❝ boys talk girls ❞
jude & ash

« Huh huh. Si tu veux mon avis, ils ont prévu ce comeback depuis le DÉ-BUT. Tellement d’indices disséminés dans leur chansons, dans leurs clips… même sur leur site internet ! Nah ya pas à tortiller, Tyler Joseph est un géni et Twenty One Pilots va chopper un deuxième Grammy cette année. J’te parie… 20 dollars. » C’est là-dessus que je conclue mon exposé argumenté en trois parties tout en poussant la porte du Guitar Center. Le tintement d’une petite clochette marque notre entrée tandis que j’entre dans le magasin, Jude sur mes talons. D’un signe de main, je salue vaguement l’employé derrière sa caisse qui déjà rabaisse les yeux vers le téléphone entre ses doigts. Ça joue à Fortnite pendant le service, bien bien. « J’ai passé une bonne partie de la nuit à lire des théories sur leur nouvel esthétique, c’est fascinant. On devrait faire pareil. Le truc des couleurs là, c’est fascinant. » Non, je n’ai pas beaucoup dormi. Mais pour ma défense, l’inspiration était telle que les idées fourmillaient à toute allure dans mon crâne, me permettant même d’écrire une nouvelle chanson et demie. Ça me change des nuits interminables passées à faire la crêpe entre mes draps, faute de trouver le sommeil.

Bref. Outre la tenu d’un débat – nécessaire – à propos du retour on ne peut plus cryptique du groupe populaire et largement apprécié, notre présence ici a un objectif bien réel. En effet, j’ai réussi à trouer deux de mes peaux lors de la répèt’ d’hier, et impossible de mettre la main sur mon stock de rechange. Va donc falloir sortir le portefeuille. Quant à Jude, lui n’a pas besoin de grand chose mais en tant que seul bandmate disponible, il est obligé de m’accompagner. Par contrat. Enfin, ce n’est pas comme si une après-midi au temple de la musique était une horrible corvée, ‘faut pas pousser. C’est une occasion parfaite pour baver un peu sur les nouveaux modèles de guitares, basses et autres ukuleles accrochés aux murs, d’en essayer quelques uns et de fouiner pour dénicher de bonnes affaires. Je ne me dirige donc pas tout de suite vers le rayon percussions – relégué dans le fond, évidemment, parce que les batteurs sont de pauvres musiciens persécutés qui ne méritent pas le devant de la scène – et bifurque vers la plus grande partie du magasin réservée aux instruments à cordes. « Aaaah. Home sweet home. » Je soupire d’aise, mains fourrées dans les poches de mon jean pour me retenir de tout toucher. C’est beau, ça brille et j’ai envie de poser mes doigts partout. Jude a pris les devants, déchiffrant avec attention l’étiquette d’une Les Paul rouge. « Bon, quoi de neuf au fait ? » Oui, je sais, on s’est vu hier. ET ALORS. « Ça se passe toujours bien chez le cuistot ? »

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jude & ash

« Ouais, super bien. On a bossé chez des bourges hier soir. Ils sont barges parfois, mais je suis tombé sur une fille, mon gars, t’imagines pas. » Il me sort ça avec un demi-sourire énigmatique, ménageant son suspens, ce qui ne fait qu’accroître ma curiosité. Tell me more. Jude n’est jamais en rade d’anecdotes rigolotes en rapport avec son job d’apprenti traiteur : des commandes farfelues de pastèque en plein hiver, aux clients maniaco-dépressifs en passant par un chef traiteur aux tendances sadiques, j’en entends de toutes les couleurs. Comment ça c’est pas la bonne expression. Mais il dit qu’il aime ça, alors je juge pas et profite avec joie des petites histoires qu’il me raconte. « Et toi alors ? Quoi de neuf ? » Tu crois que j’te vois pas à essayer de changer de sujet, ni vu ni connu ? Alors qu’il crève d’envie de me raconter sa folle aventure avec la fameuse demoiselle, ça se voit comme le nez au milieu du visage. Ce chenapan. « Meh, pas grand chose d’intéressant. » Je grimace et balaye la question d’un vague geste du poignet. « Parle-moi plutôt de ta bourgeoise ! Attends, laisse-moi deviner : tu lui as sorti ta meilleure pick-up line et t’es reparti avec son numéro, voir un date. J’ai bon ? » De nous deux, Jude a toujours été celui qui se démerde le mieux en matière de drague, même si, pour l’avoir vu à l’œuvre, la manœuvre est loin d’être académique. Mais il a une confiance en lui inébranlable ainsi qu’un je ne sais quoi qui fait toute la différence. Les cheveux, probablement.

Mes mains ne restent pas longtemps dans mes poches et je me retrouve bientôt à effleurer distraitement les cordes d’un banjo accroché au mur. Le son rond et clair qui se diffuse aussitôt de l’instrument me fait pousser un sifflement appréciateur. « Ooooh, nice ! » Il n’en faut pas plus pour que je le décroche délicatement de son support pour m’installer avec sur l’un des bancs en cuir capitonné qui jouxtent le mur. Le banjo calé sous mon bras, j’attrape un médiator parmi ceux disposés en libre service dans une petite boîte en fer et commence à jouer, doucement. Je ne suis pas guitariste (encore moins banjoïste) et je suis loin d’avoir le talent de Jude maaaiis il faut avouer que, de temps en temps, je me plais à bidouiller et prétendre que je sais ce que je fais. Et puis comme ça, le jour où on se retrouve en manque de gratteux, PAF, my time to shine. La Revanche du Batteur, dans vos cinémas prochainement. « J’espère que tu ne l’as pas accostée avec ta fameuse phrase sur le Titanic. Elle est naze. »

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J’aime les potins, je ne m’en cache pas. Que ce soit les aventures de Jude, les déboires d’Alban ou les malheurs de Sophie (c’est cadeau), j’aime être au courant de tout ce qu’il se passe autour de moi. Oui, je suis une commère. Et c’est encore pire lorsqu’il s’agit de potentielles futures histoires d’amour parce que I’m a sucker for love. L’amour c’est beau, c’est bien, tout le monde devrait essayer. Mais protégez-vous, bande de fous.

Alors quand Jude, tombeur de ces dames, me tease une amourette avec la fille de ses employeurs, inutile de préciser que je sors mon service à thé imaginaire, petits biscuits compris. Ce n’est probablement pas sérieux, connaissant le bonhomme, mais c’est toujours un petit quelque chose de croustillant à se mettre sous la dent. J’esquive ses questions nulles concernant ma vie qui n’intéresse personne sur le moment et reconcentre l’attention générale sur le guitariste et cette demoiselle qui le fait sourire si fièrement. Je l’encourage même en proposant un scénario ma foi très plausible, et ça marche. Tandis que je m’installe sur un banc avec un banjo sous le bras, Jude s’attelle au récit détaillé de sa soirée de travail. « Elle était dans la cuisine, et on venait de finir de ranger. Je passais là-bas faire un dernier tour pour vérifier qu’on avait rien oublié. Elle était triste, elle pleurait, je l’ai réconforté en lui disant des petits mots tu vois. Et encore mieux qu’un date, j’ai passé une nuit d’enfer ! » Ah oui quand même. Je pousse un petit sifflement admiratif en réaction à cette performance de l’apprenti cuistot, bien qu’un léger détail me fasse tiquer. « Donc elle était triste et t’as usé de tes charmes pour conclure ? C’est pas un peu messed up ça, dude ? » Je le taquine, évidemment : après toutes ces années à le côtoyer, je connais suffisamment mon meilleur ami pour savoir qu’il n’est pas du genre à profiter d’une fille en détresse émotionnelle, et heureusement parce que ce serait juste dégueulasse. Ashton Walker, vingt-quatre ans, social justice warrior.

Focalisé sur l’instrument rigolo entre mes mains, je relève la tête quand la voix de Jude qui s’est approché me tire de ma concentration. « Plutôt pas mal pour un batteur. Aller pose ce truc, tu vas péter une corde, t’appuies trop fort. » MAIS EUUH. J’suis batteur, pas gorille non plus. Et puis c’est totalement faux en plus, je gratte tout doucement pour justement ne pas faire trop de bruit dans le magasin. Tss. Tous ces guitaristes ont un complexe de supériorité, c’est n’importe quoi. Gneugneugneuh, je sais faire des solos en bougeant mes doigts très vite et en appuyant sur des pédales pour faire des sons rigolos ! Je réclame justice. Je tire une moue boudeuse en resserrant ma prise autour du manche de l’instrument, refusant de le reposer comme me l’a conseillé Jude. « Arrête de m’embêter, gratteux de mes deux. »

Tandis que je me vois déjà futur banjoïste prodige, Jude se met à fouiller distraitement dans les bacs à vinyles sans manquer de défendre avec hardiesse sa phrase d’accoste favorite (elle n’a jamais fonctionné). « Ben voyons. » Je lève les yeux au ciel, amusé, en grattant les accords familiers  de 21 Questions, une de nos originales. Mais je ne perds pas le nord : « Du coup t’as prévu de la revoir ta miss ou pas ? » Ai-je déjà mentionné que je suis un romantique désespéré slash entremetteur à mes heures perdues ?

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« Tu sais ce qu’il te dit l’gratteux de tes deux ? » Il se tait et il laisse les musiciens négligés par les médias mainstream vivrent leurs rêves de grandeur, merci au revoir. Resserrant ma prise autour du banjo, je sers à mon guitariste de meilleur ami ma moue la plus boudeuse, un air de défi dans les yeux. S’il me cherche encore je vais chercher un ukulele, watch me.

Non mais sinon on a une bonne alchimie dans ce groupe hein, faut pas croire. Aucune tension sous-jacente !

Je plaisante évidemment, j’suis très bien à ma place dans le fond de la scène, derrière ma demi-douzaine de caisses, et je ne l’échangerais pour rien au monde. Les doux accords de 21 Questions résonnant autours de nous, j’encourage Jude à me parler de ses projets futurs en ce qui concerne la fameuse demoiselle. Malheureusement, je sais déjà à quoi m’en tenir, plus ou moins : le blond n’est pas du genre à chercher le grand amour et préfère se faire plaisir en attendant que celui-ci lui tombe dessus. Cette théorie a déjà été prouvée à maintes reprises, aujourd’hui ne faisant pas exception. « Bah dans l’immédiat non, parce que je revoit rarement les filles avec qui je prends du bon temps. Mais pourquoi pas, ma foi. » Ah ? C’est à mon tour de hausser les sourcils, mon intérêt revivifié. J’aimerais beaucoup voir Jude trouver la perle rare et se poser quelques temps avec la même personne, ça lui ferait du bien je pense. Et il le mérite. Même s’il a un humour douteux et autant de capacités romantiques qu’un balai à chiottes. Mais ça lui donne un certain charme ? J’suis persuadé que s’il s’en donnait la peine, Jude arriverait à s’installer dans une relation à long terme sans problème : il est facile à vivre, il aime les câlins, il fait à manger et il peut même chanter des sérénades si jamais. Le célibat prolongé m’aurait-il transformé en parfait wingman ? Peut-être.

Et en parlant du loup… « Et toi alors ? Toujours rien ni personne en vue ? Faudrait que tu te remue dude, tu vas t’encroûter. » Je grimace en me levant du banc pour enfin reposer le petit instrument à cordes sur son support. J’aurais dû me douter que ce sujet de conversation était à double tranchant et que tôt ou tard, ma situation amoureuse reviendrait sur le tapis.

Je me remémore la dernière fois que j’ai vu Noa, quelques mois plus tôt, alors que nos routes se sont croisées par hasard au bord de la plage. Elle revenait d’une soirée d’anniversaire au bord de l’eau, j’étais en pleine crise d’insomnie et avait décidé de partir me balader pour m’aérer l’esprit. À partir de là, on a coché toutes les cases dans la liste « À ne surtout pas faire » dans le manuel La rupture saine pour les Nuls : un bref repas au diner où nous avions l’habitude d’aller ? Check. Une longue discussion émotionnelle à évoquer les souvenirs du passé ? Double check. Exprimer ses regrets de vive voix et laisser entendre qu’on aimerait envisager une deuxième chance ? Encore check. Succomber à nos pulsions et désirs brûlants en enterrant bien profondément toute once de raison ? Check, check, check. C’était tellement bon sur le moment, de la retrouver dans mes bras, de nous retrouver. Mais l’après… Oh boy, l’après. J’me suis senti tellement con, et stupide, et humilié. J’me croyais vraiment au-dessus des règles, c’est pourtant pas pour rien qu’on dit de ne jamais, ô grand jamais, retourner chez son ex si on veut espérer garder un semblant de dignité par la suite. Welp, j’ai retenu la leçon, c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis cette nuit-là, je n’ai plus aucune nouvelle de Noa et le silence radio se retrouve de mon côté aussi. Ça n’empêche pourtant pas mon cerveau de se faire des films et se lamenter dans son coin à coup de « Tu retrouveras jamais l’amour, c’était la femme de ta vie et t’as tout gâché et gneugneugneu. » Au moins, ça me fait un tas de matériel à exploiter pour écrire mes chansons. Faut voir le bon côté des choses.

« Rien, toujours rien. » que je finis par lâcher en soupirant avant de m’adosser à un pilier devant la batterie à laquelle est installé Jude. « Mais je cherche pas non plus. J’suis pas sûr d’être prêt… » À peine ces mots sortis de ma bouche que je les regrette immédiatement, m’attendant à recevoir les moqueries exaspérées du guitariste. « Et je sais ce que tu vas dire : tu vas dire que je suis pathétique et que je dois passer à autre chose et d’arrêter de me morfondre et blablabla. Mais je suis au courant, alors chut et garde tes commentaires. » La dernière fois que je me suis laissé convaincre par Sophie et lui d’accepter un date, on n’est même pas arrivés au dessert au resto que je me suis trompé de prénom. C’était moche et une expérience que je n’ai pas spécialement envie de revivre dans l’immédiat.

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Parfois je me demande si je retrouverai un jour ce sentiment glorieux qu’est d’aimer et de se savoir aimé en retour. Je m’estime chanceux d’avoir connu ce bonheur parfait pendant près de sept années. Vraiment, je ne regrette rien et, si c’était à refaire, je foncerais tête baissée sans la moindre hésitation. Néanmoins, ce genre d’expérience, lorsqu’elle se termine relativement brusquement, a des conséquences indubitables. Un peu comme des montagnes russes, plus on va haut, plus la chute est brutale. Et ça laisse des traces. Mais malgré l’année chaotique émotionnellement parlant que je viens de traverser, je ne peux m’empêcher de rêvasser à la prochaine fois. Vais-je arriver à passer à autre chose ? À m’investir totalement dans une nouvelle relation lorsque mon ex occupe toujours mes pensées ? J’ai envie d’y croire. Je crève d’envie de retrouver le confort d’une vie à deux, la chaleur des bras d’une partenaire, la douceur de sa peau et le carillon de son rire. Ça me manque. « Déjà, je t’aurais pas dis que t’es pathétique » me répond Jude d’un air sévère, bras croisés sur son torse, « parce que c’est pas t’aider que te le dire, et tu l’es pas. Juste que ça me fait chier de te voir toujours triste. Je sais que Noa te manque, et que t’as le cœur brisé, gneugneugneu t’es un homme esseulé et tout ça. Mais t’es loin d’être un abrutit, et d’être moche, alors tu vas finir par retrouver quelqu’un, et elle éclipsera Noa, sans que tu te rendes comptes. » Meh. Je fais la moue, peu convaincu par son discours mais appréciant tout de même ses encouragements. « Et puis je vois pas le problème à vouloir voir son meilleur pote heureux. » AWW, JUDIE ! Ce garçon a beau être aussi fin et délicat qu’une brute de décoffrage, il arrive quand même à être adorable quand il le veut. So precious. « Oh arrête, tu vas m’faire rougir. » Je lève les yeux au ciel, un franc sourire aux lèvres. Il est chou, ce con.

Alors ok, Noa me manque, ça me manque d’être en couple et j’ai souvent l’impression que le célibat me transforme doucement mais sûrement en grand-père. Mais le moment finit par passer lorsque je vois Jude qui enchaine les conquêtes sans se préoccuper du romantisme de la chose tout en s’en portant comme un charme et j’me dis que finalement, j’suis pas plus mal en tant que célibataire. Du moins pour le moment. C’est peut-être ce qu’il me faut d’ailleurs, une période indéfinie pour me recentrer sur moi-même comme dirait Sophie, et me concentrer sur ce qui est réellement important là tout de suite : la carrière des Space Boots. Dans quelques jours, nous embarquons en effet pour le Warped Tour et sa vingtaine de dates à travers les Etats-Unis, et j’ai bien l’intention de donner tout ce que j’ai afin de convertir un maximum de nouveaux fans. Et puis peut-être, pourquoi pas, attirer l’œil d’une maison de disque afin de pouvoir enfin signer un contrat ? Un album des Space Boots, ça fait rêver…

Lorsque le blond peroxydé aborde le sujet, je ne peux que vivement hocher la tête, l’impatience faisant briller mes pupilles. « Un peu que j’suis prêt, j’passe mes nuits dans mon garage à peaufiner notre set. J’ai mis au point une nouvelle intro d’ailleurs, j’te montre ? » Je m’écarte du pilier pour remplacer Jude à la batterie et lui pointe une guitare tandis que j’ajuste la hauteur de mon tabouret. « Ok, prends-ça et joue-moi les deux premiers accords de Lost In Stereo. Juste les deux premiers, ok ? » Concentré, je fais brièvement tournoyer une de mes baguettes entre mes doigts avant d’entamer un rythme basique. Le guitariste enchaîne sur la mélodie de notre chanson la plus connue puis, conformément à mes instructions, s’arrête après quelques secondes. Silence. Un signe de tête de ma part et on reprend, avant de s’arrêter à nouveau. Un sourire retrousse doucement mes lèvres : construire l’attente, faire trépigner le public d’impatience et récolter les hurlements qui réclament délivrance. Et bam ! À la troisième reprise, mes baguettes s’écrasent sur la caisse claire et la chanson peut enfin démarrer. « NOICE ! Encore mieux que je l’imaginais. T’en penses quoi ? »

Les minutes se transforment bientôt en heures et c’est un employé du magasin qui se voit dans l’obligation de nous virer et d’interrompre notre répet’ improvisée. Psshht, attendez qu’on soit riches et célèbres et ce type se mordra les doigts de nous avoir jeté comme des malpropres. We're the Space Boots and we’re gonna rock the world, fuckers !


FIN