Les Space Boots en tournée, quelle douce aventure, surtout que ces graînes de Rock-star ont une fanbase qui ne fait que grandir depuis qu’ils ont fait la première partie de Princes, c’était bien trop cool, Jude en garde d’ailleurs un souvenir ultra cool. Mais il est temps pour eux, de repartir en tournée avec le Warped Tour. Les Space Boots ils sont habitués à partir avec le Warped Tour, ils le font depuis 2015, c’est presque même une tradition pour les garçons que d’y participer sur plusieurs dates, avec des foules de plus en plus importantes, venues pour les écouter. L’édition 2018 va commencer et les garçons sont encore une fois sur le Line-Up. Au plus grand bonheur du peroxydé, il adorait ce festival, et surtout il adorait être sur scène. Il avait eu le droit de prendre ses vacances au boulot afin de pouvoir aller sur la tournée, et rien n’avait pû lui faire plus plaisir. Il avait pris soin de nettoyer toutes ses guitares, de mettre à jour son matos, et de prendre un stock incalculable de médiators, sachant qu’il en cassait souvent en concert. Une valise bien pleine et il avait embarqué dans le bus de tournée avec les garçons. Leurs bus était simple et sobre, noir et bois à l’intérieur. Dans le petit bus, il y avait tout le nécessaire du confort pour la tournée, une porte qui coulisse pour s'ouvrir, et voilà le blond à l'intérieur. C'est assez petit et c'est suffisant pour eux, ils avaient pas les moyens pour plus de toute manière. Il y avait un assez large coin pour se poser, et parler, collé à quelques meubles de rangements pour y stocker de la boisson et de la nourriture. Il y avait au fond des banquettes superposées, peu larges, mais c'était juste pour dormir de toute façon. Il y avait une télé à l'entrée et une petite planche en dessus. Parfait pour poser la Playstation. C’était parfait, et assez complet pour eux vivre pendant un mois. La vie sur la route, et faite de musiques et de copains, la vie rêvée pour le blond.

Il avait retrouvé les copains, et avait déjà fait trois dates avec eux, et franchement il prenait son pied sur scène et la communication avec leur communauté de fans ne faisait que grandir, et voir les gens se déplacer et apprécier leurs musiques Les garçons jouaient des morceaux de leurs deux EP, et Jude était clairement plus heureux que jamais. Ils étaient sur la route entre Mountain View et Ventura en Californie, se dirigeant vers la prochaine date. Ils n’occupaient pas la plus grosse scène, un jour peut-être, mais il se contente de cette petite scène, qui lui permets d’être plus proche de ses fans, et ainsi d’être encore plus à l’aise dans ses baskets qu’il ne l’est à l’ordinaire. Le soleil c’était levé sur la route il y a 4 bonnes heures, et Jude s’était levé assez tôt, il était assis sur une des banquettes, un carnet un stylo devant lui, alors qu’il était emmitouflé dans un gros hoodie noir, et un jeans de la même couleur, avec des basket jaunes à écritos noir. Son style habituel, avec un bonnet sur la tête, été, automne, hiver, c’est toujours la même chose. C’est Jude quoi. Il grattait un peu, doucement, pour ne pas réveiller tout le monde, dans le but de composer de nouvelles chansons. Mais il était déjà presque 10h et Jude commençait à avoir faim. Il se lève alors du fauteuil en laissant sa guitare sur la banquette, et se dirige vers le coin cuisine, pour aller chopper un paquet de biscuits, et un verre de jus de fruits. Il se sert à boire avant de se hisser pour chopper les gâteaux dans le placard du haut. Mais quand il ouvre la boîte, une fois assis, Jude se rends compte que la boite de biscuits est vide. Il souffle et se mets à râler. «  Mais putain, qui c’est qu’à encore manger tous les biscuits ? Comment vous voulez que je sois productif après ! On peut faire confiance à personne ici ! » Jude était un peu grognon, et il bougonnait dans son coin, rien à fiche de réveiller le reste du groupe, ça leur apprendra à manger ses gâteaux.

Wraped Tour. Deux simples mots qui suffisent à insuffler une énergie sans précédent en ma personne et faire naître un sourire comblé sur mes lèvres. Cet événement reste toujours aussi incroyable depuis le premier auquel nous avons eu l’occasion de participer et cette année ne sera pas moins fantastique. Je ne sais même pas ce que je préfère le plus entre être sur scène à me sentir plus vivant que jamais, à sentir mon cœur s’emballer de bonheur en entendant le public chanter avec nous et la vie de tournée. Entre fou rires, créativité accrue, prises de tête et les moments si spéciaux que nous partageons, il n’y a rien qui peut réveiller autant d’émotions en moins. Mes meilleurs souvenirs, je les ai construits en tournée, avec ces personnes formidables. Et parfois un peu chiantes mais je les aime beaucoup quand même. Nous partageons un rêve commun et je compte bien encore tout donner cette année.

Les trois premières dates se sont déroulées encore mieux que ce que j’aurais pu imaginer et voir notre fanbase grandir presque sous nos yeux n’a pas de prix. J’ai passé le plus clair de ma nuit à traîner sur les réseaux sociaux, à voir ce qui se dit des Space Boots, pour le meilleur et pour le pire, et à répondre à quelques personnes. Quand j’ouvre un œil le lendemain matin, j’ai encore mon téléphone sur la figure et quelques accords de guitare atteignent mes oreilles. Jude à n’en pas douter. En grognant un peu, je m’étire de tout mon long avant de me rendre compte que les lits du bus sont bien trop petits pour ça. J’ai lâche un juron quand ma tête se heurte au mur avant de me décider à me lever.

Le pas traînant, je rejoins mon ami, rigolant doucement alors que je l’entends déjà râler à peine réveillé. « Désolé mec, mais fallait pas laisser traîner tes biscuits. » Je ne suis même pas désolé. J’attrape un paquet de mes propres gâteaux que je n’ai même pas encore ouvert, le plaçant devant Jude en tant que drapeau blanc pour une paix rapide. « Tiens, pour me faire pardonner. Sois pas ronchon comme ça. » J’ébouriffe ses cheveux avec un petit sourire amusé au coin des lèvres avant de m’asseoir à côté de lui, étouffant un bâillement. « Je sais pas si t’as vu, mais on a eu des supers bonnes critiques sur Twitter. » Je souris, satisfait, avant de m’emparer d’un biscuit. Clairement pas le petit-déjeuner le plus sain, mais ça se saurait si j’étais une personne saine. Je suis presque certain d’avoir plus de café et d’alcool dans mon corps que d’eau.

« Il dort toujours l’autre blond ? » Un éclat malicieux allume mon regard alors que je m’empare rapidement du feutre noir qui traîne sur la table. « On devrait le réveiller comme il se doit. » Je rigole déjà intérieurement avant de m’avancer à pas de loups du lit de mon ami, commençant à dessiner une moustache et un cœur sur son visage assoupi. Oui, on est plutôt immatures chez les Space Boots, mais je pense qu’on peut dire qu’on le vit plutôt bien. Je prends une photo pour les réseaux sociaux, les fans vont aimer. Parce qu’ils sont aussi puérils et sadiques que nous, et que c’est pour ça qu’on les aime tant. Cette tournée commence vraiment bien.

Le Warped Tour est un rendez-vous immanquable de tout groupe de rock actuel, qu’il soit en quête de renommée ou déjà un cador du milieu. Chaque année, il suffit que les températures se réchauffent pour que je me mette à compter les jours qui nous séparent de cet événement. Et même si les Space Boots sont encore en bas de l’affiche, je m’en fous. Petite ou large scène, public de cinquante ou cinq-cents personnes, peu m’importe l’environnement tant que l’ambiance est là. C’est en performant nos musiques en compagnie de mes trois meilleurs amis que je me sens le plus vivant. Rien ne se compare aux émotions qui pulsent dans mes veines lorsque, de mon siège, j’observe nos fans hurler les paroles en même temps que Japser ou encourager Jude lorsque le blond part dans un solo de guitare. C’est euphorisant, un véritable shot d’adrénaline. Tous les étés depuis 2015, je vis un rêve éveillé.

Enfin.

Vivre dans un bus en compagnie de trois abrutis, un chauffeur et deux membres de notre staff, ce n’est pas non plus le pays des Bisounours tous les jours. Dites plutôt bonjour aux fringues sales jetées un peu partout, les bouteilles d’alcool à moitié vides que personne ne prend la peine de ranger… et surtout, ô surtout… l’odeur de pieds ambiante. C’est infernal. Probablement que les soldats européens de la Seconde (ou la Première je sais plus, j’ai arrêté les études après le lycée laissez-moi) Guerre Mondiale utilisaient ce genre de mélange chimique pour décimer leurs adversaires. Bref. Heureusement pour moi et mon nez sensible, la tournée vient tout juste de débuter et le bus est encore dans un état relativement propre.

L’incroyable avantage du bus, en revanche (parce que oui, ya quand mêmes de bons côtés), c’est qu’une fois les rideaux tirés, les couchages se transforment en de véritables cercueils et on y dort comme des bébés. C’est pas plus mal d’ailleurs, vu les soirées arrosées qui ne manquent pas de se tenir après chaque journée en compagnie des autres groupes avant de reprendre la route. Et évidemment, je ne suis jamais le dernier à prendre part aux festivités. Et évidemment, je dois en payer les conséquences le matin : si habituellement j’essaye de me lever tôt pour faire un peu de sport et me balader sur les lieux du festival, impossible de respecter ce programme ce matin. Un coma ne serait plus profond que mon sommeil actuel.

Mais certains, semblent avoir d’autres projets en tête.

Une chatouille sur ma joue me fait grimacer, je grogne lorsque la sensation s’intensifie et, toujours les yeux fermés, finis par faire un geste pour me frotter le visage d’une main comme on y chasserait un insecte. Quelques secondes plus tard, je perçois des murmures étouffés à côté de ma tête, mais ils sont tellement loin que je n’y prête pas vraiment attention. « Hummmpff. » Traduire : laissez-moi dormir jusqu’à demain, svp. Mais c’est trop tard, le mal est fait et je me sens déjà doucement émerger des bras de Morphée. Super, paye ta grasse mat’. Je me retourne sous ma couette en ronchonnant, tentant vainement de m’accrocher aux dernières miettes de sommeil qui trainent. UGH. Mes pieds atterrissent sur la moquette avec un boum bruyant – je suis un homme de grande taille et j’ai le lit du dessus, non je ne suis pas gros – avant de me traîner vers le coin banquette du véhicule, seulement vêtu de mon boxer. Jude et Jasper sont déjà réveillés… et leurs yeux pétillent un peu trop pour cette heure matinale. « ‘Sup. » Je marmonne à leur attention en me dirigeant vers la machine à café, ou plus communément appelé "carburant indispensable à ma survie". « Ça vous gênerait de faire moins de bruit le matin ? On dirait une meute d’écolières tellement ça glousse. » Mon café fumant à la main, je me retourne vers mes deux potes pour les juger fortement quand à leur niveau sonore. « Y’a quoi de si drôle ? » Si c’est encore une photo ultra zoomée de mon visage déformé par l’effort derrière ma batterie que les fans ont transformé en meme, je démissionne.

Habituellement partir entre mec dans un bus aussi exigus, ce n’est pas fortement recommandé, mais quand c’est quatre potes qui font de la musique, c’est réputé pour être drôle. La vie en tournée ça promets des tas de bêtises sur les réseaux sociaux, et les shows et interviews, une collection de memes, en tout genres. C’est dur dur d’être une rock star de nos jours. La vie en tournée, c’est aussi de la bouffe en masse, et des litres et des litres d’alcool ingurgité, des gueules de bois assez fortes pour replanter l’Amazonie. Peu d’heures de sommeil pour pas mal d’heures de conneries. C’était le mois favori de Jude, le mois du Warped Tour, et même si c’était un mois éreintant, c’était de loin le plus excitant. Des foules qui scandent leurs noms, qui chantent en même temps qu’eux. Il n’en faut pas plus pour emplir le cœur du guitariste, de joie. Il vivait sa passion, son rêve. Alors même si ce bus au bout de quelques semaines, sent les pieds, la bouffe, la transpiration, c’est le moindre de ses problèmes.
Jude se comporte parfois comme un enfant, surtout le matin, il est souvent grincheux, grognon, tant qu’il n’a pas son petit déjeuner, et ses gâteaux. Alors quand il découvre qu’il n’en a plus, il faut pas s’étonner qu’il se mette à râler et devenir encore plus grognon qu’à la base. « Désolé mec, mais fallait pas laisser traîner tes biscuits. » Avait dit le chanteur, qui venait de se lever. Jude soupire, ses pauvres biscuits, il les avait abandonnés. « C’était pas une raison pour les manger. » Bougonne le peroxydé, en retournant gratouiller sa guitare, avant de voir un paquet de biscuit neuf, par tous les dieux de la bouffe, merci. Il vient l’attraper et l’ouvre et pioche dedans, remerciant rapidement Jasper. Mais le brun à décidé de lui secouer les cheveux, et pour Jude les cheveux c’est sacré, alors il se dépêche de les remettre en place. Cette coiffure un peu particulière, avec ces mèches un peu rebelles, et une espèce de frange pas structurée, qui vient décorer le côté droit de son visage. « Je sais pas si t’as vu, mais on a eu des supers bonnes critiques sur Twitter. » Le blond avait retrouvé le sourire, et hochait la tête, vraiment fier et content de leur évolution. «  Ouais ! Vraiment c’est trop bien ! Mon téléphone à surchauffé cette nuit à cause des nouveaux follow. Le compte du groupe aussi. Peut-être que d’ici la fin de la tournée on aura signé, si on continue à gagner en popularité. » Réponds Galderan, avant d’enfiler un biscuit dans sa bouche.

« Il dort toujours l’autre blond ? » «  Ouais, il est rentrer vachement plus tard que nous hier. J’sais pas ce qu’il à foutu, il était mort. » Dit Jude en haussant les épaules, en se doutant que son meilleur ami, avait noyé le chagrin de sa rupture passée dans les vapeurs de l’alcool. Tandis qu’il continue son travail assidu de grignotage, Jude observe Jasper dessiner sur le visage du blond endormi, qui grogne un peu. «  Tu vas te faire tuer Jasp. Il va te défoncer. » Avait ajouté le blond en riant dans ses moustaches qu’il n’a pas, c’est pas un hipster Jude. Il est punk rock.. La photo se retrouve bien vite sur les stories instagram de Jasper, et sur celle du groupe. Quelques minutes plus tard, le bouclé rejoins le duo mort de rire de garçons assis à la petite table. «  Gueule de bois ? T’as vidé le stock de bière hier ? » Demande Jude en voyant la petite mine de son meilleur ami. « Ça vous gênerait de faire moins de bruit le matin ? On dirait une meute d’écolières tellement ça glousse. » Jude se retient de râler à nouveau à cette réflexion, c’est sûrement des écolières qui achèterons leurs albums plus tard. Mais c’est un fou rire que Jude fini par vouloir retenir, quand il voit la tronche décorée du batteur. «  Tu devrais regarder Instagram, Muchacho. » Dit Jude, fier de tout ça. C’était une blague puérile et enfantine, mais on a jamais dis qu’ils étaient matures les zigotos.

Certains diront que je ne respire pas la joie de vivre. Que passer une journée en ma compagnie n’est peut-être pas l’activité la plus distrayante qui soit. Je suppose qu’ils n’ont pas tort la plupart du temps. Pourtant, en compagnie de mes meilleurs amis musiciens, c’est une tout autre histoire. Comme si notre simple passion commune réussissait à afficher un sourire sincère sur mes lèvres tandis qu’une humeur un peu plus taquine se réveille en moi. Tandis que j’ai l’impression de me sentir sincèrement en vie. Alors même si vivre dans le bus tous ensemble n’est pas digne d’un grand standing, même si la tournée n’est pas l’activité la plus reposante qui soit et même si faire la fête presque tous les soirs de la semaine n’est certainement pas la meilleure chose à faire, qu’importe. Je suis heureux. C’est donc avec ce petit sourire au coin des lèvres qui m’est si inhabituel que je me lève ce matin. Enfin, la matinée est déjà bien avancée pour très honnête. Je tombe sur un Jude un peu ronchon, mais ce n’est rien que quelques biscuits bon marchés ne peuvent arranger.

Je m’installe à côté de lui, non sans avoir auparavant agacé encore un peu plus ses nerfs si tendus le matin, en ébouriffant gentiment ses cheveux. Je m’empare d’un biscuit avant de me servir une grande tasse de café, qui se trouve littéralement être la survie à l’état liquide. Sûrement la première tasse de beaucoup d’autres aujourd’hui, d’ailleurs. Jouer équitablement entre les bières et les cafés, c’est tout un art, croyez-moi. « Peut-être bien qu’un jour on sera des rockstars reconnues mondialement. » Je rigole doucement, surenchérissant encore un peu plus sur les propos rêveurs du guitariste. Je prend une gorgée de mon café avant de m’enquérir de l’état de notre Ashton national. Je suis d’une bien trop bonne humeur ce matin, je dois absolument en faire profiter nos fans grâce à mes talents incompris de dessinateur. « Au pire, s’il me tue vraiment, je serai mort pour la communauté. Je devais absolument partager ce chef-d’œuvre ! »

J’observe le blond regagner petit à petit le monde des vivants, tentant tant bien que mal de retenir le rire qui menace pourtant de s’échapper. « Bonjour Ash, tu as bien dormi j’espère ? » Un petit sourire en coin, je jette un coup d’œil aux premières réactions de notre communauté, échangeant des regards complices avec Jude. Finalement, un fou rire s’empare de moi quand ce dernier reprend la parole. « Merde, obligé je te renomme Muchacho sur mon téléphone. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Je suis si fier de ma petite blague, j’ai peut-être raté une reconversion dans les one man show. « Désolé Ash, ou plutôt Muchacho, le stylo m’a échappé des mains, c’est pas ma faute. » Je tente un sourire innocent dans sa direction, avant de m’affaler sur le canapé, mon téléphone à la main. Je réponds à quelques fans, embête quelque peu May par messages avant de relever la tête vers mes compagnons. « Y’a déjà deux groupes qui nous invite à faire la fête avec eux ce soir. Je crois que nos foies vont jamais se remettre du Wraped Tour. » Mes poumons non plus d’ailleurs au vue de la quantité de tabac et autres substances plus obscures qui tournent dans ce genre de festival et que je ne manque jamais d’essayer.

C’est trop calme, j’aime pas trop beaucoup ça. Ou plutôt, ce bus respire un peu trop la joie de vivre à une heure si matinale pour que ça n’en soit pas immédiatement suspect. Dés que je débarque dans le coin cuisine-banquette-télé, la tête dans l’cul (‘faut dire ce qui est) et en quête de café, mes deux idiots de potes m’accueillent tout sourire en affichant des gueules d’anges qui ne bernent personne. « Bonjour Ash, tu as bien dormi j’espère ? » Qu’est-ce que je disais ? On dirait un loup avec un pull en laine essayant de se faire passer pour un mouton. Ashton Walker, expert en métaphores depuis 1994. À la différence de Jasper, Jude est un poil plus subtil… Ou pas. « Gueule de bois ? T’as vidé le stock de bière hier ? » Je grimace en appuyant sur le bouton de la cafetière, faisant naître un doux vrombissement de la machine. « Ravi de constater que j’ai la réputation d’un soiffard, merci Judie. » Ok, j’aime la bière. Ok, j’ai parfois un peu de mal à rester dans les limites de la modération. Ok… Non c’est tout, rien à ajouter. Ugh, il a raison en plus ce con. « Disons que Jack Barakat n’est pas forcément le meilleur role model qui soit… » que je grommelle dans une tentative de me défendre, les yeux baissés vers ma tasse qui se remplie doucement. L’extravagant guitariste d’All Time Low a beau être un ami, je le soupçonne de posséder au moins trois foies et un pouvoir de persuasion hors du commun. Et je suis un homme faible lorsqu’il s’agit de bière, ne l’oublions pas.

Pour détourner le sujet sur ce qui nous m’intéresse vraiment, je recommence à râler sur le boucan qu’on fait les deux musiciens ce matin, me tirant d’un sommeil bien mérité au passage. J’arque un sourcil accusateur par-dessus ma tasse de café fumante, posant les yeux sur les coupables tour à tour. « Tu devrais regarder Instagram, Muchacho. » Et ça doit être une private joke extrêmement drôle puisque Jasper éclate de rire aussitôt tandis que je retourne chercher mon portable dans ma couchette. « Merde, obligé je te renomme Muchacho sur mon téléphone. » Hahaha, on s’amuse. Mais je n’ai même pas besoin d’ouvrir l’application pour découvrir ce qui les fait tant rire : l’écran noir de l’appareil suffit à me renvoyer mon reflet… maquillé de feutre noir. Oh non. « Oh come ooooon, vous êtes sérieux les gars ?! » Un geste du pouce et je me retrouve face aux dégâts grâce à l’appareil photo en mode selfie : une moustache de mousquetaire habille ma lèvre supérieure tandis qu’un petit cœur noir décore ma joue gauche. Et j’ai beau frotter à m’en rougir la peau, ça ne part pas. « Super. » « Désolé Ash, ou plutôt Muchacho, le stylo m’a échappé des mains, c’est pas ma faute. » Ben voyons. J’en profite pour ouvrir Instagram, comme conseillé par Jude, m’attendant déjà à voir mon mur d’actualité inondé. Bingo. Les fans n’ont pas perdu de temps : la photo postée en story sur le compte du groupe se retrouve bien vite repostée de partout, éditée en memes divers et variés ou accolée à de créatives légendes telles que « Me after one beer » ou un sobre et efficace « Mood ». Et même si je viens d’être tourné, encore une fois, en ridicule par mes bandmates et notre fanbase, je dois avouer que c’est plutôt drôle, pour une fois. Je ne peux même m’empêcher de pouffer en tombant sur la fameuse photo éditée de façon à me faire ressembler à l'un de ces rappeurs Soundcloud, le visage barbouillé de tatouages ridicules et titrée « Lil Walker ». Ils sont forts, très forts.

C’est alors qu’une idée me vient. Autant surfer sur la vague, n’est-ce pas ? Toujours sur Instagram, je commence une story en me filmant et en faisant gaffe à l’angle, je suis presque à poil tout de même, l’air vaincu et la moue boudeuse : « Comme vous pouvez le constater, j’ai été victime d’une vicieuse attaque ce matin. J’estime qu’il s’agit d’une déclaration de guerre. » Je tape rapidement sur l’écran pour afficher Jasper et Jude en face de moi puis zoome lentement sur leurs visages morts de rire. « C’est. La. Guerreeee. » Un ou deux emojis plus tard et c’est posté. Hehehehe. Fallait pas me chercher. Je troque mon portable pour ma tasse de café encore chaude avant de pointer du doigt mes acolytes, menaçant. « Vous avez intérêt à ce que ça parte à la douche. » Même si le petit cœur est relativement mignon, la moustache nuit grandement à mon aesthetic.

« Y’a déjà deux groupes qui nous invitent à faire la fête avec eux ce soir. Je crois que nos foies vont jamais se remettre du Warped Tour. » Je ricane entre deux gorgées brûlantes. Jasper a raison, j’ai même l’impression que cette année est bien partie pour surpasser toutes les autres, question débauche. « Rock n’ roll, baby ! » Rock n’ roll qui va finir alcoolique à trente balais avant de déménager à Los Angeles pour vivre en hipster sobre, vegan et gluten-free. Bienvenue en 2018.

« Ravi de constater que j’ai la réputation d’un soiffard, merci Judie. » Jude roule des yeux, ne retenant pas un rire moqueur. Ce n’était pas son but. «  A ton service, dude. » Jude avait rarement tord sur ce genre de choses, mais il ne faut pas croire qu’eux, sont des soulards, prêts à se torcher la tronche au moindre moment opportun, bien qu’en festival, ça descends de la bouteille sec. Mais juste en période de festival. Qui ne boit pas à un concert ou en festival de nos jours ? Et puis ils sont jeunes, et à leur âge, on s’amuse. « Disons que Jack Barakat n’est pas forcément le meilleur role model qui soit… » Aaaaah, oui forcément. «  En même temps, c’est Jack. Il n’a jamais prétendu être un role model, il s’en vanterait presque. » Le guitariste des All Time Low, à la descente facile, et faire une soirée avec lui, c’est souvent rentrer torché, à plat ventre, l’estomac en 42, tapissé de plus d’alcool que de liquide louches qui brûlent quand t’a plus rien à gerber le matin. Trop cru ? Moi ? Oops. My bad ! C’est la réalité des choses mes enfants. Bref, l’alcool ce n’est pas de l’eau, ne faut pas boire. Ne faites pas comme les grands qui ont pleins de foies. Les gens normaux et sensés, n’en ont qu’un !


Et ne l’oublions pas, ça fait faire des choses idiotes, genre dessiner sur le visage de ses petits camarades pendant qu’ils dorment, comme actuellement, faire d’Ashton un mariachi mexicain avec ses magnifiques moustaches. Jude avait juste assisté à la scène, il n’avait pas dessiné sur le visage de son meilleur ami. Bah quoi, il faut bien s’en sortir comme on peut hein « Merde, obligé je te renomme Muchacho sur mon téléphone. » Jude n’avait pas retenu un éclat de rire à la remarque de Jasper. Ca pouvait être si drôle, de voir Ash être renommé Muchacho partout. « Oh come ooooon, vous êtes sérieux les gars ?! » Jude était assis sur la banquette à rire à gorge déployée. «  C’est Jasp qu’à eût l’idée. » Dit-il en se dédouanant, bien qu’il ait soutenu la blague. Mais c’était très drôle. Surtout quand on voit les edits des fans. Souvent Jude et les garçons faisaient des sessions follow sur leurs réseaux sociaux, et il leur arrivait souvent d’être tournés en meme, pour la moindre petite chose. Jude et Ash étaient ceux qui prenaient le plus cher, parce que Zack et Jasper passaient le plus clair de leur temps à les afficher en story, ce qui faisait beaucoup rire les fans, qui se donnaient un malin plaisir à faire n’importe quoi. Ils ont des fans aussi cruels, que géniaux et fidèles. Jude n’avait cependant pas fini de glousser comme une fangirl, qu’il se retrouvait afficher dans la story du bouclé. Pfeuh.


« Vous avez intérêt à ce que ça parte à la douche. » Jude hausse un sourcil, toujours un sourire aux lèvres. «  Au pire, si ça part pas y’a un nombre de nanas incalculable ici, y’en a bien une qu’à de quoi t’aider à retirer le feutre. » Dit le blond avant de fourrer un biscuit dans sa bouche, il y avait potentiellement un nombre incalculable de nanas, que Jude aurait pu avoir dans son lit, s’il n’avait pas eu d’autre préoccupation de ce côté-là, mais ça c’est un autre sujet. « Je crois que j’ai vu Léna hier soir, rapidement, et y’avait Kate aussi. » Rajoute le garçon. C’était des filles qu’ils côtoyaient presque tous les ans, alors c’était facile de les reconnaître. Les deux jeunes filles étaient souvent maquillées à l’excès, avec pleins de paillettes, elles avaient sûrement un truc pour venir en aide au grand bouclé.


« Y’a déjà deux groupes qui nous invitent à faire la fête avec eux ce soir. Je crois que nos foies ne vont jamais se remettre du Warped Tour. » Super, on va encore rentrer chez nous, avec une inscription sur la liste des potentiels personne ayant besoin d’une greffe de foie, et d’une désintoxe. «  C’est la dernière, et tout le monde à bien l’intention de faire recommander des camions d’alcool en pleine tournée. On est mal. » Ca va mousser dans les tentes. Le foie de Jude va avoir du mal à tenir. Il allait falloir du temps pour qu’il s’en remette, il songeait même à prendre une retraite spirituelle, dans un coin paumé des USA, pour se purifier, autrement dit, dans son appartement à jouer à la console et manger des pizzas en râlant. «  C’est qui les groupes au fait ? » Demande le blond en allant se servir un verre de jus de fruit, avant de venir se rasseoir à côté de ses bandmates, ayant mis sa guitare un peu plus loin, il avait plus vraiment la concentration adéquate pour écrire et composer de toute manière. «  J’ai vraiment hâte de remonter sur scène aujourd’hui, ça va être dingue ! » Jude pourrait passer sa vie sur scène à gratter des cordes tendues, et faire des sons rigolos en appuyant sur des boutons, ça le faisait vibrer, encore plus que faire la fête après quatre bières.