander & Nora
BURN WITH ME

Sa voix chaude se répand entre nous comme une sonate bienvenue. Le léger retroussement du coin de mes lèvres se relève franchement, et un sourire de ravissement fleuri sur mon visage. J’suis incapable de le contenir même avec la plus grande volonté. La perspective de nous échouer chez lui m’excite, et affûte encore ma perception de sa présence.
« Seulement si tu me promets de pas laisser entrer Salem dans la même pièce. La dernière fois il a pissé sur mes chaussures ce p’tit con je te rappelle… »
Soit disant que môsieur voulait marquer son territoire. Plutôt se payer ma tête, ouais… Entre le gremlins de chat d’Alex et moi c’est clairement pas le grand amour. Les félins me mettent mal à l’aise avec leur imprévisibilité maladive et moi je leurs fous la trouille, ce qui ne fait pas bon mélange.
Mais en dépit de cette fichue boule de poils j’ai vraiment envie de trouver un coin tranquille pour arracher les vêtements du beau brun qui m’entraîne dehors.
J’ai à peine le temps d’enfiler ma veste qu’il se rapproche d'une manière indécente, comme seuls les amants savent si bien le faire. Je veux croquer dans l’ourlet de ses lèvres paraissant si tendres et veloutées. Appétissantes. J'ai lu quelque part que le désir de manger quelqu'un traduit une preuve d'amour. Le problème, c'est que - considérant l'individu dont il s'agit - j'aurais tôt fait de le régurgiter ensuite...
Parce qu’Alex m'emmène toujours dans les deux extrêmes des variations sentimentales. Il virevolte d'un bout à l'autre de la balance, jouant les équilibristes sur la corde raide. Semblant se repaître du vacillement incessant qu'il engendre dans les cœurs qui croisent son chemin.
Le problème, ou bénédiction selon le point de vue, est bien que le solitaire ait buté sur un feu intérieur identique au sien. Souffreteux et incertain, continuant pourtant à brûler vaille que vaille, laissant parfois échapper une fumée noire et toxique dans les âmes. Tous les deux bornés, butés, il nous est impossible de rester loin l'un de l'autre bien longtemps. Comme si un lien irrépressible nous rapprochait dans un improbable et hautement inflammable duo.
Alors qu’une inspiration seulement nous sépare je ne prête pas attention à la température ayant sensiblement baissé qui tourbillonne autour de nous et qui me fait frissonner. Je ne m’occupe que de son corps tout en muscles longilignes pressé contre le mien. Il prend toute la place, entre la fraîcheur de l’air et la brûlure hargneuse de nos envies.
« T’as pas intérêt à nous crasher. »
C’est tout ce que je trouve à répondre dans un hochement de tête qui pousse au défi. Même pas peur. Je lance une jambe pour m’asseoir derrière lui le plus naturellement du monde. Je l’enserre à peine de mes bras malgré la vitesse et les zigzags dans la circulation. J’ai trop peur d’avoir des mains terriblement baladeuses qui le déconcentrent. Je me concède juste à enfouir le bout du nez dans son blouson qui m’emplit de son odeur si particulière de musc et de tabac. Une fragrance de mâle qui ne contribue en aucun cas à diminuer la crampe brûlante, constante, de mon bas-ventre.
Des cris surpris, lorsque je sens mes fesses quitter la selle, filent sous mon palais. Ils se perdent dans le vent, les faisant davantage ressembler à des gémissements. Me font resserrer mon emprise contre son large dos.
Le trajet dure un siècle.
On déboule finalement dans l’entrée de son immeuble. Diablement pressés. L’ascenseur descend trop lentement. Je me retourne vers lui, guidée par l’éclat bleuté de ses prunelles qui se reflètent dans la semi-pénombre, et glisse ma main jusque dans sa nuque. Mes lèvres s’appliquent une nouvelle fois sur les siennes, avec force, presque brutale. Y a que le désir. Y a que son corps contre le mien et sa langue.
Les portes glissent bruyamment dans leurs rails.
On s’interrompt net et nous engouffrons dans le minuscule espace branlant sous les cahots des câbles. Mes nerfs sont tellement tendus qu’ils font paraître ma peau trop petite pour me contenir entière.
Chaque seconde s’allonge.
Chaque inspiration est tremblante.
J’ai faim de lui.
« Ouvre putain… » Le soupir est sans équivoque alors qu’Alex tourne fébrilement la clef dans sa serrure. Je ne pense même plus à Salem qui nous observe placidement depuis le rebord d’une fenêtre. Puis je l’embrasse enfin. Enfin. Avec une tendresse pressante. Avec une timidité sous-jacente. Sans le toucher, unis par le seul point de jonction que forment nos lèvres. Un pont jeté par-dessus tous les fossés qui peuvent nous séparer. Alex a le goût du miel et des promesses. Le goût amer de la vodka et des meurtrissures. Je frôle sa langue doucement, comme si les secondes qui s’envolent pouvaient durer aussi longtemps qu’on le souhaiterait. La faim est toujours là, mais gronde sourdement, apaisée par ce contact longtemps anticipé.
Ses yeux croisent les miens, et je peux constater qu'ils brillent intensément, se rapprochant davantage d'une nuit tombante que du bleu clair. Je le regarde avec fièvre, au bord du gouffre, la peau dressée dans une chaire de poule insupportable. Galvanisée par les hormones je m'empresse de tirer sur son Tshirt, à deux doigts de le déchirer et de partir à l'assaut final de sa boucle de ceinture et du bouton de jeans.





Dernière édition par Nora Barlowe le Mar 13 Fév - 18:15, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyVen 9 Fév - 15:45

Corde raide
Nora & Alexander
HEAVEN KNOWS

Le trajet dure une éternité. Le fantôme des douces lèvres de Nora encore bien présent sur ma bouche, peau brûlante. Avide. La puissance écrasante de nos désirs semble prendre toute la place dans cette cabine étroite, et il me faut rassembler chaque parcelle de ma volonté dilettante pour ne pas céder et lui sauter dessus ici et maintenant. Les secondes s’égrènent trop lentement, une véritable torture. Et ça s’étire, encore et encore. J’entends les pulsations irrégulières de mon palpitant qui résonnent dans mes tympans, anticipant avec impatience l’ouverture des portes coulissantes. Les soupirs sont unanimes et soulagés lorsqu’on déboule enfin hors de l’ascenseur. J’aurais pas pu tenir plus longtemps. Devant la porte de mon appartement, je m’empresse de sortir mon trousseau de clés mais les gestes sont fébriles et je dois m’y reprendre à deux fois avant d’arriver à mes fins. « Ouvre putain… » Presque un gémissement, sa voix suppliante me donne presque envie de ralentir pour en apprécier le son, mais clairement, elle et moi avons dépassé le stade de ce genre de petits jeux. Tous mes muscles sont tendus à éclater.

Sacs et clés s’écrasent bruyamment sur le parquet à peine la porte refermée, et soudain c’est le silence. Tels deux aimants opposés, nos lèvres se retrouvent enfin dans un lent ballet où dansent tendresse et passion. Feu et glace. Aucune vision dérangeante ne pourrait nous interrompre cette fois-ci. Il n’y a plus qu’elle et moi. Nos langues se caressent doucement, comme si elles se découvraient pour la première fois, presque chastes. De quoi engourdir la fièvre qui brûle dans mon entre-jambes. Elle a le goût du danger et de l’imprévisible, mais aussi de l’addiction familière, de celles qu’on chasse sans relâche pour une dose de plaisir éphémère. C’est une drogue, Nora. À croire qu’à force de tant les aimer, elle en est devenue une elle-même. Un charme délicieux qui m’attire dans ses filets sans même que je n’oppose de résistance, je plie de bonne grâce afin d’obtenir délivrance le temps d’un instant. La quête des plaisirs pour remplacer celle du bonheur, trop fumeuse. Une belle ironie, quand on y pense. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale tandis que, n’y tenant plus, mes mains viennent saisir la taille fine de la brune. La chair de poule s’étale sous mes doigts qui s’aventurent dans son dos, explorant les creux charnus et les bosses osseuses. Nos yeux se croisent, ardents, le temps d’une respiration essoufflée. Ses obsidiennes brillent d’une lueur luxurieuse que je connais bien mais qui ne perd jamais de son effet ; un de ces regards capables d’embraser chaque centimètre carré de mon épiderme. Dans un mouvement empressé, réticent à m’éloigner trop longtemps, je profite de ces quelques secondes de battement pour retirer le perfecto qui entrave mes mouvements, laissant négligemment tomber le blouson au sol. Aidé de Nora dont les doigts impatients viennent de se refermer sur mon t-shirt, le second vêtement ne tarde pas à suivre le même chemin. « Saute. » Je me penche légèrement et mes mains viennent soutenir ses cuisses alors que la jeune femme s’exécute, venant enrouler ses jambes autour de ma taille. Cette proximité nouvelle me fait pousser un grognement impossible à retenir qui vient mourir entre nos souffles mêlés. Sans perdre plus de temps, je parcours le salon en esquivant les meubles et nous emmène jusque dans la chambre, même si mon cerveau lubrique se serait contenté de la cuisine. Des images peu orthodoxes de corps en ébullition, affalés sur l’îlot central débarrassé à la va-vite, traversent la brume qu’est devenue mon esprit. Mains qui caressent, ongles qui griffent, langue qui embrase. Des songes qui ne font rien pour soulager le renflement bien présent dans mon jean déjà si serré qu’il me fait une deuxième peau. C’est l’effet Barlowe.

Mais plutôt que le matelas visé, c’est un mur adjacent qui intercepte notre course. J’ai vaguement conscience de la chute d’un objet posé sur une étagère à ma gauche, bien que toute mon attention soit captée par la bouche de ma partenaire. Désir et passion rampant dans mes veines, je l’aide à se débarrasser de son top, révélant sa poitrine naturellement bronzée qu’aucun soutien-gorge ne viendrait cacher. Le spectacle de sa nudité fait naître un râle impudique au fond de ma gorge alors que mes lèvres trouvent la chaleur de sa nuque, y laissant une traînée humide jusque sa clavicule. « Tu vas me rendre complètement dingue, Barlowe. » Et j’en réclame encore. Jamais rassasié. Parce que flirter avec le danger, jouer les pirates sans peurs qui se balancent au-dessus du vide et se foutent des limites, c’est bien ça qui me fait me sentir vivant.

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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyMar 13 Fév - 18:17

Corde raide
Alexander & Nora
U.R.A FEVER

Alex sourit comme un fauve aux yeux étincelants. C'est beau. Dangereusement beau. Et on se pose toujours la question de savoir quand il va se ramasser sur lui-même pour vous bondir dessus et vous mettre en pièces. Tous mes nerfs vibrent d’une envie furieuse. Encore plus lorsqu'il s'appuie davantage contre mon corps impatient, transformant notre étreinte en brasier pétillant. Je le ressens partout à la fois et me perds dans les sensations de sa peau nue sous la mienne. Elle est parcourue de courbes encrées qui se tordent et ondulent, tranchant avec l’éclat d’ivoire qui en constitue la toile.
J’obéis à son injonction, incapable d’y trouver à redire. Mon palpitant est en surrégime. Vrombit lorsque j'enroule mes cuisses autour de ses hanches étroites, plus vilaine fille que jamais. Un rire file entre nous alors qu’il nous emmène jusqu’à son pieu. Autant dire que là tout de suite, le parquet ne m’aurait point dérangé.
Mais un mur nous arrête, aussi trivial qu’il puisse être. Les ailes de mes omoplates s’égratignent contre la paroi avec délice. Les derniers vides nous séparant s’évaporent, et méticuleusement je fais passer mon haut par dessus la tête avec l’aide empressée d’Alex. Ses prunelles s’attardent sur ma poitrine nue et je n’essaie pas de l’arrêter. Pas plus que l'assaut de sa bouche dans la chaleur de mon cou, qui y trace une ligne crépitante.
Sa voix rauque résonne jusque dans mes os.
« T’es déjà cinglé Black. »
Et c’est la fin.
Je le repousse nerveusement jusqu’à ce que la plante de mes pieds touche le sol, et aussitôt mes mains s’agitent. Un bouton. Puis la fermeture éclair qui glisse. Les tissus qui se détendent avant de tomber au sol. Et en dessous de ces minces couches rien d'autre que... lui. Mon jean suit le même chemin, avec la dentelle qu’il dissimule. J’accroche son regard alors que mes doigts jouent avec le sachet brillant d’un préservatif dûment extrait d’une poche de pantalon. Provocante, je me rassasie de ces ultimes secondes enflammées. Elles ne durent pas longtemps.
J’appose encore et encore la pulpe de mes lèvres pour bâillonner les siennes pendant que le latex s’étire sur lui. Mes remparts sont balayés comme de la paille. On se retrouve au milieu d’un tourbillon de folie douce mâtiné d'attirance irrationnelle. C’est ardent et brutal, comme un soleil en fusion. Ses grandes mains caressent tous mes membres, s'infiltrent partout. Me voilà Nora la sauvage, aux lèvres gonflées, aux doigts crispés, au souffle court et à la colonne cambrée pour mieux accueillir l’homme.
Nos deux corps s’effondrent sur la fraîcheur du sol, dédaignant toute pudeur. Le silence est uniquement troublé de nos respirations saccadées, des halètements bestiaux, des soupirs incontrôlés. C'est une mélodie impétueuse qui sonne juste à mes oreilles. Une mélodie qui me décide enfin à enserrer Alex entre mes cuisses. Une mélodie qui redouble d'intensité lorsque je le sens se dresser en moi tandis que ses paumes m'empoignent furieusement les hanches. Mes membres sont parcourus de spasmes délicieux alors que mes ongles se crispent sur ses muscles qui roulent et se déroulent. C'est rapide et précis. Impulsif. Pile ce dont mes nerfs ont besoin pour exorciser toute tension. Je chuchote son prénom dans des râles ténus, ou peut-être le mien, je n’sais plus. Mes mains parcourent ses avant-bras, son dos, sa nuque dans des papillonnements frénétiques.
On valse quelques minutes ou quelques heures, j’me rends plus compte de rien, jusqu'au point presque culminant dont la violence m'échappe dans un cri de plaisir. Le visage d’Alex danse devant moi, tour à tour innocent vautré dans le plaisir ou bien affichant un masque d’une mutinerie cruelle. Il est beau dans l’effort avec la soie noir de ses cheveux qui lui tombe dans les yeux. Il est beau sous la lumière blafarde des lampadaires qui fait ressembler son épiderme à un jeu d’ombres chinoises fantastiques. Je voudrais danser ainsi pendant de longs instants, mais déjà les premières vagues de plaisir se font de plus en plus intenses. La faute à ce trajet interminable et ce minuscule ascenseur. La faute à ce type indécemment sexy. La faute à la came qui allume tous les voyants au vert.
La petite mort vient me saisir avec fougue alors que je hurle pour me déposséder de cet irrépressible tsunami brûlant.




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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyVen 23 Mar - 15:10

Corde raide
Nora & Alexander
MAKE A SHADOW

Tout s’accélère soudain. Les cœurs, les gestes. Ils sont empressés, affamés, comme si le moindre contact interrompu pouvait tout arrêter. Les tissus s’échouent à terre et je lâche un soupir de plaisir, enfin libéré de la prison de mon jean. Je retrouve la bouche de Nora avec avidité, un aimant contre lequel il est impossible de lutter. Lèvres délicieuses qui cueillent le sifflement s’échappant d’entre mes dents serrées lorsque je sens ses doigts experts étirer le préservatif sur mon entrejambe dressé. Lentement, bien trop lentement. Elle me provoque, profite jusqu’au bout de son effet, menaçant de me pousser au bord du précipice tandis que je m’accroche à ses lèvres et les mordille fiévreusement pour ne pas basculer. Les corps sont tendus par l’impatience, brûlants de cette anticipation dévorante et délectable qui saccade nos souffles. Mes mains ne la quitte pas un instant, pas même lorsque nos corps s’effondrent au sol sans pudeur aucune, dénigrant le matelas. J’ai besoin de la sentir partout, chaque centimètre de sa peau contre moi, d’en explorer chaque creux et chaque bosse comme si je le découvrais pour la première fois. Ah Nora. Douce Nora, sauvage Nora. Je ne me lasserai jamais de toi.  
Les corps roulent et se cambrent, s’unissent dans un cri soupiré à l’unisson, entament cette danse endiablée qui les ramène aux bases de leur humanité. Ce genre de tango seulement guidé par les sens primitifs ayant remplacés au volant les neurones engourdis. C’est si bon de se perdre ainsi en quelqu’un, de ne plus penser à rien. Contempler d’en bas un spectacle qui, à lui seul, serait capable de me faire perdre pied si je n’inversais pas les rôles. J’impose le rythme, rapide et précis, trop confiant pour laisser à la came le privilège de la maladresse, tandis que nos bassins s’éloignent pour mieux se retrouver, accordés et sans fausse note. Les mains caressent, papillonnent dans tous les sens, étreignent pour mieux s’accrocher. Mes lèvres entrouvertes viennent capturer les gémissements de Nora, me repaissant de ces-derniers comme d’un met délicieux. Cette bouche dont j’aime tant mordiller le délicat ourlet, bouche mutine aussi joueuse qu’elle est capricieuse. Sublime attraction. Les vagues de plaisirs se font plus intenses alors que les minutes s’égrènent autours de nous, accélèrent lorsque mon prénom s’échappe d’entre ses lèvres parmi les souffles agités. Je lui réponds, je crois. Comment savoir dans ce brouillard qui obscurcie mon esprit mais acère mes sens ? Les gestes se font déjà moins vigoureux, épuisés par cette course à la délivrance qui bientôt touche à sa fin. Ma respiration est haletante, je sens une goutte de sueur perler le long de ma tempe dans un ultime effort. Et puis le nirvana. Le cri de Nora et son corps qui se tend comme un arc, le mien qui ne tarde pas à la rejoindre au sommet, tout là-haut. Des ondes d'extase indécentes qui irradient mon bas-ventre dans une sensation horriblement délicieuse. Brûlure merveilleuse. Une explosion au creux de mes reins que j’exhale dans un râle bestial. Libération.

Incapable de faire supporter mon poids à des membres rendus tremblants, je m’effondre et mon visage s’enterre brièvement dans le creux du cou de la femme avant que je ne roule sur le côté, pantelant et vidé. J’aimerais rester ainsi longtemps, vautré sans modestie dans la lasciveté d’après baise, sans plus de bruit que le son de nos respirations. Je n’pense plus à rien. Enfin. La tempête s’est apaisée. Mes paupières vont même jusqu’à se fermer quelques secondes, appréciant ce bien-être tout nouveau que les dernières semaines m’avaient retirées. Pour la première fois depuis longtemps, j’me sens bien. C’est étrange comme sensation. Mais je sais qu’elle est éphémère, comme tout le reste, d’ailleurs je la sens déjà s’évaporer entre mes doigts, insaisissable… Non, reste un peu. Je me redresse sans prévenir, tendant le bras pour attraper le paquet rectangulaire tombé à terre en même temps que mes fringues.  J’en sors un briquet argenté et deux clopes, la première venant trouver refuge entre mes lèvres, la seconde proposée à celle qui partage mon addiction à la douce nicotine. Les bâtons de mort rapidement allumés et le préservatif jeté, je me rallonge sur le dos en expirant la fumée grise dans un long soupir d’aise. Nora fait de même, quelques mèches de ses cheveux venant chatouiller mon nez lorsque je tourne la tête pour l’observer. Elle est belle avec ses joues légèrement rosées, beauté simplement couverte des ombres que la lumière tamisée des lampadaires fait jouer sur sa peau bronzée. « Tu sens bon le sexe, Miss Barlowe. » ronronné-je en déposant un chaste baiser sur la courbe de son épaule dénudée.

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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyLun 9 Avr - 15:38

Corde raide
Alexander & Nora
SOLDIER

J’ai le corps secoué par les frissons et chacune de mes terminaisons nerveuses s’alanguissent soudainement. J’me sens plus détendue qu’après un joint.
Je clos les paupières alors qu’Alex s’étend à même le sol dont la fraîcheur nous procure une pente douce pour redescendre des hauts sommets de nos corps en ébullition. Nos peaux encore à vif se frôlent doucement, presque avec tendresse. J’sens sa respiration qui me chatouille la clavicule lorsqu’il se love dans la courbe de mon cou. Un sourire m’étire paresseusement les lèvres. J’ai pas vraiment sommeil à cause du farfadet. J’ai pas non plus envie de bouger trop vite.
Va bien falloir pourtant. La parenthèse est terminée. On a chacun eu ce qu’on voulait avec le ténébreux tatoueur : un corps à corps enflammé comme exutoire. J’suis étonnamment calme, étourdie par les endorphines. Dans l’idéal j’voudrais encore profiter un peu de la chaleur d’Alex. De sa présence. Juste que je n’me retrouve pas toute seule. Pas tout de suite.
Faut croire qu’il m’entend parce qu’il nous allume deux garos comme un magicien. L’instant s’éternise donc encore un peu en grappillant les ultimes mesures. La fumée s’élève en spirales jusqu’au plafond. J’m’imagine le sang charrié dans mes veines faire de même.
Ma température baisse rapidement et j’suis obligée d’entremêler mes jambes aux siennes. Lui me regarde avec malice avant d’attaquer en douceur. Ses prunelles miroitent plein phares vers moi et j’remarque que leurs centres en mangent encore une bonne partie. J’ondule lorsqu’il plante ses lèvres contre moi. Jamais rassasiée.
« T’hallucines Black, t’es perché… » J’me tourne vers lui en venant coller mon ventre à sa hanche. Nos nez sont tellement proches qu’on doit se partager l’oxygène entre nous. « Mais j’aime bien. J’me souviens pas que t’ai déjà accepté taper avec moi. On s’rebelle contre ses principes ? »
J’murmure presque. Tout ce que je balance est absolument vrai. Alex a jamais été aussi attractif que quand il lâche prise. Sur ses traits y a plus qu’une douce indolence qui s’affiche. L’expression contrariée qui l’habillait jusqu’à présent a totalement disparue.
J’suis pas peu fière de mon exploit.

Nos cigarettes finissent par s’éteindre et je me lève à regret à la recherche d’un cendrier. J’me dis que la fin est là, inévitable. Va falloir que j’le laisse ici et que j’retourne entre mes quatre murs. Fais chier.
Je mets enfin la main sur un cendar. J’vais pour m’en emparer victorieusement  quand deux yeux luminescents s’ouvrent juste derrière l’objet. Le hurlement qui s’ensuit est strident.
« PUTAIIIIIN ! » Salem me regarde fixement sans aucune aménité, la queue s’agitant dans son dos. Son air canaille est plus vaillant que jamais. Il tourne les pattes sans autre forme d’amabilité et disparait du plan de travail.
« J’t’avais dis de l’enfermer ! » je grommèle histoire de, parce qu’on sait très bien tous les deux que l’animal était le dernier de nos soucis quand on a fracassé la porte d’entrée. Mais j’ai quand même sacrément envie de foutre au bûcher son sale matou. « Il a un truc contre moi, j’en suis sûre ! »
J’ai l’palpitant encore affolé et les côtes qui tressautent. J’me force à calmer le système et, dénuée d’une quelconque gêne, je reviens m’asseoir à côté d’Alex dans mon plus simple appareil. J’pose mon menton sur les genoux ramenés contre ma poitrine et le fixe avec une expression pensive.
« Tu t’lèves tôt demain ? »
J’ai pas envie de partir. Mais j’ai pas non plus envie de lui demander explicitement.
La partie reprend encore une fois. Inlassablement.


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MessageSujet: Re: Corde raide    Corde raide  EmptyDim 22 Avr - 21:34

Corde raide
Nora & Alexander
MANIAC

Constater la facilité avec laquelle son corps réagit à mes caresses, observer le frisson qui parcourt parfois son épiderme lorsque j’y pose les lèvres, j’crois que c’est ce que je préfère. Peu importe le nombre de parties jouées et de danses endiablées, c’est une sensation dont je ne me lasserai probablement jamais. « T’hallucines Black, t’es perché… » « J’croyais que ce fait avait déjà été établi ? » Je lui réponds du tac-au-tac, arquant un sourcil amusé à l’allusion d’une conversation partagée un peu plus tôt dans la soirée. Réduisant les derniers centimètres nous séparant, Nora se presse contre mon flanc et je baisse les yeux pour les planter dans les siens. Les jeux de lumière des lampadaires font briller ses obsidiennes de façon fascinante. « Mais j’aime bien. J’me souviens pas que t’ai déjà accepté taper avec moi. On s’rebelle contre ses principes ? » Un sourire m’étire paresseusement les lèvres tandis que j’exhale un nuage de volutes grises. « P’t-être bien… » Elle n’a pas tort, ce n’est pas dans mes habitudes que de faire traîner les choses une fois satisfaction obtenue. Je ne m’attarde que rarement, ne passant la nuit qu’en cas de gueule de bois ingérable et pliant bagage à peine le soleil levé, retrouvant ma liberté. Ce ne sont que de brefs épisodes, des parenthèses agréables. Et puis ça me permet de couper l’herbe sous le pied de celles qui se sentiraient l’âme romantique, malgré mes avertissements.  
Même avec Nora, on ne s’éternise pas. Ça se termine comme ça a commencé, jusqu’à la prochaine fois. Mais ce soir… J’sais pas. La faute à la came, à la vodka, à une fameuse blonde… La faute à ce puissant cocktail qui m’embrouille l’esprit et engourdie mes neurones. J’ai même pas envie de bouger le moindre muscle. J’aimerais figer cet instant, rester dans cette bulle hors du temps. Son corps chaud contre le mien, nos jambes négligemment entremêlées… C’est nouveau. Et pour reprendre les simples mots de la brune… J’aime bien.

Ultime bouffée. La fumée qui s’évapore en montant tranquillement vers le plafond. Nora se lève et je réprime un grognement plaintif en réaction à la soudaine perte de chaleur. Mon mégot qui finit de se consumer encore au bec, je ne me gêne pas pour poser un regard gourmand et appréciateur sur la jeune femme avant qu’elle ne quitte la pièce. Lorsqu’elle a disparu de mon champ de vision, je me redresse sur mes coudes puis tends le bras pour écraser ma clope directement dans la poubelle située sous mon grand bureau où s’empilent bouquins et matériel de dessin. J’devrais peut-être songer à mettre de l’ordre là dedans un de ces jours. Un hurlement strident résonne soudain dans tout l’appart’, réveillant probablement les voisins au passage, et je sursaute malgré moi. L’injure qui suit en revanche a le mérite de me faire tout de suite comprendre la situation, tout comme les pattes de Salem que j’entends trottiner sur le parquet. J’éclate de rire en retombant en arrière, un bras sous la nuque tel un oreiller de fortune. Ça n’a jamais été le grand amour entre Nora et le petit chat noir et blanc, pour une raison inconnue. Moi, ça me fait plus rire qu’autre chose tant leur petite gue-guerre me paraît exagérée. Salem n’a jamais fait de mal à une mouche, et puis sincèrement, comment ne pas craquer devant cette boule de poils ? Un rictus moqueur vient étier mes lèvres tandis que la brune fait sont retour dans ma piaule, l’air contrarié. « Tu peux arrêter ta vendetta contre mon chat, s’il-te-plaît ? Tu vas le traumatiser, le pauvre. » Je ne la quitte pas des yeux lorsqu’elle s’assied devant moi, le menton posé sur ses genoux pliés, pensive. Elle semble étonnamment vulnérable dans cette position. « Tu t’lèves tôt demain ? » On est quel jour déjà ? Je fronce les sourcils en fixant le vide, essayant de me remémorer mon emploi du temps. Samedi. Et donc grosse journée. « Le salon ouvre à dix heures… Donc grasse mat’. » Je n’essaye même pas de masquer le sarcasme qui dégouline de ces trois mots. Même si je le voulais, mon cerveau refuse de rester en veille plus de six heures d’affilées au max, j’ai pas dormi complètement sereinement depuis un bail. Mon regard retombe sur Nora et sa frange décoiffée qui lui tombe devant les yeux comme un rideau mystérieux. Les deux billes d’ébènes semblent pouvoir lire dans mon âme comme dans un livre ouvert. Je sais qu’elle creuse, qu’elle essaye de voir à travers l’armure si soigneusement polie. Téméraire. « Mais… » Je laisse ma phrase en suspend et me redresse sur mes genoux repliés, maintenant assez près de Nora pour sentir son souffle sur ma peau. Le mouvement un peu trop rapide fait naître quelques étoiles dans mon champ de vision. Je tends une main, effleurant doucement l’ourlet de sa jolie bouche. « J’ai pas très envie de finir la nuit seul, pour être honnête. » J’aurais pu simplement dire que j’étais pas fatigué, voir même que j’avais envie d’une nouvelle partie. Mais non. C’est sorti tout seul, sans filtre. Putain mais qu’est-ce que je fous ? Encore un coup de la came ? J’sais pas, j’ai le cœur qui bat un peu trop vite tout à coup. Alors pour éviter de sortir une autre connerie du genre, je réduis encore la distance et appose mes lèvres sur les siennes. Je l’embrasse d’abord comme un écolier hésitant, craignant la fausse note, et puis je retrouve ma confiance lorsque Nora me répond de bonne grâce. Frisson électrique et familier. Délicieux. La température ne tarde pas à remonter au fur et à mesure que les gestes s’accélèrent, fiévreux. Sans briser le contact de mes lèvres ou de mes mains de chaque côté de sa nuque, je me redresse et l’entraîne vers le haut en position debout. Quelques pas et nos corps s’échouent sur les draps de mon lit défait. Entre deux baisers, ma voix n’est plus qu’un souffle. « Reste ? »

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