Emmène moi voir les étoiles. Ce soir mon cœur est en joie et mes yeux se régalent devant un spectacle d'une incroyable beauté. Les yeux rivés vers le ciel, un sourire étire doucement mes lèvres alors que mon âme d'enfant ne peut s'empêcher intérieurement d'imploser devant ses milles et une couleurs qui explosent et colorent le ciel d'une obscurité profonde. C'est magnifique. Je souffle, les lèvres entre ouvertes. A l'intérieur de ma poitrine, mon cœur bondit à chaque explosion alors que l'admiration commence peu à peu à échanger sa place avec la nostalgie, voir même un brin de tristesse quand je repenses à vous qui êtes la haut. Pourquoi faut-il que tout se rapporte à vous, mes deux anges gardiens?

Je suis sûr que de la haut, le spectacle doit être encore plus beau. J'ai comme l'impression que ce soir, nos âmes sont liées, et que vos doux regards m'observes avec attention. Alors je souris. Pour que ce sourire regagne doucement le paradis. Comme j'aimerais pouvoir vous serrer dans mes bras, encore une fois, mes chers parents. J'aurais tant aimé vous tenir la main, que l'ont puissent partager ensemble ce bref instant de magie avec Oliver et Sophie, mais ni l'un, ni l'autre et encore moins vous, n'est ici. Je suis seule,et je vois ce cliché de famille voler en éclat. La joie se dérobe sous mes pieds et j'aurais presque envie d'éclater moi aussi, en sanglots. Non. Je n'ais pas le droit de pleurer, pas aujourd'hui.Aujourd'hui est un jour de fête pour nous tous, alors je continue de sourire en venant frotter mes deux bras nus pour tenter de les réchauffer, les yeux rivés vers le ciel. De temps en temps, mon regard se baisse sur le monde qui m'entoures, sur ses familles heureuses, sur ses couples d'amoureux que je me mettrais presque à envier. Tout le monde est présent pour profiter de l'événement avec une moitié ou juste de bons amis, mais moi, je suis seule ce soir, avec mes souvenirs, mes espoirs et mes désillusions.

C'est jour de fête. Et c'est bien la première fois que j'assiste au célèbre feu d'artifice sans mes parents. Nous avions ce petit rituel, avant que je déménage. Alors même si les couleurs explosent dans le ciel, et que les cris résonnent partout en ville, je ne me sens pas d'humeur joyeuse. À vrai dire, je ne pensais pas me sentir aussi seule en venant vivre à San Francisco. Oh, les gens sont sympas.. Mais mes amis et ma famille me manquent. Encore plus quand je vois les hordes d'êtres humains se prendre dans les bras, profiter de l'amitié les uns des autres.  Puis.. J'ai toujours ce pincement au cœur lorsque je croise deux amoureux. Mais qui sait, peut-être ce soir est-ce le bon soir, peut-être vais-je enfin rencontrer l'homme de mes rêves ? J'essaye de chasser mes pensées négatives de ma tête et de me dire qu'effectivement, il est possible que ça arrive. Mais honnêtement, je commence un peu à perdre espoir. Je suis presque persuadée que si je rencontre un homme ce soir, ça sera ENCORE un mec chelou. Avec ma chance légendaire, je pourrais tout aussi bien faire la connaissance d'un braqueur de banques ou d'un Jack l’éventreur 2.0. Un nouvel éclat se fait juste au-dessus de moi, et je m'émerveille encore de ces tâches colorées, plus belles les unes que les autres. Je ne peux pas croire qu'un événement aussi magnifique que celui-ci n'attire pas de célibataires sexy et totalement normaux. Je regarde tout autour de moi, histoire de me donner raison, mais je ne vois pas un seul homme attirant à l'horizon, à part bien évidemment, ceux qui sont déjà casés. La poisse ! La seule personne qui attire un peu mon intention est cette jeune fille qui est seule et qui regarde fixement le ciel, comme si elle attendait autre chose qu'une explosion de couleurs. Je crois déceler une infinie tristesse dans ses yeux ronds, mais il serait bien impoli de ma part d'aller la voir et de la questionner. Discrètement, je m'approche d'elle et une fois à quelques centimètres de la jeune fille, je reste là, sans bouger, et me contente de lever la tête vers le ciel et lui disant «Salut.» Je ne compte pas poser de questions, chacun son histoire, mais je sais que parfois, une simple présence peut faire la différence.

Ses souvenirs me viennent par milliers. Ils sont nombreux, certains sont beaux, merveilleux. Des souvenirs d'enfance, d'un passé un peu tourmenter mais ils sont la eux, et c'est le principal. Ils sont les seuls qu'il me reste, les seuls que je garderais en mémoire, les seuls auxquels j'aurais le droit à une image, à un son, à des voix, les autres ne sont que futiles, ils disparaissent en même temps que mes yeux se fermes. Je sais que demain ne ressemblera pas à hier, et hier n'est plus aujourd'hui. Je ne saurais même pas vous dire ce que j'ai pus faire hier, du moins précisément. Les seuls souvenirs qu'il me reste d'hier n'est qu'un enregistrement vidéo dans lequel je parles. Je me vois droite devant la caméra, mes cheveux relevés, mon visage de porcelaine et mes yeux rivés sur ce point rouge à l'horizon. Je parle, et je tente de laisser transparaître une émotion, quelque chose qui pourrait me donner un indice de tout ce qui a pût se passer durant ma journée.

Ce soir, je sais que je ne rentrerais pas tard, parce qu'il faut encore que je m'enregistre, que je raconte mon histoire, ma journée, que je raconte ce que j'ai pus faire durant ce feu d'artifice et les gens que j'ai pus croiser dont cette jolie femme un peu plus haute que moi qui vient m'aborder, ou du moins je penses qu'elle m'aborde moi. Doucement je tourne la tête, les lèvres retroussées, je l'observe dans un premier temps silencieusement. Qu'est-ce qu'elle est jolie. Une vraie femme fatale, du genre que tout les hommes convoitent. C'est presque trop étrange qu'elle n'a pas un homme à son bras.«"Salut" à moi?» Je pointe l'index sur ma poitrine, à l'endroit précisément ou mon cœur tremble en même temps que les explosions merveilleuses dans ce ciel obscure. Il ne me semble pas la connaître, à moins que ma cervelle me joue encore des tours, j'en aurais certainement parlé dans mes enregistrements mais non. Cette jolie brune ne figure pas dans mes mémoires, celle que je garde précieusement en vidéo, ou sur un carnet de note. «Excusez-moi mais, est-ce qu'ont se connait?» Je manque de balbutier, timidement, parce que je sais qu'il m'arrive d'oublier, je fais que ça à vrai dire, et je m'en voudrais d'avoir déjà pût discuter avec elle par le passé sans que je ne la mentionnes nulle part, elle risquerait certainement de me prendre pour une folle.

Quoi qu'il en soit, je n'ais pas le temps d'en dire plus qu'il me semble entendre non loin une nouvelle agitation. Une voix de femme se fait entendre, colérique, suivie par celle d'un homme, et sans attendre, cela interpelle ma curiosité et cela risque certainement d'attirer aussi la sublime brune venue à ma rencontre plus tôt.