Il m'avait contacté et donné rendez-vous, j'étais restée bloqué sur mon téléphone pendant un long moment à ne pas vraiment le croire, j'allais enfin revoir cet homme qui m'avait tant chamboulé, je savais que c'était une folie, qu'il n'était personne pour moi, que je fonçais sans doute tête baissée dans une folie douce, mais j'avais besoin de le faire, parce qu'il m'avait littéralement retourné le cerveau, en quelque seconde, juste à cause d'une bousculade lors d'une soirée, ça n'avait aucun sens, mais je ne tentais pas de chercher une logique à tout ça, Lorsque j'arrivais au point de rendez-vous, je ne mis pas bien longtemps à le trouver, à l'approcher, il était là et tout allait ce jouer maintenant, aujourd'hui j'allais savoir si ses jours à penser à son regard avaient un réel intérêt ou non. Je ne savais pas trop pourquoi il me remerciait d'être venue après tout, tout ça c'était mon idée, enfin en quelque sorte, c'est moi qui lui avais laissé mon numéro sur un coup de tête, du coup, c'est moi qui nous avais plus ou moins mené ici aujourd'hui, même s'il aurait très bien pu jeter ce petit papier sur lequel était inscrit les fameux chiffres pour me joindre. Il aurait aussi pu ne jamais s'en servir et par conséquent nous étions tous les deux acteurs de cette situation, mais que faire maintenant ? Si je devais être honnête, je dirais que jamais je n'aurais pensé qu'il me recontacterait ou peut être que si, mais pas avec les mêmes intentions que moi. « Tu n'as pas vraiment à me remercier d'être venue, je voulais que tu te serves de mon numéro, tu l'as fait. » Je lui adressais un sourire avant de tourner mon regard vers le comptoirs histoire de faire un choix rapide, un café, un chocolat, je ne savais pas trop de quoi mon humeur avait envie, je regardais à nouveau Flynn, un air indéchiffrable sur le visage, je ne voulais pas qu'il sente à quel point je pouvais être nerveuse, parce que même si j'avais choisi tout ça, ça n'en restait pas moins une rencontre étrange. Un léger rire s'échappa d'entre mes lèvres. « Rassure toi, tu n'as rien d'un puceau, ni l'air, ni l'attitude. » Ce n'était pas un jugement, juste un fait. Cet homme était clairement un phénomène. « Gentleman avec ça, je vais prendre latte macchiato caramel, merci c'est gentil. » Je n'avais pas trop l'habitude de laisser les autres payer pour moi, même pour un simple café, mais j'avais l'impression que Flynn était très persuasif, il pouvait payer celui là, je payerais le prochain. Je fermais doucement les yeux avant de me poser sur une chaise écoutant Flynn parler, non plutôt déblatérer, il semblait nerveux ? Dans un sens ça me rassurait, je n'étais pas seule à ne pas savoir comme réagir, quoi dire. C'était assez fou comme histoire. « Écoute, je sais que tout ça doit te dépasser, tu te sens sans doute un peu paumé, mais j'aimerais vraiment juste apprendre à te connaitre, c'est dingue je sais, ça n'a clairement aucun sens, mais j'en ai besoin. » C'était devenu un besoin vital, parce que depuis cette soirée je n'arrivais pas à me le sortir de la tête, ça faisait des semaines que son regard azur hantait mes pensées, qu'il se rassure, ça me dépassait tout autant. Je haussais doucement les épaules un léger sourire sur les lèvres. « Maintenant que tu vois à quel point je suis folle, tu peux fuir, je comprendrais. » Je voulais qu'il reste par choix, pas par contrainte.

J'adressais un sourire au beau brun qui se trouvait en face de moi, juste un remerciement silencieux pour cette boisson qui allait clairement me faire le plus grand bien. C'était assez étrange comme sensation, cette envie de toujours sourire, pas forcement un sourire franc, mais un sourire, simple, agréable. « Personne n'a réellement envie de retourner à cette époque, sauf les personnes qui étaient populaires et pour qui s'était "les plus belles années de leur vie".» Je ne pus m'empêcher de rouler des yeux d'un air blaser, je n'ai pas vraiment souffert du fait d'être la fille toujours le nez dans ses bouquins, mais je ne voudrais pas y retourner pour autant. Je regardais quelques secondes la main qu'il me tendait avant d'y glisser doucement la mienne, devais-je lui dire que je savais déjà comment il s'appelait, que j'avais entendu son prénom sortir de la bouche de mon cousin et pas forcement en de bon terme ? Non, j'allais le taire pour l'instant, nous passions pour l'instant un bon moment alors autant éviter de tout gâcher. « Jordane, mais appelle moi Jo, tout le monde m'appelle Jo. » Jo c'était simple, court, efficace, il n'y avait plus que mon père qui m'appelait encore Jordane ou alors les gens lorsqu'ils étaient en colère contre moi, ce qui n'arrivait pas souvent. Je me laissais tenter par quelques gorgées de ma boisson si gracieusement offerte et c'était vraiment un délice, je me délectais de ma boisson chaude lorsque le regard de Flynn me transperça, encore, ça commençait à devenir une habitude et j'allais clairement devoir m'y faire. J'acquiesçais à sa question, oui c'était exactement ce que je voulais, je savais que ça semblait fou, je savais qu'il me penserait certainement cinglé, ce n'était sans doute pas le genre de choses qu'on devait entendre tous les jours. Il se leva et de mon côté je commençais à paniquer, que faire, je ne voulais pas le voir partir, nous venions à peine de commencer, alors dans un geste certainement désespéré je lui attrapais le bras pour le retenir. « Attend Flynn, je t'en prit, je sais que ça semble dingue, mais laisse-moi une chance, juste une de t'expliquer. » Je me levais pour pouvoir lui faire face et plonger mon regard dans le sien, je fronçais doucement les sourcils et attendais quelques secondes avant de dire quoi que ce soit, pour ne pas l'effrayer, pour savoir comment tourner les choses. Je ne savais pas trop comment lui dire ça, sans qu'il ne tente de me faire interner, mais autant y aller franco. « Je ne sais pas si tu te souviens de notre première rencontre chez Caleb, mais ton regard, il m'a déstabilisé et j'arrête pas d'y penser depuis, j'ai juste besoin de comprendre ce qui peut briser un homme à ce point. » J'avais chuchoté, personne n'avait besoin d'entendre notre conversation.

Il était resté, c'était un bon point, un très bon point, ça voulait simplement dire que même si je devais lui faire un peu peur, il semblait curieux, il voulait savoir pourquoi, pourquoi lui, qu'est-ce que je lui voulais, à quelle sauce j'allais finalement le manger, je le sentais, je le voyais et je comprenais. « Je ne coucherais pas avec toi Flynn, ni maintenant, ni jamais. Je sais que tu dois plus avoir l'habitude de finir dans un lit avec une femme plutôt que de lui parler, mais je ne suis pas comme toutes les femmes que tu connais et j'ai bien l'intention de garder ma dignité, sans vouloir t'offenser. » Je ne voulais pas le vexer, mais les femmes avec qui il couchait jour après jour n'était sans doute pas des personnes très respectables ou du moins qui ne se respectait pas elle même, ce n'est pas mon cas, je me respecte assez pour ne pas lui sauter dessus simplement parce qu'il ose me sourire, j'en ai fini avec ça, une fois m'a largement suffit et vacciné pour les années à venir. J'étais gentille, parfois trop, mais loin d'être naïve. J'écoutais Flynn, un petit sourire au coin des lèvres, il allait lâcher prise, il allait s'ouvrir à moi, finalement je n'aurais pas tant forcé que ça et j'allais enfin avoir mes réponses et en finir avec cette curiosité malsaine à son encontre. « Si tu me laissais juger ce qui peut me faire fuir ou non, je pense être une grande fille, j'ai sans doute vu et entendu des choses pires que ton histoire, après si tu veux on peut apprendre à se connaitre et tu pourras savoir si je suis digne d'entendre ce que tu gardes bien précieusement au fond de toi. » Je savais qu'il fallait y aller doucement, pas à pas, juste pour ne pas l'effrayer, ne pas le faire fuir, ce n'était pas mon but et plus je passais du temps avec lui plus il m'intriguait. Je posais doucement ma boisson sur la table et tendais à mon tour ma main vers lui. « Jordane Clarke, vingt neuf ans étudiente en psychologie, célibataire, serveuse, voilà à peut près tout ce qu'il y a, à savoir sur moi. » Du moins ça c'était tout ce qu'il avait besoin de savoir, pour le moment, le fait que je sois en étude de psychologie allait m'aider pour cette conversation, mais justement il penserait peut-être n'être qu'un cobaye, ce qui n'était pas le cas, loin de là.

Je regardais la flasque avec un oeil légèrement critique, même si je n'avais pas vraiment à le juger, c'était juste plus fort que moi, je n'étais pas forcement contre l'alcool loin de là, mais là tout de suite...Quand je disais que cet homme était totalement en vrac. Un petit sourire étira mes lèvres au moment où il parla de Caleb, même si notre relation n'était pas au meilleur de sa forme, il était et resterait ma famille et je l'aimais ce crétin. « Exactement comme dans Caleb Clarke, la famille que veux-tu. » Je me penchais doucement vers Flynn, mon petit sourire toujours collé sur les lèvres. « Tu peux encore fuir, je ne suis pas totalement rentrée dans ta vie. » Je lui adressais un clin d'oeil et me calait à nouveau contre le dossier de ma chaise. Je ne savais pas réellement le contenue de la relation entre mon cousin et le beau brun qui me faisait face, mais j'avais l'impression que ce n'était pas de tout repos. En tout cas ça avait l'air de toucher Flynn, même s'il ne le disait ça. Je l'écoutais parler tout en analysant ses gestes, ça faisait assez psychopathe vu de l'extérieur, j'en avais conscience, mais j'aimais juste éplucher chaque geste, chaque réaction des personnes avec qui je pouvais parler. « Je ne suis pas réellement du genre à écouter les gens parler et encore moins Caleb, alors quand bien même il m'aurait parler de toi, ça n'a pas grand intérêt. » Je haussais négligemment les épaules tout en buvant quelques gorgées de ma boisson chaude, il fallait qu'il comprenne que la relation qu'il avait avec Caleb ne me regardait pas vraiment, je n'aimais pas les ragots, les gens qui parlaient pour rien dire et là, j'avais de toute façon la chance d'avoir la vérité en direct alors autant faire avec. Et sans que je ne dise rien de plus, Flynn commença à parler, je l'écoutais tout en sirotant ma boisson, je ne voulais pas l'interrompre ou le bloquer dans son récit, alors je le laissais finir et au moment où il termina je ne pus m'empêcher de souffler doucement. « Je vois. » Dans un geste doux, je venais déposer ma boisson sur la table et me mit à réfléchir, juste quelques secondes, juste le temps de mettre mes pensées en place. « De toute évidence, tu fais partie de ces hommes qui ont un problème avec la gentes féminine. » Je ne voulais pas le blesser c'était un fait, rien de plus. Il était tombé sur une femme de toute évidence soit manipulatrice, soit toxique, soit les deux, mais en avait-il conscience ? Un froncement de sourcil me donna d'un coup un air très sérieux. « Tu l'aimes toujours ? » Je pensais connaitre la réponse, mais j'avais juste besoin qu'il le dise, juste pour lui.

Je fronçais légèrement les sourcils à la recherche de réponses que je n'aurais sans doute pas. « Qu'est-ce que tu lui as fait pour qu'il t'en veuille autant ? » Je savais que Caleb pouvait être parfois dur dans ses paroles, même dans ses gestes, mais ce n'était jamais gratuit, Flynn avait sans doute du faire quelque chose qui l'avait profondément blessé, surtout s'ils étaient amis. Je ne m'attendais pas à une telle réaction de la part du brun qui me faisait face, malgré moi, je rentrais mon cou dans mes épaules, comme pour me cacher des autres, même si ça ne se voyait pas forcement je restais une personne assez timide, et l'attention soudaine des gens autour de nous me mettait réellement mal à l'aise. C'était plus fort que moi, trop d'attention, trop de regards, ça me déstabilisait totalement. « Pas un problème dans ce sens-là, j'ai bien compris que tu n'avais pas besoin de grand chose pour qu'elles tombent toutes à tes pieds, c'est plus un problème psychique, tu choisis juste mal tes conquêtes et peut être même les personnes qui t'entourent. » Je ne voulais pas faire de la psychologie de comptoir, mais il s'était un peu moqué de moi et me voilà vexée, c'était ridicule, mais de toute évidence nous ne nous étions pas bien comprit. « Et la raison pour laquelle tu ne finiras pas dans mon lit ce soir c'était tout simplement parce que je ne cache pas mes sentiments derrière une baise sans lendemain. » Aoutch, provocation, mais il m'avait vexée. Je collais mon dos contre le dossier de ma chaise, mes bras croisés sous ma poitrine. Ça m'apprendra à vouloir aider les autres. Je tournais à nouveau mon regard dans sa direction avec de lui faire un signe de tête, il avait raison de toute évidence cette femme ne méritait pas de s'y attarder et pourtant elle semblait être le principal problème de sa vie, après tout c'était sa décision, je devais simplement être correcte avec lui et accepter, il en parlerait peut être plus tard. Autant lui laisser le temps de parler de sa propre initiative. D'accord, Flynn était réellement perché, mais dans un sens ça me plaisait, il ne ressemblait en rien aux personnes que je connaissais, qui faisait partie de ma vie et c'était assez rafraichissant. « J'en sais trop rien, faut croire que ma vie à moi n'est pas très passionnante et du coup, je préfère m'occuper de celle des autres. » Je haussais doucement les épaules comme pour appuyer mes dires. « Un roman vraiment ? Tu crois que l'histoire de ta vie se vendrait ? Et ça serait quoi le titre ? » Je le fixais attendant la réponse certainement barrée qu'il allait me sortir.